Ferme puis maison, embarcadère Cardinaud

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Magné

Aucune construction n'apparaît à cet endroit sur le plan cadastral de 1833. La Vieille Sèvre de la Repentie, au sud, un des anciens bras du fleuve, et la conche de la Vieille Sèvre, au nord du parking actuel, délimitent à cette époque un ensemble de parcelles de marais séparées par des fossés, le tout constituant, avec la Sèvre Niortaise au nord, une véritable île. La route de Coulon à Magné et la Garette n'existe pas encore, pas plus que le pont de la Repentie. Aboutit là, sur la rive gauche de la Vieille Sèvre, le chemin de Coulon à Magné transitant par Monpensier. En aval enfin (vers l'actuel 57 chemin de la Repentie), se trouve alors le passage par bac de la Repentie, un des rares points de franchissement de la Sèvre Niortaise et de ses différents bras entre Coulon, Magné et Sansais.

La construction de la route et du pont d Coulon au milieu du 19e siècle transforme les lieux, attirant désormais ici l'essentiel du transport routier entre Coulon, Magné et Sansais. Quelques fermes s'établissent le long du nouvel axe, comme celle-ci, créée en 1856, selon le cadastre, pour le compte de François Renoux (1827-1893), époux de Sophie Guillemain. Aubergiste, celui-ci allie probablement déjà une activité agricole à l'accueil des voyageurs, de plus en plus nombreux à emprunter la nouvelle route. Aux recensement de 1876, 1886 et 1891, François Renoux, maître d'hôtel puis simple propriétaire, vit là avec sa famille et trois ou quatre domestiques. Encore aujourd'hui, le logis semble conserver des témoignages de cette époque hôtelière (passe-plats au rez-de-chaussée, chambres équipées de cheminées individuelles à l'étage). Parallèlement, à l'ouest, le long de la Vieille Sèvre de la Repentie, et en limite avec la commune de Coulon, se développe une scierie créée à la fin du 19e siècle par Charles Mussat puis tenue par un de ses employés, Célestin Dejoux, et perpétuée jusque dans les années 1980 par les descendants de celui-ci, avec une fabrique de cagettes en bois.

Après la mort de François Renoux, en 1893, la propriété passe, selon le cadastre, à son gendre, Jules Guillon, demeurant à Fontenay-le-Comte, puis en 1908 à Alexis Dallet. En 1943, elle échoit au gendre de ce dernier, Georges Chaillou, propriétaire de la scierie de la Garette. En 1958, la ferme est rachetée par Gabriel Cardinaud (1893-1982), cultivateur, et son épouse, Marie-Louise Courault (1902-1990), qui demeuraient auparavant en aval le long de la Vieille Sèvre de la Repentie (75 chemin du Halage, à Coulon). Plus tard, dans les années 1970, l'exploitation est reprise par leur fils, André Cardinaud (1923-1998). Vers 1974, il en agrandit les bâtiments en faisant démonter puis remonter un vaste hangar en bois provenant d'une ancienne scierie jusque là située à la Sotterie (400 route des Bords de Sèvre, à Coulon, où lui-même tenait auparavant un élevage de veaux ; cette scierie dépendait de la scierie Texier puis Mathé, d'Arçais). Ce hangar vient s'ajouter à la grange-étable située au nord du logis et qui est transformée en salle de traite. La ferme compte alors jusqu'à 150 bovins.

Séduit par les activités touristiques qui prennent alors de l'ampleur à Coulon, André Cardinaud ouvre en 1977 un restaurant, "l'auberge à la ferme", installé à la place de l'ancienne salle de traite. Le restaurant est d'abord tenu par sa fille, puis par lui-même et son épouse, Paulette (1924-2018), à partir de 1979. Cette même année, pour répondre aux demandes de ses clients, et plutôt que de continuer à les envoyer vers les autres bateliers de Coulon, André Cardinaud crée son propre embarcadère au bout du pré de sa propriété, au bord de la Repentie. Un premier cabanon en bois y est établi, agrandi vers le nord en 1990 pour constituer un véritable lieu d'accueil des visiteurs (guichet, magasin de souvenirs). Le grand hangar est réutilisé de manière à stocker et entretenir le matériel de l'embarcadère.

André Cardinaud transmet l'entreprise familiale en 1990 à sa fille Jacqueline et son gendre, Paul Mercier, auparavant commerçants à Coulonges-sur-l'Autize, et auxquels s'associe dès 1992 leur propre fils, Manuel Mercier. L'embarcadère Cardinaud, le plus important du Marais poitevin, s'agrandit au fil des ans, avec l'acquisition vers 2010 du site de l'ancienne scierie Dejoux, à l'ouest, ou encore le rachat en 2015 de l'embarcadère Prada (créé dès 1977 sur le port de la Coutume à Coulon). Depuis 2018, Manuel Mercier est associé à ses filles qui représentent ainsi la quatrième génération de la famille à la tête de l'embarcadère. L'entreprise emploie en 2025 environ 30 personnes en basse saison, jusqu'à 140 en haute saison.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle, 4e quart 20e siècle

Dates

1856, daté par source

Les bâtiments de l'ancienne ferme sont regroupés à l'est du site, dans l'angle formé par l'avenue de la Repentie et la Vieille Sèvre de la Repentie. Le logis s'élève à l'est de cet ensemble. En retrait par rapport à la voie, il est haut d'un étage et d'un surcroît, sous un toit à croupes que souligne une corniche. La façade, côté rue, présente cinq travées d'ouvertures, réparties symétriquement autour de la porte centrale. Les encadrements des baies sont saillants. La porte possède un encadrement mouluré, sous une corniche. Les vantaux en bois et l'imposte sont ornés d'éléments ajourés en ferronnerie.

Au nord, de l'autre côté de la cour, se trouvent l'ancienne grange-étable. Transformée en salle de traite puis en restaurant, elle présentait sa façade sur le mur pignon, témoignant d'une importante activité d'élevage, et comprenait à l'étage un grenier à grains. Elle est prolongée vers l'ouest par un hangar ou balet, à piliers en pierre et toit en roseaux, lequel se poursuit vers le sud par un ancien chai. Ainsi délimitée à l'ouest, la cour ouvre directement au sud sur la Vieille Sèvre de la Repentie.

Le hangar est prolongé vers l'ouest par un autre plus vaste encore, celui déplacé ici dans les années 1970. Ce hangar est de plan en T, avec une nef centrale encadrée de deux bas-côtés, et un corps de bâtiment en équerre à l'est. Les poteaux en bois soutenant la charpente, également en bois, de la nef centrale, sont posés sur des socles en béton. Le tout présente encore les marques apposées pour le démontage et le remontage du bâtiment. Les deux bas-côtés ont quant à eux chacun un toit en appentis, avec charpente métallique. L'ensemble est utilisé pour le stockage et l'entretien du matériel de l'embarcadère dont le bâtiment d'accueil et le port se trouvent à l'ouest. Les barques de promenade s'alignent à leur pied et tout le long de la Vieille Sèvre de la Repentie.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Magné , 53, 59 avenue de la Repentie

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: la Repentie

Cadastre: 1833 B 13, 2024 AV 30, 269, 270