Maisons, fermes : l'habitat à Lésigny

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Lésigny

Sur les 163 maisons et fermes étudiées, 64 sont antérieures au 19e siècle. Celles qui sont antérieures au 18e siècle, relativement rares, ont fréquemment des ouvertures avec des encadrements chanfreinés. Cet élément a été observé dans onze constructions de la commune. Les angles et les encadrements des ouvertures de ces bâtiments sont aussi le plus souvent constitués de moellons, et non de pierre de taille. Les maisons et fermes du 18e siècle sont plus nombreuses. Les bâtiments sont alors construits couramment avec des baies couvertes en arc segmentaire. Sans compter les marques de crue, douze dates inscrites sur la pierre ont été relevées sur les maisons et fermes de la commune. Trois font référence à une construction au 18e siècle. Il s'agit d'une ferme située place Notre-Dame (1758), de l'ancien logement des Touchardières (1762) et d'une grande maison située dans la Grand-Rue, aujourd'hui divisée en plusieurs habitations (1779). Cette dernière date est accompagnée d'une inscription mentionnant vraisemblablement le commanditaire et l'entrepreneur : "En 1779 Patry a fait faire le logi par Trové". Les neuf autres dates relevées sont comprises entre 1839 et 1905. Ce chiffre est révélateur du grand nombre de constructions réalisées au 19e siècle et au début du 20e siècle. Pour la plupart, il s'agit en réalité de reconstructions car des bâtiments figurent souvent au même emplacement sur le plan cadastral de 1833. La présence de plusieurs carrières de tuffeau à Lésigny peut expliquer en partie cette importance des réédifications au 19e siècle. Cette vague de nouveaux bâtiments est due aussi au maximum de population atteint par la commune au milieu du 19e siècle. Les constructions deviennent beaucoup plus rares après la Première Guerre mondiale, traduisant ainsi la diminution de la population de la commune. Les nouvelles maisons érigées lors des dernières décennies sont principalement des pavillons situés dans les lotissements au sud-ouest du bourg.

Périodes

Principale : 16e siècle

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

Les maisons et les fermes de Lésigny sont essentiellement construites en tuffeau. Dans la majorité des bâtiments, le tuffeau en pierre de taille était utilisé pour les angles et les encadrements des ouvertures, et des moellons de cette même pierre servaient pour le gros oeuvre. Quelques maisons et fermes (24 au total) sont construites en pierre de taille (y compris le gros oeuvre). Elles sont situées dans le bourg et dans les hameaux situés dans la vallée de la Creuse (les Froux, les Basses-Patrières, la Raillière), à proximité des carrières. La présence de silex dans le sous-sol de la commune a conduit les habitants de Lésigny à utiliser cette pierre dans la construction. Quarante maisons et fermes présentent ce matériau sur leurs élévations. Rares dans le bourg, les constructions en silex sont surtout situées sur les deux principaux reliefs de la commune, là aussi à proximité immédiate du lieu d'extraction, au sud-est (Alogny, la Grange, Trainebot) et au sud-ouest (le Carloy, le Coudray, la Pinerie, Mouchaux). Le silex a dans certains cas été employé uniquement pour les soubassements, mais le plus souvent, il est utilisé pour le gros oeuvre, associé au tuffeau en plus ou moins grande proportion. La nature crayeuse de la pierre a favorisé l'apparition d'un grand nombre de décors, de graffiti, de décomptes de sacs de blé, d'inscriptions ou de gravures diverses sur les encadrements des ouvertures. De la même façon, des marques de crue ont été incisées sur la pierre des bâtiments inondés par la Creuse (le Port-d'Alogny). Un cadran solaire a aussi été gravé sur une pierre d'angle d'une grange des Bouquins. La tuile plate semble être le seul matériau de couverture employé à Lésigny jusqu'au début du 19e siècle. À partir du milieu du 19e siècle, l'ardoise est choisie pour couvrir un grand nombre de bâtiments, principalement les plus grandes maisons du bourg. Quelques toitures refaites au 20e siècle sont couvertes en tuile mécanique. À Lésigny, de nombreuses différences peuvent être observées entre les maisons construites dans le bourg et les logements de ferme présents dans les hameaux. Si les matériaux sont souvent identiques, leur mise en oeuvre est par contre très peu semblable. Contrairement aux habitations situées dans les hameaux, les maisons du bourg de Lésigny ont presque toujours un étage. La présence de cet étage s'explique à la fois par la surface moindre au sol, la présence d'activités commerciales ou artisanales au rez-de-chaussée et les moyens parfois plus importants des commanditaires. Parmi ces maisons à étage, près de la moitié ont les ouvertures organisées en travées (alignées verticalement). Une autre différence est la présence d'éléments de décor sur de nombreuses maisons du bourg. Les bandeaux et corniches en pierre de taille ornent les façades et même dans certains cas, toutes les élévations de la maison. Pour éclairer le comble, des lucarnes sont aménagées dans la toiture et ornées de motifs sculptés décoratifs très variés. Plusieurs maisons présentent des lucarnes couvertes d'une plaque de zinc dont la bordure est ajourée à la manière d'une dentelle. La présence en grand nombre de ces bandeaux, corniches et lucarnes ornées est une particularité du bâti de Lésigny, qui se distingue notamment des communes situées au sud des Vals de Gartempe et Creuse, où ces éléments sont quasiment absents. Quelques logements de ferme présentent, d'une manière exceptionnelle, des éléments similaires aux maisons du bourg. Par exemple, deux logements de ferme, au Carloy et aux Basses-Patrières, présentent une corniche et une lucarne sculptée. Un autre à la Pinerie possède un étage. Les logements de ferme sont petits et avant tout fonctionnels. Ils ont un plan plus allongé et un seul niveau habitable. Leur espace intérieur est le plus souvent divisé en deux pièces, mais il ne comprend parfois qu'une seule pièce, notamment pour ceux qui sont antérieurs au 19e siècle. Au-dessus du logement, à l'aplomb de la façade, une porte haute inscrite dans une lucarne en pierre permet l'accès au comble, aménagé en grenier. L'activité agricole était également présente dans le bourg où plusieurs fermes se sont implantées. La Grand-Rue présente plusieurs passages couverts menant à des dépendances, à vocation agricole ou artisanale, situées en retrait de la rue. Les activités agricoles, artisanales ou commerciales induisent donc des différences importantes dans l'organisation des habitations. Deux maisons à escalier extérieur, dites maisons "à balet", situées à la Raillière, présentaient un rez-de-chaussée servant d'entrepôt, probablement pour stocker le vin, l'habitation étant située à l'étage. Les autres maisons à escalier extérieur de Lésigny témoignent d'autres activités : à la Pinotière, l'escalier extérieur mène à un grand grenier au-dessus du logement ; aux Froux, les rez-de-chaussée des maisons "à balet" étaient peut-être des ateliers de tisserands. Une particularité : les fermes à cour carrée. Les 88 fermes étudiées à Lésigny se répartissent assez équitablement : une moitié présente des bâtiments dispersés, l'autre des bâtiments jointifs. La particularité la plus notable est la forte proportion de fermes à bâtiments organisés sur les côtés d'une cour carrée. Parmi les dix fermes correspondant à ce plan, quatre dépendaient autrefois du domaine des Patrières. Deux sont antérieures au 19e siècle et sont appelées "la Pépinière" et "la Basse Pintrière" au début du 19e siècle. Les autres ont été ajoutées par la famille Savatier en 1858 ("le Vivier") et en 1874 ("la Réserve"). Ces dernières implantations témoignent d'une volonté d'exploiter le domaine des Patrières de manière rationnelle et moderne. Ces fermes sont le plus souvent aux mains de propriétaires terriens gérant de grands domaines agricoles. À Fenongue, une grande ferme présente d'imposants bâtiments disposés sur les quatre côtés d'une vaste cour carrée. Cette cour est accessible par un portail à piliers massifs situé dans un angle. Les vestiges d'un portail disparu sont visibles à l'angle opposé, sur le chemin menant au Gué-de-Fenongue. Au fond de la cour, le logement présente une porte de style classique (avec pilastres, couvrement en plein cintre et volutes). À droite de la porte, un oculus éclaire l'escalier en vis. Au Coudray, la cour de la ferme est accessible par un porche couvert surmonté d'un pigeonnier. À la Pinerie, la cour, ouverte par un portail à piles, est entourée par des bâtiments de dimensions plus modestes, mais une immense aile de dépendances, aujourd'hui disparue, figure sur le plan cadastral de 1833. Maisons de notables : Sept maisons de notables, datant toutes du 19e siècle ou du début du 20e siècle, ont été construites dans la commune de Lésigny. Elles sont massives, composées d'un rez-de-chaussée, d'un voire deux étages et sont coiffées d'un toit couvert totalement ou en partie en ardoise, matériau jugé plus noble à cette époque. Elles présentent de larges ouvertures organisées en travées et sont agrémentées d'une cour et d'un jardin. Six de ces maisons de notables sont situées dans le bourg ou dans sa périphérie immédiate. Parmi elles, plusieurs appartenaient à des notaires ou à des médecins. Ainsi, en 1864, Jean-Baptiste Renevier, notaire, fait construire une maison, composée d'un corps central encadré par deux pavillons saillants, rue des Échelles à Lésigny. En 1880, son fils Samuel, également notaire, acquiert une maison dans la même rue et la reconstruit en grande partie en 1901, dans le style néo-gothique. Deux nouveaux corps de bâtiment, percés de fenêtres à meneaux ou décorées d'une accolade, sont joints à la partie non détruite de l'ancienne maison. La plus ancienne, mais aussi la plus grande, est la maison des Basses-Patrières, située au bord de la Creuse au sud-est du bourg. Le domaine des Patrières, qui appartenait au chapitre cathédral de Poitiers, a été vendu comme bien national à la Révolution et acquis par la famille Savatier. Cette famille s'investit durablement dans la gestion du domaine agricole, qu'elle semble vouloir organiser de manière rationnelle. Jugeant le vieux manoir des Hautes-Patrières trop exigu et peu adapté à son mode de vie, Auguste Savatier construit une maison de maître au début des années 1830. Bâtie essentiellement en pierre de taille, composée de deux étages et double en profondeur, elle offre d'importants espaces intérieurs. De nombreuses dépendances (écurie, chapelle, orangerie) sont également construites dans le parc et un puits artésien est aménagé. La maison est agrandie d'un corps de bâtiment couvert en terrasse en 1883. Des dépendances pour la céréaliculture, l'élevage et la viticulture. Les granges, servant à abriter à la fois les animaux, les récoltes et le matériel, sont presque toutes construites selon un plan en longueur, avec la porte charretière sur le mur gouttereau. Une seule grange, à la Pinotière, présente un plan carré et la porte charretière sur le mur pignon. Cette dernière a été reconstruite au 19e siècle. Comme à la Pinotière, les portes charretières des granges sont souvent abritées par des auvents portés par des aisseliers en bois. Plus petites, les étables, écuries et porcheries, en général surmontées d'un grenier accessible par une porte haute, sont des espaces plus spécifiquement réservés aux animaux. Ces dépendances comprennent souvent plusieurs portes, mais les fenêtres sont peu nombreuses et de petite taille. Parfois, devant les porcheries, une cour délimitée par des murets permettait aux porcs de disposer d'un espace extérieur clos. Quelques puits carrés ont été repérés dans la commune. Celui de la Pinerie, implanté au centre du hameau en bord de route, est couvert d'un dôme en pierre. Plusieurs bâtiments témoignent de l'importance de la viticulture à Lésigny autrefois. Une cabane de vigneron existe toujours entre le Magny et la Marquise. Trois autres, aujourd'hui disparues, figurent sur le plan cadastral de 1833 (à la Vigne au curé, à la Hutte et près du bourg). Elles fournissaient au viticulteur un abri pour son matériel et pour lui-même en cas d'intempéries. Deux maisons de vignerons ont été identifiées au Magny et à la Pinerie. Petites, de plan carré, elles sont composées d'un soubassement pour entreposer le vin et d'un niveau habitable au-dessus.

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