Tableau : Calvaire
France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Laruns
Historique
Ce tableau fut offert à l'église des Eaux-Chaudes en 1853 par Pierre Coudurat (Laruns, 1793 - Saint-Pétersbourg, 1854), un notable originaire de Laruns qui fit fortune dans le commerce à Saint-Pétersbourg, où il se fixa et fonda une famille - le cartouche au bas du cadre porte ses initiales. Comme le mentionne une délibération du conseil municipal de Laruns en date du 5 août 1842, Coudurat avait déjà offert à l'église Saint-Pierre de son village natal "un ostensoir, un encensoir, une navette, une croix, un lustre de cristal, une chasuble complète (sic), un tableau représentant la Vierge Marie enrichi d'un joli cadre doré" - cette dernière œuvre, qualifiée dans un guide de 1844 de "petite copie assez bonne d'un ancien tableau de l'école italienne", ne doit pas être confondue avec le tableau ici étudié. Coudurat devait encore compléter ce don par deux plats de quête en cette même année 1842, puis gratifier la commune d'une somme de 2.000 francs pour la construction d'une fontaine en 1843.
Comme l'indique l'inscription gravée sur le cadre rocaille, le panneau était autrefois donné à Lucas de Leyde (1494-1533), attribution reprise en 1912 dans l'arrêté de classement au titre des Monuments historiques, en dépit de l'absence de rapport manifeste avec l’œuvre du peintre hollandais. La composition dérive en réalité d'une création de l'Anversois Maarten de Vos (1532-1603), gravée en 1582 par son fidèle collaborateur et compatriote Jan I Sadeler l'Ancien (1550-1600). Le dessin original de De Vos, conservé au Städel Museum de Francfort-sur-le-Main (inv. 2744), ne diffère de la gravure (Hollstein 230, TIB 7001.192) que par d'infimes variantes, comme la position du bras du centurion Longin transperçant le flanc du Christ. Ce dernier détail prouve d'ailleurs que le dessin était bien destiné à préparer une estampe, et non une peinture : Longin tient sa lance de la main gauche dans le dessin, anomalie corrigée dans la gravure grâce à son inversion en contrepartie. De même, l'acronyme INRI au sommet de la croix est écrit à l'envers. Le tableau des Eaux-Chaudes étant dans le sens de l'estampe, il semble bien qu'il s'agisse d'une copie d'après celle-ci, et non d'une peinture originale comme le laisserait supposer l'excellente qualité de sa facture. Une exécution dans l'entourage anversois du maître, sinon dans son atelier même, n'est cependant pas à écarter. L'œuvre présente, du reste, de très légères variantes par rapport à la gravure de Sadeler, essentiellement dans le paysage urbain de l'arrière-plan : les deux colonnes à l'antique (dont une à spirale inspirée de la colonne Trajane) et les maisons flamandes avec pignon à redents visibles dans la peinture, entre le centurion et les jambes du Christ, sont ainsi absentes du dessin comme de l'estampe et constituent des ajouts originaux du peintre.
Quant à la provenance du panneau, il n'est pas impossible qu'il ait transité par la Russie, pays où le donateur avait fait toute sa carrière : on sait que Saint-Pétersbourg abritait, dès le temps de Pierre le Grand et surtout de Catherine II, d'importantes collections de peintures nordiques.
Après avoir été entreposé dans les combles de l'église durant la Seconde Guerre mondiale pour le soustraire à d'éventuelles convoitises, le tableau n'a regagné qu'au début des années 2000 son emplacement originel, sur le mur droit de la nef.
Détail de l'historique
Description
Peinture à l'huile exécutée sur un panneau de bois constitué de trois planches verticales (d'une largeur respective de 33, 22 et 15 cm), sans doute assemblées par embrèvement (le revers n'a pu être examiné). Technique picturale : touche très fine et analytique, lisse et sans empâtements ni visibilité des coups de pinceau ; fond de paysage et personnages de l'arrière-plan traités en camaïeu de bleu et de gris.
Cadre de style rocaille en bois mouluré, sculpté dans la masse et doré (à l'origine) à la feuille d'or à l'eau sur apprêt crayeux et assiette rouge (dorure refaite à la bronzine).
Détail de la description
Catégories |
peinture |
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Structures |
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Matériaux |
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Dimensions |
Précision sur les dimensions : Dimensions à l'ouverture du cadre. Cadre : la = 19 (traverses inférieure, gauche et droite). |
Iconographie |
Précision sur l'iconographie : La scène figure le moment de la mort du Christ, après le coup de lance donné par le centurion Longin, au moment où les cieux s'obscurcissent et où l'orage se déchaîne sur Jérusalem. La composition est structurée par les trois croix du Calvaire, celle du Christ au centre, presque de face, celles des deux larrons (Dismas, le bon larron, à dextre, Gesmas, le mauvais, à senestre) disposées de biais sur les côtés et creusant la perspective. A gauche, Longin (assimilé par l'évangile apocryphe de Nicodème au soldat qui donna le coup de lance), monté sur son cheval, contemple le Christ qu'il vient de transpercer. A droite, unis en un groupe compact qui symbolise leur douleur commune, se tiennent la Vierge en attitude orante, soutenue par saint Jean dont le regard est tourné vers le Christ, et la Madeleine, bras croisés sur la poitrine, agenouillée au pied de la croix. Posés au sol devant elle, en une composition évoquant les vanités, le vase d'onguent dont elle oindra le corps de Jésus, et le crâne d'Adam, le premier homme enseveli, selon la tradition, sur le futur Golgotha. A l'arrière-plan, traité en un camaïeu de bleus, de gris acier et de bruns, la troupe des soldats romains effrayés par l'orage menaçant se hâte vers Jérusalem, dont se profilent les remparts et les bâtiments, déjà à demi noyés dans les ténèbres : on distingue une forteresse aux tours rondes, plusieurs maisons flamandes à pignon redenté et deux colonnes à la romaine, dont une évocation de la colonne Trajane avec son relief en spirale. ************ Le cadre au riche décor rocaille présente des contours chantournés, presque entièrement couverts de longues palmes ou acanthes enroulées et d'agrafes à volutes et rocailles ; elles entourent au milieu des traverses inférieure et supérieure deux cartouches ovales bombés (portant des inscriptions peintes). Le cartouche quadrilobé qui forme le centre du fronton sommital sert de socle à une croix latine que soutiennent deux anges enfants en vol, aux ailes déployées, sur fond de gloire rayonnante et de nuées. |
Inscriptions et marques |
Inscription concernant l'auteur (sur le cartouche du fronton du cadre) : Lucas de Leyde / 1494-1533. Inscription concernant le donateur et date (sur le cartouche au milieu de la traverse inférieure du cadre) : P. C. / 1853. |
État de conservation |
La peinture a été restaurée au cours des dernières décennies ; quelques traces de chanci et quelques légers écaillements à la jointure des planches. La dorure à la feuille du cadre a été entièrement reprise à la bronzine ; il manque le bras droit de l'ange de gauche sur le fronton. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre objet mobilier |
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Référence du dossier |
IM64004060 |
Dossier réalisé par |
Maisonnave Jean-Philippe
Delpech Viviane |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Pyrénées-Atlantiques |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2018 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Université de Pau et des Pays de l'Adour |
Citer ce contenu |
Tableau : Calvaire, Dossier réalisé par Maisonnave Jean-Philippe, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Université de Pau et des Pays de l'Adour, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/7d55568c-e804-4ca0-80f8-85d79fc0b06e |
Titre courant |
Tableau : Calvaire |
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Dénomination |
tableau |
Titres |
Calvaire |
Statut |
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Protection |
Précision sur la protection : Arrêté de classement : tableau, "La Crucifixion", attribué à Lucas de Leyde, école hollandaise. |
Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Laruns , Place de l' Église
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: Les Eaux-Chaudes
Cadastre: 2018 BE 11