Ponts et bac de Lussac

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Lussac-les-Châteaux

Si l'on franchit la Vienne entre Mazerolles et Lussac depuis le milieu du Moyen Age au moins, la façon de le faire n'a pas toujours été la même, oscillant entre ponts et bac.

1- Le pont médiéval

Les premières archives mentionnant le pont de Lussac remontent au tout début du 13e siècle, en 1202, dans un acte d'assignation de rentes dues à l'abbaye Saint-Junien de Nouaillé. Au cours des 12e et 13e siècles, le péage perçu sur ce pont fait l'objet de plusieurs transactions entre les religieux de l'abbaye et les seigneurs de Lussac, qui se disputent la répartition des revenus. Dans son article sur les ponts du Moyen Age en Haut-Poitou, René Crozet situe celui de Lussac au niveau du village du Pont (commune de Mazerolles), "[...] soit, à quelques centaines de mètres en amont du pont moderne qu'utilise la route N. 147 de Poitiers à Limoges, non loin du gros moulin dont le barrage coupe la rivière. [...]". L'atlas de Trudaine positionne à peu près au même endroit une pile de l'ancien pont, dans la 2e moitié du 18e siècle (voir illustrations). Crozet indique que le pont était en ruine à cette époque, mais il semble devenu inutilisable dès la fin du 14e siècle. En 1398, une transaction entre les religieux de l'abbaye et plusieurs tiers mentionne la tierce partie du port et passage de Lussac (voir annexe 1). Peut-être le pont a-t-il été détruit pendant la guerre de Cent Ans, qui a généré beaucoup de troubles dans la région, dans cette seconde moitié du 14e siècle.

2- Le bac

Peut-être effectif dès le 14e siècle, le franchissement de la Vienne par bac à Lussac est attesté au début du 17e siècle, dans un bail à ferme du passage. Si l'acte mentionne le "[...] port et passage du pont de Lussac [...]" il semble bien que la traversée s'effectue en bateau puisqu'il est précisé un peu plus loin que le fermier doit faire faire la visite des bateaux servant au passage et assurer leur entretien durant la durée de son bail. Il semble s'installer en aval du pont médiéval, entre les actuels pont routier et pont du chemin de fer (voir illustration). Le péage est réparti entre les seigneurs de Lussac (pour 2/3) et les religieux de Saint-Junien de Nouaillé pour le tiers restant. Remis en cause, comme l'ensemble des péages perçus en France, par l'arrêt du Conseil du Roi du 29 août 1724, le droit de passage est dans un premier temps supprimé, faute de justifications suffisantes de son ancienneté (en 1749) puis finalement rétabli par un arrêt du Conseil du Roi le 29 juin 1754 (voir annexe 2).

A la Révolution, les fermiers Louis Simmonet, Jacques Delage et Louis Rouet deviennent propriétaires du bac et des bateaux, ce qui est confirmé par un arrêté départemental du 27 Messidor an 7. L'Etat reprend la main sur le bac en le 10 septembre 1805 et un procès verbal d'estimation des biens servant au passage est dressé. Il décrit trois bateaux, dont un neuf n'est pas encore mis à l'eau (voir annexe 3). Un nouveau bateau et deux pontons d'abordage sont construits en 1819.

3- Le pont suspendu

A partir de la fin des années 1820, il est envisagé sérieusement de remplacer le bac par un pont. Le comte de Villars se propose de financer la construction d'un premier pont en charpente, sur un plan de l'ingénieur en chef des Ponts et Chausssées, mais c'est finalement un pont suspendu qui est retenu, dont la construction est adjugée à Bayard de la Vingtrie en 1832, sur le modèle du pont de Longues construit sur l'Allier à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme). Cette construction est assortie d'une concession de 25 ans. Livré l'année suivante, le pont connaît plusieurs avaries (ruptures de câbles, fragilisation des culées, ruptures partielles sur le tablier), dont certaines interrompent la circulation, comme en 1856, où on doit même rétablir le bac le temps des réparations.

L'augmentation du trafic sur le pont suspendu dans les années 1860, avec la construction de la voie ferrée Poitiers-Limoges le fragilise encore davantage, ce qui conduit les ingénieurs des Ponts et Chausssées et le préfet à prendre des arrêtés pour réguler la circulation et alléger de plus en plus les charges autorisées.

4- Le pont en pierre

A partir de 1866, le conseil municipal de Lussac-les-Châteaux réclame l'établissement d'un pont en pierre pour remplacer le pont suspendu, qui nécessite une surveillance accrue. Le projet est établi par les ingénieurs des Ponts et Chausssées à partir de 1868 et approuvé en 1869. Les travaux commencent dans la seconde moitié de l'année 1869, suite à un nouvel accident survenu en juillet. Le passage par bac est provisoirement rétabli le 28 février 1870, à l'endroit où il se pratiquait avant la création du pont suspendu. On reconstruit pour cela des pontons, on installe une traille et on aménage des chemins d'accès. Deux nouveaux bateaux sont construits : un grand bac de 13 m sur 8 m, et un batelet de 6,50 m sur 1,30 m. Le grand bateau pourra passer des charges maximales de plus de 11 tonnes, presque le double de celles autorisées sur le pont suspendu juste avant sa destruction.

Le devis de l'ingénieur des Ponts et Chausssées précise l'origine des matériaux : Lussac pour la pierre de taille (chez Jean Cherpreau et Louis Pinçon) et les cailloux siliceux de la chaussée d'empierrement (Gauthier et Cherpreau), Mazerolles pour les sables servant aux mortiers (Louis Touchard), et enfin, la chaux hydraulique proviendra des fours à chaux du secteur, et notamment la Rallerie à Gouex (voir annexe 4). Le pont est achevé et ouvert à la circulation le 13 octobre 1870.

Il a été baptisé du nom du général Chêne, alias le colonel Bernard, chef des Maquis de la Vienne entre 1942 et 1945.

Périodes

Principale : 12e siècle (incertitude) (détruit)

Principale : 2e quart 19e siècle (détruit)

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1833, daté par source

1870, daté par source

Auteurs Auteur : Bayard de la Vingtrie Armand Joseph

Ingénier civil, installé à Paris. Il obtient la concession et construit le pont suspendu sur la Creuse à La Roche-Posay (1832), le pont suspendu de Lussac-les-Châteaux sur la Vienne (1832) et le pont suspendu sur la Creuse à Lésigny (1834). Il est également le concessionnaire des ponts suspendus de Prey et de Pontoise sur l'Oise, et d'Attichy sur l'Aisne.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Férand C.

Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussée de la Vienne dans les années 1860-1870. Il supervise les plans et devis du pont en pierre de Lussac-les-Châteaux en 1870.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Lecompte L.

Conducteur principal de travaux faisant fonction d'ingénieur ordinaire sur la Gartempe dans les années 1860-1870. Il réalise les visites annuelles des bacs et plusieurs projets : en 1867, construction du pont en pierre de Lussac-les-Châteaux ; en 1870, reconstruction du moulin de Jouhet et travaux aux abords des bacs de Cubord et de la Tour aux Cognons ; 1872 travaux aux abords du bac de Busserais.

, conducteur de travaux (attribution par source)

Pont à 5 arches en calcaire de 16 m de large et garde-corps métallique. La longueur totale du pont est de 106 m entre les extrémités des murs en retour et sa largeur entre les tympans de 8 m. Les piles sont protégées par des avant-becs circulaires.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : monogramme


Précision sur la représentation :

Plaque portant inscription sur le parapet sud-est : "Pont général Chêne alias colonel Bernard, chef des Maquis de la Vienne 1942-1945".

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Lussac-les-Châteaux

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2024 AB non cadastré, domaine public

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Mazerolles

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: le Pont

Cadastre: 2024 C non cadastré, domaine public

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