Historique
La mention la plus ancienne du Sablou remonte à l’année 1402, dans un document relatif à la levée des rentes pour le châtelain de Montignac. En 1471, il est cité comme repaire noble d’« El Sablou ». Mentionné au milieu du XVIIe siècle comme « domaine et repaire du Sablou » dans un acte d’affermage, il appartient alors à François Chapt de Rastignac (1647). A cette date, le Sablou est l’un des nombreux domaines de la famille, qui fait sa résidence habituelle au château de Coulonges. Le Sablou est pour eux un domaine à vocation exclusivement agricole. En 1692, il fait l’objet d’un inventaire de biens meubles qui révèle l’état de semi-abandon du bâtiment principal qui ne comprend alors que deux pièces à feu superposées, une cave et un grenier ; il sert de logement au métayer du domaine. Le document ne mentionne aucun bâtiment à l’usage du propriétaire, qui ne peut donc y résider. Avec une grange et deux métairies, l’ensemble comprend un « cuvage », une grange à pain et un moulin. La situation change radicalement au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, semble-t-il lorsqu’Armand-Gabriel Chapt, fils aîné du marquis de Rastignac, se marie avec Françoise de Foucauld de Pontbriand (1722) et hérite par son père du domaine du Sablou (1724). C’est à lui ou à son fils aîné, Jacques-Jean Chapt de Rastignac, qu'il faut attribuer la construction du château. En atteste le décès de Françoise de Foucauld de Pontbriand intervenu « au château du Sablou » ; la demeure était bâtie en 1759. il s’agit de la première mention où le Sablou est qualifié de « château ». Il figure encore à ce titre sur la carte de Belleyme levée en 1768. Après 1783, le domaine passe à la dernière héritière de la branche des Chapt de Rastignac, Marie-Anne-Pétronille ; elle décède au Sablou en 1817. Le domaine passe ensuite à l’un de ses neveux, de la famille de Floirac, puis aux Lostanges en 1826. Cette famille le possède jusqu’à la mort du dernier héritier en 1906. Le château est vendu en 1919 à une société algérienne, puis il passe de mains en mains jusqu’en 1936 où Monsieur Ferragne, marchand de vin à Terrasson, le revend aux Rothschild. En 1940, le château est réquisitionné par l’Etat vichyste pour en faire un camp d’internement pour les opposants au régime. Après la guerre, l’Etat le vend à la ville de Maisons-Alfort pour en faire une colonie de vacances. Le domaine change encore de mains par la suite jusqu’aux propriétaires actuels.
Détail de l'historique
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Principale : milieu 18e siècle (incertitude) Secondaire : 19e siècle Secondaire : 1ère moitié 20e siècle |
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Informations complémentaires
NOTE DE SYNTHÈSE
Le Sablou : une maison de plaisance à la mode de Briseux
Histoire
La mention la plus ancienne du Sablou remonte à l’année 1402, dans un document relatif à la levée des rentes pour le châtelain de Montignac [1]. Il est ensuite cité comme le repaire noble d’« El Sablou » en 1471 [2]. Il faut ensuite attendre le milieu du XVIIe siècle pour trouver un acte d’affermage du « domaine et repaire du Sablou » : il appartient à François Chapt de Rastignac (1647) [3]. A cette date, le Sablou est l’un des nombreux domaines de la famille, qui fait sa résidence habituelle au château de Coulonges. Aussi est-il pour eux un domaine à vocation exclusivement agricole. Un inventaire de biens meubles dressé en 1692 révèle l’état de semi-abandon du bâtiment principal qui ne comprend alors que deux pièces à feu superposées, une cave et un grenier ; il sert de logement au métayer du domaine. Le document ne mentionne aucun bâtiment à l’usage du propriétaire, qui ne peut donc y résider. Avec une grange et deux métairies, l’ensemble comprend un « cuvage », une grange à pain et un moulin [4].
La situation change radicalement au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, semble-t-il lorsqu’Armand-Gabriel Chapt, fils cadet du marquis de Rastignac, se marie avec Françoise de Foucauld de Pontbriand (1722) et hérite par son père du domaine du Sablou (1724). En 1728, Armand-Gabriel hérite de la seigneurie de La Besse par sa femme lors du décès de son beau-père. Durant la décennie 1730, il fait plusieurs procès pour récupérer des arriérés de censives, signes de son intérêt pour ses terres périgourdines [5]. Ayant intégré très jeune la Maison du roi en devenant page de la Grande Ecurie [6] (1699), il fait une brillante carrière : il obtient la charge de capitaine de cavalerie dans le régiment du commissaire général, et il est nommé chevalier de l’ordre royal de Saint-Louis. Deux hypothèses, qui correspondent chacune à une fourchette chronologique resserrée, s'offrent à nous : la construction du château peut être attribuée, soit à Armand-Gabriel, entre 1742 et 1748, soit à son fils aîné Jacques-Jean Chapt de Rastignac, entre 1754 et 1759. En effet, en 1742, Armand-Gabriel intente un procès contre Pierre Mandral, dit Francoeur, qualifié d’entrepreneur et tailleur de pierre [7], et Léonard Aubarbier, dit Larivière, architecte [8]. Malheureusement, on ignore l’origine de ce procès et s’il concerne même la construction du château. Quoiqu’il en soit, toujours qualifié de vicomte de Rastignac dans les textes, sans autres titres que celui de chevalier accompagné du nom de ses différentes terres (au moins jusqu’en 1742 [9]), il semble avoir obtenu dans les dernières années de sa vie, entre 1742 et 1748, sa charge de capitaine de cavalerie, le collier de l’ordre royal et un brevet d’érection de ses terres en marquisat ; il est qualifié de marquis dans un texte de 1752 [10], postérieur à sa mort qui intervient le 18 août 1748 [11]. Or, le blason sculpté meublant le fronton du château porte une couronne marquisale. Nous sommes en droit de penser qu'au cours de cette courte période où Armand-Gabriel semble obtenir sa charge et ses plus belles titulatures qu'il fit bâtir une demeure reflétant sa fulgurante ascension. Seconde hypothèse, Jacques-Jean, qui porte lui-aussi le titre de marquis, hérite du Sablou et des principaux biens de son père à la mort de celui-ci en 1748. Mais, dans un texte de 1754 relatif à l'incendie du château du Peuch à Fleurac, il est précisé que Jacques-Jean faisait sa résidence ordinaire avec sa mère dans ce château [12]. C'est peut-être l'incendie du Peuch qui a poussé Jacques-Jean à investir le Sablou et à y bâtir une nouvelle demeure. Le décès de Françoise de Foucauld de Pontbriand « au château du Sablou » atteste que la demeure était terminée de construire en 1759 [13]. Le texte de 1754 et la date du décès de Françoise de Foucauld de Pontbriand offrent une seconde fourchette de datation possible pour la construction.
Par ailleurs, la mention du décès de Françoise de Foucauld de Pontbriand est la première qualifiant le Sablou de « château » (auparavant, il porte le simple nom de « domaine ») ; il figure encore à ce titre sur la carte de Belleyme levée en 1768. A cette époque (1770), le Sablou possède une superficie de seulement 38 « quartonnées » (5 hectares) [14].
Après le décès de Jacques-Jean en 1783, le château passe à la dernière héritière de la branche des Chapt de Rastignac, Marie-Anne-Pétronille ; elle décède au Sablou en 1817.
Le domaine passe ensuite à l’un de ses neveux, de la famille de Floirac, puis aux Lostanges en 1826 par le mariage d’Arnaud-Joseph de Lostanges à Marie de La Grange-Gourdon, qui est l’héritière du Sablou. La famille le possède jusqu’à la mort du dernier héritier en 1906. Le château est vendu en 1919 à une société algérienne qui exploite le bois du parc. Deux ans plus tard, après un inventaire réalisé à cette date, le domaine passe de mains en mains jusqu’en 1936 où Monsieur Ferragne, marchand de vin à Terrasson, le revend aux Rothschild. En 1940, le château est réquisitionné par l’Etat vichyste pour en faire un camp d’internement pour les opposants au régime [15]. Après la guerre, l’Etat le vend à la ville de Maisons-Alfort pour en faire une colonie de vacances. Le domaine change encore de mains par la suite jusqu’aux propriétaires actuels.
Description et analyse architecturale
Isolé à l'est du bourg de Fanlac, le château du Sablou est idéalement situé sur un coteau exposé plein sud et dominant la vallée du Thonac ; au XVIIIe siècle et encore au XIXe, il était environné de terres arables, notamment de vignes, et de bois. Il comprend un grand corps de logis principal, une chapelle, un chai surmonté d’un réfectoire et une ferme située à faible distance, au nord.
Le site aux XVIIe et XVIIIe siècles
Plusieurs documents nous permettent de restituer l'environnement du château et de connaître la nature des parcelles qui le composaient. [A COMPLÉTER]
L’ancien domaine noble
Les principaux bâtiments sont organisés autour d’une cour carrée (env. 45 x 41 m) ouverte au sud sur le paysage de la vallée : le grand corps de logis à gauche (est), une longue dépendance à droite (ouest) et une petite chapelle (nord). La cour n’est cependant pas le seul espace ouvert aménagé en terrasse : une seconde terrasse, plus vaste, et en contrebas de la première, est aujourd’hui aménagée avec une piscine ; y subsistent les ruines d’un petit bâtiment (au sud-ouest). C’est donc tout l’environnement du château qui a été aménagé en terrasses, à la fois pour donner des vues sur la vallée, mais aussi pour accueillir des jardins d’agrément. Toutefois, le plan cadastral ancien révèle une organisation différente, qui suggère que certains bâtiments et la forme même des terrasses résultent d’importants travaux menés au cours du XIXe siècle.
En 1813 en effet, l’accès se faisait au nord par un chemin droit (une "avenue" en 1921), long de plus de 800 mètres, bordé d’allées d’arbres traversant le vaste parc boisé du domaine. L’arrivée à la cour du château était barrée par un long corps de bâtiment orienté ouest-est (disparu), bordant la cour au nord et qui rejoignait à l’est le bâtiment principal, auquel il communiquait par une tourelle placée dans l’angle rentrant que formait les deux corps à cet endroit. Un autre bâtiment orienté nord-sud, flanquait perpendiculairement le premier – il était à l’emplacement de la chapelle actuelle, dont la construction remonte à l’année 1862 (ce millésime est gravé sur la table en marbre blanc qui surmonte la porte). En lieu et place de l’actuelle grande dépendance située à droite dans la cour était une simple parcelle de terre. De manière très étonnante, un grand bâtiment, orienté nord-est/sud-ouest, barrait la cour en diagonal. Enfin, la terrasse, plus grande qu’aujourd’hui, s’étendait au sud-ouest et son angle accueillait un pavillon de plan carré.
Il faut conclure de ce rapide examen documentaire que les bâtiments représentés sur le plan cadastral ancien furent détruits entre 1813 et 1862, et que la terrasse de la cour fut modifiée à ce moment. Partant, l’organisation générale actuelle de la cour, la construction des bâtiments (la grande dépendance ouest, la chapelle et les galeries maçonnées souterraines dont nous n’avons pas encore parlées) font partie de la même campagne de travaux du milieu du XIXe siècle. L’ensemble des constructions de cette campagne, qu’il faut attribuer à Edmond-Marie-Guillaume de Lagrange-Gourdon, marquis de Floirac, maire de la commune de Fanlac et propriétaire du Sablou en 1862, se caractérise par une mise en œuvre soignée : stéréotomie à joints fins pour la chapelle, pierre taillée au grain d’orge et à ciselure relevée pour la grande dépendance et les galeries souterraines.
Le sanctuaire actuel, nous l’avons dit, en remplace un précédent qui est figuré sur le plan cadastral ancien (1813) et dont on ignore tout. La chapelle actuelle dédiée à la Vierge Marie fut consacrée le 12 juin 1862, comme l'indique la date gravée sur la table en marbre blanc surmontant la porte d'entrée du sanctuaire. De plan rectangulaire, le petit sanctuaire est bâti en pierre de taille parfaitement appareillée à joints très fins. Il est couvert par un toit en pavillon à faible pente d'ardoises. Traité très sobrement sur trois côtés (nord, est et ouest), il présente sur le dernier côté (sud) une façade principale sur cour beaucoup plus riche. Un arrière-corps traité en bossages continus en table (dont les ressauts latéraux forment pilastres d'angle) sur lequel se détache un avant-corps à cadre de pilastres doriques, entablement et fronton brisé portant au-dessus un édicule constitué de pilastres corinthiens, d'un fronton et d'ailerons à volutes rentrantes. Celui-ci est creusé d'une niche en plein-cintre meublée d'une statue de la Vierge.
La façade est enrichie d'un fin décor sculpté, aux chapiteaux des pilastres doriques (gorgerin orné de rosaces, échine en quart de rond orné d'oves), à l'entablement (architrave agrafée par un modillon galbé en talon à feuille pendante sur la table en marbre blanc), au-dessus de la porte d'entrée (guirlande pendante de feuillages et fruits à rubans). Le tympan du fronton est meublé d'un blason aux armes associées des Gourdon-Lavercantière et des La Grange-Gourdon. Si les côtés sont traités beaucoup plus sobrement, il n'en demeure pas moins qu'une certaine qualité esthétique a présidé à leur mise en œuvre : joints fins, appareillage des baies en plein-cintre dont l'extrados est traité en escalier régulier et entablement en partie haute de leur mur - il s'agit de l'entablement de la façade principale qui se poursuit sur les côtés.
A l'intérieur, le sanctuaire est divisé en trois travées par des arcs doubleaux, chacune couverte par une voûte d'arêtes en pierre de taille. Ceux-ci portent sur des pilastres doriques dont le gorgerin est cannelé et dont la modénature du tailloir est poursuivie pour former un bandeau formant le cadre intérieur des fenêtres en plein-cintre.
La grande dépendance ouest présente deux parties distinctes par leur mise en œuvre, leurs fonctions et leur datation : l'étage de soubassement, qui abritait les chais (une cave en 1921[16]), et le niveau en rez-de-cour, qui abritait autrefois une orangerie, un cuvier et un bûcher (1921[17]) et qui fut transformé ultérieurement en réfectoire. Orienté nord-sud, le bâtiment comprend un étage de soubassement voûté qui contrebutent les terres de la cour à l'est et un niveau supérieur en rez-de-cour.
L'étage de soubassement est constitué d'un vaste vaisseau unique voûté en moellons équarris raidis par des chaînes de pierres harpées. De petites fenêtres percées à intervalles réguliers éclairent le vaisseau à l'ouest tandis qu'une porte cochère l'ouvre au sud. Placé exactement en vis à vis du grand corps de logis et parallèlement à lui, ce bâtiment fut cependant construit après lui. La mise en œuvre de belle qualité se remarque notamment par la régularité des chaînes de pierre et par les pierres de taille taillées au grain d'orge et à ciselure relevée. Si la construction initiale, dont seuls subsistent les chais en étage de soubassement, remonte au XIXe siècle, le réfectoire placé au-dessus semble avoir été bâti à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Il a servi de logements aux internés à l'époque où le château est réquisitionné par le gouvernement vichyste pour devenir un camp d'internement.
Au nord de la grande dépendance s'en trouve une seconde, plus petite, de plan rectangulaire, orientée est-ouest et bâtie perpendiculairement à la précédente qu'elle flanque à l'angle nord-ouest. Là encore, ce bâtiment présente deux parties distinctes par leur mise en œuvre, leurs fonctions et leur datation : l'étage de soubassement, qui logeait une cuisine et une cave, et le niveau en rez-de-cour, qui abritait des logements (sans doute ceux du régisseur et des domestiques que mentionne l'inventaire de 1921). La mise en œuvre diffère toutefois de la grande dépendance : les murs, très épais (env. 3 m pour le mur de refend et 1,30 m pour le mur gouttereau nord) présentent un parement en grand appareil de pierre de taille à joints épais, qui suggère une construction bien plus ancienne que les autres bâtiments vus jusqu’ici au Sablou. Par ailleurs, la fonction même des deux pièces situées en étage de soubassement, une cuisine à l’est, avec sa grande cheminée (3,34 m) ménagée dans le mur gouttereau nord, et une cave attenante (elle sert de « chambre à distillation » en 1921), voûtée en berceau, suggère que nous avons
affaire aux vestiges d’un ancien corps de logis. En revanche, le niveau supérieur, avec son petit corps abritant un escalier droit et couvert en pavillon, et sa petite tour circulaire, que l’on pourrait croire, a priori, plus anciens, ne remonte en réalité qu’au XIXe, voire au début du XXe siècle. En effet, les murs de ces constructions, en moellons équarris et en pierre de taille pour les parties vives, se caractérisent par des joints plus fins et réguliers, des pierres mieux équarries, des cadres de baie rectangulaires ou cintrés (qui ressemblent fort à ceux de la grande dépendance) et des murs beaucoup moins épais (0,61 m). Comment interpréter ces observations ?
Il ne fait guère de doute que nous avons affaire, on l’a dit, à un édifice antérieur, qui fut ruiné ; c’est certainement pour cette raison qu’il ne figure pas dans le plan cadastral ancien. Peut-être s’agit-il du bâtiment d’habitation que documente l’inventaire des biens meubles de la famille Rastignac en 1692[18] ? Ce logis comprenait un « cuvage », une chambre basse, une chambre haute et un grenier, autant de pièces qui semblent être superposées et qui confèrent à ce bâtiment l’aspect d’une petite tour. Et si au cours du XIXe siècle, on s’est appuyé sur cette construction pour bâtir les bâtiments actuels, on avait aussi fait de même pour les bâtiments représentés sur le plan cadastral ancien : le long corps qui bordait la cour au nord était lié à ces différents corps ; ensemble, ils fermaient la cour carrée sur trois côtés. Une preuve de cela est apportée par l’examen de la maçonnerie de la tourelle circulaire : les pierres qui la constituent ne sont pas chaînées avec le petit pavillon d’escalier contre lequel elle s’appuie : elle fut bâtie après que l’on ait détruit le long bâtiment nord.
Enfin, dernière observation à propos de cette dépendance. Au pied de la tour circulaire se trouve une baie cintrée qui ouvre le premier niveau : une pièce circulaire planchéiée éclairée à l’est par un soupirail dont l’ouverture intérieure est en plein-cintre et parfaitement appareillée. Cette pièce donne elle-même accès à une autre ouverture, appareillée de manière identique au soupirail, et qui ouvre une galerie voûtée en berceau souterraine longue de près de 30 mètres.
A cette distance, la galerie se sépare en deux boyaux par un mur en forme d’éperon ; l’un d’eux se termine par un espace autrefois éclairé par un soupirail identique à celui de la tourelle, et dont la voûte était ouverte par un oculus zénithal. Cet espace, qui est fermé par un mur plus ancien, donne accès à une porte en arc brisé aujourd’hui murée et qui semble correspondre au niveau de
sous-sol du corps disparu orienté nord-sud représenté dans le plan cadastral ancien. Il faut donc croire que cette galerie offrait une commu-nication à couvert entre les différents bâtiments. Dernier point : la voûte en berceau de la galerie et des deux boyaux est constituée de moellons équarris et de pierres de taille pour les parties vives (assises formant le sommier de la voûte), à joints fins et réguliers, caractérise cette construction qui remonte sans nul doute au XIXe siècle.
Le bâtiment principal
De plan rectangulaire double en profondeur (env. 47 x 17 m, soit 22,5 x 8 toises), la demeure principale adopte la forme d’une grande maison de plaisance. Bâtie en pierre de taille et couverte d’un grand comble brisé d’ardoises, elle est ouverte de tous côtés par de grandes fenêtres sur des
espaces libres : à l’ouest, la cour, au sud et à l’est, les terrasses où étaient le jardin d’agrément, à l’ouest un bosquet (cf. plan cadastral ancien).
Démuni de caves, le grand corps de logis comprend un rez-de-chaussée, un étage carré et un niveau de combles habitables. L’ensemble paraît tout à fait homogène (malgré quelques petites modifications de détails) et construit d’un seul jet. Cependant, cette homogénéité et cette impression d’une construction a novo ne sont rien moins qu’apparentes.
En effet, si l’aspect extérieur ne révèle aucune reprise et ne laisse préjuger d’aucun remploi d’une construction antérieure, l’examen de l’intérieur et le plan même de l’édifice dévoilent une autre histoire : le mur de refend longitudinal, qui scinde le bâtiment en profondeur, n’est pas parallèle aux murs gouttereaux, un mur de refend porte la trace d’une grande arcade en arc brisé (maintenant murée), tandis qu’un autre mur de refend présente une épaisseur (env. 1,45 m) bien plus importante que celle des autres murs. Partant de ces observations, il faut croire qu’un bâtiment
antérieur, orienté nord-sud, a été intégré dans le bâtiment actuel pour en constituer la partie orientale. Mais c’est bien là tout ce que l’on peut dire de cet édifice qui a précédé l’actuel. Et, quoiqu’il en soit, la campagne de travaux du XVIIIe siècle a précisément consisté à gommer l’état antérieur et offrir l’aspect d’une vaste maison de plaisance à la mode. De fait, le recueil de modèle de Charles-Étienne Briseux (ca. 1680-1754), L’art de bâtir des maisons de campagne, publié à Paris en 1743[19], offre, si ce n’est le modèle direct, du moins l’esprit qui a présidé à la créa- tion du Sablou : le plan double en profondeur environné d’espaces liés à l’agrément, la desserte indépendante des pièces par des vestibules ou de longs couloirs, l’emplacement des offices en rez-de-chaussée du côté de la cour, trouvent leur équivalent dans le recueil. C’est ce que nous allons voir maintenant.
Les élévations
Les élévations sont, pour ainsi dire, toutes traitées de la même manière : mur en pierre de taille ; bandeau à hauteur des appuis des grandes fenêtres du premier étage marquant une délimitation simple entre deux registres, le rez-de-chaussée et le premier étage ; fenêtres à plate-bande cintré et encadrées par un chambranle plat et large ; larges trumeaux laissés nus ; corniche moulurée régnant au sommet du mur. Mais dans le détail, elles présentent de légères différences qui les hiérarchisent.
La façade principale, sur cour, est mise en valeur par la scansion simple de ses douze travées de fenêtres qui se répondent de chaque côté d’un axe de symétrie médian, plus large, marqué par un ordre de pilastres superposés et adossés, très simple, que surmonte un grand fronton trian-gulaire et qui encadre, au rez-de-chaussée, la grande porte d’entrée à voussure en plein-cintre et, à l’étage, une grande fenêtre comparable à celles des travées voisines.
Le tympan du fronton porte encore, bien que martelées à la Révolution, les armoiries sculptées de la famille Chapt de Rastignac[20] qui sont tenues par deux sirènes, et sont sommées par la couronne marquisale, où se reconnaissent encore les fleurons, mais pas les trois perles entiè-rement martelées. La comparaison de cette composition avec plusieurs propositions de Briseux, tout particulièrement la planche 144 page 11, révèle des parentés évidentes entre elles : l’ordre de pilastres superposés et adossés que surmonte le fronton triangulaire et qui encadre la grande porte à voussure en plein-cintre trouve son équivalent dans la proposition de papier, de même que le fronton (planches 171, 172 et 173).
La composition des côtés sud et nord et de la façade orientale diffèrent de celle de la façade principale par plusieurs traits. D’abord, les cham- branles des fenêtres sont identiques à ceux vus précédemment, excepté qu’ils ne se détachent par du nu du mur (ils sont au même plan que lui) mais sont formés par les tables en défoncé qui les encadrent. Ensuite, le bandeau qui sépare les deux registres à hauteur de l’appui des fenêtres du premier étage n’est pas un simple bandeau large et lisse, mais un corps de moulures (doucine, réglets, cavet). En outre, les deux
travées médianes du côté sud, et une travée sur deux en façade arrière, qui ouvraient sur le jardin d’agrément, sont couronnées par une lucarne en pierre à fronton cintré ; celles de la façade arrière se caractérisent également par des ailerons à volutes (celles du côté sud semblent être de création récente). Enfin, le côté nord, autrefois ouvert sur un bosquet, présente une autre particularité : de grandes tables à bordure moulurée et cintrée,meublée au sommet d’une coquille et d’étoiles, y animent les trumeaux.
Ce qu’il faut surtout retenir de la composition des élévations du château, c’est leur grande simplicité et leur retenue décorative, qui, là encore, rappellent le recueil de l’architecte français (planches 144 et 145) : grand bâtiment double à un seul étage carré dont les niveaux, ouverts par de grandes fenêtres à chambranle lisse et plate-bande cintrée, sont séparés par un simple bandeau laissé nu. Cette sobriété architecturale devait
très certainement trancher sur le luxe et la profusion du décor intérieur.
La distribution
Comme beaucoup de maisons de plaisance du XVIIIe siècle, le Sablou possédait une distribution rigoureuse, parfaitement claire et maîtrisée. Quelque peu modifiée aux siècles derniers, celle-ci a cependant conservé une grande partie de sa cohérence. Le croisement de l’observation de l’état actuel et d’un inventaire de 1921 (voir Annexe 3) permet de préciser l’agencement des pièces à cette date.
Au rez-de-chaussée, un vestibule voûté, sans doute lambrissé à l’origine, permettait de hiérarchiser clairement les fonctions. Il desservait, à gauche, les communs - la cuisine, les offices et des réduits (garde-manger), toutes ces pièces étant voûtées -, à droite, un bureau et un espace de dégagement menant à l’escalier principal du logis qu’abrite une grande cage largement éclairée – nous y revenons plus loin – et, en face, à un couloir permettant de rejoindre directement le jardin d’agrément bordant l’arrière du bâtiment. De fait, c’est de ce côté, à l’arrière du plan double en profondeur, que prennent place toutes les pièces de réception : du sud au nord, grand salon, fumoir, bibliothèque, grande salle à manger, cave, petite salle à manger et réduit placé derrière la cage de l’escalier secondaire.
A l’étage, le grand escalier dessert un large couloir qui traversait le bâtiment sur toute sa longueur, prenant jour autrefois à chaque extrémité par une fenêtre[21]. Ce couloir dessert près d’une dizaine de chambres, certaines accompagnées d’une antichambre ou d’un cabinet de toilette. Les pièces privilégiées, qui constituent de véritables appartements (avec la suite habituelle antichambre, chambre et cabinet), se trouvent à l’est, vers les parterres du jardin d’agrément, et au-dessus des pièces de réception du rez-de-chaussée.
Dans le niveau de combles, auquel seul l’escalier en bois (au nord) donne accès, un couloir dessert les pièces du niveau, toutes autrefois situées à l’est du corps : il s’agissait en 1921 d’une sellerie, d’un fruitier, d’une chambre noire pour le développement photographique, et plusieurs chambres de domestiques. Ces pièces étaient ouvertes par les lucarnes en pierre qui animent le brisis du toit.
L’escalier
Dans toute demeure noble, l’escalier est la pièce maîtresse de la distribution. Le cas du Sablou ne déroge pas à la règle : l’escalier, qui a fait l’objet d’un grand soin, se distingue par la qualité de sa mise en œuvre.
Placé dans-œuvre, dans une vaste cage de plan carré (7,85 x 7,85 m) couvert par un plafond à voussure pris dans le volume du comble, l’escalier tournant à gauche, qui ne dessert que l'étage noble, comprend trois volées droites autour d’un jour central, de sorte que le palier porte sur une voûte couvrant le départ de l’escalier. Cette voûte, complexe, a fait l’objet d’une attention toute particulière, véritable chef d’œuvre de stéréo- tomie : en pierres parfaitement équarries à joints fins, presque vifs, elle est constituée d’un cul-de-four en anse-de-panier presque plat qui est porté par une petite trompe en demi-berceau disposée entre deux trompes appareillées en panache placées aux deux angles de la cage, et par une arche à double corne-de-vache du côté de l’escalier. Située à cet endroit, la voûte complexe et virtuose se donne à voir dès l'entrée du visiteur dans la cage.
Pour le reste, les volées constituées de grandes marches en pierre portent sur un mur déchiffre en moellons équarris (autrefois enduits) et pierre de taille pour les parties vives. Le garde-corps, en fer et à main courante en bois, date du XIXe siècle, comme d’ailleurs le reste du décor de la cage : très sobre, il ne comprend plus guère aujourd’hui que des bandeaux, des baguettes ou des corps de moulures en bois qui soulignent les angles des différentes baies (fenêtres, niche, portes), les arcs en anse de panier ouvrant le couloir de l’étage et le départ de la voussure du plafond ; les murs, la voussure et le plafond sont nus. Cette sobriété décorative tranche de manière très nette avec la qualité de la voûte de l’escalier et ne correspond en rien avec le type de l’escalier. En effet, Charles-Etienne Briseux en donne plusieurs modèles (voir, par exemple, la planche 141 page 8 de son recueil de modèles), où les murs présentent un décor réel ou fictif (peint ou en stuc) composé de pilastres, d’entablement, de niches ouvrant sur des scènes peintes en trompe-l’œil. De même, le plafond à voussure appelle un vaste programme peint. Il faut croire que l'ensemble de ce décor a bel et bien existé, mais il a disparu. Dernière observation, la seule niche qui anime aujourd’hui le mur de la cage remonte sans doute au XIXe, voire au début du XXe siècle : elle a été créée en murant une fenêtre avec des moellons enduits.
Conclusion
Si la datation de la construction du château du Sablou reste encore à préciser, la présente étude permet de proposer deux fourchettes de datation très resserrées, soit 1742-1748 et 1754-1759 – ou, si l’on veut, une fourchette chronologique plus large, soit 1742-1759 –, ce que n’avaient pu faire les études antérieures. Malgré l’absence de documents, il est donc possible de connaître les noms des potentiels commanditaires et de replacer le château du Sablou dans l’histoire de l’architecture française.
D’évidence, le château est une œuvre architecturale qui s’inscrit pleinement dans les recherches théoriques contemporaines, tout particulièrement celles de Charles-Étienne Briseux, qui propose des modèles de maisons de campagne pour la grande et moyenne noblesse du règne de Louis XV. On retrouve en effet au Sablou une appétence pour la grande demeure de plan double en profondeur isolée, environnée de tous côtés par des espaces liés à l'agrément, largement ouvertes par de nombreuses et grandes fenêtres sur les parterres situés au plus près. Dans le même esprit, les distributions sont clairement hiérarchisées par des vestibules, ou de longs couloirs qui traversent le bâtiment sur toute sa longueur et rendent indépendantes toutes les pièces de réception et les appartements : les habitants peuvent ainsi aller et venir à leur guise dans le logis ou aller au jardin, sans aucune gêne pour les uns et les autres. De même, on retrouve les grands toits à brisis couvrant la totalité du corps, sans la scansion habituelle des différents volumes de toit. On y voit aussi un goût plus mesuré pour le décor architectural, dont l'accent est placé en seulement quelques endroits choisis du logis - au Sablou, seuls le fronton de la travée centrale de la façade principale, et les lucarnes côté jardin présentent quelques éléments de décor sculpté. Il est clair que la vaste maison de plaisance est résolument tournée vers l'agrément : elle est faite pour recevoir non seulement le propriétaire et sa famille, mais aussi un grand nombre d'amis, de familiers ou de clients pour des séjours plus ou moins longs destinés au repos, à l'agrément ou à la chasse.
Mais cette étude apporte aussi sur la connaissance de la conjoncture locale. L’examen des aveux rendus par le seigneur du lieu au châtelain de Montignac en 1686, de l’inventaire des biens meubles de 1692, et encore du plan et des matrices cadastrales de 1813 attestent que le seigneur du Sablou, avant même la construction du grand château actuel, possédait un véritable monopole de la vigne sur les terres environnantes ; et si la gestion du domaine était laissée à ferme, la famille de Rastignac semble y avoir toujours porter un grand intérêt, car elle lui assurait d'importants revenus. L'intensification viticole de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle n'a fait que renforcer cet intérêt.
Un dernier point reste à éclaircir. Nous l'avons vu, deux hypothèses, qui correspondent chacune à une fourchette chronologique resserrée, s'offrent à nous : la construction du château peut être attribuée, soit à Armand-Gabriel Chapt de Rastignac, entre 1742 et 1748, soit à son fils aîné Jacques-Jean Chapt de Rastignac, entre 1754 et 1759. Seules la découverte de nouveaux documents d'archive ou une datation des bois de charpente par analyses dendrochronologiques permettraient de trancher la question du nom du commanditaire et de l'époque exacte de la construction.
DOCUMENTATION
Archives
AD Dordogne. 2 E 1852/20-1. Afferme de 3 ans par Jean-François Chapt de Rastignac, comte de Rastignac, seigneur et baron de « Lyneres », Coulonges et autres places, à Guillaume del Jarric du domaine, repaire et moulin du Sablou pour 600 livres par an, 1647.
AD Dordogne. 2 E 1852/20-4. Lettre de Girou Feyral à Monsieur de Saint-Rabier, receveur de Rastignac, demandant à payer le métayer du Sablou pour la vigne qu’il a plantée, 1er mars 1670.
AD Dordogne. 2 E 1852/3-2. Inventaire du domaine du Sablou, extrait de l’inventaire des possessions de la famille Chapt de Rastignac, 5 avril 1692. Annexe 2
AD Dordogne. 5 Mi 56503-001. BMS paroisse de Fanlac. Attestation du décès de Françoise de Foucaud, femme d’Armand-Gabriel Chapt de Rastignac, 20 décembre 1759.
AD Dordogne. PRE 24. Le Glaneur du 3 juillet 1921. Inventaire du château du Sablou, propriété de Johannès-Waldemar Moeller, demeurant au 35, Allées de Tourny à Bordeaux, 3 juillet 1921. Annexe 3
Documents figurés
AD Dordogne. Carte de Belleyme, planche 23, levée en 1768.
AD Dordogne, 3 P 3 1936 Plan cadastral, section A dite de Valmassingeas, 2e feuille, Ech. 1/2500, 1813.
Collection particulière. Carte postale, début du 20e siècle.
Bibliographie
CHESNAYE-DESBOIS, François-Alexandre-Aubert de. Dictionnaire de la noblesse de France…, Paris : la Veuve Duchêne, t. IV, 1772 (2e éd.). p. 214.
D’HOZIER Louis-Pierre. Armorial général, ou Registres de la noblesse de France. Première partie. Paris : Pierre Prault, 1752, p. 440.
FOURNIOUX Bernard. « Le paysage agraire de la châtellenie de Montignac et son environnement humain à la fin du Moyen Age ». Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. CXXVII, 2000. p. 139-162, spécialement p. 156.
FROIDEFOND DE BOULAZAC, Alfred de. Armorial de la noblesse du Périgord. Marseille : Laffitte Reprints, 2002, t. 1, p. 252-253 (La Grange de Gourdon) et p. 411-412 (Chapt de Rastignac).
GOURGUES, Alexis de. Dictionnaire topographique du département de la Dordogne… Paris : Impr. nationale, 1873. p. 281.
MORERI. Le grand dictionnaire historique... Paris : Les libraires associés, t. 9 (1759), p. 74.
PENAUD Guy. Dictionnaire des châteaux du Périgord, châteaux, manoirs, gentilshommières,... Bordeaux : Editions Sud Ouest, 1996, p. 250.
SECRET Jean. Le Périgord. Châteaux, manoirs et gentilhommières. s.l. : Tallandier, 1966, p. 235.
NOTES
[1] Fournioux, Bernard. 2000, p. 156.
[2] Gourgues, Alexis de. 1873, p. 281, avec erreur sur la localisation du lieu (commune de Fleurac au lieu de Fanlac).
[3] AD Dordogne. 2 E 1852/20-1. Afferme de 3 ans par Jean-François Chapt de Rastignac, comte de Rastignac, 1647.
[4] Cf. Annexe 2.
[5] AD Dordogne. B 1271. Requête auprès du Présidial de Sarlat obtenu par Armand-Gabriel Chapt, vicomte de Rastignac, chevalier, seigneur de Coulonges, Le Sablou et
autres places, pour collationner l’ensemble des titres de son trésor concernant sa seigneurie de Coulonges, 10 juin 1727 (pièce 25). B 1374. Exploit et condamnation obtenu par Armand-Gabriel Chapt, vicomte de Rastignac, chevalier, seigneur de Coulonges, Le Sablou et autres places, contre Raymond Foucaud, 29 janvier 1730 (pièce 12), Aymard Counerdie, 23 février 1730 (pièce 13), Aymard Rousset (?), 22 avril 1730 (pièce 15). B 1375. Exploit et condamnation obtenu par Armand-Gabriel Chapt, vicomte de Rastignac, chevalier, seigneur de Coulonges, Le Sablou et autres places, contre Yvette Millon, dame de La Filolie, 21 avril 1733 (pièce 9), Guillaume Grangier, huissier, 14 août 1739 (pièce 36). B 1308. Exploit et condamnation obtenu par Armand-Gabriel Chapt, vicomte de Rastignac, chevalier, seigneur de Coulonges, Le Sablou et autres places, contre Aymeric Lapeze, 26 février 1735 (pièce 18), contre Guillain Dujarrich, aubergiste, 23 juillet 1735 (pièce 33), contre Hélie Baylé, 21 janvier 1736 (pièce 49), Hélie Delbarry, peigneur, 21 janvier 1736 (pièce 50).
[6] L'État de la France, contenant tous les Princes, Ducs & Pairs, & Marêchaux de France (...), Paris, chez C. Osmont, 1702, t. 1, p. 551.
[7] Gibert, Louis-François. Communautés rurales du Moyen Âge au XIXe siècle : à travers l’exemple du pays de Berbiguières en Périgord noir. Bayac : Ed. du Roc de Bourzac, 1996, p. 51 et 169. Pierre Mandral intervient notamment en 1732 à la reconstruction de l’église de Berbiguières et travaille au château de Ferrières (commune
d’Allas-lès-Mines, Dordogne) où il complète un corps de logis à l’étage attenant au château et construit une terrasse (Escat, Marcel. Siorac en Périgord. Bayac : Ed. du Roc de Bourzac, 2000, p. 59).
[8] AD Dordogne. B 1736. Procès entre Armand-Gabriel Chapt, vicomte de Rastignac, chevalier, seigneur de Coulonges, Le Sablou et autres places, contre Pierre Mandral, dit Francoeur, et Léonard Aubarbier, dit Larivière, architecte (fol. 68).
[9] Ibid.
[10] D’Hozier 1752, p. 440.
[11] Moreri. Le grand dictionnaire historique... Paris : Les libraires associés, t. 9 (1759), p. 74.
[12] AD Dordogne. B 499. Procès-verbal de visite après l'incendie du château du Peuch, paroisse de Fleurac, arrivé dans la nuit du 19 au 20 février 1754.
[13] AD Dordogne, 5 Mi 56503-001.
[14] Bulletin de la SHAP, 1924, t. LI, p. 336 : Arpentement dit du Sablou, d’après un terrier de la seigneurie de Rastignac.
[15] Tronel, Jacky. « Séjour surveillé pour « indésirables français » : Le château du Sablou en 1940 ». [URL : Criminocorpus.revues.org. Consulté le 7 février 2013]. Ce camp fonctionne du 17 janvier au 30 décembre 1940.
[16] Voir Annexe 2.
[17] Ibid.
[18] Ibid.
[19] BRISEUX Charles-Etienne, L’art de bâtir des maisons de campagne, où l'on traite de leur distribution, de leur construction et de leur décoration. Paris : Prault Père, 1743.
[20] La famille Chapt de Rastignac portait : D’azur au lion d’argent lampassé, armé et couronné de gueules (Froidefond de Boulazac, Alfred de. 1891, p. 411). L’azur représenté en sculpture ou en gravure par des lignes horizontales, et la silhouette du lion lampassé et couronné se distinguent encore très bien.
[21] Au sud, une cloison a été installée pour créer une petite chambre, tandis qu’au nord, un sanitaire (appelé « cabinet d’aisance » en 1921 ; cf. Annexe 3) a été aménagé ; ce sont sans doute ces aménagements, qui occultent le jour de chaque côté qui a conduit à créer des fenêtres au-dessus des grandes portes du couloir, pour lui apporter un éclairage en second jour.
ANNEXES
Annexe 1
(Voir : Tableau généalogique de la famille Chapt de Rastignac au format PDF)
Annexe 2
Sablou, 5 avril 1692
INVENTAIRE DU DOMAINE DU SABLOU EXTRAIT DE L’INVENTAIRE DES POSSESSIONS DE LA FAMILLE CHAPT DE RASTIGNAC.
Archives départementales de la Dordogne, Périgueux. 2 E 1852/3-2, original en papier.
Transcription :
[Les premiers feuillets du document original manquent ; le document commence par l’inventaire du château de Coulonges. Cf. IA24001263]
[article 1] Et advenant, le cinquiesme jour dudit moys et en continuant ledit invantaire, serions allés au domaisne du Sablou appartenant audit seigneur, accompagniés dudit sieur Sedié, où estant serions entrés dans une chambre basse où demeure le Bourdier, dans laquelle nous aurions trouvé un meschant chalit de vielle menuiserie. Plus, une table de vielle menuiserie.
[article 2] Et de là, serions montés dans une autre chambre haute dans laquelle nous aurions trouvé un autre chalit de vielle menuiserie. Plus,
une petite table fort meschante et presque rompue.
[article 3] Et de là, serions montés dans le grenier ferment à clef lequel nous auroit esté ouvert par Bernard Baudet, recepveur dudit seigneur dans lequel nous aurions trouvé deux charges et demye de bled seullement.
[article 4] Et de là, serions dessandus et serions allés dans le [fol. 22 v°] cuvage que nous aurions trouvé fermé à clef que nous auroit esté ouvert par ledit Baudet, dans lequel nous aurions trouvé quattre petites cuves servant à mettre la vendange serclées de boys. Plus, le pressoir servant à presser la vandange garny de tous ses utils. Plus, douze grosses bariques dans lesquelles y peut avoir douze charges de bon vin et quinze charges de petit vin ; dans lesquelles bariques, il y a six sercles de ferq.
[article 5] Plus, serions allés à la grange à foin où nous aurions trouvé environ huict charetées de foin que lez avoit retiré à la récolte que l’on nous a dit n’avoir pas seu vandre dans le peed[1].
[article 6] Et de là, serions allés dans une des mesteries dudit domaisne joingnant à la maison et à la grange d’icelle dans laquelle nous aurions trouvé troys beufs quy sont assez beaux.
[article 7] Plus, dans un petit estable, aurions trouvé deux porches plesnes.
[article 8] Plus, dans un autre estable, aurions trouvé vingt-troys ches de brebis et deux chèvres.
[article 9] Plus, serions allés à l’autre mesterie dans le mesme lieu et joingnant à l’autre et à la grange d’icelle dans laquelle nous aurions trouvé un per de beuf quy sont assez beaux et une vache fort vielle. Plus, une porche et deux petits poursseaux.
[article 10] Plus, dans un petit estable, avons trouvé un petit poursseau que le Bourdier tient dudit seigneur. Et autre choze n’avons trouvé dans ledit domaisne du Sablou.
[article 11] Et parce qu’il y a un moullin quy deppant dudit domaisne du Sablou et des biens en deppendant, il nous a esté dit par ledit sieur
Baudet que ledit seigneur l’a aranté[2] despuys peu à [blanc] Grangier dit Tartillon en arentement perpetuel et ainssi ledit seigneur n’y a aucuns meubles ny bestiaux.
Et advenant ledit jour mesme, une heure après midy, ledit seigneur nous auroit requis en continuant ledit invantaire, nous voullons transporter au chasteau de Rastignac quy n’est que une lieue du present chasteau pour continuer à la faction et inventaire des meubles et effaicts quy ce trouvent dans ledit chasteau, mestairies et moullins en deppendans [Suit l’inventaire des meubles du château de Rastignac].
[1] Ce mot ne figure dans aucun dictionnaire de référence.
[2] ARRENTER, verbe = « Donner ou bailler à ferme » (Atilf).
Annexe 3
Sarlat, 3 juillet 1921
INVENTAIRE DU DOMAINE DU SABLOU EXTRAIT DU JOURNAL « LE GLANEUR » (03/07/1921).
Archives départementales de la Dordogne, Périgueux. PRE 24.
Transcription :
[Le domaine appartient à cette date à Johannès-Waldemar Moeller, demeurant au 35, allées de Tourny à Bordeaux.]
Un corps de bâtiment, comprenant le château avec dépendances, chais, cuvier, bâtiments de régisseur et domestiques, bâtiments d'exploitation agricole avec écurie, remise, bouverie, caves, parcs, avenues, bosquets, pelouses, situés au lieu de Sablou, commune de Fanlac.
Le château est une vaste et confortable construction, de forme rectangulaire, construite en pierres de taille, couverte en ardoises, avec terrasse soutenue par un mur en pierres, formant ceinture au nord, levant et midi.
L'entrée principale sur la façade au midi a, au milieu, la porte principale à deux vantaux bois, ouvre sur un large couloir horizontal [sic pour traversant] et latéral aboutissant à la façade nord.
Au rez-de-chaussée, sur façade au midi, se trouvent diverses pièces : bureau, vestibule d'escalier, lingerie, offices, cuisines, laiterie et réduits.
Sur façade nord, se trouvent les pièces suivantes : réduit, petite salle à manger, cave, grande salle à manger, bibliothèque, fumoir et grand salon. Un large escalier en pierres avec rampe en fer, aboutit au premier étage sur un vaste [couloir] établi sur toute la longueur de la façade du château. Sur ce couloir, ouvrent les pièces suivantes : sur façade au midi, une chambre, porte à deux battants, cinq petites chambres, deux chambres avec cabinet [de] toilette, cabinets d'aisance à l'extrémité du couloir. En face, escalier en bois, conduisant au grenier et au rez-de-chaussée. Sur façade nord, se trouvent un grand placard, une chambre avec antichambre et cabinet toilette, une grande chambre, une petite chambre avec anti-chambre, trois grandes chambres avec cabinet à toilette.
Le grenier au dessus tient toute la longueur du bâtiment et comprend : une sellerie, un fruitier, une chambre noire pour photographie, plusieurs chambres de domestiques ; toutes ces pièces sont séparées par des cloisons en brique.
La façade du château, côté nord, a au rez-de-chaussée une porte à deux battants et dix fenêtres ; au premier étage, onze fenêtres ; au grenier, six fenêtres ; sur façade levant, au rez-de-chaussée, une porte à deux battants, trois fenêtres ; au premier étage, quatre fenêtres ; au grenier, deux fenêtres. Sur façade au midi, au rez-de-chaussée, une porte à deux battants, une porte de service, huit fenêtres sans volets, munies de barreaux en fer ; au premier étage, douze fenêtres ; sur petite façade vers la chapelle, au rez-de-chaussée, deux fenêtres ; premier étage, quatre fenêtres ; grenier, deux fenêtres.
Au midi, devant le château, se trouvent une vaste cour et pelouse et une citerne couverte recevant les eaux pluviales. La citerne est surélevée en forme de puits en pierres et une pompe y est scellée.
Dans cette cour, au couchant, se trouve la chapelle, construite en pierres de taille, couverte en ardoises. Sur la façade sur cour, se trouve une porte à deux battants bois ; au-dessus, fronton et statue de la Vierge. La chapelle a au levant et midi trois fenêtres, au couchant une fenêtre ; ces sept fenêtres sont garnies de vitraux intérieurs et grillagés. A l'intérieur se trouve un autel en marbre blanc sur socle en pierres ; sur les côtés, huit bancs en chêne avec dossiers sculptés.
Dans la cour du château, côté nord, au devant du bâtiment, se trouvent dix orangers en caisses ferrées.
A l'extrémité de la cour d'honneur et pelouse, au midi du château et face à celui-ci, se trouve un grand corps de bâtiments, avec vaste cave au-dessous en contre bas et ouverture sur des jardins. Ce bâtiment comprend orangerie, cuvier, bûcher, un logement pour domestiques avec une petite tour, toiture pointue, dite pigeonnier. Ces bâtiments sont construits en pierres de taille et couverts en ardoises ; la façade au nord sur cour à quatre portes, dont deux à deux battants, une fenêtre munie de barreaux en fer, au levant quatre fenêtres et une porte.
La façade, levant et midi, est sur jardin en contre-bas clôturé par un mur en pierres et moellons ; on y accède de la cour d'honneur par un escalier en pierres, muni d'une rampe en fer ; les marches de l'escalier sont recouvertes de plaques en fer. On a accès dans la cave et à la suite, à une cave voûtée, servant de chambre à distillation, dans laquelle se trouve un fourneau construit en briques, sur lequel se trouve scellé un alambic en cuivre, en trois pièces, paraissant complet avec son tuyautage. Sur le jardin, au-dessus de l'escalier, sur façade en retrait, il y a une porte et quatre fenêtres.
A la suite du jardin, coté nord, se trouve une petite citerne bâtie, avec pompe élévatrice, puis deux petits hangars en planches, et un petit bâtiment construit en briques, servant à serrer les outils de jardinage.
A la suite du corps de bâtiments précédemment décrits, et en contre-bas, se trouvent un four et un séchoir formant deux petits bâtiments séparés par une cour ; ils sont construits en pierres et moellons, couverts en tuiles plates, et ont chacun une porte sur façade nord.
Au couchant du château, et en façade sur l'allée, se trouvent les bâtiments d'exploitation agricole formant dépendance du château.
Un bâtiment incendié, dont les murs ont été relevés et crépis à deux mètres du sol ; à la suite, vastes dépendances, comprenant écurie à quatre boss [sic pour boxes] en très bon état, ainsi que les ateliers ; un grand coffre à avoine est scellé au mur, sellerie à la suite et chambre pour garde d'écurie ; façade couchant, trois portes, étables à la suite, deux portes, bâtiments construits en pierres et moellons, couverts en tuiles.
A la suite, et attenant, vaste corps de bâtiment comprenant : maison d'habitation inhabitée, composée de deux pièces sur cave, escalier en pierres au-dessus, grange sur côté de ces bâtiments, avec étables. Le tout, construit en pierres et moellons, couvert en tuiles, a, au nord, une porte de grange à deux battants et une fenêtre au-dessus, au couchant, une grande porte à deux battants, quatre portes et une fenêtre. Dans la cour, se trouve un étang cimenté, et au-dessus, une citerne. Près de l'ouverture, sur l'allée, se trouve un hangar bois, abritant une chaudière scellée sur fourneau briques.
Le tout confronte, dans son ensemble, des nord et levant, à deux routes, l'une allant de l'allée du château à la route de Montignac à Fanlac et à cette dernière ; du couchant, à un chemin de servitude.
Le service du château et dépendances est assuré par un régisseur et deux domestiques qui habitent le château.
Dans les dépendances du château, orangerie, cuvier, bûcher, se trouvent : trois charrettes à bœufs, dont une en partie démolie, une charrette à cheval, un tonneau d'arrosage sur deux roues, deux faucheuses, trois échelles, un broyeur d'ajoncs, vingt cercles fer de foudres, sept roues de charrettes, un vannoir, deux grandes cuves, deux couvertures de camion auto, monture bois et fer, trois fûts vides, un alambic scellé, précédemment décrit.
Dans les bâtiments d'exploitation agricole se trouvent : deux vaches laitières race bordelaise ; deux bœufs race bazadaise ; un petit camion quatre roues, trois charrues, une herse fer, une meule sur bâti bois, deux fûts vides, quatre tréteaux bois.
| Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
|---|---|
| Référence du dossier |
IA24004015 |
| Dossier réalisé par |
Grollimund Florian
Chercheur communauté de communes Médoc-Estuaire (2013-2015). Chercheur PNR Périgord-Limousin (2016-2020). Pagazani Xavier |
| Cadre d'étude |
|
| Aire d'étude |
Vallée de la Vézère |
| Phase |
monographié |
| Date d'enquête |
2013 |
| Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Dordogne |
| Citer ce contenu |
Château du Sablou, Dossier réalisé par Grollimund Florian, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Dordogne, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/3ed218fc-d2b5-4f66-964a-a7c6b7170dcb |
| Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Fanlac
Milieu d'implantation: isolé
Lieu-dit/quartier: château du Sablou
Cadastre: 1813 A2 354 (AD Dordogne, 3 P 3 1936.), 1988 AE 37