Eglise Saint-Pierre

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Dampierre-sur-Boutonne

Une brochure publiée en 1875 relate l'origine légendaire de l'église Saint-Pierre de Dampierre-sur-Boutonne : une chapelle aurait été fondée à cet emplacement suite à la découverte, après un orage, de l'empreinte d'une clé dans un rocher, assimilée à une clé de saint Pierre. Selon l'auteur, cette chapelle était celle du premier château de Dampierre, avant de devenir église au 11e siècle. Toutefois, la validité historique de ce document a été très largement réfutée, et ce dès la fin du 19e siècle. L'existence d'une telle chapelle resterait donc à prouver.

L'église est mentionnée par les textes à partir du 11e siècle, en l'occurence dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. Par une charte datée d'avant 1060, les frères Rabiola, seigneurs du lieu, donnent aux moines de Saint-Cyprien les trois églises de Dampierre. Il s'agit de Saint-Pierre, à proximité du premier château, Saint-Vincent, semble-t-il en contrebas, et Saint-Hilaire, dans le village du même nom. Des trois, seule l'église Saint-Pierre a traversé les siècles : Saint-Vincent a probablement disparu très tôt, Saint-Hilaire n'existait plus à la Révolution, mais son cimetière était encore en place (l'emplacement de l'église et le cimetière furent vendus comme bien nationaux).

L'église Saint-Pierre fut à la fois paroissiale et prieurale. Le prieuré, attesté par les textes, aurait été d'abord occupé par des Carmes. D'après la monographie de l'abbé Noguès, les Carmes auraient été chassés pendant les guerres de Religion. Au 18e siècle, l'abbé de Girardon aurait été le seul curé de Dampierre à avoir porté le titre de prieur. Le prieuré aurait compris des bâtiments au nord de l'église, ce qui semble douteux car il n'y a que deux petits édifices au nord de l'église sur le cadastre napoléonien de 1835, à moins qu'il n'ait été entièrement démoli avant cette date.

Seul le mur nord de la nef pourrait remonter au 11e siècle, le choeur et l'abside ont été ajoutés au cours du 12e siècle. Des départs de la voûte en plein cintre sont encore visibles. L'hypothèse selon laquelle l'église primitive possédait un transept ne fait pas l'unanimité parmi les auteurs qui l'ont étudiée. La sculpture des parties romanes s'apparente à celle des églises d'Aulnay et de Nuaillé. Lors d'une restauration en 1937, des marques de tailleurs de pierre similaires à celles de l'abside d'Aulnay (C et W) ont été mises en évidence, ce qui tend à prouver que les mêmes ouvriers ont travaillé sur les deux chantiers.

L'église a été fortement remaniée vers le 15e siècle, peut-être suite à un effondrement des voûtes et du clocher : la façade occidentale et le mur sud de la nef ont été remontés, de même que les parties hautes de l'abside. Une voûte d'ogives devait être lancée sur les colonnes romanes de la nef : sans doute jamais achevée, il n'en reste que des souches. Le clocher, qui se trouvait au-dessus de la nef et reposait sur une coupole à pendentifs, s'est sans doute effondré : il a été remplacé par la tourelle d'escalier, restée seule debout et réaménagée pour devenir le nouveau clocher.

Une vaste chapelle seigneuriale, de style Renaissance, a été ajoutée au sud du choeur dans la 1ère moitié du 16e siècle. C'est la chapelle de la famille Clermont, qui à la même période faisait édifier le château de Dampierre. La voûte à caissons s'inspire de celles visibles dans les galeries du château. Cette chapelle possédait une clôture dont il ne reste qu'un vestige sous l'un des grands arcs.

Avec la Révolution, Dampierre devient une succursale dont relèvent les paroisses de La Villedieu et Saint-Séverin. L'église est dite en bon état et suffisante pour la population au début du 19e siècle. La sacristie figure sur le cadastre napoléonien de 1835 et pourrait dater du début du 19e siècle. En 1854, l'abbé Merlin fit supprimer un jubé (attesté au moins depuis le 17e siècle) qui séparait la nef du choeur et gênait la vision vers l'autel depuis la nef. Le mur de soutènement au pied de la façade occidentale a été aménagé en 1875-1876.

L'église a fait l'objet d'une restauration complète en 1937, pilotée par l'architecte J. Daugrois et réalisée par l'entrepreneur Loiseau. Elle a été classée Monument Historique par arrêté du 21 novembre 1969. Parmi le mobilier, les quatre colonnes de retable, les deux statues d'anges en bois doré, une pierre d'autel en ardoise, une inscription martelée dans la nef, l'épitaphe de Marie Fourré dans la chapelle et un tabernacle (volé en 1989) ont été inscrits Monuments Historiques en 1984.

Périodes

Principale : 11e siècle, 12e siècle, 15e siècle, 1ère moitié 16e siècle, 1ère moitié 19e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

L'église de Dampierre sur Boutonne, sous le vocable de Saint-Pierre, est orientée, c'est-à-dire que le choeur se trouve au sud-est. Elle se compose d'une nef à quatre travées, d'un choeur complété d'une abside semi-circulaire et d'une chapelle seigneuriale accolée en appentis au sud.

La façade occidentale, épaulée par deux contreforts, se compose d'un portail en arc légèrement brisé, dont l'ébrasement est mouluré, formant deux colonnettes. L'archivolte en pointes de diamant est un élément de décor roman utilisé en remploi. Une fenêtre à accolade est percée dans un fort ébrasement, au-dessus de la porte, sous une archivolte à fleurs. Le mur nord de la nef, aux contreforts peu saillants, est percé de quatre fenêtres étroites en plein cintre et d'une porte aujourd'hui murée. Le mur sud présente deux contreforts, deux fenêtres en arc brisé à décor de pointes de diamant, une baie en plein cintre plus tardive, une porte en arc segmentaire et une porte murée en arc brisé. A l'intérieur, les murs s'appuient sur des colonnes engagées romanes, au-dessus desquelles on voit le départ de voûtes en plein cintre au nord et de voûtes d'ogives au sud.

Le choeur est prolongé par une abside semi-circulaire, éclairée par trois fenêtres en plein cintre à voussures sur colonnettes à chapiteaux sculptés et à bandeaux d'archivolte à pointes de diamant. Celles-ci sont séparées par des faisceaux de colonnes partant du sol et formant de grands arcs en plein cintre sur chapiteaux sculptés. Le même décor anime les deux fenêtres du mur nord du choeur, surmontées d'un vestige de la corniche à modillons sculptés. Une frise de marguerites court à la base des fenêtres. A l'intérieur, les fenêtres possèdent également des archivoltes en pointes de diamant et des colonnettes à chapiteaux sculptés. Des frises de demi-besants relient les baies et ornent la base et le sommet des murs.

Le mur sud du choeur a quant à lui été démoli pour édifier la chapelle seigneuriale, épaulée de contreforts. On y accède depuis l'extérieur par une porte surmontée d'un tympan sculpté d'un cuir découpé et d'armoiries bûchées, depuis la nef par deux grands arcs en plein cintre reliés par un pilier octogonal. La remarquable voûte en anse de panier est ornée de caissons sculptés et de clés pendantes (une partie de ces caissons a été refaite en plâtre). La chapelle était éclairée par trois fenêtres en plein cintre, dont une a été murée lors de la construction de la sacristie : celle-ci possédait un remplage en éventail encore visible. Une cheminée se trouvait à côté de la porte. A la jonction de la nef et de la chapelle se trouve la tour d'escalier hexagonale couverte d'ardoise qui sert aujourd'hui de clocher. Du clocher primitif, autrefois au-dessus de la nef, il ne reste que deux piliers et le reste d'un des quatre pendentifs qui supportaient la coupole.

Deux caveaux (pillés en 1793, redécouverts et fouillés à la fin du 19e siècle) se trouvent sous l'église, l'un sous le choeur destiné aux prêtres, l'autre sous la chapelle latérale destiné aux seigneurs de Dampierre. Sur le pilier d'entrée de la chapelle seigneuriale, une plaque commémorative en marbre noir porte l'inscription : « Dans le caveau cy dessoubz repose le coeur de très haute dame Madame Marie Fourré de Dampierre, veuve de très hault et très puissant seigneur Mre Louis Foucault de Saint-Germain, vice amiral et mareschal de France, décédée à Paris le 24 d'avril 1696. Priez Dieu pour son âme ». On remarque également des pierres tombales aux inscriptions plus ou moins effacées parmi les dalles au sol.

Les murs de la nef et du choeur portent la trace d'une litre funéraire, bande noire peinte à l'occasion des funérailles d'un seigneur au 17e ou au 18e siècle. On voit également, sur le mur sud, une ancienne inscription aujourd'hui illisible encadrée d'un décor Renaissance. D'après un érudit du 19e siècle, M. Duret, il s'agirait de l'épitaphe d'un prêtre, François Picard, enterré au pied du mur. Un sacraire (armoire murale destinée aux vases sacrés) se trouve à l'entrée du choeur.

Les quatre colonnes peintes visibles au bout de la nef pourraient être les vestiges d'un retable ou d'un dais d'autel du 18e siècle. L'autel actuel, du 19e siècle, est de style néoroman, de même que la chaire en pierre. Celle-ci possède un décor foisonnant fait d'arcs en plein cintre, de colonnettes, de modillons, de végétaux entrelacés. L'autel de la Vierge, dans la chapelle, appartient à la même période, mais les deux anges en bois doré placés dessus datent du 18e siècle. Les vitraux abstraits ont été créés par Albert Aymé et réalisés en 2009 par l'atelier Vitrail France.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse, ardoise
Plans

plan allongé

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. lambris de couvrement fausse voûte en anse-de-panier cul-de-four
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

État de conservation
  1. restauré
Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
Décors/Représentation
  1. Representations : ornement géométrique

  2. Representations : ornement végétal

  3. Representations : ornement animal

  4. Representations : ornement figuré


Précision sur la représentation :

Décor de pointes de diamant ornant les bandeaux d'archivoltes de la plupart des fenêtres, parfois associés à des frises de demi-besants. Chapiteaux des colonnettes des fenêtres sculptés de feuillages, d'animaux affrontés, d'une tête de démon grimaçant, de têtes humaines, de trois personnages pouvant être identifiés comme le Christ entre la Vierge et saint Jean, d'un personnage féminin tenant deux disques.

Modillons du mur nord du choeur, ornés de têtes de personnages et d'une marguerite.

Frises de demi-besants et de marguerites à l'intérieur et à l'extérieur de l'église.

Chapiteaux des colonnes engagées de la nef ornés de décors de feuillages.

Litre funéraire peinte à l'intérieur de l'église.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Dampierre-sur-Boutonne , rue de l' Eglise

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1834 C1 447, 2016 AC 100

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