Tourtenay : présentation de la commune

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La présence humaine est attestée depuis l’Age du Bronze. En effet, des recherches archéologiques ont mis à jour un ensemble d’objets : une hache est découverte en 1972 près du Pont-Jacquet ; en 1996, un vase en terre cuite a été découvert avec un ensemble de 55 objets (pointes de lance, haches, racloir, bracelets, perles, éléments de harnachement, lingots de fer, etc).

Durant la période gallo-romaine, une voie romaine construite dans la plaine et longeant la Dive, reliait Poitiers et Angers. Constitué de trois couches de pierres calcaires et d’une épaisseur d’environ 60 cm, cet axe a favorisé l’implantation humaine dans la région. Des pièces de monnaies et de fragments de tuiles et de poteries ont été découverts près de la ferme des Maisons-Rouges, et dans les champs de Trudeau, des Epinettes et de Courtiat. Une coupe et des fragments d’objets ont également été mis à jour près de l’église. Tous ces éléments laissent supposer la présence d’un temple à l’emplacement ou à proximité de l’église actuelle.

Au 7e siècle, le nom de la villa de Tortoniacum apparaît pour la première fois dans le chartrier de Saint-Florent de Saumur. Un noble poitevin nommé Astase donna la terre de Tourtenay à son ami Achard devenu abbé de Jumièges. Un texte daté du 23 avril 838 précise que "le roi d’Aquitaine Pépin Ier, confisqua à l’abbaye de Jumièges la terre de Tourtenay". C’est ensuite au début du 10e siècle que le domaine est restitué à l’abbaye normande. En 1012, Guillaume le Grand, comte de Poitou et duc d’Aquitaine effectue un échange de propriété avec Richard II duc de Normandie. Le fief de Tourtenay et la seigneurie de Longueville permutent. La terre de Tourtenay est attribuée à l’abbaye de Bourgueil. Le domaine devenu prieuré, s’étend par l’attribution de terres données par des seigneurs locaux.

D’après une vue aérienne des années 1970, une ancienne motte castrale aurait été détectée au lieu-dit de Villiers nommé aussi la Motte de Châ.

Le territoire de Tourtenay va durant les siècles être morcelé en plusieurs fiefs : Saint-Pierre, la Frébaudière, Monteil, la Rollandrie et Boisménard. Le fief Saint-Pierre ou Saint-Père, fief principal, qui s’étendait sur le prieuré de Tourtenay, la Judrie et une grande partie des terres situées au nord, était détenu par les abbés de Bourgueil. Il se prolongeait au-delà des frontières de Tourtenay sur une partie des terres des communes de Saint-Cyr-la-Lande et Antoigné. Entre 1548 et 1741, le bourg de Tourtenay appartenait aux chanoines de l’église Royale et Collégiale du Puy-Notre-Dame. Le fief de la Frébaudière est mentionné dans les textes en 1546. C’est un texte de 1701 qui le localise au moulin de Tourtenay. Le fief de Monteil dont la plus ancienne mention date de 1648, se situe à l’emplacement du village actuel. La Rollanderie, nom utilisé pour huit fiefs différents, est mentionnée dès le début du 18e siècle sans préciser sa localisation. Enfin le fief de Boisménard situé dans le haut de la butte de Tourtenay, est connu depuis 1762. Il appartenait à André Lerou. Ces fiefs relevaient du duché de Thouars et de la sénéchaussée de Saumur.

Des légendes vont entourer Tourtenay. Au 16e siècle, Rabelais dans son livre Gargantua, parle de la création de la butte de Tourtenay par le géant. Celui-ci aurait, lors d’un passage dans la région, fait une sieste puis décrotté ses sabots en repartant, créant ainsi la butte de Tourtenay.

A la fin du 18e siècle, la Dive qui borde la commune à l’ouest est progressivement canalisée et utilisée pour le transport de tuffeau et de vin. Au 19e siècle, la ferme des Maisons-Rouges est démontée et reconstruite plus à l’ouest le long du même chemin. A la même époque et jusqu’à la Première Guerre mondiale, de nombreuses constructions se développent dans le bourg, et dans les différentes fermes : l’Abbaye, le Moulin, et Monteil. La ferme du Pont Jacquet est construite à la même époque. A la fin du 19e siècle, un édifice commercial pour la location de chevaux est construit en face de la forge. Puis au début du 20e siècle le Bureau de tabac et l’atelier du charron sont installés.

L’habitat Troglodyte de Tourtenay

L’habitat Troglodyte de Tourtenay, était au départ utilisé comme refuge par l’utilisation de cavités naturellement creusées dans le tuffeau. L’étude des Troglodytes est encore récente, ce qui empêche de proposer des datations précises quant à l'utilisation et l’appropriation des ces lieux de manière permanente. Une installation humaine est sans doute probable dès l’époque gallo-romaine. Au Moyen-âge, pendant les périodes d’insécurités et notamment la Guerre de Cent ans, les galeries étaient utilisées comme refuges par la population. Le développement des carrières de Tourtenay est connu dès cette période. Une partie de l’église Saint-Laon du 11e siècle, la Collégiale du château de Thouars du 16e siècle, le château des Ducs de la Trémoïlle du 17e siècle, ont été construits avec du tuffeau de Tourtenay. L’exploitation des carrières continue jusqu’à la Première Guerre mondiale. La vie s'organise aussi bien sous terre que sur terre. Le bourg de Tourtenay se développe autour d’un habitat concentré autour d’une rue principale et d’impasses qui mènent à des villages Troglodytes. Les trois sites les plus importants sont les villages de la Mazoire, de Boulogne et des Pierrières. Cependant, cet habitat est progressivement abandonné au cours du 20e siècle. Jusque dans les années 2000, les caves des Pierrières servaient de champignonnière.

La Seconde Guerre mondiale

Au cours du conflit, Tourtenay devient un haut lieu de résistance. À deux reprises, en 1941 et 1943, le village est choisi par les Alliés pour des opérations aériennes clandestines sans lien entre elles. En 1941, l'équipe locale du réseau de renseignement Confrérie Notre-Dame réceptionne quatre parachutages de matériels de radio-transmission sont effectués près de la ferme du moulin où les postes émetteurs sont dissimulés. Ce matériel est ensuite diffusé dans l’ouest de la France.

En juin 1943, au lieu-dit la Petite Champagne, les Alliés parachutent par deux fois des containers d'armes et de munitions. L'équipe de réception du mouvement Organisation Civile Militaire les cache dans une cave troglodytique de Boulogne appartenant à la famille Pichot. Au mois d'août suivant, la Gestapo investit la cave et découvre le matériel et procède à l'arrestation des membres de l'équipe. Tous sont déportés dans l'univers concentrationnaire nazi en Allemagne.

L’année suivante, les troupes allemandes décident d’utiliser les caves de l’ancien village des Pierrières pour y installer un dépôt de plusieurs tonnes de munitions. L’entrée du site est élargie pour faciliter le passage des véhicules.

Aujourd'hui, la conservation de ce patrimoine troglodytique, seul exemple des Deux-Sèvres, est compliqué. L'accès aux grottes et villages troglodytiques devient de plus en plus dangereux et nécessiterait un entretient permanent que la commune n’est pas en mesure d’assurer. Des bénévoles continuent cependant de faire découvrir le patrimoine de Tourtenay lors de visites patrimoniales ponctuelles. Les vignes de la butte de Tourtenay sont toujours exploitées par le dernier viticulteur de Tourtenay, au clos du Bois Ménard.

Située à l’extrémité nord-est du département des Deux-sèvres, la commune de Tourtenay s'étend sur 7, 72km². Elle se prolonge sur une plaine au nord de la butte de tuffeau et est délimitée à l’est par la Dive et son marais. A l'ouest, la plaine se prolonge sur la commune de Saint-Cyr-la-Lande et au nord sur la commune d'Antoigné située dans le Maine-et-Loire.

Le développement de la commune s'est fait sur la butte, créant un village rue, orienté est en ouest, et desservant des impasses. En dehors du bourg, trois hameaux sont à flanc de coteaux : Monteuil, la Judrie et l’Abbaye. Dans la partie est de la plaine céréalière, se situent la ferme du Moulin et le Hameau du Pont-Jacquet, ainsi que la ferme des Maisons-Rouges au nord-est.

Sous la butte, un réseau de tunnels dessert des villages troglodytes. Les effondrements de terrain créés par l'érosion de la pierre ou par la main de l'homme créés des puits d'aérations pour les villages troglodytes. Le réseau souterrain atteint à certains endroits une profondeur de 40 mètres et relit d'un bout à l'autre les villages troglodytes que compte le bourg de Tourtenay. Ces caves sont également propices à l'installation de colonies de chauves-souris.

La commune qui s'est développée grâce aux carrières du tuffeau et à l'activité viticole comptait 555 habitants en 1856. Ces activités se sont progressivement arrêtées, aujourd'hui sur les 121 habitants de la commune il n'y a qu'un seul viticulteur et il bénéficie de de l'appellation "Saumur".

En 2007, un échange de parcelles est effectué entre Tourtenay et Saint-Martin-de-Macôn. Les habitations situées à l'extrémité ouest du bourg sont intégrées à la commune tandis que certaines terres situées au sommet de la butte sont cédées à Saint-Martin-de-Macôn.

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