Maisons et fermes : l'habitat à La Ronde

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Parmi les 184 maisons et fermes ou anciennes fermes relevées à La Ronde, un petit nombre (9 au total) semblent remonter à la période antérieure à la Révolution, soit du 16e au 18e siècle. Une seule, la demeure des Texier, famille de notables au 18e siècle (23 rue du Contre-amiral Texier de Norbecq) présente un élément de décor (linteau de baie en accolade) semblant remonter au 16e siècle. Une porte du 17e siècle était observée en 1979 au 24 rue de la Mairie. Une autre, sur laquelle on lit la date 1691, est encore visible rue des Ecoliers, bien que murée. Toutes deux sont caractéristiques de cette époque, avec leur linteau en arc en plein cintre. Parmi les 6 bâtiments qui paraissent avoir été édifiés au 18e siècle, une partie de l'ancienne ferme du Vieux Maillé porte la date 1788.

Après la première moitié du 19e siècle auxquelles semblent se rattacher 32 maisons et ancienne fermes, la commune de La Ronde a connu, comme toute la région, une intense période de (re)constructions dans la seconde moitié du même siècle. 81,5 % des habitations observées (soit 136) semblent remonter à cette période, dont la moitié pour les seules années 1850-1870, époque de croissance économique et démographique très importante à La Ronde et dans le Marais poitevin. 4 dates portées illustrent le phénomène (1853 et 1864 à Bazoin, 1862 au 7 rue du Contre-amiral Texier de Norbecq, 1863 au 39 rue de l'Eglise). Cette tendance s'est maintenue à un niveau très élevé dans les années 1880-1900, malgré un déclin démographique déjà engagé, et alors que la commune (et notamment le bourg) continuait à se développer du point de vue commercial notamment. La date 1892 se lit au 8 chemin du Port de Bonnevie.

Le net recul du nombre d'habitants dans la première moitié du 20e siècle, s'est accompagné d'une toute aussi importante diminution de construction nouvelles. 25 ont toutefois pu être relevées, la très grande majorité remontant aux environs de 1900 et au premier quart du siècle. Plusieurs dates portées en témoignent là encore : 1912 au 13 des Vrillers, 1921 au 5 rue de la Petite Ville, 1926 au 3 et 5 rue de Chalogne.

Périodes

Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

Un habitat concentré sur les terres hautes et dans des hameaux de marais

A La Ronde comme dans toutes les communes du Marais poitevin, l'habitat est en très grande majorité regroupé sur les anciennes terres hautes, en l'occurrence ici les anciennes îles de La Ronde, du Vieux Maillé et de Chalogne. Si l'étude n'a concerné qu'une partie de la commune, se concentrant sur une zone d'un kilomètre à partir de la Sèvre Niortaise, sur le bourg et sur quelques exemples significatifs à Chalogne notamment, elle a permis de confirmer cette concentration extrême de l'habitat. Les deux tiers des 184 habitations relevées se trouvent dans le bourg et ses quartiers annexes, et 30 % dans les écarts. Ces derniers se regroupent eux-aussi sur les terres hautes (comme Chalogne) mais peuvent aussi, phénomène original à La Ronde, s'être développé dans les marais. Ils sont alors adossés aux digues de Taugon-La Ronde et de Boëre qui les protègent des inondations (Caillaude, le Passage, la Croix de la Main). 12 anciennes fermes présentes dans les marais mouillés, 4 cabanes ou fermes de marais desséchés et 5 huttes sur les digues ont par ailleurs été observées. Parmi elles, seules 7 sont isolées, les autres formant de véritables petits hameaux comme les Vrillers.

La densité de la répartition de l'habitat se traduit dans la forme de l'habitat, resserré de manière à optimiser l'espace. Ainsi, les trois quarts des maisons (65) sont dites attenantes, c'est-à-dire qu'elles sont accolées les unes aux autres et ne dispose tout au plus que d'une petite cour. Un tiers (59) d'entre elles sont en alignement sur la voie, et certaines constituent même alors de véritables fronts bâtis au coeur du bourg, le long des rues principales. Un quart sont perpendiculaires à la voie. Les habitations en retrait par rapport à la voie, minoritaires (39 % du total, soit 63), en sont séparées par une cour ou un jardin.

Des fermes elles-aussi regroupées

Ce phénomène de concentration se retrouve dans la manière dont elles sont constituées et dont leurs logis et dépendances sont répartis. La moitié d'entre elles (46) sont situées dans le bourg, l'autre (45) dans les écarts, quelques-unes sont isolées dans les marais (dont les 4 cabanes de marais desséchés). 70 % d'entre elles (69) ont leurs bâtiments accolés les uns aux autres. Parmi ce groupe, près de la moitié (30) voient le logis prolongé par les dépendances, le tout formant un plan allongé, voire un bloc en longueur (logis et dépendances sont réunis sous le même toit). C'est par exemple le cas des fermes des Vrillers, alignés le long de la Sèvre Niortaise et de son chemin de halage. Rares sont les fermes de plan massé, où les dépendances sont placées en arrière du logis et sous le même toit. En revanche, près d'un quart des fermes ont des dépendances construites en appentis à l'arrière du logis.

Parmi les dépendances, on relève presque partout une grange et une étable, témoins de l'ancienne activité d'élevage intensément pratiquée dans les marais entre 1850 et 1950. On compte aussi de nombreux hangars destinés à abriter le matériel agricole (33). Les plus grandes granges-étables, à façade sur le mur pignon, au nombre de 5, sont observées dans les cabanes de marais desséchés (la Rabatière, le Bordelais), 21 rue du Port, à Caillaude et à Bazoin. La grange-étable s'ouvre alors par une grande porte centrale, pour faire entrer récoltes et matériel, encadrée par des ouvertures, plus petites, des étables latérales.

Des logements qui se sont multipliés et agrandis dans la seconde moitié du 19e siècle

Construites pour plus de 80 % dans la seconde moitié du 19e siècle, et notamment dans les années 1850-1870, les habitations relevées à La Ronde sont des logements assez grands, signe de la recherche de davantage de place et de confort à cette époque. Le nombre de travées (alignements d'ouvertures) en façade en est un indice. Près de la moitié des habitations observées (47 %, soit 86) présentent ainsi trois voire quatre travées en façade ; au sein de ce groupe, 78 % (soit 67) remontent à la seconde moitié du 19e siècle. Elles contrastent avec les plus petites habitations, à une (21) ou deux travées (56) en façade, bien souvent des constructions antérieures à 1850. Celles-ci représentent tout de même encore 42 % du total.

Autre indice de la taille des logements : l'existence ou non d'étages au-dessus du rez-de-chaussée. 52 % des habitations à La Ronde (soit 96) possèdent ainsi un étage, rarement avec grenier. Les logements en rez-de-chaussée restent nombreux (85, soit 46 % du total), avec dans la quasi-totalité des cas un grenier au-dessus, le plus souvent habitable (55 ont un étage en surcroît). Les habitations les plus grandes constituent de véritables maisons de maîtres, semblant copier les demeures bourgeoises. 4 ont été relevées à La Ronde (4 rue de la Mairie, 23 rue du Contre-amiral Texier de Norbecq, 21 rue du Port et 31 rue du Port).

Quant au décor présent sur les habitations, il est resté au 19e siècle aussi sobre qu'auparavant. Les façades présentent dans un tiers des cas une corniche sous la ligne de toit et des appuis saillants aux fenêtres, plus rarement un bandeau. Les toits à croupes, à la charpente plus complexe donc plus coûteuse, sont relativement nombreux (24, soit 13 % du total) mais ils sont réservés aux habitations les plus grandes. L'ardoise est très rare (3 exemples seulement), au contraire de la tuile creuse, omniprésente. L'histoire commerciale de La Ronde, notamment du bourg, entre 1850 et 1950, se traduit par bon nombre de traces d'anciens magasins, cafés ou ateliers d'artisans. On note enfin la présence rue de l'Oreau (aux numéros 9 et 13) de deux maisons inspirées de l'architecture de villégiature, celle des villas de bord de mer.

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