Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Le pont a succédé à un passage par gué et/ou par bateau, d'importance stratégique car situé sur la route entre Niort, Coulon et le Marais poitevin. Ce passage était lié à un port, l'un de ceux sur lesquels le duc Jean de Berry décida en 1377 de lever un droit de coutume pour financer les travaux de remise en état de la Sèvre Niortaise et du port de Niort.

Propriété jusqu'à la Révolution des seigneurs puis propriétaires du château de la Tiffardière, le passage est géré en leur nom par un garde qui habite une maison voisine (1 rue des Boutinets). Un plan de 1802 montre que le port avance alors jusqu'aux abords de l'actuelle rue des Boutinets. A cette date, la gestion du bac a été reprise par l'Etat et la municipalité de Saint-Liguaire, mais le bac continue à aborder dans le jardin de la maison, maison où l'exploitant du bac continue à loger. Cette question est cependant l'objet d'un litige entre l'Etat et le comte de Sainte-Hermine, propriétaire de la Tiffardière, en 1802. En 1817, le bateau du bac, vétuste, est reconstruit. En 1857, la municipalité de Saint-Liguaire passe un marché avec Pierre Gilbert, maître charpentier à Niort, pour réaliser un grand bac et deux pontons d'abordage. L'exploitation du bac est ensuite baillée au plus offrant.

A la même époque, se pose la question de la construction d'un pont en lieu et place du bac, de manière à faciliter les communications routières entre Niort et le Marais poitevin. Dès 1856, l'ingénieur en chef des Ponts et chaussées Joseph Maire inclut dans son projet d'aménagement du bassin de la Sèvre Niortaise la construction d'un pont à la Tiffardière. Il propose un pont mobile de manière à ne pas entraver la navigation, mais son projet n'est pas retenu.

Quelques années plus tard, le legs d'une partie de sa fortune par Thomas-Hippolyte Main à la Ville de Niort, à la condition de réaliser un certain nombre d'aménagements publics (par exemple les ponts Main, à Niort), accélère le projet de construction d'un pont à la Tiffardière. Le 6 janvier 1862, l'agent-voyer d'arrondissement François Giraudeau (auteur, quelques années plus tard, des ponts Main, à Niort) propose non plus un pont mobile mais un pont fixe en maçonnerie. Son projet, appuyé par l'ingénieur en chef des Ponts et chaussées Deglaude le 6 février suivant, prévoit des fondations en massif de béton sur un banc de gravier, l'utilisation de la pierre de taille blanche des carrières de Souché, de la pierre de taille et des moellons de pierre rousse des carrières de Bégrolles, à Sainte-Pezenne, et des moellons de la carrière de Saint-Liguaire ; les pavés devant couvrir la chaussée proviendront de la carrière des Moulins Rouges, à Souché.

Le projet de Giraudeau est approuvé par décision ministérielle du 8 juillet 1862, et les travaux sont adjugés le 2 août à Pierre Aubert, entrepreneur de travaux publics à Niort. Durant le chantier, la mise au sec du lit de la Sèvre entre deux batardeaux est réalisée à l'aide d'une machine à vapeur, alimentée avec du bois de marais. Le nouveau pont est mis en service le 1er juillet 1863. Le même jour, le bac est supprimé et son bail résilié.