Ferme dite la cabane des Deux Ponts, actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Taugon

La cabane des Deux Ponts fait partie de ces grandes fermes de marais desséchés créées lors du dessèchement des marais de Taugon au milieu du 17e siècle. Au moment du partage des ces marais entre les membres de la Société de Taugon-La Ronde-Choupeau-Benon, en 1665, l'espace correspondant aux Deux Ponts, constituant une partie du carreau G, est d'abord déclaré vacant. Lorsque le partage est renouvelé, en 1675, il est attribué à Anne Sanguin, veuve de Guillaume Raoult de la Guibourgère, conseiller au parlement de Bretagne (fils de Jacques Raoult de la Guibourgère, devenu le dernier évêque de Maillezais puis premier évêque de La Rochelle). Le partage de 1675 indique que cet espace est délimité au sud par un ancien cours d'eau appelé la route Bidet qui fait alors, depuis le Moyen Âge la séparation entre la seigneurie de Taugon et celle de Choupeau.

En 1768, la cabane des Deux Ponts fait partie des propriétés détenues par M. de Rommefort et qu'il souhaite vendre. Couvrant 118 journaux, elle est déclarée pour une valeur de 26 000 livres. Il semble que, peu après, la cabane soit acquise par Aimé-Benjamin Fleuriau de Bellevue (1709-1787), négociant et grand propriétaire terrien (notamment aux Antilles où il a fait fortune, mais aussi dans les marais desséchés où il possède 14 cabanes), demeurant à La Rochelle, en son hôtel particulier, l'hôtel Fleuriau (actuel Musée du Nouveau Monde). A sa mort en 1787, la cabane des Deux Ponts, entre autres biens, va à sa fille, Marie-Adélaïde, épouse de Charles-Pierre Pandin de Rommefort.

Celui-ci en est toujours propriétaire lorsque le cadastre est établi en 1812, puis en 1823, mais il la vend quelques années plus tard à son beau-frère, Louis-Benjamin Fleuriau de Bellevue (1761-1852). Député de la Charente-Inférieure, ce grand propriétaire terrien, directeur de la Société des marais desséchés de Taugon de 1795 à 1848, est aussi un savant réputé, président de la Société d'agriculture de La Rochelle, et fondateur du Muséum d'histoire naturel de La Rochelle. En 1839, la cabane des Deux Ponts est affermée pour 7 ans à Pierre Pain (1804-1851), époux de Jeanne Bertrand, à charge pour lui d'entretenir, habiter "et chauffer" la cabane, de curer ses fossés, de fournir les bestiaux d'élevage, et de se conformer aux statuts de la Société des marais desséchés, en lui payant les contributions annuelles qui seront déduites du prix de ferme. Il ne lui sera dû aucune indemnité en cas d'inondation. Après Pierre Pain, son fils Pierre, époux de Pélagie Moinard, lui succède comme cabanier aux Deux Ponts. Il y demeure encore au recensement de 1891.

Le plan cadastral de 1812 montre qu'à cette époque, les bâtiments de la cabane ne se trouvaient pas dans sa partie est, comme aujourd'hui, mais à l'opposé, à l'ouest, le long du canal du Frêne qui devait alors servir de voie d'accès privilégiée, par bateau. En effet, ce n'est qu'en 1823 que le canal des Enfers, à l'est, et le chemin qui le longe ont été créés, occasionnant la vente d'une bande de terrain dépendant de la cabane des Deux Ponts. L'acte de vente, passé avec la Société des marais desséchés de Taugon, stipule qu'en échange du terrain, la cabane bénéficiera d'une passerelle pour franchir le nouveau canal, comme c'est le cas toujours aujourd'hui.

L'accès à la cabane étant désormais plus facile à l'est, ses bâtiments y sont transférés en 1849, selon le cadastre. Quelques années plus tard, en 1854, la cabane est vendue à Nicolas Robin, demeurant à Saint-Sauveur-d'Aunis. Selon la tradition orale, le logis se serait un temps enfoncé en terre avant d'être surélevé d'un niveau (sans doute dans les années 1850-1880, si l'on en juge son architecture actuelle). En 1905, la cabane est achetée par Jean-Baptiste Guérin, cultivateur aux Petites Grèves, puis passe en 1921 à son gendre, Eugène Dufour, cultivateur, époux de Léa Guérin. Succèdent à celui-ci son fils, Maurice, puis son petit-fils, Charles. Parmi les dépendances, le hangar en métal a été ajouté vers 1950. Le logement secondaire qui prolonge les dépendances à l'ouest de la cour, pourrait remonter, quant à lui, au début du 20e siècle, tout comme l'agrandissement du logis vers l'ouest.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

L'ancienne ferme ou cabane des Deux Ponts est située dans les marais desséchés au sud du bourg de Taugon. Elle est longée à l'est par le canal des Enfers, qu'une passerelle enjambe pour la rejoindre. Le logis s'élève entre une vaste cour, au nord, où se trouve un puits alimenté par le canal, et un jardin au sud. A l'ouest de la cour prend place un ensemble de bâtiments qui voit s'aligner, du sud vers le nord, un logement secondaire auquel est accolé un fournil-buanderie, puis une écurie, un chai à vin avec pressoir, et enfin un garage à voiture. A l'ouest du jardin prennent place des toits à porcs et, au sud-ouest, un hangar en métal.

Enfin, prolongeant le logis à l'est, deux granges-étables encadrent un fenil (en ruines). Ces deux vastes granges-étables sont représentatives de ce type de dépendance très présent dans les grandes exploitations de marais desséchés voués en grande partie à l'élevage aux 19e et 20e siècles. Toutes deux présentent ainsi leur façade sur le mur pignon. La grange-étable nord, en particulier, ouvre par une large porte centrale qu'encadrent deux petites baies. A l'intérieur, les animaux étaient répartis de chaque côté de l'allée centrale.

Quant au logis, il est composé d'un rez-de-chaussée et d'un grenier. Sa façade, au nord, sur la cour, présente trois travées d'ouvertures. L'extension vers l'ouest est en simple rez-de-chaussée.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

rez-de-chaussée, comble à surcroît

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Typologie
  1. Ferme à bâtiments séparés
  2. Cabane de marais desséchés
  3. Grange-étable à façade en pignon
  4. 3

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Taugon , route D 109

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Deux Ponts (les)

Cadastre: 1812 A 1179, 1183, 2020 ZH 32

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