Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Le hameau de Caillaude n'existe pas encore sur la carte de la région par Claude Masse en 1720. A cette date, la digue a été abandonnée un demi-siècle auparavant, le dessèchement des marais de Boëre, à l'est de la digue de Chalogne, ayant échoué. Lorsque le dessèchement est repris, cette fois avec succès, entre 1774 et 1778, la digue est édifiée. Comme le montrent un plan de partage des marais de Boëre vers 1780 puis le plan cadastral de La Ronde en 1812, quelques habitations commencent, en cette fin du 18e siècle, à se fixer à cet endroit, sur la digue, à l'abri des inondations, de part et d'autre de la tête du canal de Caillaude et du chemin qui le longe. La hameau se développe tout au long du 19e siècle et apparaît dès lors bien plus étendu sur le plan cadastral de La Ronde de 1867. Ce développement est facilité par le fait que la digue n'appartient pas, comme dans le cas général, au syndicat des marais (ici celui de Boëre), mais est divisée en autant de parcelles que de propriétaires.

Les habitations sont groupées sur la digue, le long du sentier qui l'emprunte et qui fait l'objet, à plusieurs reprises, de contentieux entre les habitants de Caillaude et la Société des marais de Boëre. Dans les années 1860-1870 notamment, ces litiges tournent autour du droit d'emprunter la digue, de la transformer en chemin public, ou encore de barrières établies frauduleusement alors que le passage doit rester libre. Les habitants de Caillaude sont aussi vigilants quant au niveau d'eau dans le canal de ceinture extérieure qui passe au pied de leur maison, les approvisionnant en eau et leur permettant de se déplacer en bateau. En 1859, ils adressent ainsi une pétition au préfet de la Charente-Inférieure contre l'établissement par leurs voisins des marais mouillés d'un barrage à poutrelles dans le canal, en amont du village, barrage à l'origine de la baisse du niveau d'eau dans le canal au pied de leurs habitations. En 1955 encore, les habitants de Caillaude se plaignent de l'envasement de la route d'eau qui dessert les marais mouillés au nord, seul accès à leur hameau faute de véritables chemins.

Dans les années 1960, le caractère stratégique du hameau par rapport aux marais desséchés est accentué par la construction de la station de pompage qui permet de mieux évacuer l'eau des marais de Boëre.