Eglise paroissiale Saint-Laurent

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Valojoulx

La partie inférieure du mur gouttereau nord, avec son petit appareil en moellons équarris assisés et sa porte murée, semble être la plus ancienne de tout l'édifice actuel et provient probablement d'un édifice cultuel antérieur plus modeste, datant peut-être du Xe siècle.

En suivant l'analyse de Christian Gensbeitel sur la mixité des appareils dans l'architecture religieuse romane, on serait tenté de dater la campagne suivante du dernier tiers du XIe ou de la première moitié du XIIe siècle, "au moment où s'amorce l'épanouissement de formes pleinement romanes sur tous les territoires dépendant des archevêchés de Bordeaux et d'Aire" (p. 54). En effet, le mur gouttereau nord a été surélevé par une maçonnerie en moyen appareil de pierre de taille alternant avec une assise en opus spicatum en partie haute – comme à l'église Saint-Barthélemy du Cheylard (aux Farges), datée entre le IXe et le XIIe siècle, et l’église de Saint-Léon-sur-Vézère, datée du XI-XIIe siècle. Les travaux ont consisté à accroître les dimensions de la nef, à améliorer son éclairage par des fenêtres hautes en plein cintre et à lui adjoindre un chœur (doté lui aussi d'une fenêtre à embrasure intérieure profonde en plein cintre, sur l'axe). Un critère de datation supplémentaire pour le chœur tient à la présence de grandes arcades aveugles en saillie sur les murs des côtés afin de porter la voûte en berceau couvrant l'espace : cette caractéristique se retrouve aussi bien à l'église Saint-Léonce déjà citée qu'à celles d'Aubas et de Campagne. Les vestiges d'enduit blanc et de faux-joints d'appareil en rouge, visibles par endroits avec des fleurettes, pourraient également dater de cette campagne de travaux.

La paroisse de "Volugou" est mentionnée dans un pouillé du XIIIe siècle. En 1321, l'église était un prieuré régulier non conventuel de l'ordre de Saint-Benoît. la paroisse dépendait de l'archiprêtré nommé Sarlatensis avant son érection en évêché de Sarlat en 1317 (pancarte des diocèses du Périgord, 1554). A partir de cette date, il se trouve incorporé au nouvel archiprêtré de Saint-André d'Allas.

Au cours de la guerre de Cent Ans, probablement au plus fort du conflit au XIVe siècle, l'église est mise en défense. Le chœur est alors surmonté d'une chambre de défense ouvrant à l'est sur une bretêche en bois en encorbellement (disparue), elle-même surmontée d'une pièce de refuge ouverte également à l'est par une baie géminée. C'est probablement de cette campagne de travaux que datent les contreforts sud, contrebutant les murs du chœur non prévus initialement pour porter une telle charge.

Enfin, au XVe siècle, sans doute après la reprise économique et démographique, l'église est agrandie vers l'ouest dans un programme quelque peu complexe : une tour clocher ouverte par un portail en arc brisé (dont la voussure est animée de moulures à listel sur bases buticulaires) est créée à l'ouest, nécessitant l'ouverture de l'ancien mur pignon occidental par un grand arc brisé ; la tour est flanquée d'une tour d'escalier en vis au sud-est, pour desservir à la fois ses parties hautes et une tribune en bois créée au même moment (disparue) ; enfin, une chapelle seigneuriale est créée au sud à l'alignement de la tour d'escalier, ouverte sur la nef par une grande arcade brisée. La contemporanéité de l'ensemble ne fait guère de doute, tout spécialement au regard du pilier sud de l'arcade ouvrant la nef sur la partie inférieure de la tour formant narthex (voir en particulier photographies IVR72_20142401057NUC1A et IVR75_20252400426NUCA) : les grandes pierres de taille qui le constituent forment tout à la fois le pilier et son arc doubleau, la tour de l'escalier dans-oeuvre avec l'accès à la tribune, enfin l'arcade de la chapelle seigneuriale – ce dernier point suggère aussi un financement en partie privé (seigneurial) de cette campagne de travaux. La même observation peut être faite à l'extérieur : un chaînage de pierres harpées situé à l'aplomb de l'angle sud-est de la tour d'escalier fait le lien entre la tour et le mur gouttereau de la chapelle seigneuriale, les deux étant de toute évidence contemporains.

Au milieu du XIXe siècle, l'église nécessite des réparations urgentes. La toiture du clocher s'effondre à la fin des années 1920 (A.D.D. : 12 O 658). En 1981, la couverture en lauze est restaurée, ainsi qu'en 2013.

Périodes

Principale : 10e siècle (incertitude) (détruit)

Principale : 2e quart 11e siècle, 1ère moitié 12e siècle (incertitude)

Principale : 2e moitié 15e siècle

Secondaire : 19e siècle

L'église présente une nef rectangulaire (env. 15 x 7,8 m) dont la première travée sert de base au clocher. Une tourelle située au sud renferme l'escalier en vis desservant le clocher. La nef, dont le mur nord garde quelques traces d'opus spicatum en hauteur, ouvre à l'est sur un chœur plus étroit par un arc triomphal en tiers point. La nef est couverte d'un plafond en plâtre sur lattis, tandis que le chœur présente une voûte en berceau plein cintre. De plan rectangulaire, le chœur présente des murs latéraux doublés par des arcades aveugles ; un pilier et l'intrados d'un arc en plein cintre conservent des vestiges ténus d'un faux appareil peint sur enduit de chaux blanc, notamment plusieurs assises à double-joint verticaux rouge et des rosettes de même couleur. Le chevet plat est percé d'une baie étroite couronnée d'un oculus.

A l'ouest, le portail en arc brisé gothique présente plusieurs voussures conservant des restes de peinture ocre rouge.

La quasi-totalité de l'édifice religieux est couvert en lauze de calcaire, hormis le clocher en ardoise.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. calcaire en couverture
Plans

plan allongé

Couvrements
  1. voûte en berceau plein-cintre
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

Escaliers
  1. Emplacement : escalier demi-hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis

    Structure : en maçonnerie

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Valojoulx , 1 place de la Mairie

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1982 AE 255, 1813 A 247

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