Les maisons et fermes de la commune de Campagne

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Il faut attendre le Xe siècle pour trouver des mentions d’habitats à Campagne. Fondatrice du monastère Saint-Marcel du Bugue, Adélaïde donne au monastère des exploitations agricoles se trouvant sur le territoire de Campagne : les manses de La Muzardie, de La Coutaudie, de La Garrigue, de La Beletie, de La Vergne, de La Teulade et la borderie de Trihols ou Treuïlh.

Plusieurs repaires nobles, avec leur part dédiée à l'exploitation agricole, se sont développés sur le territoire sans doute dès le XIIIe siècle, du moins ont-ils été identifiés à Campagne au XIVe siècle. A cette époque, la paroisse de Campagne se trouvait dans une situation particulière. Certains petits domaines nobles appartenaient à la châtellenie de Bigaroque comme le repaire de La Beletie, les manses de La Teulada, le repaire de Folquier et le repaire de Linars. D’autres appartenaient à des familles qui rendaient hommage aux co-seigneurs de Campagne : c’est le cas du repaire des Muscles, propriété de Grimoard et de Géraud de Muscles, et du repaire de Luziers appartenant à la famille du même nom. Le repaire de Grèzes ou de Bretenoux, propriété de Lalgier de Bretenoux, rendait hommage quant à lui à l’évêque de Sarlat. Le territoire de Campagne semble ainsi divisé entre ces deux seigneurs au XIVe siècle.

La guerre de Cent Ans a fortement touché Campagne. Tout comme le château, certains hameaux ont été détruits : Les Grèzes de Bretenoux près de La Fage, Le Treuil, Nabinals, et Les Salles près de La Vergnolle. D’autres ont dû subir d'importants dommages : les nombreux vestiges du XVIe siècle retrouvés en place ou en remploi dans les fermes et maisons de Campagne (15%) reflètent en creux des destructions, et témoignent de l’importante phase de reconstruction qui a suivi la guerre de Cent Ans. Si de nombreuses traces du XVIe siècle subsistent, leur conservation n’est que partielle : il semblerait que beaucoup de bâtiments de ce siècle aient ensuite connu d'importantes modifications. Ainsi les portes et fenêtres à chanfrein droit du XVIe siècle se mêlent-elles le plus souvent à des aménagements postérieurs.

De nombreuses fermes et maisons ont été construites ou modifiées au cours du XVIIIe siècle, comme en témoigne l’usage de portes et fenêtres à linteau délardé en arc segmentaire. Plusieurs dates portées confirment et précisent cette période : dix dates ont été gravées sur des fermes ou maisons de Campagne au XVIIIe, pour la moitié au cours du troisième quart du siècle qui semble être une période très favorable au développement de Campagne.

Au XIXe siècle, Campagne semble avoir connu une phase de reconstruction, particulièrement dans certains hameaux comme La Faravie. Plus d’un quart des fermes et maisons repérées dans la commune de Campagne datent de cette époque. S’ajoutant aux indices architecturaux (linteaux droits, pierres de taille taillées mécaniquement, etc.), de nombreuses dates portées témoignent de cette expansion : trente ont été gravées au cours de ce siècle, dont douze dans le dernier quart. Campagne semble ainsi avoir changé de visage à la fin du XIXe siècle : des fermes ont été agrandies et de nombreuses dépendances ont été construites ; les matériaux de couverture ont également changé au cours de ce siècle, la lauze sans doute majoritairement présente autrefois est remplacée par des tuiles plates ou mécaniques.

La phase de travaux se poursuit au XXe siècle. Dix-sept dates portées gravées au XXe siècle sont visibles à Campagne, et un nombre conséquent de nouveaux bâtiments ont été construits, principalement vers le sud de la commune, autour du Muscle. Si de nouvelles constructions émergent, certains hameaux sont à l’inverse abandonnés dès le début du XXe siècle, tels que Les Rauges, Castaneyrol et Poulverouse qui ne subsistent aujourd'hui qu'à l'état de ruines.

Bien que certains propriétaires habitent à l'année à Campagne, il semblerait que de nombreuses fermes et maisons soient aujourd'hui des résidences secondaires, habitées ponctuellement.

Périodes

Principale : 16e siècle

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

Le nombre de 105 fermes et maisons repérées à Campagne, assez conséquent, permet d’esquisser quelques tendances générales.

Les fermes sont principalement localisées dans des écarts (64%) ou isolées (28%). Le logis, souvent de taille réduite, est généralement isolé des dépendances, situées à côté ou en face. Les dépendances les plus fréquemment visibles à Campagne sont des granges-étables, des porcheries, des poulaillers et des séchoirs à tabac. Quelques exemples, plus rares, de fours à pain, d’écuries, de bergeries, de pigeonniers, de chais, de remise, de puits et de hangar s’observent également. L’immense majorité des maisons de ferme ne comprennent qu'un rez-de-chaussée, tandis qu’un petit nombre possède un étage (moins d’une dizaine). Les combles sont aménagés dans 40% des cas, servant parfois de pièces d’habitations mais faisant plus fréquemment office de grenier. Certains ont pu servir de séchoirs à tabac auparavant, comme en témoignent les ficelles ou fils de fer pendus retrouvés dans certaines charpentes. Quasiment un tiers des fermes reposent sur des caves ou des niveaux de soubassement, qui rachètent souvent le dénivelé du terrain.

Les maisons de ville (12,4%) sont concentrées dans le bourg de Campagne. De tailles réduites, elles possèdent souvent un étage, parfois deux.

Le matériau de gros-œuvre des fermes et des maisons est principalement le moellon de calcaire, généralement raidi par des chaînages et des encadrements de baies en pierres de taille. Un enduit partiel est souvent appliqué pour protéger le moellon des intempéries. Les toits sont quasiment tous à longs pans, avec parfois des croupes (18%). Présentant souvent une forte pente, de nombreuses charpentes ont probablement été conçues pour supporter de la lauze (31% ont été repérées). Seules 5,2% ont conservé des rangs de lauzes, qui ne recouvrent jamais totalement le toit mais sont concentrés en partie basse. Les toits sont aujourd’hui majoritairement faits en tuiles plates (55%) ou en tuile mécanique (37%). Certaines maisons et fermes présentent plusieurs types de tuiles associés.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

  3. Revêtement : enduit partiel

  4. Revêtement : enduit

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