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Historique
Cette statue aujourd'hui conservée au lycée Gustave-Eiffel est en fait l'original en terre cuite d'une des statues des colonnes rostrales ornant la place des Quinconces.
1/ L'origine des statues des colonnes rostrales
Dans le cadre de l'aménagement de l'esplanade des Quinconces dans la première moitié du XIXe siècle, l'architecte du département de la Gironde, Alexandre Poitevin (1782-1859), réalise en 1827 les plans de deux colonnes monumentales qu'il souhaite implanter près des quais.
L'histoire la plus complète de ces colonnes se trouve dans la thèse d'Isabel Roux soutenue en 1994. Ces deux colonnes, surmontées des allégories du Commerce et de la Navigation, doivent, du haut de leurs 21 mètres, éclairer le port par un lanternon établi sur leur chapiteau. Participant au simulacre d'un port maritime, selon l'historienne, leur silhouette "constitue un des aboutissements classiques et académiques des nombreuses colonnes nationales et départementales élevées depuis le Consulat et l'Empire" (p. 422).
Poitevin soumet au préfet ses devis le 17 décembre 1827 et le 10 janvier 1828, chaque colonne étant évaluée à 14 602 F. Elles sont achevées, avec leurs statues en terre cuite, en décembre 1828.
Si tous les auteurs s'accordent sur le nom de l'ornemaniste -Bonino (?-vers 1845)- à l'origine des proues antiques (ou "rostres" d'où le nom de colonnes rostrales) et des ancres qui décorent le fût des colonnes, les historiens divergent quand au sculpteur à l'origine des statues.
Dans son mémoire de maîtrise de 1978, Marie-Noëlle Maynard les attribue à tort au statuaire d'origine italienne, Dominique Felix Maggesi (1802-1892), sculpteur officiel de la ville de Bordeaux de 1832 à 1886. Elle se base ici uniquement sur une chronique des musées bordelais parue en 1924 dans la Revue historique de Bordeaux indiquant (p. 268) : "A l'occasion ou à la suite de l'exposition organisée à l'hôtel de Lalande, le Musée d'art ancien a reçu, à titre de dons : [...] de M. Meaudre de Lapouyade, le portrait de Lacour fils, peint par son père, et la maquette de la statue du Commerce, par Maggesi, qui surmonte une des colonnes rostrales."
Probablement suite à l'article le M.-N. Maynard de 1983 dans la Revue historique de Bordeaux où elle affirme que les statues sont dues à Maggesi, Philippe Maffre et Jean-Pierre Bériac reprennent cette information dans Le Bordelais néoclassique (1983). Cependant, l'arrivée à Bordeaux en 1829 de Maggesi ne coïncide pas avec la date d'achèvement des colonnes en 1828 relevée par Isabel Roux aux archives municipales. Par ailleurs, d'autres sources, certaines sur lesquelles s'appuient Roux, mentionnent plutôt le peintre-paysagiste-statuaire N. Monceau ou Monsau (?-vers 1860). Ce dernier est en effet cité comme l'auteur des statues dans la Statistique générale de Feret parue en 1889, dans l'article de 1914 de Paul Courteault sur l'aménagement des Quinconces paru dans la Revue Philomatique et il est également mentionné par Jacques D'Welles dans son livre sur Bordeaux en 1972.
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Les informations qui suivent sont issues du fonds des Archives Bordeaux Métropole :
2/ La restauration de 1878
Au début de l'année 1876, le conseil municipal de Bordeaux est interpellé par un certain Legendre sur l'état des statues des colonnes rostrales. L'architecte de la Ville, Burguet, réalise alors avec le statuaire de la ville, Maggesi, une vérification des dites statues [d'où peut-être aussi la confusion sur leur auteur]. Si leur solidité ne laisse rien à désirer, Burguet préconise une restauration complète. Face à une nouvelle demande de Monsieur Legendre, Burguet propose le 20 décembre 1877 un devis de 1300 F afin de consolider les coupoles des colonnes rostrales et de restaurer les statues qui surmontent ces colonnes. Pour la statue en terre cuite du Commerce, il indique la restauration du pied de la jambe gauche (usé), des draperies au devant de la statue (usées), de livre (usé), du socle (dégarni) et un regarnissage des joints et une peinture au silicate, à base de zinc, le tout pour 225 F. Ce devis est accepté par le conseil municipal de Bordeaux, dans sa séance du 3 janvier 1878.
L'entreprise Chapin et fils exécute la peinture au silexore achevée en novembre 1878.
3/ La restauration et le remplacement des statues (1932-1935)
Le 5 juillet 1931, l'architecte J.-J. Bordelais écrit à Adrien Marquet, maire de Bordeaux, afin de lui signaler l'urgence de remplacer les sculptures ornant les colonnes rostrales : "Bien qu'en simple terre-cuite, elles ont tout de même duré un siècle, et c'est beaucoup pour un pareil matériau, mais à l'heure actuelle elles menacent ruine et sont un danger permanent [...]."
Alerté par le maire, l'architecte en chef de la ville de Bordeaux, Jacques D'Welles confirme "l'état lamentable" des deux statues de la Navigation et du Commerce et propose de demander conseil au Ministre des Beaux-Arts afin de voir comment procéder à leur remplacement.
Le 17 septembre 1931, la mairie rédige un rapport grâce à des conseils pris auprès d'un certain R. Buthaud. Ce dernier indique que la technique de la terre cuite employée au XIXe siècle était bien mieux maîtrisée qu'aujourd'hui et qu'il paraît quasi-impossible de refaire les statues à l'identique dans ce même matériau, opération qui serait par ailleurs très couteuse. Il préconise de refaire les statues en fonte, en cuivre ou en fer à partir d'un moulage des statues existantes restaurées.
Jacques D'Welles se range à l'avis de Buthaud et propose le 19 mars 1932 :
-de déposer les deux statues en terre cuite grâce à des échafaudages conçus par le charpentier Gilares
-de restaurer les deux statues chez le statuaire Malric
-de fabriquer deux statues neuves d'après les modèles restaurés, par le moulage ou l'estampage, soit en fonte de bronze ou de fer, soit en cuivre repoussé.
Le moulage en fonte de bronze a cependant la préférence de D'Welles car le travail sera moins onéreux et faisable par des artisans bordelais, telle que la Maison A. Boyreau. Cette matière serait ensuite peinte en couleur de façon à imiter la terre cuite.
L'ensemble de ces travaux, s'élevant a priori à 30 100 F, sont ainsi votés en conseil municipal dans sa séance du 22 juillet 1932.
Les terre cuite sont restaurées en 1932, et les statues en bronze sont réceptionnées le 12 janvier 1935 et replacées au dessus des colonnes rostrales.
Elles sont classées monument historique en 2011 et font l'objet d'une restauration en 2015 par le cabinet SOCRA de Périgueux.
4/ L'arrivée des originaux en terre cuite au lycée, alors École de Commerce et d'Industrie
Aucune source à notre connaissance ne mentionne explicitement l'arrivée des originaux en terre cuite au lycée.
Cependant, on peut supposer qu'il s'agit là de l’œuvre de l'architecte de la ville, Jacques D'Welles.
En effet, alors qu'il s'occupe en 1932 du dossier de restauration de ces statues en terre cuite (cf. supra), il travaille à la transformation du Petit Séminaire cours de la Marne en École pratique de Commerce et d'Industrie. Il fait notamment aménager sur la façade de chacun des deux petits pavillons, en retour d'équerre par rapport à la façade principale, deux baies et une niche à la place d'une porte. La statue de l'allégorie du Commerce se trouve encore dans l'une de ces niches. L'autre, l'allégorie de la Navigation, existait bien et était bien placée dans l'autre niche, mais d'après le proviseur actuel (en 2018), elle aurait été détruite par mégarde par des élèves il y a une dizaine d'années.
Nul doute que ces deux allégories placées en façade, ont dû contribuer à assurer un certain prestige à la nouvelle institution.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle, 2e quart 20e siècle (daté par source) |
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Dates |
1827, daté par source 1828, daté par source 1878, daté par source 1932, daté par source |
Auteurs |
Auteur :
Monceau N., sculpteur (attribution par source) Auteur : Maggesi Domenico, Auteur : Malric, sculpteur (attribution par source) |
Origine |
lieu de provenance Édifice d'origine : Place des Quinconces Localisation : Gironde , Aquitaine , Bordeaux , Place des Quinconces 2018 KR |
Description
Sculpture en terre cuite raidie par une armature en fer ; socle inhérent.
Détail de la description
Catégories |
sculpture |
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Structures |
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Matériaux |
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Iconographie |
Précision sur l'iconographie : Allégorie du Commerce sous la figure de Mercure coiffé du pétase et tenant son caducée de la main droite et, à l'origine, un rouleau de la main gauche ; à ses pieds on trouve un ballot de marchandises ficelé par une corde surmonté d'un ensemble de fruits et de céréales symbolisant l'abondance. |
État de conservation |
Il manque l'avant-bras gauche et l'attribut qu'il tenait (rouleau). Nombreuses fêlures de la terre cuite, couches d'enduit lacunaires, socle brisé avec trou sur la face antérieure gauche. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre objet mobilier |
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Référence du dossier |
IM33001630 |
Dossier réalisé par |
Maison-Soulard Laetitia
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Nouvelle-Aquitaine |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2017 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Sculpture : Allégorie du Commerce, Dossier réalisé par Maison-Soulard Laetitia, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/250d822d-f460-4f8d-8e92-e0d4e597bb72 |
Titre courant |
Sculpture : Allégorie du Commerce |
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Dénomination |
sculpture |
Titres |
Le Commerce |
Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Bordeaux , 143 cours de la Marne
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 2018 DE 96