Maisons, fermes: l'habitat à Arces-sur-Gironde

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Arces

En dehors des éléments remarquables du patrimoine, l'inventaire a porté sur 124 maisons et fermes ou anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible. L'habitat et les bâtiments domestiques (fermes, dépendances...) à Arces-sur-Gironde se distinguent par rapport aux autres communes riveraines de l'estuaire de la Gironde, par leur ancienneté particulièrement importante. La moitié en effet des constructions recensées présente en effet au moins un élément antérieur à la Révolution, majoritairement du 18e siècle (une ouverture en plein cintre ou à encadrement chanfreiné, une cheminée, etc.). Plus rares sont les éléments qui semblent remonter au 17e siècle, voire au 16e (le Colombier, le Coudinier, le Laurier, Brézillas...). La datation de ces éléments n'est que rarement permise par une date inscrite, laquelle peut de toute façon se trouver sur une pierre remployée dans une construction plus récente. Par exemple, sur le linteau de porte d'une dépendance à Liboulas, on lit : "16 novembre 1776". Au Grand Theuillac, une pierre porte la date de construction d'une grange, 1787, et même le nom de Pierre François Pillet, notaire et propriétaire des lieux. Les dates inscrites les plus anciennes sont 1651 (pierre remployée au 35, rue de la Citadelle) et 1659 (au Colombier). L'autre grande période de construction des bâtiments aujourd'hui visibles à Arces, est la seconde moitié du 19e siècle, en particulier les années 1850-1870. Cette fois, Arces n'échappe pas à la règle qui prévaut dans les communes de la région. Cette période est en effet marquée par un essor agricole et viticole très important, en plus de l'élévation générale du niveau de vie de la population française sous le Second Empire. Durant cette courte période de prospérité, l'enrichissement de beaucoup d'exploitants les pousse à remplacer leurs anciennes habitations, petites et vétustes, par de nouvelles, plus grandes et plus confortables. Le phénomène est toutefois limité à la fois dans le temps et par son ampleur. D'une part, la viticulture est moins omniprésente ici que dans les communes au sud ; d'autre part, comme dans les autres communes, la crise du phylloxéra met un terme à cette période dorée à la fin des années 1870. C'est probablement ce qui explique, en partie tout au moins, le maintien d'un nombre important de constructions comprenant des éléments antérieurs au 19e siècle, leur reconstruction n'ayant pas eu lieu ou pas totalement. C'est sans doute aussi pourquoi la proportion de logements de taille et d'architecture modestes est élevée. Par la suite, le nombre de constructions ou de reconstructions chute dans les deux dernières décennies du 19e siècle. Seules quatre de la première moitié du 20e siècle ont été recensées (au Maine Moutard, Chez-Filleux, Chez-Rié et au 25 rue de la Citadelle).

Périodes

Principale : 18e siècle

La répartition de l'habitat sur la commune d'Arces se caractérise par une forte dispersion Comme dans les communes voisines, le bourg est minoritaire puisqu'il ne contient qu'un tiers des habitations. Sa densité se mesure au nombre important de maisons attenantes, celles qui ne disposent tout au plus que d'une petite cour ou d'un petit jardin : elles représentent un tiers des constructions dans le bourg. Jusqu'à il y a quelques décennies, le bourg regroupait un grand nombre de commerces et d'ateliers d'artisans, en plus des autorités municipales, scolaires et religieuses. Le caractère agricole du bourg était assez important puisque plus d'un quart des constructions étaient des maisons dites "rurales", c'est-à-dire disposant de petites dépendances (des toits, un chai...). On ne comptait qu'une seule ferme, encore active de nos jours, rue des Chevaliers. Les deux autres tiers des habitations sont situées pour la plupart dans les hameaux, en particulier Brézillas et Liboulas. Ces deux écarts sont placés sur la ligne de collines qui domine la champagne, les marais et l'estuaire. Il faut toutefois remarquer la proportion plus élevée qu'ailleurs de l'habitat isolé, celui des nombreuses fermes disséminées sur le territoire de la commune : que ce soit dans l'arrière-pays céréalier et viticole (le Taillis, Chez-Gaillot, la Grange, Pitory...) ou à proximité des marais pour pouvoir plus facilement les exploiter, sans subir les inconvénients des inondations (le Coudinier, le Colombier...). Certains toponymes sont liés à cette proximité des marais (Palus) et à la notion de passage par-delà ces espaces (la Passe). Qu'elles aient été construites dans la seconde moitié du 19e siècle ou qu'elles comportent encore des éléments plus anciens, la grande majorité des maisons et des logis de fermes sont des constructions modestes par leur taille et leur architecture. Les deux tiers sont en rez-de-chaussée, sans étage, avec dans tous les cas un comble, généralement utilisé en grenier, plus rarement habitable. Les habitations qui possèdent un étage sont bien moins nombreuses, et la majorité sont regroupées dans le bourg où on a compensé le manque de place disponible par une plus grande hauteur de bâtiment. Rares sont les sous-sols. Dans le bourg, près de l'église, deux maisons possèdent un rez-de-chaussée surélevé de manière à compenser la pente du terrain. La taille modeste des logements se mesure par ailleurs au nombre de travées (alignements verticaux) de portes et fenêtres sur la façade : plus le nombre de travées est important, plus le logement est grand. À Arces, un quart tout de même des habitations ne présentent qu'une seule ou deux travées. L'amélioration de l'habitat dans la seconde moitié du 19e siècle se manifeste toutefois dans la taille des logements : près de la moitié des habitations présentent trois ou quatre travées, dont presque la totalité sont des constructions de la seconde moitié du 19e siècle. Pour ce qui concerne l'architecture et le décor, l'habitat à Arces se distingue là encore par une certaine modestie. Les façades présentent ainsi un décor discret : rares sont les bandeaux qui marquent horizontalement les façades, ou encore les corniche en pierre de taille qui les couronnent. Seules quatre constructions sont entièrement construites en pierre de taille, une mise en oeuvre plus coûteuse que le simple moellon. En revanche, les deux tiers des façades sont surmontées par une génoise (frise constituée d'au moins une rangée de tuiles canal juxtaposées). Une seule habitation, aux Coutures, édifiée en 1877, présente les caractères d'une maison de maître (dimensions, façade en pierre de taille, décor sculpté plus abondant...), manifestation la plus ostensible de la réussite économique de son commanditaire. Enfin, et malgré la discrétion du décor, la grande majorité des habitations se rapprochent, comme dans les communes voisines, des caractéristiques de la maison saintongeaise traditionnelle. Outre la composition en rez-de-chaussée avec comble, près de la moitié des habitations sont couvertes d'un toit à croupes (pans inclinés sur les côtés). Près d'un sur deux ne présente toutefois qu'une seule croupe (sans doute pour des raisons de coût, ce type de couverture étant plus onéreux qu'un simple toit à deux pans). La croupe est alors généralement placée sur le côté le plus visible depuis l'espace public. À Arces, l'habitat revêt un caractère plus résidentiel qu'ailleurs : on y dénombre en effet 79 maisons et seulement 45 fermes ou anciennes fermes. Le nombre important de commerçants et d'artisans, la proximité de l'estuaire dont vivaient pêcheurs et marins, ou encore la domination économique de grandes exploitations qui employaient nombre d'ouvriers agricoles, ne sont sans doute pas étrangers à ce phénomène. Toutefois, un tiers des maisons sont des maisons rurales (possédant de petites dépendances agricoles). Pour près des deux tiers des fermes et anciennes fermes, les dépendances sont reliées au logis, l'ensemble formant alors une ferme à bâtiments jointifs, le plus souvent sans ordre particulier. Cette caractéristique, constatée dans les autres communes riveraines de l'estuaire et dans d'autres régions viticoles, est probablement liée à la volonté des exploitants pendant la seconde moitié du 19e siècle de surveiller au mieux la récolte de vin en accolant ou en rapprochant le chai du logis. Plus d'un quart des dépendances des fermes et des maisons rurales sont mêmes placées en appentis à l'arrière du logis, avec des portes intérieures permettant de passer facilement de l'un à l'autre. Parmi les dépendances, les granges et étables sont un peu plus nombreuses que les chais, signe d'une plus grande variété de la production agricole qu'au sud. La coexistence entre les deux marque la pratique de la polyculture dans la majorité des fermes. L'importance de l'élevage au 19e siècle et dans la première moitié du 20e se traduit enfin par la présence, même minoritaire, de vastes granges-étables dont la façade est située sur le mur pignon. Dans ce cas, la grange, au centre, sous une haute charpente, est encadrée par les étables. Un tel type de dépendance est visible à Chapitre, au Grand Theuillac, au Laurier, à la Laudronnerie ou encore à Brézillas. Enfin, parmi les équipements des fermes, on relève de nombreux puits, à margelle ronde ou carrée, souvent en pierre de taille, et quelques boulins ou trous à pigeons, réunis par une mouluration.

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