Marais desséchés de Boëre
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > La Ronde
Historique
Une première tentative de dessèchement avortée
Le 3 juin 1654, Marie de La Tour d'Auvergne, au nom de son mari, Henri duc de La Trémoïlle, comte de Benon, cède à Thomas Le Secq les marais de Boëre et Le Roy. Notable parisien, Le Secq est l'un des fondateurs de la Société pour le dessèchement des marais de Taugon-La Ronde, Choupeau et Benon. Les trois entités fusionnent en effet le 26 juillet 1657. Les travaux commencent sans plus attendre, notamment avec le creusement du canal de la Banche et la construction de la digue qui doit enserrer l'ensemble du dessèchement.
D'importantes difficultés s'élèvent toutefois dans les marais de Boëre et Le Roy. Leur drainage est rendu plus complexe par leur éloignement de la mer et par l'effet de barrage qu'opèrent les terres hautes de La Ronde et Saint-Cyr-du-Doret. Surtout, les eaux du Mignon, qui s'écoule à l'est, exercent une forte pression sur la digue qui rompt fréquemment. Le 11 août 1671 par exemple, l'assemblée de la Société constate de nombreuses infiltrations à travers la digue de Boëre. Le 31 mai 1675, "à cause que la terre ne permet pas d'y faire des levées capables d'empêcher l'eau d'entrer et inonder tous les marais dudit dessèchement", la Société renonce à dessécher les marais de Boëre. Les digues de retranchement de Chalogne, de l'Angle d'Oie, de la Macaudière et du Doret sont ainsi dressées pour isoler les marais en question qui redeviennent alors un espace inculte. La portion du canal de la Banche en amont de la digue de la Macaudière est abandonnée, de même que toute la digue de Boëre au-delà de la Barrière de La Ronde. Au terme d'un contentieux avec le duc de La Trémoïlle, la Société étant incapable d'honorer les termes de la cession des marais de Boëre et Le Roy de 1654, elle lui en restitue la pleine propriété en 1681.
Quelques décennies plus tard, arpentant la région, l'ingénieur du roi Claude Masse observe les vestiges de ces ouvrages : "Il ne reste, assure-t-il, que les quelques vestiges de la ceinture qui sépare du côté de l'est les marais de Boire". Il explique que le dessèchement de ces marais a échoué en raison de la nature du sol, "de terre espongieux et noires qui ne peuvent produire que des roseaux et rouches (...), la terre ne pouvant pas faire liaison et corps (...). Le fond de ces marais fait trembler et ne peut être propre que pour faire des tourbes". Masse indique enfin que les marais de Boëre sont surnommés par les habitants "marais de Foire", surnom donné "par ironie".
Le dessèchement des marais de Boëre à la fin du 18e siècle
Près d'un siècle après leur retranchement, les marais de Boêre vont servir de terrain d'expérimentation aux théories physiocrates développées, à l'époque des Lumières, par une personnalité comme Henri-Léonard Bertin, contrôleur général des finances en 1759, proche du roi Louis XV. Il est à l'initiative de la déclaration royale du 14 juin 1764 qui encourage la mise en oeuvre de nouveaux dessèchements, et qui va notamment être suivie d'effets en Aunis et en Bas-Poitou. Non content de donner cette impulsion, Bertin investit personnellement dans ce projet en rachetant, le 17 novembre 1767, les marais de Boëre et Le Roy qui avaient été restitués au duc de La Trémoïlle quatre-vingt-dix ans plus tôt. S'appuyant sur son représentant sur place, Clément Texier, notable originaire de La Ronde, il lance en 1774 le dessèchement des marais de Boëre, rétablissant l'ancienne digue le long du Mignon et la partie amont du canal de la Banche, qui prend le nom de canal de Boëre.
Ces travaux, autorisés par un arrêt du Conseil d'Etat du 6 septembre 1774 puis un autre du 27 mai 1777, commencent aussitôt et, le 14 juillet 1778, l'ingénieur des Ponts et Chaussées Duchesne en constate l'état d'avancement. A cette date, l'essentiel du réseau de canaux et de fossés est en place, et la digue rétablie empêche toute entrée d'eau. Du 22 au 24 août 1779, Bertin réunit ses associés et se faire élire directeur de la nouvelle Société des marais desséchés de Boëre. Il s'en retire toutefois très vite, cédant sa place en 1781 et vendant la plupart de ses marais entre 1782 et 1787 à Clément Texier. Bertin, émigré à la Révolution, vend ses derniers marais en 1791.
Par ailleurs, dès les premiers coups de pioche, les travaux marquent le début d'un long et lourd contentieux avec la Société des marais de Taugon au sujet de l'utilisation du canal de la Banche pour évacuer les eaux de Boëre jusqu'à la mer, à travers la levée et la bonde de la Macaudière. Il faut attendre 1801 pour qu'une transaction, parrainée par l'Etat, mette fin au conflit, régulant notamment l'usage de la bonde. Chaotique, cette cohabitation perdure jusque dans les années 1950-1960. Le 14 mai 1961, la Société des marais de Boëre se dote de nouveaux statuts. A la suite d'un énième contentieux relatif à la manoeuvre de la bonde de la Macaudière, la Société de Boëre modifie le fonctionnement de son dessèchement : désormais, l'essentiel de ses eaux sera évacué par le canal de Caillaude, jusqu'au hameau de Caillaude où une pompe, construite en 1961, la rejette désormais dans les marais mouillés au nord.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 4e quart 18e siècle |
---|
Description
Les marais desséchés de Boëre couvrent 1209 hectares, principalement entre les communes de La Ronde au nord et Courçon au sud, ainsi qu'à Saint-Cyr-du-Doret. Ils sont protégés de l'inondation par la digue de Boëre qui les enserre à l'est et au nord. A l'ouest, les digues de Chalogne, de l'Angle d'Oie et de la Macaudière sont les digues de retranchement élevées à la fin du 17e siècle pour isolé les marais de Boëre que l'on avait alors renoncé à dessécher. L'intérieur du dessèchement, cultivé en vastes parcelles, est traversé de canaux principaux (canal de Caillaude, des Vriandes, de Vergne, etc) qui convergent vers le canal de Boëre, lequel prend naissance à la Tête de Boëre. L'essentiel de l'eau est toutefois évacué par le canal et la station de pompage de Caillaude. Ici ou là, des ponts franchissent ces canaux. Il s'agit la plupart du temps de petits ponts d'une seule arche en plein cintre, construits en moellons. Cultivés en vastes parcelles, les marais de Boëre sont peu densément habités. Quelques anciennes cabanes ou fermes prennent place sur son pourtour, le long de la digue ou du canal de Boëre.
Détail de la description
Toits |
|
---|
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
---|---|
Référence du dossier |
IA17048016 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
|
Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2021 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques |
Citer ce contenu |
Marais desséchés de Boëre, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/48c1687f-6a0d-4609-b540-89450a2ef981 |
Titre courant |
Marais desséchés de Boëre |
---|---|
Dénomination |
digue canal |
Statut |
|
---|
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , La Ronde
Cadastre: 1812 A, 1867 C, 2021 WK, WL, WM, WN
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Courçon
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Cyr-du-Doret