Historique
En 1833, le projet de pont fait l'objet d'une opposition des habitants sur son implantation. Les habitants privilégieraient la traversée au niveau de la traversée du bac, plus près du bourg et du moulin, tandis que les concessionnaires préféreraient une traversée au niveau de l'ancien gué à la Maison-Fondue. L'ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées G. de Bagnac établit un rapport accompagné de plans le 30 avril 1833. Il calcule également l'indemnité due par le concessionnaire au fermier du bac (2 280 francs comprenant le prix du bateau et la perte de profit du fermier). Ce premier projet prévoit un pont à trois travées, deux de 12 m sur ferme et charpente et une suspendue de 62 m au milieu. Le coût de ce projet est estimé à 105 676,26 francs s'il est construit à l'emplacement du gué, 115 142,37 francs s'il est construit à l'emplacement du bac (pont en lui-même moins onéreux mais travaux à prévoir pour les abords et le rétablissement du bief du moulin). Ce premier cahier des charges fait l'objet de remarques de la part du conseil des Ponts-et-Chaussées transmises au préfet par le ministre du commerce et des travaux publics le 5 juillet 1833. La principale est la construction d'un pont à une seule travée suspendue de 86 mètres entre les culées. Les deux emplacements restent possibles : " le pont sera construit au lieu-dit la Maison-Fondue [...] si mieux n'aime le concessionnaire l'établir dans l'emplacement même du gué ". Il modifie certaines dimensions, dont la largeur intérieure entre les garde-corps (4,40 m, 1,10 m pour chaque trottoir et 2,20 m pour la chaussée charretière, soit les mêmes dimensions retenues pour le pont suspendu sur la Gartempe à Vicq-sur-Gartempe) et les conditions des travaux aux abords du pont. Les huit câbles et les 112 tiges de suspension sont des barres de fer. G. de Bagnac établit un cahier des charges définitif le 6 août 1833, validé par le conseil d'Etat et une ordonnance royale du 18 novembre 1833 qui fixe en outre la durée de la concession jusqu'au 8 janvier 1934. Le tarif du péage sera celui fixé par ordonnance royale du 28 août 1832 pour le pont sur la Creuse à La Roche-Posay.
La construction du pont suspendu est adjugée le 15 mars 1834 à M. Armand Joseph Bayard de la Vingtrie, ingénieur civil à Paris, déjà concessionaire du pont sur la Creuse à La Roche-Posay et du pont sur la Vienne à Lussac-les-Châteaux (1832). Il constitue une société civile particulière pour gérer le pont, dénommée " Société du Pont de Lésigny ". L'adjudication est validée par ordonnance royale du 22 juillet 1834, au moyen d’une concession à péage de 99 ans. L’ingénieur Bayard de la Vingtrie rend un nouveau jeu de plans le 10 mai 1834.
Ce premier pont de Lésigny est construit au lieu-dit "La Maison Fondue" par la Société du Pont de Lésigny entre mars 1834 et janvier 1835. L'épreuve de charge qui valide la construction est réalisée le 5 janvier 1835 et donne lieu à un rapport détaillé de l'ingénieur en chef. Le pont est chargé de 5,005 tonnes de pierres. A cette date, l'aménagement des abords et des rampes d'accès n'est pas achevé. (Archives départementales de la Vienne, 1 S 97).
Le pont est inauguré et béni par le curé de Lésigny le 11 mars 1835. Une centaine d'ouvriers de toutes corporations ont été nécessaires pour la construction du pont et des abords, notamment les logements de fonction, de gardiennage et de péage ainsi que les jardins respectifs. Le pont suspendu met fin aux traversées de la Creuse en bac et au passage par les gués.
Une épreuve de charge est organisée en 1853.
L'un des défauts du pont, également constaté pour le pont de Vicq, concerne l'infiltration de l'eau qui ruisselle des câbles de suspensions vers les puits d'amarre, entraînant une corrosion des câbles. Des cornets renversés collectant cette eau et la dérivant vers l'extérieur a remédié au problème.
Toutefois, de nombreuses contraintes pèsent sur le pont et sur les populations empêchant le développement économique de la commune : le coût du péage et le tonnage réglementaire. Ce dernier est de 10 tonnes en 1854 et de seulement 2,5 tonnes en 1937. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées rapportent que le pont vieillit mal et qu'il est nécessaire d'abaisser le tonnage au maximum.
En 1865, l'ingénieur des ponts et chaussées estime que la construction du pont a coûté environ 112.000 francs (le double du prix du pont de Vicq-sur-Gartempe) et que le produit brut annuel du péage est de 3200 francs.
Lors des visites de 1873 et 1874, J. Fanon est l'un des actionnaires gérant de la compagnie concessionnaire et le receveur des droits de péage Blet.
Le conseil général d'Indre-et-Loire demande des précisions sur la concession des ponts de son département et des ponts sur la Creuse de Lésigny et du Bec-des-Deux-Eaux en vue du rachat des péages. Pour Lésigny, il reste 55 ans de concession, la moyenne annuelle du produit net du péage est de 2400 francs, le capital de rachat en 1876 est de 44.700 francs. La demande reste sans suite.
A partir de 1880, toutes les poutrelles sont remplacées pour être totalement renouvelées en cinq ans.
Une épreuve réalisée en 1887 montre que le pont n'a pas besoin de grosses réparations.
En 1886, les Lésignois s'attaquent à nouveau au problème de la gratuité du pont, requête que souhaite également la Société du Pont car financièrement, il n'est pas rentable et un projet de pont en pierre à la Guerche (à 5 km de Lésigny) est à l'étude. En 1903 et après plusieurs pétitions, le passage du pont de Lésigny devient gratuit suite au rachat du pont suspendu, des deux maisons de fonction servant au péage et des jardinets par l'Administration des Ponts et Chaussées qui en devient le propriétaire.
En 1937, un camion de 20 tonnes crée un trou béant sur le pont rendant ce dernier inaccessible. Depuis 1934, les Ponts et Chaussées jugeaient l'ouvrage inadapté au trafic et dangereux, d'où le projet de construire un nouveau pont. En mars 1939, les travaux du pont en béton armé par la Société Anonyme de Constructions Industrielles et Travaux d'Art (SACITA) débutent. Le nouveau pont est construit immédiatement en amont du pont suspendu, accolé à celui-ci. Le pont suspendu est détruit le 22 juin 1940 par l'Armée française pour éviter que les Allemands l'empruntent. Le pont en béton est resté intact et le chantier continue. Une photographie ancienne montre le pont en construction et, immédiatement en aval, les vestiges de l'ancien pont suspendu. Le pont en béton entre en service en 1942. Le 29 août 1944, le pont est détruit par la 3e Spécial Air Service dans le cadre de l'opération "Moses". L'objectif était de canaliser les convois allemands par La Roche-Posay et Preuilly-sur-Claise et de faciliter les attaques de la Royal Air Force. Le pont détruit est visible dans le film "L'histoire de chez nous" (vers 13 mn 50 sec). A partir d'octobre 1944, les traversées de la Creuse se faisaient de nouveau en bateau, service assuré par la municipalité de Lésigny. Parallèlement, les Ponts et Chaussées installent un bac composé de trois grands bateaux métalliques, dans l'attente de la mise en service du pont actuel.
Un nouveau pont, sur le modèle de celui récemment construit puis détruit, est alors construit entre le 28 juin 1945 et le 11 juillet 1947 par la même entreprise, la Société Anonyme de Constructions Industrielles et Travaux d'Art de Paris. Il a été inauguré en juillet 1947 en présence du Préfet, du Sous-Préfet, de l'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e quart 20e siècle |
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Dates |
1945, daté par source |
Auteurs |
Auteur :
Société Anonyme de Constructions Industrielles et Travaux d'Art , entrepreneur (attribution par source) Auteur : Bayard de la Vingtrie Armand Joseph Ingénier civil, installé à Paris. Il obtient la concession et construit le pont suspendu sur la Creuse à La Roche-Posay (1832), le pont suspendu de Lussac-les-Châteaux sur la Vienne (1832) et le pont suspendu sur la Creuse à Lésigny (1834). Il est également le concessionnaire des ponts suspendus de Prey et de Pontoise sur l'Oise, et d'Attichy sur l'Aisne. |
Description
Ce pont est situé à l'entrée nord-est du bourg de Lésigny, sur la route menant à Barrou. Il est entièrement réalisé en béton. Il est composé d'une arche unique surplombant toute la largeur de la rivière. De part et d'autre de l'arche, un pilier massif soutient le tablier du pont. Des piliers plus petits partant de l'arrondi de l'arche complètent également la structure puisqu'ils renforcent le tablier du pont à des points précis.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86009108 |
Dossier réalisé par |
Chausserais Mélanie
Ourry Yann Dujardin Véronique Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vals de Gartempe et Creuse |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2012 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Pont, Dossier réalisé par Chausserais Mélanie, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/4113616f-ccff-427d-ba02-4e0511ba6f69 |
Titre courant |
Pont |
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Dénomination |
pont |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Lésigny
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 2012 AD 287 (près de)