Chenal de Mérignac

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Marennes

Le chenal est indiqué sur les cartes anciennes. La carte de Cassini de la 2e moitié du 18e siècle montre un chenal sinueux avec plusieurs bras qui s'étalent sur l'estran vaseux de l'océan. La Carte du Ché à Brouage datant du 18e siècle le signale sous le nom de chenal de l'Epine ou d'un-Denier. Un plan de la seigneurie d'Hiers et Brouage dressé en 1770 en montre déjà le tracé canalisé (projet ?).  

Le 18 mars 1714, le commissaire Bouthillier est missionné par le contrôleur général des finances Nicolas Desmarets afin de "dresser procès verbal de l'Etat et quantité des marais sallants des paroisses d'Hiers et Brouage et des sels trouvez existants sur chacun d'iceulx marais" (Cf Th. Sauzeau, dir. Normand, 2013, p. 59). Il indique que le fonds du marais est totalement improductif. Les salines sont limitées au quart sud-ouest du marais. Les marais salants sont encore en activité le long du chenal de l'Epine (canal de Mérignac).

En 1782, l'intendant Guéau de Réverseaux dresse un plan général de dessèchement de tous les marais proches de Rochefort. Il prévoit l'ouverture d'un grand canal de Saint-Agnant joignant le havre à la mer et qui sera utilisé pour la navigation ; tout un réseau de canaux doit venir drainer les anciens marais et les convertir à l'agriculture. Trois grand canaux sont ouverts : le canal de Saint-Agnant, le canal de Broue et celui de Mérignac. 

Un plan général du Bassin de Brouage [...] dressé par l'Ingénieur en chef du département de la Charente Inférieure, Labretonnière, en 1813, signale le pont d'un-Denier et en amont "l'écluse de Mérignac".

Les plans cadastraux de Hiers-Brouage (1833) et de Marennes (1832) montrent que le canal constitue la limite entre les deux communes : sur une portion, il est distinct du chenal de l'Epine qui poursuit son cours sinueux côté sud.

Employé pour le commerce du sel et autres denrées, il est ainsi décrit en 1839 : "chenal débouchant à la mer à l'entrée des Courreaux d'Oléron. La partie navigable, comprise entre son embouchure et le Pont-d'un-Denier, a environ 3600m de longueur. Arrivé à la mer, il s'ouvre un passage sinueux à travers un platin de vases, sur environ 1200m de longueur ; de simples graves formées avec des pierres et cailloux de délestage, déposés en divers points des rives du chenal servent au chargement des navires (à raison de cet usage les graves sont désignés sous le nom de charges). Il n'existe pas d'autres ouvrages destinés au stationnement, au chargement et au déchargement des navires. Les chargements s'opèrent encore au moyen de planches placées du bord du rivage. Une drague entretenue par les propriétaires des marais sert, tant bien que mal, au curage de ce chenal dont le fond s'exhausse rapidement. Cette drague est un bac-râteau, semblable à ceux employés dans les canaux de dessèchement de l'arrondissement de Rochefort et dans plusieurs ports de la Gironde. Une petite écluse, dite écluse de Mérignac, située à 1200m en amont du Pont-d'un-Denier, contribue aussi à l'entretien du chenal, mais ses effets ne sont bien efficaces qu'en hiver, époque à laquelle les marais gâts fournissent des eaux abondantes [...]. Le chenal de Mérignac est très fréquenté par de petits bâtiments de 2 à 3 tonneaux qui viennent y charger des sels en remontant jusqu'au Pont-d'un-denier. L'enlèvement des sels est la seule opération commerciale qui s'effectue sur ce chenal".

Il a été en partie canalisé sur une portion commune avec le canal de la Charente à la Seudre au milieu du 19e siècle. La jonction avec le canal de la Charente à la Seudre s'effectue au lieu-dit Mérignac, équipé de vannes, d'un syphon et d'un pont tournant en tôle.

La carte d'Etat-major de la 2e moitié du 19e siècle montre la colonisation de l'estran vaseux depuis le 18e siècle : des marais salants y ont été aménagés. Des terres ont ainsi été gagnées sur les eaux au nord, entre le chenal de Mérignac et celui de Brouage, mais également au sud-ouest dans l'anse du Chatain et du Chapus (Bourcefranc). La carte ostréicole de 1883 montre les "terrains concédés et à endiguer". Cette expansion se poursuit au 20e siècle. La comparaison avec une carte de 1950 montre que le secteur à l'ouest de la route menant au port de Mérignac (la Côte Neuve) a été gagné en 100 ans.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

Le chenal de Mérignac est issu du chenal de l'Epine et prend naissance dans la commune de Saint-Just-Luzac. Canalisé, il traverse les anciens marais salants jusqu'à la route départementale 123 où il rejoint le canal de la Charente à la Seudre. Leur cours est commun  jusqu'au site dit de la Buse noire, où les deux canaux divergent : le chenal de Mérignac poursuit vers le nord-ouest en ligne droite. La route de Terre-Fort menant à Frémailloux le franchit avec un pont en pierre, dit pont Nantais. Puis, la route départementale n°3 reliant Marennes à Hiers le franchit au pont d'un-Denier. En aval du pont, une écluse est aménagée : elle est dotée de portes à flot qui permettent de gérer le niveau de l'eau en fonction des marées. Le cours du chenal devient sinueux à partir de cet endroit : il parcourt encore d'anciens marais salants, notamment ceux de Nancras. Un port et un village ostréicole sont installés sur les derniers méandres avant que le chenal ne rejoigne l'océan.

Le paysage de part et d'autre du chenal est caractéristique des marais de Brouage : anciens marais salants, une partie a été convertie en pâturage ou en terres cultivées ; les autres sont utilisées pour l'ostréiculture avec des claires d'affinage qui bénéficient du réseau d'eau du canal. Quelques tonnes de chasse ont également été repérées.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marennes

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Mérignac

Cadastre: (Domaine public maritime ; non cadastré)

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