Lycée, actuellement collège Marracq

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Bayonne

1/ L'édification par Charles Le Coeur

Le collège actuel fut construit initialement pour être un lycée, entre 1874 et 1879, par l'architecte Charles Le Coeur (1830-1906) assisté de l'ingénieur de la ville, Ducazeaux.

Le conseil municipal de la ville de Bayonne sollicite le Ministère de l'Instruction publique à partir de 1860 afin d'obtenir la création d'un lycée. L’État s'y oppose, un lycée existant déjà dans le département, à Pau. La mairie élabore alors en 1865 le projet d'un collège à établir sur une partie du domaine de Marracq. En 1868, face aux difficultés financières de la mairie prête à renoncer, le nouveau ministre de l'Instruction publique, Victor Duruy, propose de créer à Bayonne un lycée international :

"Bayonne, par sa position de ville frontière, avait des titres particuliers au choix de l'Administration. L'Empereur lui-même, en concédant de vastes terrains, dans les meilleures conditions de salubrité, a montré l'importance qu'il attachait au développement de l'instruction secondaire dans ces contrées." (Duruy, lettre au conseil municipal, le 17/12/1868)

Par ailleurs, Duruy insiste pour l'établissement au lieu-dit Marracq qui garantit "les conditions d'aération et d'espace qui sont maintenant recherchées partout", contre l'avis de la mairie qui opterait pour un terrain plus proche du centre-ville. Le quartier de Saint-Léon-Marracq dispose en effet de vaste espaces non bâtis et arborés, à proximité d'une caserne et des ruines du château Marracq (château construit en 1720, propriété de Napoléon 1er à partir de 1808, il est ravagé par un incendie en 1825 ; ses ruines sont classées monument historique en 1907).

En 1870, la municipalité acquiert ainsi auprès du Ministère de la Guerre les terrains nécessaires à Marracq, et prend en charge les frais de construction et d'ameublement, à hauteur de 650 000 francs.

Le décret de création du lycée est signé par le Ministre de l'Instruction Publique Oscar Bardi de Fourtou le 14 mars 1874 et les plans sont approuvés en juillet 1874. La pose de la première pierre a lieu le 07 novembre 1874. La première rentrée s'effectue en octobre 1879. La chapelle est décorée par le maître verrier Jules-Pierre Mauméjean (1837-1909). La verrière centrale porte cependant la signature d'un verrier contemporain, Gérald Franzetti, probablement auteur d'une restauration. Des travaux complémentaires se déroulent en juillet 1879. En 1881, des pavillons annexes pour le laboratoire de chimie, la salle de dessin graphique et une nouvelle étude sont entrepris. La même année, le Ministère de la Guerre cède des terrains pour l'agrandissement des cours au sud. Le mur de clôture est construit en 1898.

La ville ne réceptionne les bâtiments qu'en 1896, suite à des travaux complémentaires menés par L’État sur demande de l'architecte municipal.

Ce lycée devient cependant dès la fin des années 1870 un modèle alors que le recteur de l’Académie de Bordeaux, Charles Zevort, qui a suivi le chantier de Bayonne, rejoint le Ministère de Jules Ferry. Ainsi recommandé par Zevort, Charles Le Cœur se voit chargé par la suite de la construction des grands lycées parisiens : Condorcet, Fénelon, Montaigne et Louis-le-Grand.

Un premier étage dédié à l'agrandissement du dortoir est réalisé à la fin des années 1930 dans la partie sud de l'aile est initialement conçue en rez-de-chaussée.

2/ L'extension par Georges Bovet

A la fin des années 1940, il est prévu d'étendre le lycée. Le programme pédagogique est achevé en 1946 et le programme des constructions est déterminé en 1952. Georges Bovet (1903-1980), architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, est désigné pour l'extension. Il propose en 1952 un avant-projet avec l'implantation de nouveaux bâtiments au nord du lycée, sur un terrain appartenant pour partie à la mairie et pour partie à l'association syndicale Saint-Léon de Marracq. Il suggère également de remplacer l'aile sud du bâtiment d'origine par une barre d'externat accueillant les classes scientifiques. Les nouveaux bâtiments au nord, eux, seront dédiés à une nouvelle cantine, et à un nouvel internat avec foyer et classes d'études. Les deux études préliminaires que livrent l'architecte diffèrent seulement dans l'organisation de l'internat : ce dernier est conçu soit en un seul bâtiment comportant un foyer au rez-de-chaussée, soit en deux bâtiments perpendiculaires.

Les travaux sont particulièrement souhaités par la communauté enseignante qui se plaint de l’exigüité des lieux. En effet, à l'origine, le lycée est prévu pour 350 élèves et en 1963, on en compte 1140. Les photographies aériennes de l'IGN témoignent ainsi de la multiplication des structures préfabriquées autour du lycée pour offrir un nombre suffisant de classes. Le programme de Bovet doit normalement permettre la création de 22 nouvelles classes et la suppression de ces préfabriqués. Il est assisté dans son travail par un architecte d'opération, Henri Vanel (1916-?) et l'entrepreneur est André Margeridon.

En 1963, la barre des classes scientifiques est réalisée mais elle ne vient pas remplacer l'aile sud. Elle se place perpendiculairement à cette dernière. Pour les bâtiments prévus au nord, les terrains sont disponibles en 1957 mais les travaux ne s'engagent qu'en 1967. Finalement un seul bâtiment d'internat de trois étages avec foyer et classes d'étude est réalisé, ainsi que la cantine. Ils sont achevés en 1968 alors même que l’État décide de transformer le lycée de garçons de Marracq en un collège. En parallèle, le lycée de jeunes filles, situé à proximité, devient le lycée mixte, aujourd'hui dénommé lycée Cassin.

En 1975 est construit le gymnase ainsi que la sculpture du 1% artistique confiée à Constantin Andréou (1917-2007).

Enfin, il semble que ce soit à l'occasion de ces travaux que la partie nord de l'aile est gagne également un étage.

3/ La restructuration par le cabinet DMS

La restructuration de l'ensemble du collège est effectuée de 2010 à 2014. Elle vise à redonner aux bâtiments les plus anciens leur aspect d'origine tout en les modernisant. Les architectes ajoutent un étage à l'aile ouest, de par et d'autre du pavillon central. Le CDI est implanté dans la chapelle à l'intérieur de laquelle on crée un niveau pour une classe de musique. Les bâtiments de Bovet sont en majorité détruits ou largement remaniés. Une nouvelle entrée est aménagée au sud, par le percement de l'aile sud.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Principale : 1er quart 21e siècle

Dates

1874, daté par source

1952, daté par source

1967, daté par source

2010, daté par source

Auteurs Auteur : Le Coeur Charles

Après la construction du lycée de Bayonne, Charles Le Cœur se voit chargé de la construction des grands lycées parisiens : Condorcet, Fénelon, Montaigne et Louis-le-Grand. Il réalise aussi les lycées d'Aix-en-Provence et de Montluçon.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Bovet Georges

Georges Bovet est 1er second Grand prix de Rome en 1931. Il obtient son diplôme en 1938 et est inscrit à la SADG en 1941. Il est chargé, en 1940, par le Service du génie civil et bâtiments, de la construction des logements ouvriers de la Manufacture nationale d'armes de Saint-Etienne, puis en 1946, nommé architecte en chef MRU pour le Pas-de-Calais, Seine, Seine-et-Oise. La même année il est également nommé architecte conseil de la Construction (chargé de la région Rhône-Alpes de 1955 à 1969). Il est également architecte en chef des Bâtiments civils et palais nationaux, membre du Conseil général des bâtiments de France (en 1948), architecte de plusieurs ministères (ministère de l'Education nationale, ministère des Colonies, ministère de l'Air). Il s’illustre à travers un certain nombre d’œuvres dans le domaine de l’éducation ou du sport, notamment le lycée de garçons Louis-Barthou à Pau en 1955.

Les principaux collaborateur de Georges Bovet sont Jean Royer (1903-1981) et Emile Berthelot.

, architecte des Bâtiments civils (attribution par source)
Auteur : Vanel Henri

Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris ; architecte à Bayonne entre 1951 et 1973.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Margeridon André

Entrepreneur de Travaux publics à Biarritz en activité depuis les années 1930. Possède des bureaux à Pau.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : DMS Architectes

L'agence DMS Architectes a été fondée en 1983 par les trois associés Michel Dassié, William Marcel et Alain Servella. Bureaux à Paris et à Biarritz. (architectes du lycée hôtelier et du lycée André-Malraux de Biarritz, du collège Marracq à Bayonne).

, agence d'architecture (attribution par source)
Auteur : Mauméjean Jules-Pierre

Fondateur en 1860 de la fabrique de verrières Mauméjean à Pau. Fils du peintre sur faïence Joseph II Mauméjean (1809-1872) et de Catherine Dufau. Né à Saint-Esprit (alors dans les Landes, aujourd'hui commune de Bayonne) la 4 mars 1837 (déclaré sous le seul prénom de Pierre) et mort à Saint-Sébastien (Espagne) le 3 mai 1909. Marié à Pau, le 22 juillet 1868 (sous le nom de "Pierre prénommé aussi Jules"), à Marie Honorine Lalanne (née à Pau le 6 janvier 1847), fille de Jean-Pierre Lalanne, huissier à Pau, et de Marthe Tuquet. il en eut quatre fils (José, Henri, Léon et Carl), ses successeurs dans la fabrique familiale, et une fille, Marie Thérèse Gabrielle Blanche.

, maître verrier (signature)
Auteur : Franzetti Gérald

Verrier né à Nancy le 14 janvier 1954, installé à Bayonne où il crée en 1979 son atelier, spécialisé dans la création de vitraux d'art et la restauration de verrières anciennes pour les Monuments historiques.

, maître verrier (signature)

1/ Dispositions générales et matériaux

Initialement, l'architecte a conçu le lycée comme un ensemble de bâtiments de plan rectangulaire, disposé autour d'une cour d'honneur. Dotée d'une galerie couverte au rez-de-chaussée, cette cour cloîtrée rappelle le Grand Séminaire de Rennes édifié en 1872 par le maître de Charles Le Cœur, Henri Labrouste (1801-1875). Cependant, elle correspond surtout aux impératifs de surveillance et d’hygiène de l'époque : plus facile à surveiller qu’un couloir fermé, la galerie couverte permet en effet d’abriter les élèves tout en facilitant l’aération des locaux. Un gymnase couvert était prévu au nord-est mais ne semble n'avoir jamais été construit.

Les bâtiments sont des élévations à travées, de trois étages carrés au plus, couverts par des toits à longs pans et à croupe, en tuiles plates. Les murs sont élevés en moellons calcaires probablement de Bidache, recouverts d'un enduit. La pierre de taille apparente est réservée pour les chaînes d'angles, les bandeaux et les encadrements de baies, en calcaire blond et en pierre grise d'Arudy. Des briques viennent rehausser les arcs de la galerie au rez-de-chaussée, de certaines ouvertures, voire en constituent la plate-bande. Enfin, une décoration en terre-cuite est placée sous le rebord des fenêtres au rez-de-chaussée.

2/ Aménagements d'origine

Dans les plan de Le Coeur, l'aile nord comprend un premier bâtiment d'un étage sur la cour d'entrée, comportant le logement de l’aumônier, de l'économe et une partie de la cantine. Elle se poursuit par le plus haut bâtiment de l'ensemble, avec deux étages, le premier niveau étant doté d'une galerie couverte par un toit en tuiles. Il abrite en son milieu la chapelle, des classes au rez-de-chaussée et des dortoirs pour 156 lits dans les étages. L'aile est est réservée aux études au rez-de-chaussée et, dans le pavillon central à l'étage, on trouve deux classes et une salle de dessin. L'aide sud comprend l'infirmerie, des classes dont une pour la chimie avec laboratoire, et une pour l'histoire naturelle. A l'étage, se trouve le cabinet de physique et des lits pour l'infirmerie. L'aile ouest, face à l'entrée, abrite une partie de la cantine et l'administration, avec, dans le pavillon central à l'étage, l'appartement du proviseur et du censeur.

Au nord-ouest se trouve la "cour des cuisines", et au sud les cours de récréations sont prises dans trois espaces distincts, séparés par des haies arborées, selon l'âge des élèves. En effet, le lycée abrite une école primaire distincte des lieux réservés aux enseignements secondaires, classique et "spécial" (on dirait professionnel aujourd'hui).

3/ La décoration

Le décor de Charles Le Coeur est très soigné et a été restauré dans l'esprit d'origine par les architectes de l'agence DMS. Selon l'historien de l'architecture Franck Delorme, l'architecte s'inspire ici de l'architecture italienne déjà mise en oeuvre à Clisson : "Dans la superposition de la galerie à arcades, de la loggia puis du pignon avec le triplet de baies cintrées, on croit lire de manière littérale la façade du pavillon d'entrée de la maison du jardinier de la Garenne-Lemot à Clisson." (Arcades, 2019, p. 36)

La cour d'honneur est dotée d'arcades en plein cintre dont les claveaux en calcaire blond et en pierre d'Arudy sont disposés alternativement jusqu'au sommet des piliers. Ces arcs sont surlignés d'arcs en briques. Cette décoration est répétée pour les larges baies en plein cintre percés dans les pignons de tous les pavillons. Le plafond de la galerie est pourvu de motifs géométriques (losange inscrit dans un carré) en terre-cuite qui viennent s'insérer entre les solives soutenues par des poutres massives renforcées par une lame métallique et posées sur des corbeaux. Les solives et les poutres sont peintes en rouge foncé afin de donner une coloration homogène au plafond. Les murs de façade sous cette galerie arborent un revêtement de béton à granulats apparents en partie inférieure du mur, datant probablement des années 1960.

Les baies sont à arc en anse de panier ou en plein cintre, avec des claveaux en calcaire blond et pierre d'Arudy ; jouant avec les références néogothiques, Le Coeur propose au premier et deuxième étage des baies étroites à plate-bande délardée en arc segmentaire dont les claveaux extérieurs sont sculptés pour évoquer des coussinets. La même impression est donnée pour les baies du deuxième étage dont l'arc est constitué de briques et repose sur des sommiers sculptés.

En façade de l'ancienne entrée, la corniche des pilastres est ornée de petits cœurs, probablement une signature de l'architecte. Au dessus de l'ancienne porte d'entrée est sculpté le blason de la ville de Bayonne.

La chapelle est orientée, avec une abside hors-œuvre. Le rez-de-chaussée, transformé en CDI, a été percé d'ouvertures en façades est et ouest, dans la prolongation des fenêtres hautes. Les vitraux de Mauméjean ont été conservés. Au centre, on trouve l'enfant Jésus enseignant et la tête de l'évêque saint-Léon de Bayonne ; à l'est l'ange gardien ou archange Raphaël et le jeune Tobie avec les armoiries du Pape Léon XIII (1878-1903) ; à l'ouest, il s'agit de Saint-Michel.

A l'étage, dans l'actuelle salle de musique, on découvre une charpente en carène de bateau renversé peinte avec des motifs géométriques. D'après Franck Delorme, ce décor aurait été inspiré à l'architecte par la visite de la chapelle impériale de Biarritz, édifiée en 1864, à la demande de l'impératrice Eugénie, par l'architecte Emile Boeswillwald.

4/ Les constructions des années 1960-1970

L'extension du lycée par Georges Bovet se fait sous la forme de bâtiments "en barre", de plan rectangulaire. Il s'agit d'élévations à travées, en béton et parement en pierre pour certaines façades, à toit terrasse. La barre qui a subsisté est composée d'un étage de soubassement, d'un rez-de-chaussée surélevé et de deux étages carrés. Les architectes de DMS ont accentué l'horizontalité de la barre par un revêtement en ciment clair au niveau des allèges et un enduit noir aux niveaux des fenêtres, donnant l'impression qu'elles sont organisées en deux longues bandes noires.

Le gymnase est une élévation en béton, à charpente en bois. Il est largement vitré sur une seule de ses façades.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  3. Matériau du gros oeuvre : brique

  4. Matériau du gros oeuvre : béton

Toits
  1. tuile plate
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

3 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Bayonne , 1 rue des Montagnards

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2018 BV 97 ; 154

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