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Manoir dit le Logis, actuellement hôtel dit le Domaine de Saint-Palais
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Palais-sur-Mer
Historique
Une ancienne demeure seigneuriale
Cet ancienne demeure seigneuriale était le siège de la seigneurie de Saint-Palais, relevant de la baronnie de Royan. Sa première mention date du 26 septembre 1340, lorsque Marie, dame de Saint-Palais, épouse d'Amant Seschaut, rend aveu à Robert de Matha, seigneur de Royan, pour tous les biens qu'elle possède dans la châtellenie de Royan, dont son "arbergment assis en la paroisse de Saint Palays" et son fief "de Puyrevel".
La seigneurie reste ensuite dans les mains de la famille Seschaut, et vers 1460, Jeanne de Courbon, petite-fille d'Alix Seschaut, épouse Jehan Vidault de Chassaigne en lui apportant Saint-Palais. En 1548, leur fils, jean Vidault de Romefort conduit la révolte de la gabelle sur ses terres d'Arvert. Sa fille, Catherine apporte en 1526 Saint-Palais à son mari, François Le Fourestier ; leur petite-fille, Marie Le Fourestier, protestante, fait de même en 1595 envers son troisième époux, Claude de Marin, seigneur de La Vigerie.
C'est probablement à cette époque (fin du 16e siècle) qu'est édifiée la partie la plus ancienne du logis actuel, soit la tour d'escalier polygonale accolée au nord, ainsi que l'aile est, dite "des fermiers", flanquée de contreforts plats. Se poursuivant au 17e siècle, les travaux aboutissent aussi probablement à la construction d'un pavillon de plan carré, dans l'angle nord-ouest de la cour, à la jonction entre l'aile de communs et le logis. Couvert d'un haut toit en pavillon, cet édifice est visible depuis la Gironde, au point qu'il sert d'amer ou de repère pour la navigation.
La seigneurie, dont dépendent plusieurs terres et deux moulins à vent, reste la propriété de la famille de Marin jusqu'au milieu du 18e siècle. Cette famille acquiert aussi, en 1677, le domaine de Chapître, à Arces-sur-Gironde. Vers 1709, l'ingénieur du roi Claude Masse, cartographe de la région, parle du Logis de Saint-Palais comme d'une "assez jolie maison" mais auxquelles les dunes de sable, qui avancent depuis le nord-ouest, "portent ombrage". En 1761, la seigneurie de Saint-Palais passe par mariage à Messire Charles de Couvidou, époux de Marie Hippolyte de Marin, héritière de Joseph de Marin (1679-1755).
Le Logis est alors en mauvais état et des travaux sont entrepris pour refaire les planchers, les ouvertures, les charpentes et les cheminées. La pose du cadran solaire sur l'aile des fermiers, en 1775, marque peut-être la fin de ces travaux. La disposition intérieure actuelle du logis (un couloir entre deux grandes pièces) et son décor de boiseries et de cheminées remontent probablement à cette époque. A la fin du 18e siècle (et comme le montre un plan de 1824), la façade, longue de 36 mètres, présente cinq travées d'ouvertures, avec une porte décentrée surmontée d'une corniche, plus deux autres travées à l'est (sans compter le logement des fermiers). Derrière la porte, le couloir central qui existe encore de nos jours comprend un escalier. A gauche en entrant, un salon contient la cheminée du 17e siècle toujours en place.
Au début du 19e siècle, un domaine en bord d'estuaire
Lorsque éclate la Révolution, les Couvidou sont toujours propriétaires du Logis de Saint-Palais. Leur fils ayant émigré, Charles Couvidou, son épouse et leur fille Marie-Henriette sont emprisonnés et leurs biens saisis. Dressé le 20 janvier 1794, un inventaire des biens se trouvant au Logis de Saint-Palais fait état de quelques meubles, de troupeaux de bovins et d'ovins, de deux "chaudières à eau-de-vie" et de 21 barriques de vin, témoins d'une importante activité viticole. Libérée en août 1795 avec son père, après la fin de la Terreur et après que sa mère soit décédée en prison, Marie-Henriette Couvidou ne retrouve la propriété du Logis qu'en 1801, au terme d'une longue procédure. Son père est maire de Saint-Palais de 1803 à 1807.
Le 10 juillet 1812, Marie-Henriette Couvidou, mariée en 1804 à Louis Marie Ancelin de Saint-Quentin (maire de Saint-Palais de 1807 à 1813), vend le domaine à Guillaume Besse, négociant à Royan. Le domaine comprend alors "un grand corps de bâtiments, composé de maison de maîtres et de métayers, chais, granges, écuries, hangars, cour, fuie", un jardin et un bois de chêne, ainsi qu'un moulin à vent au hameau de Puyraveau. Le plan cadastral de 1839 montre les lieux, soit : une vaste cour, fermée à l'ouest, au sud et à l'est par des ailes ininterrompues de communs et de dépendances, avec une entrée par le nord-est (là où se trouve encore le portail) ; un pigeonnier rond dans l'angle sud-ouest de ces bâtiments ; enfin, le logis au nord de la cour, flanqué de la vieille tour polygonale et prolongé à l'est par le logement de fermiers.
En 1824, un contentieux oppose Guillaume Besse à l'Etat au sujet du corps de bâtiment carré, à deux étages, couvert d'un toit en pavillon, qui occupe alors l'angle nord-ouest de la cour, à la jonction entre le logis et l'aile ouest de communs. Ce bâtiment, haut de 17 mètres et visible depuis l'estuaire de la Gironde, fait partie du dispositif de signalement de la côte au profit des navigateurs. Or, il menace ruine et Guillaume Besse, qui n'habite pas sur place et n'entretient que les bâtiments d'exploitation, montre peu d'empressement à reconstruire ce pavillon. Désireux de ne plus dépendre d'un propriétaire privé, l'Etat décide alors de construire un nouvel amer, au sud-est du Logis de Saint-Palais. Quant au pavillon d'angle, n'ayant plus d'utilité générale, il disparaît probablement à cette époque. C'est à l'occasion de ce contentieux que l'ingénieur Alexandre Potel établit un plan du Logis de Saint-Palais, le 24 juillet 1824.
Après Guillaume Besse, décédé en 1845, le Logis échoit à son gendre, Pierre Juillard, chirurgien et maire adjoint de Royan, dont la fille, Coralie épouse en 1850 Louis Antoine Nau, avocat au barreau de Paris puis notaire à Royan. Délabré, le logis est remis en état par celui-ci, puis et surtout, dans les années 1890-1900, par son gendre, Daniel Lusseau, notaire à Saint-Fort-sur-Gironde.
Un domaine transformé à la fin du 19e siècle et au début du 20e
Sous l'impulsion de ce dernier, les dépendances agricoles sont reconstruites (avec création d'un passage au sud de la cour), la partie est du logis est restaurée, de même que le logement des fermiers. Le matériel agricole est renouvelé et de nouvelles vignes sont plantées tout autour du logis, relevant le domaine après la crise du phylloxéra. En 1902 et 1903, Lusseau fait appel à l'architecte Georges Naud, de Saintes (peut-être son parent ?), pour reconstruire la façade du logis principal. L'ancienne façade des 17e-18e siècles fait alors place à une élévation monumentale de style Louis-XVI. Les travaux sont réalisés par l'entrepreneur Cyprien Fougère, de Saint-Palais. Par la même occasion, à l'intérieur, l'escalier qui se trouvait dans le couloir central est transféré dans la tour polygonale. La fin de ces nombreux travaux est peut-être marquée par la pose de la cloche de service, sur le logement à gauche du logis principal, le 30 août 1912 ; baptisée "Elisabeth", elle est signée par le fondeur de cloches Louis Bollée, d'Orléans.
Après Daniel Lusseau, le Logis de Saint-Palais échoit à son gendre, Auguste Maurice Nappée, ingénieur agronome, puis au fils de celui-ci, Henri Nappée, ingénieur des études et de l'exploitation de l'administration civile. Vendu, le Logis de Saint-Palais est restauré en 2006 et transformé en hôtel trois étoiles appelé "le Domaine de Saint-Palais".
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e moitié 16e siècle, 17e siècle, 3e quart 18e siècle, 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle |
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Dates |
1775, porte la date 1903, daté par travaux historiques |
Auteurs |
Auteur :
Naud Georges, architecte (attribution par travaux historiques) Auteur : Fougère Cyprien, entrepreneur (attribution par travaux historiques) Auteur : Bollée Louis André Gabriel, fondeur |
Description
Le Logis de Saint-Palais est situé à l'ouest de la commune, en limite avec la forêt. Ses bâtiments forment un vaste quadrilatère autour d'une cour. Au sud et à l'ouest, ces bâtiments abritaient des communs et des dépendances agricoles (écurie, étable, porcherie, chai...). Dans l'angle sud-ouest se trouvait un pigeonnier rond, disparu au 19e siècle. L'alignement sud des anciennes dépendances est interrompu par un passage, créé à la fin du 19e siècle. L'aile ouest se termine, au nord, par un logement, relié au logis principal.
Celui-ci occupe le côté nord de la cour. Il présente sa façade monumentale de style Louis-XVI, élevée en 1903 contre un corps de bâtiment plus ancien (17e-18e siècle). D'une grande sobriété, cette façade, toute classique, est scandée par des pilastres, par un avant-corps central et par cinq travées d'ouvertures. Elle est couronnée par un faux garde-corps ; orné d'acrotères, il masque le toit, à l'image d'une demeure italienne. L'avant-corps central est surmonté d'un fronton. Les cinq travées sont sobrement marquées par des encadrements saillants et des pleins de travées appareillés. Une tour polygonale et arasée (16e siècle ?) est flanquée contre le mur nord du logis.
A l'intérieur, le rez-de-chaussée du logis principal, simple en profondeur, s'organise en deux vastes pièces de chaque côté d'un couloir, orné de boiseries et qui devait à l'origine abriter un escalier. Une cheminée du 17e siècle se trouve dans la pièce de gauche, et une autre, d'époque Louis XV, dans celle de droite, avec des boiseries. Placé dans la tour polygonale, un élégant escalier en pierre et à garde-corps en ferronnerie (19e siècle) donne accès à l'étage. Là, une chambre présente une alcôve en menuiserie, ornée d'une coquille et de fleurs, également d'époque Louis XV.
Le logis principal se prolonge à l'est par un autre corps de bâtiment habitable, double en profondeur. Malgré quelques remaniements au 19e siècle (encadrements des ouvertures), sa façade présente sans doute le même aspect qu'au 18e siècle, le même aussi que la façade du logis principal avant sa reconstruction en 1903. A l'intérieur, l'une des pièces abrite une cheminée d'époque Louis XVI.
Au-delà, vers l'est, l'alignement se poursuit par un ancien logement de fermiers, caractérisé par les contreforts plats qui en soutiennent le mur sud. Le rez-de-chaussée est percé d'ouvertures à linteau mouluré (fin du 19e siècle), dont l'une donne sur un passage couvert qui rejoint l'arrière du bâtiment. Au-dessus de ce passage, un cadran solaire porte la date 1775. Un amortissement, orné d'un fronton, est observé au-dessus de la corniche, à la jonction entre le logis et le logement de fermiers. Enfin, après cet ancien logement, un portail à piliers maçonnés, encadré de deux portes piétonnes couvertes, ferme la cour ; avant la création du passage sud au 19e siècle, il s'agissait de l'entrée principale du domaine.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
1 étage carré |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17046799 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Manoir dit le Logis, actuellement hôtel dit le Domaine de Saint-Palais, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/9b13fd6e-287c-43e4-95a3-b0bed8c70a5e |
Titre courant |
Manoir dit le Logis, actuellement hôtel dit le Domaine de Saint-Palais |
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Dénomination |
manoir demeure |
Parties constituantes non étudiées |
cour dépendance écurie porcherie chai étable portail logement |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Palais-sur-Mer , 50 rue du Logis
Milieu d'implantation: isolé
Cadastre: 1839 F 2, 2009 BC 9