Chapelle, puis église paroissiale de la Sainte-Trinité

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Laruns

Fondation d'une chapelle thermale

S'il est certain qu'il y eut un lieu de culte - probablement précaire - catholique et protestant sur le site des Eaux-Chaudes dès lors où il fut fréquenté par la cour de Navarre au 16e siècle, l'autorisation de bâtir une chapelle sollicitée par les jurats de Laruns est délivrée par Jean de Gassion, président du Parlement de Navarre, le 20 novembre 1654. Cette requête est assortie d'une demande de financement également obtenue, le seul engagement matériel de la communauté étant la mise à disposition du terrain. Le comte de Gassion estime qu'une chapelle constituera "un grand ornement" pour la station, mais aussi "un grand avantage" à l'attention des baigneurs.

Une chapelle à un vaisseau unique et chevet plat est donc érigée près des cabanes de bains et des sources, le long de la première route conduisant vers Gabas et l'Espagne - actuelle voie passant entre la résidence Beauséjour et l'hôtel Baudot, parallèle à la route nationale. En 1732, un arrêt du Conseil d’État à l'initiative du roi Louis XV ordonne la construction d'un corps de caserne et d'une chapelle à destination des officiers et soldats blessés en puisant dans le Trésorier de l'Extraordinaire de Guerre. Il est possible que l'édifice originel ait donc été reconstruit à cette occasion. Des améliorations y sont ensuite apportées, notamment avec la construction d'une balustrade en 1740.

Reconstruction sous la Restauration et la Monarchie de Juillet

La chapelle est fortement remaniée, voire presque entièrement reconstruite, pour la somme de 12.500 francs, en 1827 d'après les plans et le projet de l'ingénieur Cailloux signés le 12 mars et validés le 25 mars de la même année. D'après les délibérations du conseil municipal, la nouvelle construction doit empiéter sur la propriété Dumoulin (futur hôtel Beauséjour). La chapelle adopte encore des formes simples conditionnées par la modestie des ressources financières (quoique l'investissement soit conséquent pour une communauté rurale), mais elle s'inspire manifestement du parti néoclassique officiel également choisi pour la chapelle d'Eaux-Bonnes durant la même période et pour l'établissement thermal des Eaux-Chaudes une douzaine d'années plus tard. La chapelle bénite par le curé Loustau le 17 octobre 1828 est consacrée à l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.

A cette époque, l'entrée est facilitée par un perron et protégée par un petit porche ouvert, composé d'un fronton à l'antique porté par deux colonnes. Le porche est dominé par une croix en pierre tandis que la nef est percée de huit baies en plein-cintre et que le comble est doté d'une fenêtre circulaire. Les murs sont couverts d'un crépis de mortier et d'enduits à l'épervier. Un carrelage doit alors recouvrir l'intégralité des sols du premier niveau (porche, nef, sanctuaire) alors que l'étage et la sacristie sont dotés d'un plancher en sapin. En ce qui concerne les décors, les plafonds se composent, à cette époque, de dix-huit caissons (observables sur les cartes postales du début du 20e siècle) garnis de rosaces de 80 cm de diamètre. Des frises unies sont également réparties autour de la nef. A l'extérieur, trois couches de peinture à l’huile de lin et au blanc de céruse rehaussent la corniche. Le sanctuaire, fermé par une grille en fer, est doté d'un autel de style néoclassique.

Cette nouvelle chapelle, pourtant dédiée au culte catholique et desservie par le curé de Laruns, semble surtout fréquentée par les Anglais de culte réformé - du moins jusqu'à la construction du temple protestant dans les années 1860 -, ce que signale l'un des guides des années 1840.

Une église trop petite sans curé attitré et dépourvue de presbytère

Malgré ces travaux importants, le médecin thermal Izarié signale dès 1852 "l'irrégularité et la mesquinerie" du service religieux face à la fréquentation grandissante de la station. Il réclame ainsi la nomination, au moins pour la saison thermale, d'un aumônier attitré mandaté par l’Évêché de Bayonne, ce qui pourrait également profiter aux habitants de Goust et de Gabas. Izarié interpelle directement les autorités ecclésiastiques et rencontre l’évêque d'Oloron à ce propos. Il demande par ailleurs au conseil municipal de voter immédiatement la mise à disposition d'un logement et une somme de 300 francs à verser au futur curé et, en parallèle, il prie l'évêque de solliciter 350 francs au ministère des Cultes. En 1854 puis en 1857, dans ses rapports annuels sur la saison thermale, Izarié évoque le logement provisoire du curé situé au deuxième étage de l'établissement thermal, dans une chambre initialement réservée aux curistes. Mais surtout il souligne systématiquement l'exigüité de la chapelle et la nécessité urgente de procéder à son agrandissement, car la moitié des fidèles sont tenus d'assister à la messe depuis le parvis.

Des travaux sont réalisés de 1865 à 1875 même s'ils n'atteignent pas l'ampleur escomptée par Izarié. Le mobilier néogothique est vraisemblablement installé à cette époque. La baronne de Brienen, personnalité qui séjourne dans la station tous les ans dès 1860 et était liée à la fondation de la chapelle des Réparatrices à Pau, fait également de nombreux dons (une messe en l'honneur de sa fille défunte est célébrée dans la chapelle en 1882). Les décors et le mobilier de l'édifice, désormais élevé au statut d'église, doivent ainsi beaucoup aux divers mécènes qui fréquentent la station.

Les travaux, appelés de ses vœux par le médecin thermal, ne sont finalement achevés que vingt ans après sa requête. L'église est dotée de verrières en 1872 et en 1880, de peintures murales (détruites) par l'abbé Xavier Montaut d'Oloron en 1889. Le projet d'un clocher-porche, envisagé dès lors, dressé par le surveillant de travaux de la commune Loumiet, est approuvé en 1884 par le conseil municipal à l'unanimité - car il est jugé "d'utilité publique" -, pour la somme de 530 francs. Un second vote la même année octroie 205 francs pour l'entretien du culte en faveur de la fabrique de l'église, dont les ressources sont insuffisantes. La commune renouvelle son aide à hauteur de 150 francs en 1889. L'église avec son clocher figure sur la maquette de la station thermale.

En 1892, le curé est toujours logé dans l'établissement thermal. Les fermiers des eaux Béchat et Cazaux, adjudicataires entre 1891 et 1897, s'insurgent et intentent un procès contre la commune, qui est condamnée. Cette dernière, en concertation avec l’évêché de Bayonne, s'accorde pour déménager le "presbytère" et l'installe dès lors au sein d'une ancienne pension pour voyageurs de la route nationale, acquise ultérieurement par la municipalité. Jusqu'en 1914, la paroisse des Eaux-Chaudes, consacrée à la Sainte-Trinité, est tour à tour dirigée par les curés Pédeupé (1890-1895), Trille (1895-1903), Teilh (1903-1906) et Lescarboura (1906-1914).

Dans la première moitié du 20e siècle, une carte postale montre que l'intérieur de l'église était orné d'une riche décoration, totalement différente d'aujourd'hui. Suite à la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905, les biens ayant appartenu à la fabrique des Eaux-Chaudes sont attribués au Bureau de Bienfaisance de Laruns le 3 janvier 1910. Après la Seconde Guerre mondiale, l'histoire de la paroisse est marquée par la personnalité du Père Maysonnave qui, outre ses fonctions pastorales, est également sculpteur. La fréquentation de l'église a décliné avec la diminution de la population et la baisse de l'activité thermale dans les deux dernières décennies du 20e siècle, le dernier baptême ayant eu lieu en l'an 2000.

Périodes

Principale : 3e quart 17e siècle (détruit)

Principale : 2e quart 18e siècle (détruit)

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1654, daté par source

1732, daté par source

1827, daté par source

1884, daté par source

Auteurs Auteur : Cailloux Pierre Raymond

Actif dans les Basses-Pyrénées, notamment aux Eaux-Bonnes et aux Eaux-Chaudes, dans la seconde moitié du 19e siècle.

, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Loumiet

Surveillant de travaux aux Eaux-Chaudes dans la seconde moitié du 19e siècle.

, maître d'oeuvre (attribution par source)
Auteur : Montaut Xavier

L'abbé François Xavier Montaut (Oloron, 29 septembre 1833 - 13 novembre 1892) est le fils de Françoise Quérillacq (1806-1871) et de Paul Montaut (1806-1867), fondateur de l'atelier familial de peinture à Oloron-Sainte-Marie, lui-même issu d'une lignée de peintres-doreurs et graveurs. L'abbé, successeur de son père, crée une succursale à Pau et étend l’activité de la maison au vitrail et au mobilier religieux. A sa mort, son frère et collaborateur Auguste lui succède à la tête de la maison. Décors de Xavier Montaut dans les Pyrénées-Atlantiques : Sauveterre-de-Béarn (1872), Abère, Accous, Arbouet, Navarrenx, Bedous, Béguios, Orègue, Sarrance, Espiute, Esquiule, Eaux-Bonnes (vers 1876-1884), Simacourbe (1884), Lasseube (1886 et 1888), Urdos (1887-1889), Osse-en-Aspe (1887), Eaux-Chaudes (1889, détruit), Sainte-Marie d'Oloron, Lescun, Montfort, Gotein-Libarrenx (1892), Mauléon (1892-1893, achevé par le frère de l'abbé, Auguste Montaut). Hors du département basco-béarnais, l'abbé Montaut exécuta notamment en 1885 le décor peint de la chapelle baptismale de l'église Saine-Germaine à Saint-Elix-le-Château (Haute-Garonne), en grande partie copié d'après des gravures de Julius Schnorr von Carolsfeld.

, peintre (attribution par source)
Personnalite : Brienen Philippine Mathilde Eugénie Marie Ghislaine baronne de

Née à Bruxelles le 16 juin 1833 et morte à Biarritz en 1903, fille du baron Léon Joseph Ghislain van der Linden d'Hoogvorst (1812-1891) et de Marie Philippine Élisabeth de Wal d'Anthinnes (1810-1853), et petite-fille du général Emmanuel Constant Prime Ghislain van der Linden, baron d'Hooghvorst (1781-1866), héros de l'Indépendance belge. Elle épousa à Bruxelles, le 20 avril 1852, le baron Henri-Jean de Brienen (1826-1854), chambellan honoraire du roi des Pays-Bas. La baronne de Brienen finança après 1882 les travaux de construction de la chapelle du couvent des Réparatrices à Pau, où sa fille unique Marie-Caroline (1853-1882) avait pris le voile et où elle fut inhumée à son tour en 1903.

, donateur (attribution par source)

L'église des Eaux-Chaudes se compose d'un vaisseau unique terminé par un chevet à trois pans et un clocher-porche. En raison des contraintes du terrain escarpé et du chemin traversant l'agglomération, elle n'est pas orientée vers l'est mais vers le sud-ouest. Malgré ses proportions modestes, la construction est relativement soignée et allie les influences nationales et le mode constructif vernaculaire. Les élévations, y compris pour le clocher, sont systématiquement rehaussées par des chaînes d'angle en pierre gris clair ainsi qu'un bandeau situé à mi-hauteur et une corniche sommitale. Les murs de parement sont couverts d'enduit ou de crépis.

Les références néoclassiques se manifestent surtout par les baies en plein-cintre garnies de verrières ceinturant la nef et le chevet, mais aussi par les portes du porche adoptant la même forme. Ce parti pris renvoie de toute évidence à l'établissement thermal voisin, créant ainsi une cohérence et offrant au lieu de culte un caractère à la fois officiel et haut de gamme. Au-dessus de la porte d'entrée frontale, le clocher-tour, masquant en partie l'ancienne façade à pignon avec son fronton triangulaire à l'antique, est percé d'un oculus quadrilobé au premier étage et couronné du niveau de beffroi ajouré de baies plein-cintre ; il est également doté d'une horloge au deuxième étage.

Le clocher-tour ouvre sur un porche couvert puis sur la nef. L'escalier à gauche de l'entrée permet d'accéder à la tribune en charpente, où se trouvent un harmonium et l'accès au clocher. Le sanctuaire n'est pas situé à l'extrémité du chevet, lequel abrite la sacristie, mais dans la dernière partie de la nef clôturée par une cloison de deux mètres de hauteur laissant apprécier tout le volume du vaisseau. Les murs sont couverts d'un badigeon tandis que le plafond est orné d'un lambris peint. Le sol est entièrement revêtu d'un dallage en pierre d'Arudy.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Plans

plan allongé

Étages

étage de comble

Couvrements
  1. lambris de couvrement
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe polygonale

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier en équerre

    Structure : en charpente

Décors/Technique
  1. vitrail (étudié)

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Laruns , Place de l' Église

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Eaux-Chaudes

Cadastre: 2018 BE 11

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...