Présentation de la commune de Sansais (bords de Sèvre)

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Sansais

Le promontoire constitué par le plateau surplombant les marais, a probablement été occupé très anciennement, avec par exemple un possible site de l’âge du fer à Jaguin, à l’ouest de la Garette. La voie romaine reliant Saintes et Angers passait quant à elle à l’est (actuelle limite avec Frontenay-Rohan-Rohan), franchissant le bras de sevreau au Gué. Ce passage à gué, appelé le gué de Malevault ou de Meneveau, perdure jusqu’au milieu du 19e siècle.

Au Moyen Age, bien qu’éloigné de la Sèvre Niortaise et de son trafic commercial, le territoire est l’objet d’implantations, notamment un embryon de bourg autour de l’église et du château fort, mentionné en 1380. La petite seigneurie de Sansais, détenue aux 17e et 18e siècles par la famille de Villedon, se déploie de ce côté-ci du fleuve. Les seigneurs exercent en particulier leurs prérogatives sur la partie sud du passage de la Garette à Coulon, via le canal du même nom, axe majeur d’échanges entre Poitou et Saintonge. Comme les seigneurs de Coulon sur l’autre rive, ils perçoivent des droits dits de coutume sur les biens transitant par ce passage par bac, exercé jusqu’au début du 19e siècle par des exploitants localisés en particulier sur le port de la Garette où se situent des auberges. Du seigneur de Sansais dépend aussi le moulin à eau puis métairie du Vieux Moulin, peut-être aussi la poignée de moulins à vent mentionnée jusqu’au 19e siècle sur le plateau. Au Moyen Age également, ont dû naître les différentes métairies disséminées sur le territoire et, pour certaines, dans le bourg, appartenant pour la plupart sous l’Ancien Régime à des notables niortais. Sur la Sèvre Niortaise s’implantent des écluses ou pêcheries (la Sotterie, Maître Jean). Enfin, les habitants de Sansais bénéficient du droit d’usage du marais communal octroyé par le seigneur mais qui fait encore l’objet de procès entre eux et l’ancien seigneur au début du 19e siècle.

Cette situation évolue peu jusqu’au milieu du 19e siècle. Les marais entre la Garette et la Sèvre sont peu à peu aménagés, avec le creusement des conches et des fossés, à une époque qui reste imprécise. Ce réseau est en tout cas bel et bien ne place sur le plan cadastral de 1830. Celui-ci montre aussi un chapelet de petites habitations le long de la Sèvre (Bergère, le Paradis…), ainsi que le développement du hameau de la Garette qui, un siècle plus tôt, comme le montre la carte de la région par Claude Masse en 1720, se limitait encore aux abords du port. De plus en plus de paysans, pêcheurs, artisans (sabotiers notamment) s’installent au bord du fleuve et surtout à la lisière entre les terres hautes et les marais, comme à la Garette. Globalement, le nombre d’habitants de la commune croît jusque dans les années 1860, atteignant le chiffre de 916 en 1862 contre 687 en 1800. Le désenclavement permis par la construction du pont de la Garette, maillon de la route menant à Coulon, et du pont du Gué, dans les années 1850, permet aux cultivateurs locaux de vendre plus facilement leurs produits issus des marais, l’agriculture sur les terres hautes restant, quant à elle, moins productive. Dans le bourg, l’ancien château médiéval, où vécut l'ancien général de Napoléon Louis François Jean Chabot, est démoli en 1857, l’église, vétuste et trop petite, reconstruite en 1879, la mairie-école édifiée en 1894. Un lavoir est aménagé impasse du Rouget, là où naît le ruisseau de la Couarde.

En cette fin du 19e siècle, la commune est pourtant en déclin démographique, ne comptant plus que 717 habitants en 1911. Après la guerre de 1914-1918, dont le monument aux morts rappelle le souvenir, ce recul continue, avec 562 habitants en 1936. Entre temps, les marais de Sansais et la Garette ont commencé à attirer les premiers promeneurs et touristes. Dans les années 1920, Célestin Cardinaud (dit l’amiral Cardinaud) d’une part, la famille Largeaud d’autre part créent à la Garette deux embarcadères pour promenades en barques, parmi les premiers du Marais poitevin. Des cafés, hôtels et restaurants accueillent aussi ces visiteurs. Ce développement touristique se poursuit après 1945 et perdure de nos jours, tandis que disparaissent les commerces de proximité et les petites fermes familiales. Celles-ci sont remplacées, notamment à la Garette, par de plus en plus de résidences secondaires et de logements pour touristes de passage, permettant la réhabilitation des anciennes bâtisses à l’usage agricole disparu. Profitant sans doute de sa proximité avec l’agglomération niortaise, la commune gagne de nouveau des habitants à partir des années 1980 et surtout 2000, jusqu’à 764 habitants en 2021. Un habitat pavillonnaire vient alors étendre le bourg vers le nord.

D'une superficie de 14,93 kilomètres carrés, la commune de Sansais se situe sur la rive gauche de la Sèvre Niortaise qui constitue sa frontière nord sur 2,4 kilomètres, depuis la Mothe Jacquelin jusqu'au Paradis et à la Sotterie. Cette frontière effectue une courte incursion sur la rive droite du fleuve, en amont de la Sotterie, héritage de l'ancien cours du fleuve redressé au 19e siècle. De même, en amont de la Mothe Jacquelin, la limite s'écarte de la Sèvre pour suivre un de ses anciens bras, laissant cet espace à Coulon. Partant de cette frontière nord, deux grands cours d'eau assurent la séparation avec la commune du Vanneau-Irleau à l'ouest, soit la conche des Grandes Prises, et de Magné à l'est, soit le canal de la Garette à Coulon. A l'ouest, la première se prolonge vers le sud par le canal du Chail jusqu'à la Chaussée, enserrant le marais communal de Sansais. A l'est, la limite communale atteint le port de la Garette puis remonte les méangdres de la Vieille Sèvre ou bras de Sevreau, à travers des marais, jusqu'au Gué de Sansais et de Magné. Jouxtant la commune de Frontenay-Rohan-Rohan, la frontière gravit alors les terres hautes, passe à l'est du bourg de Sansais puis se réoriente vers l'ouest, en limite avec la commune d'Amuré, jusqu'aux abords de Chantibus.

Les deux tiers sud du territoire communal sont constitués par un vaste plateau agricole qui prolonge la plaine d'Aunis. Ce plateau est vallonné et s'élève rapidement depuis la Garette en direction du bourg, atteignant 30 mètres d'altitude entre Néron et la Guignaudière, un promontoire qui se prolonge jusqu'au bourg puis s'abaisse assez fortement vers l'est comme vers l'ouest. Le plateau présente bien souvent un paysage bocager, constitué de champs et de prairies entourés de haies, avec même un couvert forestier qui se densifie par endroits. A l'est et au nord-est du bourg, une vallée, appelée la Couarde et irriguée par un ruisseau, entaille le plateau en direction de la Vieille Sèvre. De nombreuses routes et chemins, voire des sentiers, traversent cet espace, reliant les lieux-dits au bourg et entre eux. Ces lieux-dits sont plus nombreux dans la partie sud du plateau. D'autres constituent un chapelet de fermes et anciennes fermes à la limite entre terres hautes et marais, sur la bordure occidentale du plateau. De même, le hameau de la Garette s'étire en arc de cercle en surplombant les marais, en contrebas d'un coteau ou tertre qui culmine à 31 mètres.

Le tiers nord et ouest de la commune est occupé par les marais, nonobstant ceux qui accompagnent, à l'est, le bras de Sevreau, entre le Gué et le Vieux Moulin. A l'ouest, le marais communal présente un paysage ouvert, formé de grandes prairies encadrées par des rideaux d'arbres, des fossés et des chemins d'exploitation. Au sud-ouest de la Garette et surtout vers le nord, jusqu'à la Sèvre, on pénètre au coeur des marais mouillés de la Venise Verte, labyrinthe inextricable de conches et de fossés qui délimitent une foule de petites parcelles en arbres ou en prairies. Les principaux cours d'eau ou conches (conche du Biffour, du Bois Main, des Grandes Prises, etc) relient la Grande rigole de la Garette, qui prend naissance au nord du village du même nom et file vers l'ouest, à la Sèvre. Quant à la rive de la fleuve, elle apparaît arborée, une végétation qui s'interrompt pour laisser place régulièrement à d'anciennes fermes, accessibles ici uniquement par bateau. L'une d'elles, aux volets bleus, est devenue l'emblème du Marais poitevin.

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