Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Cet imposant bâtiment (A) occupe la partie centrale de la parcelle cad. AP014. Il a été intégré au couvent des Jacobins (Dominicains) lors de l’implantation de l’ordre dans la ville vers le milieu du 14e siècle (ordres royaux de 1338-1341 organisant le transfert intra-muros des religieux). Son origine est très certainement antérieure, comme le suggère une large portion de maçonnerie de grand appareil datable des années 1200 à l’étage de sa façade sud notamment, et la maçonnerie de moyen appareil rythmée par des contreforts plats au nord (2e moitié du 13e siècle ?). Du 14e siècle date le portail gothique en arc brisé de sa façade ouest, probablement lié à la prise de possession des lieux par les religieux. Quelques autres vestiges d’encadrement de baies gothiques (dont remplage) ont été intégrés dans le pignon d’une galerie de cloître construite dans le jardin dans les années 1980.

Vers 1500, le corps de logis a reçu une nouvelle charpente à chevrons porteurs, toujours en place, simplement modifiée à son extrémité ouest par la mise en place d’une croupe au milieu du 18e siècle. Peu après, dans la première moitié du 16e siècle, le bâtiment a été prolongé jusqu’à l’enceinte (E) : en témoignent les vestiges de demi-croisées à encadrement prismatique sur les deux façades nord et sud de l’extrémité oriental du bâtiment, témoin de cette extension tronquée. A l’autre bout, un arrachement de cette même construction, ajouré du même type de baie, est conservée sur la bâtisse adossée à la muraille (E, voir dossier maison). Cette extension qui existait encore en 1810, a été démolie avant 1845. En 1729, les bâtiments sont dits "vieux et ruinés", et en 1743, il est mentionné que la communauté religieuse "a été forcée d’en démolir la plus grande partie, attendue qu’elle allait crouler". En 1751, l’architecte Byot leur prête 1000 livres, dont 500 pour "le travail fait à la bâtisse que lesdits religieux ont fait faire audit couvent" et en 1755, la communauté fait à Byot une rente de 50 livres par an "pour reste d’ouvrage qu’il a fait dans notre couvent". Il est probable que parmi ces travaux figure l’escalier monumental en pierre à garde-corps en fer forgé, qui porte la date de 1755 sur la portion protégeant la galerie en surplomb du hall d’entrée.

Un état des lieux établi pendant la période révolutionnaire, avant la vente comme bien national, décrit le "grand corps de logis composé dans le bas d’un corridor, réfectoire, deux salles, deux petites chambres, cuisine, office et une souillarde, puits et jardin ; le haut d’un corridor, cinq chambres, une bibliothèque, une petite chambre pour les archives et une pour l’infirmerie". En avant de la façade donnant sur la rue Guadet, prenait place le cloître du couvent dans l'angle avec l'église (actuelle "salle des Dominicains"), composé seulement de deux ailes. L'ensemble du couvent a été vendu progressivement comme bien national à partir de 1791.

Périodes

Principale : limite 13e siècle 14e siècle

Principale : 14e siècle

Secondaire : 15e siècle

Secondaire : 3e quart 18e siècle

Dates

1755, porte la date

Auteurs Auteur : Byot Pierre

Architecte attesté à Saint-Emilion dans le 3e quart du 18e siècle.

, architecte (attribution par source)

Ce bâtiment barlong, d'axe est-ouest, mesure près de 23 m de longueur pour 10,80 m de largeur. Comptant un étage, il est couvert d’une toiture à pente de 34°, couverte de tuiles plates. La charpente, en chêne, est à chevrons porteurs et aisseliers courbes (voir annexe).

Le quart oriental est le vestige d’une extension construite peu après la mise en place de la charpente, dans le 1er quart du 16e siècle : en témoignent les deux demi-croisées à moulures prismatiques qui éclairaient l'extrémité des gouttereaux. Cette construction reliait l’ancien corps de logis à un bâtiment longeant l’enceinte, encore partiellement conservé (fiche cad. AP013-14).

Le mur gouttereau nord est épaulé par quatre petits contreforts, de hauteur et d'espacement irréguliers, qui sont eux contemporains du mur à l'exception de celui implanté en léger retrait de l'angle nord-ouest reconstruit lors de l'aménagement moderne de la façade. Au rez-de-chaussée, quatre petites niches carrées à encadrement chanfreiné sont percées irrégulièrement ; deux sont à hauteur d'homme dans la partie en grand appareil alors que les deux autres, au milieu de la façade, ont été percées à un niveau bien plus élevé (au sommet du rez-de-chaussée) et présentent un linteau en arc segmentaire. Le gouttereau sud ne dispose d'aucun contrefort mais le parement du rez-de-chaussée a été en grande partie repris au 18e siècle, faisant disparaitre les aménagements antérieurs. Le parement de l'étage, bien que perturbé par les grandes baies modernes, présente quelques assises en grand appareil qui semblent pouvoir remonter au début du 13e siècle, mais il ne conserve aucune trace d'aménagement médiéval significatif. Au rez-de-chaussée, il faut noter la présence d'une étonnante niche barlongue encadrée par deux colonnettes portant un chapiteau. Elle est aujourd'hui visible depuis l'extérieur dans le nouveau chai à barrique (cad. AP015).

Le pignon oriental est renforcé par deux maçonneries en saillie, régularisées en glacis au sommet : ils sont exactement dans l’axe du bâtiment qui s’étendait jusqu’à la muraille et constituent certainement les arrachements régularisés des murs démolis. L'ouverture la plus ancienne encore en place semble être la porte du pignon occidental, aménagée non au centre de la façade, mais sur le côté sud. Couverte d'un arc brisé, elle présente un encadrement soigneusement appareillé et parfaitement extradossé mais dépourvu d'archivolte. Son ébrasement est orné d'une fine moulure torique à listel avec chapiteaux feuillagés et retombant sur une base polygonale.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
  1. tuile plate
Étages

1 étage carré

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à deux pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en maçonnerie

État de conservation
  1. restauré
Décors/Technique
  1. ferronnerie

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 2 place du Chapitre et des Jacobins

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 232, 241, 242, 2010 AP 14 ([3])

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