Château d'Abin

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Saint-Genest-d'Ambière

La seigneurie d'Abin est un fief noble avec droit de haute justice qui relève du duché de Châtellerault depuis au moins la fin du 14e siècle. Cependant, Abin est mentionné dans les archives de l'abbaye de Fontevraud en 1280. Le 27 mars 1280, un différend est réglé entre les moniales du prieuré fontevriste de Lencloître et Guillaume de Cursay au sujet d'un "estang de Aboig". La seigneurie appartient à la famille de Cursay qui conserve cette maison forte, de haute justice, appelée hostel d'aboain, jusqu'en 1538. C'est probablement durant cette période que le site est fortifié avec la construction de deux tours côté ouest et le creusement de douves.

Autour de 1538, par mariage, la maison forte entre dans la famille de Crouail pour un siècle environ. Elle connaît alors ces premières importantes modifications et le renforcement de ses éléments fortifiés (deux tours cylindriques du logis sud). Le logis en L sur trois niveaux s'organise autour d'une cour, de hautes lucarnes en pierre éclairent les combles au sud et à l'est. La chapelle est édifiée vraisemblablement au milieu du 17e siècle par la famille Poussineau qui fait sculpter ses armoiries sur la voûte. Plusieurs mariages y sont célébrés notamment en 1693 et 1734.

Vers 1650, Florentin Poussineau (décédé en 1692) fait édifier le pont à trois arches et les deux pavillons appelés châtelets qui encadrent l'entrée. À l'intérieur du logis, un escalier en pierre à volée droite et un second en bois permettent de desservir les deux ailes du château. Les façades sont remaniées au cours du 18e siècle probablement sous l'impulsion des deux frères Poussineau, René (1720-1791) et Hubert (1728-1792) époux des deux filles de Louis-Marie Descars, seigneur du Grand Pouet. La seigneurie d'Abin est mentionnée en 1780 sur la cloche de l'église de Saint-Genest dont René Poussineau est le parrain.

Le plan parcellaire cadastral de 1826 figure le château entouré de douves en eau creusées à partir du ruisseau du Beaupuy. Un pont d'entrée à trois arches permet d'accéder à la cour encadrée par les deux châtelets. À droite se trouvent les dépendances (grange, écurie), en face, l'entrée du château.

Par succession, Abin devient la propriété de la famille Montaubin entre 1842 et 1860. La famille Montaubin apporte peu de changement à la propriété si ce n'est, en 1842, l'installation d'un portail en fer encadré par deux piliers en pierre ornés de pilastres plats cannelés et chapiteaux ioniques. Une plaque, posée par l'atelier de serrurerie Mesmin-Pageault à Châtellerault, en rappelle le souvenir. La construction du château de la Grand-Cour à Lencloître en 1847, puis l'élection d'Alexis Montaubin en tant que maire de cette même commune en 1858 conduit sans doute à la vente de la propriété à Michel Chéron originaire de Chemillé dans le Maine-et-Loire. En 1881, son second fils Maurice épouse Marie Janin. À cette occasion, la passerelle enjambant les douves côté ouest, attribuée à Gustave Eiffel, est offerte aux jeunes époux. Le prolongement de la chapelle est probablement transformé durant cette période en orangerie et en buanderie. Des chais sont construits à l'entrée est de la propriété. La famille Chéron reste propriétaire d'Abin jusqu'en 1964.

La tradition orale rapporte la présence d'une petite chapelle nommée chapelle Tout le Monde construite près du pigeonnier. Il s'agit d'une confusion avec la chapelle de Notre-Dame de l'Arceau, située sur la commune de Toutlemonde dans le Maine-et-Loire, commune créée en 1864 et dont le premier maire fut Michel Chéron.

En 1964, M. Proust achète le château et démantèle la propriété en vendant notamment une partie du mobilier, les boiseries et les cheminées. Depuis 1968 la famille Lombard-Unternährer s'emploie à rénover le château.

Un pigeonnier cylindrique en pierre de taille s'élève à l'ouest. Il compte environ 2200 boulins. Sa toiture s'est effondrée lors de la tempête de décembre 1999. Le château, les deux pavillons, les murs de clôture, le pont, les douves, le pigeonnier sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 2004. Un rouissoir, utilisé pour le chanvre, est également visible à l'ouest.

Périodes

Principale : 4e quart 14e siècle, 17e siècle

Auteurs Auteur : Eiffel Gustave, ingénieur (attribution par analyse stylistique (incertitude))

Le château d'Abin est situé à l'ouest du bourg de Saint-Genest-d'Ambière.

L'accès s'effectue par un pont en pierre à trois arches qui enjambe les douves alimentées par ruisseau du Beaupuy. Un portail en fer entouré de deux piliers en pierre de taille à pilastres cannelés surmontés de chapiteaux ioniques ferme l'accès à la cour. Ce portail est prolongé de part et d'autre par un mur d'une longueur d'un peu plus de dix mètres. Construit en moellon de pierre partiellement enduit, il présente trois pans de mur séparés par des chaînages à bossages en pierre de taille. Deux pavillons de plan carré viennent le prolonger de chaque côté. Ces pavillons, construits sur trois niveaux (rez-de-chaussée, premier étage et étage de comble), ont des chaînes d'angles harpées à bossage. Deux bandeaux de pierre ceignent l'ensemble à hauteur du premier étage. La charpente en bois est couverte d'un toit à longs pans et croupes en ardoise. Le pavillon de gauche est prolongé vers le sud par une construction semi-enterrée (ancienne chapelle, puis buanderie) construite en moellon et recouverte d'un enduit. Le pignon sud conserve la trace deux grandes baies en arc brisé aujourd'hui murées. Au pavillon de droite est adossée une grange construite en moellons recouverts d'un enduit. Son pignon sud est ouvert de deux grandes portes en plein cintre. La toiture est à longs pans en ardoise.

Le château, dont l'entrée principale est située dans le prolongement de l'entrée, adopte un plan en L. Il est prolongé par une aile de communs vers l'est. Il comporte trois niveaux : un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble. La toiture en ardoise est à longs pans et croupes. Le château est flanqué à l'angle sud-ouest d'une tour cylindrique et d'une seconde au milieu de la façade ouest. Ces tours sont coiffées d'un toit en ardoise conique. Quatre lucarnes en pierre à fronton triangulaire et larges jambages sont encore visibles sur la toiture au sud, sur le pignon est et sur la façade nord. À l'ouest, les combles sont éclairés par une lucarne en pierre à œil de bœuf et une lucarne dans le prolongement de la travée centrale. L'accès à la façade ouest s'effectue par une passerelle en acier aux motifs de faux bois et branchages.

À l'intérieur, l'escalier rampe sur rampe avec jour à balustres en pierre dessert la partie ouest du château tandis qu'un escalier rampe sur rampe en bois sans jour à balustres dessert la partie nord.

Le pigeonnier circulaire est en pierre : sa toiture est effondrée. Dans la cour, un petit pavillon en pierre abritant les anciennes commodités est couvert d'un toit en ardoise.

Dans l'ancienne buanderie, une ponne (cuve en pierre servant à faire la lessive) mesure 133 cm de diamètre (133 cm pour la partie intérieure) et 90 cm de haut (75 cm à l'intérieur). Le foyer est conservé ainsi qu'un espace pour le rinçage dans une pièce adjacente.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit partiel

Toits
  1. ardoise
Plans

plan régulier en L

Étages

1 étage carré, étage de comble

Couvrements
  1. charpente en bois apparente
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en charpente

  2. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier de type complexe

    Structure : en maçonnerie

Couverts et découverts de jardin
  1. arbre isolé

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Genest-d'Ambière

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Abin

Cadastre: 1826 J2 360-370, 2017 AR 87, 104, 201-204

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