Saint-Mandé sur Brédoire : présentation de la commune

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Les premières occupations

Le territoire de Saint-Mandé sur Brédoire a livré quelques indices d'anciennes occupations humaines. Une hache plate à larges rebords et une pointe de lance datées de l'Age du Bronze (mais non contemporaines) ont ainsi été retrouvées à La Sivernerie vers 1925. D'autre part des travaux de terrassement entrepris sur les rives de La Brédoire à proximité du bourg laissent supposer l´existence d´un site troglodyte (cependant sa datation reste aléatoire).

A l´âge du fer, les régions côtières sont bien peuplées, l´extraction du sel étant déjà une importante activité. Le chemin saunier qui existait à Saint-Mandé sur Brédoire et qui passe près du bourg est peut-être la trace ancienne d'un itinéraire commercial. Son orientation ouest-est typique de la Charente-Maritime, permettant d'acheminer le sel depuis la côte vers l'intérieur des terres.

Bien avant la conquête romaine, la région, limitrophe au pays des Pictons (Poitiers), était habitée par le peuple des Santons. L´empreinte romaine a été très profonde dans la région, pourtant peu de traces subsistent à Saint-Mandé, hormis peut-être une ancienne voie romaine au lieu-dit Chêne-Fenêtre. A cet indice s'ajoute, sous réserve, un élément linguistique : la toponymie de la rivière La Brédoire (orthographiée Brédouare jusqu´au 19e siècle) pour laquelle, l´étude donne pour origine une déclinaison ancienne d´un terme latin "bullitoria" du verbe "bullire" qu'on peut traduire par "bouillonnement".

Les origines de Saint-Mandé sur Brédoire demeurent assez obscures, les documents manquent cruellement avant le 17e siècle. L'appellation Saint-Brice (ou Saint-Brix), du nom de la paroisse, pourrait être la dénomination ancienne de la localité (au moins dès le 14e siècle). A moins que, selon une théorie, il ait anciennement existé deux villages distincts mais très proches l'un de l'autre : Saint-Mandé et Saint-Brice. Au fil des siècles seul Saint-Mandé aurait subsisté, conservant Saint-Brice comme paroisse. Au 18e siècle, les deux noms cohabitent, si bien que la carte de Cassini publiée en 1771 porte la mention "Saint-Brix alias Saint-Mandé". Saint-Brice demeure le vocable de l'église mais le nom s'efface pour Saint-Mandé dès le 19e siècle. La rivière lui donnera le nom de Saint-Mandé sur Brédoire en 1937.

D'importants vestiges du Moyen Age

Du Moyen Age, il reste bien évidemment l´église romane Saint-Brice, du 12e siècle, classée Monument Historique depuis 1913. Quatrième évêque de Tours, saint Brice fut disciple et successeur de saint Martin. Il mourut en 444 et fut enterré dans la basilique martinienne qu'il avait fait construire. Le portail sud de l'église, avec ses trois voussures sculptées de personnages et d'animaux, est le chef-d'oeuvre du monument, qui l'affilie à la sculpture d'Aulnay. Peu remaniée, à l'exception du clocher, l'église de Saint-Mandé sur Brédoire présente une remarquable homogénéité.

Le bourg de Saint-Mandé possède également la particularité de conserver de nombreux vestiges de maisons de la fin du Moyen Age, vers le 15e siècle. Ces habitations aux ouvertures soignées semblent avoir été assez cossues et pourraient témoigner d'une certaine opulence à cette période. On trouve ainsi plusieurs fenêtres à meneaux, linteaux sculptés et ouvertures à accolades. Une concentration d'éléments médiévaux plutôt rare en Vals de Saintonge.

Alors que les terres cultivées sont insuffisantes pour nourrir tous les habitants, la forêt omniprésente, ressource naturelle que les habitants exploitèrent tout au long de l'histoire, pourrait être à l'origine de cette richesse. De nombreuses masures, dont il ne reste que d'infimes vestiges, devaient exister un peu partout dans cette forêt. On peut encore observer un amoncellement de pierres à l´ouest du village des Portes, des blocs taillés en bordure de la Brédoire... La tradition veut qu'un château ou un établissement religieux ait également existé au lieu-dit Bois-Viaud.

Des sarcophages du Haut Moyen Age ont été exhumés à Saint-Léger, attestant de l'ancienneté de cette localité, peut-être même antérieure au bourg de Saint-Mandé. Saint-Léger semble avoir été un site important au Moyen-Age, mais il en reste bien moins de vestiges. Seuls une stèle et ce qui serait un bénitier subsistent de l'ancienne chapelle, disparue avant la Révolution. La présence d'un ancien hôpital disparu est rappelée par le nom d'un chemin. Le pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, passant par Aulnay (via Turonensis), a probablement joué un rôle dans le développement de cette localité. Plusieurs salles souterraines auraient été mises au jour, aussi bien à Saint-Léger que dans d'autres endroits de la commune. Deux trésors monétaires des 15e et 16e siècles ont été également mis au jour en 1896 et 1978.

Avant la Révolution

Les textes manquent pour mieux savoir ce qu'était la vie à Saint-Mandé en ces temps reculés. L'étude du bâti semble indiquer une certaine léthargie de la construction entre le Moyen Age et le 19e siècle. Elle s'explique sans doute par les affrontements de la guerre de Cent Ans et des guerres de Religion. Seul un important épisode est relaté dans l'histoire de la paroisse : celui-ci s'est déroulé lors des guerres de Religion. En 1585, Saint-Mandé est en effet le théâtre d'un affrontement particulièrement sanglant entre les troupes protestantes de Saint-Gelais et Daubigné et les Ligueurs catholiques cantonnés dans la paroisse. 150 combattants auraient ainsi péri lors de la bataille de Saint-Mandé.

Les vestiges de trois logis seigneuriaux subsistent sur le territoire de la commune : Saint-Léger, Les Portes et Ferrières. La famille du Bois de Saint-Mandé fut à la tête des Portes et de Saint-Mandé jusqu´en 1753, date à laquelle la seigneurie fut vendue à Jacques Bréad. La seigneurie de Saint-Léger était détenue par la famille Duchesne de Saint-Léger ; celle de Ferrières par les d'Algret d'Oléde. Vendus comme biens nationaux à la Révolution et démembrés, les bâtiments ont malheureusement été considérablement altérés lorsqu'ils n'ont pas été détruits.

Au 18e siècle, la paroisse produit principalement blés et vignes. On fait déjà du vin et des eaux-de-vie. Une foire a lieu le 18 novembre, jour de la Saint Mandé. On dénombre plus de 700 habitants à la fin du siècle. Le cimetière est précocement déplacé hors du bourg (1779), ce qui indique sans doute que la population, en augmentation, était devenue trop importante pour celui-ci.

La Révolution de 1789 crée la commune de Saint-Brie Saint-Mandé, qui devient très rapidement Saint-Mandé ou Saint-Mandé d'Aunay. Pendant plus de deux siècles, elle relèvera du canton d'Aulnay, aujourd'hui intégré au canton de Matha. La commune de également est l'une des vingt paroisses qui, primitivement dépendantes du Poitou, furent cédées à la Saintonge en 1789.

Une activité économique intense au 19e siècle

Le 19e siècle voit l'essor économique de la commune. En 1836, l´importance du vignoble est telle qu´il y a 70 distilleries dans le canton d'Aulnay, 400 hectares de vignes sont exploités dans la commune. Dans les années 1875 le phylloxéra ravage le vignoble et, en dépit des différents essais d'adaptation de nouveaux plants de vigne, il ne reprit jamais la même importance. Une conversion vers l´élevage s'est donc établie à la fin du siècle, avec la création de laiteries comme celles d'Aulnay ou de Néré. Cependant, plusieurs viticulteurs produisent toujours pineau, cognac ainsi que différentes liqueurs à base de cognac qu´ils commercialisent.

Au 19e siècle, en plus du vignoble, le sol était réputé propre à la culture de toutes les céréales. Un moulin à vent existait sur une hauteur près du bourg (emplacement du château d'eau). On cultivait également le chanvre que l'on faisait rouir sur les rives de la Brédoire. L'exploitation forestière fournissait également beaucoup de travail à la population locale qui exerçait pratiquement tous les métiers du bois : pellier, sabotier, menuisier, charpentier, tonnelier, scieur de long, charbonnier.

Le sous-sol étant propice à l´extraction de calcaire et de marnes argileuses, de nombreux fours à chaux et tuileries étaient en activité dans le secteur, notamment sur les communes de La Villedieu, Saint-Mandé sur Brédoire, Saleignes, Romazières, et Villiers-Couture. D'anciennes carrières sont toujours visibles à Saint-Mandé et une tuilerie existait au lieu-dit Charbonneau jusqu'au début du 19e siècle semble-t-il.

Au 19e siècle et 20e siècles, la commune se modernise et procède à la construction d'une école et d'une mairie, à la translation du cimetière et à l'amélioration des voies de communication. Bien que Saint-Mandé dispose comme chaque bourg de commerces de proximité, le voisinage de la petite ville d'Aulnay, chef-lieu de canton, lui met à disposition de nombreux services et commerces et la place à proximité d'une gare de chemin de fer (une autre existe à Villemorin) jusqu'au milieu du 20e siècle. Le téléphone (1924), l'électricité (1928-1938) et l'adduction d'eau (1946-1953) sont mis en place au cours du 20e siècle.

Comme de nombreuses communes rurales, Saint-Mandé sur Brédoire subit au 20e siècle une certaine désertification. Le bouleversement de l´agriculture, dû à la mécanisation des travaux des champs, a fait disparaître les petites exploitations familiales qui maintenaient dans les villages bon nombre de personnes. Quelques exploitations demeurent, ainsi qu'une activité touristique avec le camping du Lizot et de nombreux chemins de randonnée. La commune bénéficie toujours de la proximité d'Aulnay qui concentre de nombreux services. Saint-Mandé, qui a compté jusqu'à près de 900 habitants dans la 1ère moitié du 19e siècle, en possède aujourd'hui environ 300, appelés les Saint-Mandéens.

Située à l´extrémité nord-est du département de la Charente-Maritime (à la limite des Deux-Sèvres), la commune de Saint-Mandé sur Brédoire appartient à l'arrondissement de Saint-Jean d´Angély. Elle se situe à environ 4 km d´Aulnay de Saintonge et 15 km de Saint-Jean d´Angély. Les communes limitrophes sont La Villedieu et Ensigné au nord, Vinax à l´est, Contré et Villemorin au sud, Aulnay à l'ouest.

Saint-Mandé possède une superficie de 2 320 hectares sur lesquels se répartissent les neuf hameaux et lieux-dits suivants qui lui sont rattachés : Saint-Léger, Les Loges, Le Lizot, Les Portes, Tirevieille, Curegousset, Guetteport, Ferrières, Gâtebourse. Le territoire communal possède un relief assez vallonné, allant de 69m d'altitude près du bourg à l'ouest, jusqu'à 167m près de Gâtebourse à l'est. Il est arrosé par les ruisseaux La Brédoire et Le Palud, affluents de la Boutonne prenant leur source sur la commune.

Près de la moitié du territoire de Saint-Mandé sur Brédoire est occupée par une importante portion (450 hectares) de la forêt domaniale d'Aulnay, ce qui en fait la commune la plus boisée des Vals de Saintonge. Cette forêt, inscrite au pré-inventaire des richesses naturelles de la Charente-Maritime, ainsi que l´ensemble du massif forestier Aulnay-Chizé sont des reliques de l'ancienne "sylve d'Argenson", une immense forêt séparant le Poitou et la Saintonge progressivement défrichée au cours des siècles. En grande partie dévastée par la tempête de 1999, la forêt d'Aulnay panse toujours aujourd'hui ses plaies.

Le lieu-dit Le Rond-Point est le centre de cette forêt où convergent huit routes venant de toutes les directions. Cet emplacement est occupé par une maison forestière. Une autre, au lieu-dit la Borne Saint-Léger, se trouve à la limite nord de Saint-Mandé, mais sur le territoire de La Villedieu. L'exploitation forestière tient une place importante dans l'histoire économique de la commune. Les deux principales essences représentées sont le chêne et le hêtre.

En 1979, la création du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin, Val-de-Sèvres et Vendée regroupe 108 communes des marais et massifs forestiers des départements de la Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vendée, dont Saint-Mandé sur Brédoire. La perte du label en 1996 entraîne une mobilisation des territoires permettant la recréation du Parc Naturel Régional du Marais Poitevin en 2014, sur un périmètre plus restreint ne comprenant cette fois pas la commune. Aujourd'hui, la forêt d'Aulnay est classée Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et appartient au réseau Natura 2000.

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