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Prieuré, aujourd'hui église Saint-Eutrope de Saintes
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saintes
Historique
Cette église a été construite à l'emplacement présumé de la basilique funéraire de saint Eutrope, qui aurait évangélisé la Saintonge au cours du 1er siècle. L'abbaye de Cluny, qui a obtenu le lieu par donation, fait construire l'édifice à partir de 1081. L'édifice est consacré en 1096 par le pape Urbain II (alors qu'il prêchait la croisade), mais il n'est probablement achevé qu'au début du 12e siècle. Au nord sont édifiés les bâtiments monastiques et d'accueil des pèlerins.
Situé sur la voie de Tours à Saint-Jacques de Compostelle, lieu de pèlerinage favorisé par l'abbaye de Cluny, le prieuré Saint-Eutrope est une étape pour les pèlerins en marche vers le tombeau de saint Jacques ; ils peuvent y faire halte et prier sur les reliques de saint Eutrope.
Au 15e siècle d'importants travaux modifient le choeur roman. Le chevent est profondément remanié par la construction d'un chapelle d'axe gothique sur l'ancienne abside.
Dans l'église basse, le pilier nord-est du transept est refait comme en témoigne une inscription qui précise qu'en 1445 le dauphin Louis [futur Louis XI] a payé les travaux.
Dans les années 1470, le clocher roman, vraisemblablement en très mauvais état, est détruit. Il est remplacé par un imposant clocher gothique flamboyant érigé à sur le bras nord du transept. La flèche culmine à plus de 40 mètres de hauteur. Les travaux sont réalisés sous la direction des architectes Jean Lebas père et fils de Saintes, avec le soutien financier du roi Lois XI.
Au 17e siècle, en raison de dommages subis pendant les guerres de Religion, les voûtes sont restaurées.
La nef est détruite en 1803, à l'exception du mur sud toujours visible sur le parvis. La nouvelle façade qui vient fermer le transept est érigée en 1832.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 12e siècle Principale : 15e siècle |
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Description
L'église saint-Eutrope est aujourd'hui composé du choeur, du transept et du clocher de l'ancienne église. La nef, composée de trois vaisseaux, a disparu. Autrefois, depuis la nef, on pouvait par des escaliers descendre à la crypte et monter dans le choeur.
Le choeur est composé d'un vaisseau central de quatre travées droites avec collatéraux, prolongé à l'est d'une chapelle d'axe à travée droite et abside de style gothique. Les collatéraux sont terminés, à l'est, par des absidioles qui prennent place au nord et au sud de la travée droite de la chapelle d'axe. Cette dernière est éclairée par de hautes fenêtres, les travées droites qui la précèdent recevant la lumière par les baies des collatéraux.
Le choeur présente plusieurs couvrements : voûte en berceau légèrement brisé et arcs doubleaux contrebutée par les voûtes en quart de cercle des collatéraux pour les travées droites du choeur roman, voûtes sur sur croisée d'ogives de la chapelle d'axe. Plusieurs chapiteaux des colonnes supportant les voûtes sont ornés de motifs récurrents dans l'art roman comme les sirènes, les lions, les griffons... Des feuillages aussi, dont certains reprennent des décors antiques.
Le transept est partiellement conservé. Sur le bras sud ouvre une petite absidiole. Au nord, au rez-de-chaussée du clocher qui prend appui sur l'ancien bras du transept ouvre également vers l'est une absidiole qui fait pendant celle du bras sud.
La croisée du transept est couverte d'une coupole sur trompe reconstruite au 19e siècle. Les chapiteaux des piliers de la croisée qui supportent le couvrement sont richement ornés. Ils diffèrent par leurs style de ceux de la nef. Les corbeilles des chapiteaux sont entièrement couvertes par des entrelacs d'hommes et de bêtes, disposé sur deux registres. Deux scènes bibliques sont représentées : Daniel dans la fosse aux lions et le Pèsement des âme
La crypte, qui contenait les reliques de saint Eutrope et abrite aujourd'hui son cénotaphe, était accessible aux pèlerins tandis que le choeur était réservé aux religieux. Elle se développe sous le transept et le choeur dont elle épouse le plan. Le transept, avec absidioles ouvrant sur chaque bras donne accès à un vaisseau composé de quatre travées droites et entouré d'un déambulatoire sue lequel ouvrent, à l'est trois chapelles rayonnantes. L'ensemble est éclairée par de petites baies en plein cintre.
Le vaisseau central est couvert de voûtes d'arêtes reposant sur des tors qui retombent sur de massifs piliers à colonnes engagées et colonnettes. Les chapiteaux présentent un remarquable décor sculpté : palmettes, feuille d'acanthe, rosaces, rinceaux et autres feuillages. Ces motifs sont inspirés des monuments romains, encore très présents dans les villes à l'époque romane.
A l'extérieur, il reste de l'église romane l'élévation nord du collatéral et les absidioles. Le mur nord est rythmé par quatre hautes arcades en plein cintre dans lesquelles s'inscrivent les ouvertures éclairant la crypte et le choeur surmontée d'un oculus. La quatrième arcade, plus étroite marque la transition avec l'ancienne abside dont il subsiste l'absidiole.
Les fenêtres sont séparées par un bandeau qui court sur les absidioles. Celles de la crypte ont été aménagées au niveau du sol. L'arc qui les surmonte est ornés de motifs géométrique, come celui des baies hautes du choeur.
L'absidiole nord-ouest est rythmée par de hautes des colonnes montant jusqu'à la corniche. L'élévation est divisée en trois niveaux : les baies de la crypte, les fenêtres alternant avec des arcades au niveau intermédiaire et, sous la corniche, une petite arcature aveugle en plein cintre.
La chapelle d'axe gothique est contrebutée par de gros contreforts venant consolider les angles de chaque pan.
Au nord-ouest, le clocher de style gothique flamboyant est construit selon un plan carré. Les quatre étages sont sommés d'une flèche en pierre reconstruite au 19e siècle ; elle est flanquée de quatre clochetons. La tour est consolidée par des contreforts d'angle à ressaut ornés de pinacles.
Précisions sur le décor Les chapiteaux de la crypte présentent un décor végétal riche : rinceaux, palmettes, feuilles d'acanthe. Les chapiteaux du choeur sont ornés de lions, de griffons et de sirènes. Les chapiteaux de la croisée du transept sont décorés de végétaux, d'animaux, de personnages. L'un présente la pesée des âmes, un autre Daniel entouré de lions.
Détail de la description
Toits |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Lion ; griffon ; oiseau ; feuillage ; palmette ; feuille d'acanthe ; rinceaux ; Daniel dans la fosse aux lions ; le Pésement des Âmes |
Informations complémentaires
L'église Saint-Eutrope à Saintes était une vaste église de pèlerinage située sur le chemin allant de Tours à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il en subsiste aujourd'hui la crypte et le chœur, qui conservent de remarquables chapiteaux sculptés inspirés de l'art antique. L'église est inscrite sur la liste du patrimoine mondial au titre des Chemins de Saint-Jacques.
Eutrope aurait évangélisé la Saintonge au cours du 1er siècle de notre ère et serait mort martyrisé à Saintes. Très tôt, un culte se développe autour de son tombeau. Une église édifiée à l'emplacement de sa sépulture est attestée au 6e siècle. C'est ce sanctuaire que les moines de l'abbaye de Cluny reçoivent en donation en 1081. Voulant remettre à l'honneur le pèlerinage autour du tombeau de saint Eutrope, les religieux clunisiens établissent un prieuré et entreprennent la construction d'une nouvelle église. Les travaux, commencés peu après la donation, s'achèvent au début du 12e siècle.
L'édifice comprend une longue nef, un transept à absidioles orientées, un profond chœur. Celui-ci, réservé aux moines du prieuré, s'élève sur une vaste crypte qui accueille, en 1096, les reliques de saint Eutrope. Les pèlerins peuvent accéder à la crypte en empruntant des escaliers aménagés dans la nef, située à mi-hauteur entre le chœur et la crypte. Saintes étant traversé par un des chemins menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, le sanctuaire devient une étape pour les pèlerins de Saint-Jacques.
L'édifice connaît au 15e siècle un important remaniement : l'abside et le déambulatoire du chœur roman disparaissent lors de l'aménagement d'une grande chapelle gothique ; un haut clocher est édifié sur le bras nord du transept. Mais la principale mutilation subie par l'église date de 1803, quand la nef est détruite. De la grande église Saint-Eutrope ne subsistent plus que les parties orientales : la crypte, le chœur et le transept.
Ces parties conservées sont remarquables par leurs dimensions et par la qualité de l'architecture et de la sculpture. La vaste crypte romane, dont le plan n'a pas été altéré, comprend trois vaisseaux couverts de voûtes d'arêtes, un déambulatoire et trois chapelles rayonnantes. Les voûtes sont portées par de courts et puissants piliers à chapiteaux sculptés. Ceux-ci sont ornés de compositions végétales, à l'exception d'un chapiteau, décoré de têtes humaines. Les artistes romans sculptent des palmettes, des acanthes, des rinceaux... Les schémas de composition, variés, sont souvent marqués par la symétrie. Les feuillages recouvrent fréquemment les angles et envahissent la totalité de la corbeille. Ils sont parfois disposés sur deux registres superposés. Ces motifs sont issus du répertoire décoratif des monuments antiques, source d'inspiration des sculpteurs des cinquante-trois chapiteaux de la crypte .
L'ancien chœur des moines, qui accueille l'église actuelle, s'élève sur la crypte. Il témoigne de deux périodes de construction. À l'époque romane, le vaste chœur comprend trois vaisseaux de quatre travées droites prolongés par une abside entourée d'un déambulatoire qui ouvre sur trois chapelles. Au 15e siècle, l'abside et le déambulatoire sont remplacés par une vaste chapelle gothique. Dans la partie romane, le décor de feuillages inspirés de l'Antiquité est également très présent, comme dans la crypte. Cependant, trois chapiteaux se distinguent dans cette série végétale ; respectivement ornés de sirènes, de lions et de griffons affrontés, ils présentent des parentés stylistiques avec la sculpture du Poitou.
La sculpture est également présente dans le transept, dernière partie conservée de l'église romane. Les bras du transept ont été remaniés au 15e et au 19e siècles, mais la croisée conserve quatre remarquables chapiteaux romans. D'une toute autre facture que ceux du chœur ou de la crypte, ils sont ornés d'hommes, d'animaux et de végétaux étroitement et souplement entremêlés ou superposés. Deux chapiteaux illustrent deux scènes bibliques : le Pèsement des âmes et
Daniel dans la fosse aux lions.
Ce décor foisonnant est emprunté aux enluminures des manuscrits, autre source d'inspiration des sculpteurs romans.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17037576 |
Dossier réalisé par |
Sarrazin Christine
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Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Pays de Saintonge romane |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2014 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Prieuré, aujourd'hui église Saint-Eutrope de Saintes, Dossier réalisé par Sarrazin Christine, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/7db62c57-6071-4316-809a-85b03ad18496 |
Titre courant |
Prieuré, aujourd'hui église Saint-Eutrope de Saintes |
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Dénomination |
prieuré |
Genre du destinataire |
de clunisiens |
Vocable |
saint Eutrope |
Destination |
église |
Statut |
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Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saintes
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 2014 DI 110