Maisons, fermes : l'habitat à Montamisé

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Montamisé

Des dates inscrites ont été relevées sur 14 bâtiments pour l'ensemble de la commune (fig. 7) : une pour le 17e siècle (1630), 4 pour le 18e siècle (1701, 1754, 1758, 1763). 3 pour le 19e siècle (1864, 1878, 1880) et 6 pour la première moitié du 20e siècle (1901, 1903, 1904, 1926, 1927, 1934). La représentativité de ce panel d'inscriptions étant limitée, l'analyse des maisons et des fermes par période de construction, estimée ou fournie par les sources cadastrales (fig. 1), fait apparaître une toute autre répartition. Elle traduit l'évolution à la fois démographique et urbanistique de la commune : 2 habitations contiennent encore des parties ou des traces d´époque médiévale ; 8 ont dû être construites, en tout ou partie, au 17e siècle et 20 au 18e siècle ; la grande majorité des maisons et des fermes recensées (138) ont été construites ou reconstruites au 19e siècle, et notamment (89) dans la seconde moitié ou à la fin de cette période ; la première moitié du 20e siècle ne voit la construction que de 17 maisons.

Par ailleurs, 181 maisons ont été construites au cours du 3e quart du 20e siècle, et pas moins de 609 entre 1975 et 2000 : on comptait alors 931 logements en 1999 contre 270 en 1962. Les fermes ont toutes fait l´objet de modifications (agrandissements, remaniements, suppressions ou ajouts d´ouvertures) au cours des 19e et 20e siècles, pour répondre à l´évolution des besoins de l´agriculture et de l´habitat. La grande majorité des fermes ont aujourd´hui perdu leur vocation agricole.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

180 maisons et fermes ont été recensées dans la commune. Parmi elles, 129 (70 %) sont des fermes ou d'anciennes fermes, c'est-à-dire des ensembles comprenant un logement et des dépendances agricoles. 51 (30 %) sont de simples maisons qui possèdent parfois des annexes et des communs. Montamisé compte par ailleurs 2 châteaux (Sarzec et Corsec), un ancien château (la Roche de Bran), et 7 manoirs ou logis nobles (Picardie, le Grand Charassé, Prunier, le Colombier de Tronc, la Grand Cour, Mortier et le Petit Nieul). Parmi les nombreux lotissements récents, seuls ont été retenus ceux qui sont constitués de maisons de série, bâties selon un agencement et une architecture homogènes. On en dénombre 4 à Montamisé (les Tamisiers, le Champ du Prunier, la Gravière, les Jardins de la Cure).

L'habitat à Montamisé est éclaté entre plusieurs écarts, répartis sur une grande part de la commune, même si, au final, l'espace construit ne correspond aujourd´hui qu'à 25 % du territoire communal (fig. 2). Cette dispersion peut s'expliquer par l'étendue relativement importante du territoire, aux trois quart mis en culture (selon les chiffres du début du 19e siècle), et la nécessité pour les cultivateurs de vivre au plus près de leurs parcelles. De plus, en l'absence de cours d´eau, il leur fallait êtres proches des sources et des puits disséminés sur le territoire de la commune. Ces besoins ne se heurtent pas à la géographie de la commune, peu marquée par des contraintes environnementales, mises à part les vallées sèches et la forêt. En conséquence, si plus du quart des maisons et des fermes recensées se situent dans le bourg (49), celui-ci est fortement concurrencé par d'autres regroupements d'habitat, et ne conserve véritablement qu'un rôle administratif, résidentiel et commercial. Les autres principaux centres sont Ensoulesse (33 maisons ou fermes), Tronc (31), Charassé (16), la Germonière (12) et Sarzec (8). Ailleurs, les maisons et fermes sont tantôt regroupées, comme à la Gacheterie et à Mortier, tantôt entourées d´un habitat contemporain après être longtemps resté isolées, comme à Bourbias.

La plupart des maisons et des fermes recensées ont été construites en moellons de calcaire, recouverts d´enduit dans la grande majorité des cas. La pierre de taille est utilisée pour les chaînes d´angles et les encadrements des ouvertures. Sur les 180 édifices recensés, les deux tiers sont couverts en tuile creuse traditionnelle. 32 (18 %) possèdent au moins une partie de couverture en ardoise, et 27 (15 %) une partie de toit en tuile mécanique. Ces types de matériaux, notamment l´ardoise, sont caractéristiques des toits de la seconde moitié du 19e siècle et du début du 20e siècle, et révélateurs de la plus grande aisance des cultivateurs d'alors qui cherchent à imiter les demeures bourgeoises : en effet, parmi les 32 édifices présentant de l'ardoise, les quatre cinquièmes (26) ont été construits à cette époque, en particulier au cours du 4e quart du 19 siècle. De même, sur les 27 édifices qui présentent en tout ou partie une couverture en tuile mécanique, 23 datent de la seconde moitié du 19e siècle, en particulier du 4e quart, et de la première moitié du 20e siècle. Enfin 37 maisons et fermes (soit 20 % du total) possèdent un toit à croupe, signe également d'une certaine recherche dans la construction. Là encore, la grande majorité des habitations concernées (26) ont été construites au cours du 19e siècle, et notamment (20) dans la seconde moitié de ce siècle. Toutefois, cette forme de toit se retrouve aussi dans des bâtiments plus anciens, généralement de grosses fermes datant de l'Ancien Régime.

La répartition des 129 fermes ou anciennes fermes recensées confirme le caractère dispersé de l'habitat et de l'activité économique. En effet, un quart seulement d'entre elles se situent dans le bourg (28 au total), et un autre quart à Ensoulesse (30). Les autres se répartissent entre les différents hameaux, notamment Tronc (17 fermes) et la Germonière (10 fermes). 5 sont isolées au milieu de la forêt, notamment Montigny, les Royères et les Bruères. Le logement principal ou logis ainsi que les dépendances sont répartis autour de la cour. Le plan que le logement principal, ou logis, et les dépendances forment autour de la cour, présente différents types qui peuvent parfois être observés en même temps dans une seule ferme, révélant ainsi une évolution (fig. 3 et 16). A Montamisé, presque la moitié des fermes ou anciennes fermes (soit 58) sont à bâtiments jointifs, dont certains forment un L (10 fermes) (fig. 10), plus rarement un U (5 fermes), et dont d'autres sont de manière plus régulière ordonnés autour d´une cour (13 fermes). Un tiers des domaines (soit 43) sont constitués de bâtiments séparés. Les fermes de plan allongé (15 au total) (fig. 15), les fermes de bloc en longueur, une forme ancienne (11 au total) (fig. 16), et celles de plan massé (2 seulement), se partagent le reste des propriétés agricoles. Cette répartition témoigne de la possiblité pour les cultivateurs d'utiliser un territoire communal suffisamment vaste et libre, donc de répartir leurs bâtiments de manière assez lâche, plutôt que de les concentrer sur la parcelle. La majorité des fermes ou anciennes fermes comprennent une cour fermée par un muret ou un mur de clôture, avec généralement un portail à piliers maçonnés (fig. 8). Témoin de l'évolution de l'habitat et de l'utilisation des bâtiments, un logement secondaire, qui a pu être autrefois le logement principal avant extension, a été observé dans une douzaine de cas (fig. 9). Plus de la moitié des fermes (soit 72) possèdent une grange, ouvrant par une large porte charretière. La plupart sont à façade en gouttereau (fig. 10). Seules 11 présentent une façade en pignon (fig.11). C´est le signe d´une production agricole modeste, une grange à façade en pignon pouvant abriter plus de récoltes et de matériel en surface et en hauteur. De même, un sixième seulement des fermes (soit 23) jouissent d'un hangar, utile pour abriter du matériel. Il repose dans la majorité des cas sur des poteaux en bois (fig. 12), plus rarement sur des piliers en pierre à section carrée (fig. 13), signe là encore d'exploitations agricoles modestes tant dans leur taille que dans leurs moyens. Quelques hangars, sans pilier, sont constitués de trois pans de murs. Parmi les autres dépendances agricoles, 14 fours à pain (fig. 14) ont été recensés dans les fermes ou anciennes fermes, ainsi que 2 pigeonniers à Ensoulesse et à Montigny (en dehors de ceux de Tronc, de la Grand Cour, du Grand Charassé, et de Mortier). Montamisé ne possédant pas de cours d´eau, les fermes disposent très souvent d'un puits ou d'une citerne (fig. 17), ou encore d'une mare qui peut être commune à plusieurs exploitations (fig. 18).

La répartition géographique des 52 maisons recensées à Montamisé confirme le rôle surtout résidentiel et peu agricole du bourg. C'est là que se situent près de la moitié des maisons (21), les autres se répartissant surtout entre Tronc (14) et Charassé (7). Cinq catégories de maisons se distinguent parmi le corpus (fig. 4) : 21 maisons de bourg, c´est-à-dire situées dans l´alignement des autres maisons en bordure de voie, dans un parcellaire resserré (fig. 20) ; 23 maisons de faubourg, situées dans un parcellaire plus relâché, souvent perpendiculaires à la voie (fig. 21) ; 3 maisons de type rural, accompagnées d´une cour et de petites dépendances (fig. 22) ; 3 pavillons contemporains présentant un intérêt architectural (fig. 23) ; une seule villa de type balnéaire (fig. 24). Toutes ces maisons possèdent une cour, voire un jardin, le tout fermé, dans un tiers des cas (19), par une clôture basse, plus rarement (7) par un mur de clôture, avec (12) ou sans portail. La moitié des maisons sont accompagnées de communs (remise, garage) ou de petites dépendances agricoles (toits). Quelques-unes (10) présentent la marque d´une activité commerciale ou artisanale, actuelle ou passée (fig. 19).

La majorité des habitations, c´est-à-dire les logis des fermes et les maisons, sont construites en retrait par rapport à la voie. Seulement un quart lui sont perpendiculaires. Ce double constat confirme le peu de nécessité pour les habitants de Montamisé d'occuper de manière resserrée le parcellaire. Seulement 15 % des habitations sont en alignement sur la voie : la disposition présentant une cour ou un jardin antérieur prédomine. La répartition des habitations par niveaux (fig. 4) fait apparaître que près de la moitié sont en rez-de-chaussée avec un comble ou un étage en surcroît (fig. 25). Un quart sont en rez-de-chaussée avec un étage, et un autre quart possèdent en plus un surcroît (fig. 26). Cette répartition se double d'une évolution dans l'habitat : c'est parmi les habitations à rez-de-chaussée simple ou avec surcroît, que l'on rencontre les édifices les plus anciens, datant de l'Ancien Régime. La majorité des habitations de ce type ont toutefois été construites au cours du 19e siècle, et surtout dans la seconde moitié du siècle. Cette même période connaît le plus de constructions à un étage, avec ou sans surcroît. Là encore, l'augmentation du niveau de vie des cultivateurs à cette époque, influe sur la forme de l'habitat. Enfin un sous-sol a été recensé ou décelé dans 30 habitations (fig. 27). Sur les 180 habitations, près des deux tiers présentent en façade des ouvertures réparties en deux ou trois travées, caractéristique des logements de taille moyenne (fig. 5). Les trois travées se répartissent généralement de manière ordonnancée, avec une porte centrale (fig. 30). Un peu plus d'un dixième des habitations ouvrent par une seule travée, marque des petits logements, avec au moins une autre baie en rez-de-chaussée (fig. 28). Enfin 7 habitations seulement ouvrent par quatre travées, caractéristique des logements les plus importants. Pour ce qui concerne les décors, 9 habitations présentent encore une ou plusieurs ouvertures à encadrement chanfreiné, signe que le bâtiment date de l'Ancien Régime. Les décors sont surtout le fait des habitations de la seconde moitié du 19e siècle et du début du 20e siècle, nouvelle preuve d'une plus grande recherche dans la construction à cette époque : appuis moulurés (38 habitations), encadrements saillants (12 habitations), bandeau d´appui ou de niveau (19 habitations), corniche moulurée (8 habitations), voire une génoise (2 exemples recensés) (fig. 31 et 32). Une pierre d´évier a été observée à côté ou à proximité de la porte dans 10 habitations (fig. 33).

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