Île du Fagnard ou Île Sans Pain, aujourd'hui Île Nouvelle

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Blaye

De même que l'île Boucheau voisine, l'île Nouvelle apparaît sur les cartes du début du 18e siècle comme un banc de sable limoneux et non encore stabilisé. Afin de renforcer les défenses du verrou de l'estuaire, un projet d'installation d'une batterie militaire y est envisagé en 1815, mais ne sera jamais mis en œuvre. Elle figure pour la première fois comme une île véritable sur la carte des côtes de France dite de Beautemps-Beaupré, levée en 1825, où elle est qualifiée de "Petit Fagnar". Propriété des Domaines, dénommée île du Fagnard sur le plan cadastral de 1832, elle est aussi appelée Île Sans Pain, nom populaire qui lui fut donné en raison des difficultés d'approvisionnement en hiver. Une maison accompagnée d'un bâtiment rural figurent sur le flanc ouest de l'île dès cette époque, à la tête d'une exploitation agricole comprenant essentiellement des terres et des pâturages.

L'île étant menacée de disparition dans les années 1850 en raison de l'érosion due aux courants, les pouvoirs publics interviennent pour assurer sa préservation. Les travaux d'amélioration du chenal de navigation, avec la construction d'une digue reliant Sans Pain avec l'île Boucheau en 1859-1862, puis l'entreprise de remblaiement engagée à l’extrême fin du 19e siècle, contribuent à la fusion progressive des deux îles jusqu'aux années 1950, l'ensemble prenant définitivement le nom d'île Nouvelle.

La viticulture est déjà présente au milieu du 19e siècle sur l'île, mais ce n'est qu'avec son acquisition par Lucien La Fonta en 1866 qu'elle connaît un développement important, consécutif à l'établissement d'une colonie agricole. La prospérité de l'entreprise vaut à son propriétaire d'être le plus fort imposé de la commune de Blaye dès 1875, mais aussi d'être primé au concours général agricole de 1876. Dans un contexte d'essor des vignobles insulaires au moment de la crise phylloxérique, le cru de l'île Sans Pain est mentionné pour la première fois dans l'édition de Bordeaux et ses vins de 1886, alors que les besoins en main d’œuvre font passer en une vingtaine d'années la population de moins de 20 habitants à plus de 80 au début des années 1890, période d'optimum démographique pour l'île. D'autres constructions isolées existent aussi, à cette époque, au sud de l'île.

En parallèle des efforts déployés par les ponts et chaussées pour conforter l'île, l'entretien du débarcadère (ou "peyrat") pour la desserte du village est assurée à titre privé par La Fonta, puis par sa veuve, jusqu'au début du 20e siècle.

Le domaine de l'Île Sans Pain, appelé Château Lafonta, vendu durant la Première guerre mondiale, est possédé par Auguste Ducornet dans les années 1920 (également détenteur d'un domaine sur l'ancienne île Saint-Louis, rattachée depuis à l'île de Patiras), puis par la famille Ducasse jusqu'en 1949.

Après l'abandon de la viticulture dans les années 1950 au profit de l'élevage, suivi par le développement de la maïsiculture dans les années 1970 par la famille Decouzon, les bâtiments sont abandonnés et partiellement ruinés. Rachetée par le Conservatoire du Littoral en 1991, l'île est confiée au Département de la Gironde qui en assure la gestion et la préservation dans le cadre de la politique des "espaces naturels sensibles". Outre le projet de "renaturation" d'une partie de l'île et son ouverture au public, rendue possible par l'installation d'un débarcadère mis en service en 2008, la restauration des bâtiments a également été engagée dans les années 2010.

Périodes

Principale : limite 18e siècle 19e siècle, 2e quart 19e siècle, 2e moitié 19e siècle, 1er quart 21e siècle

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Blaye

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Île Nouvelle

Cadastre: 1832 A2, 2013 AY, AZ, BC

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...