Collège royal de Jésuites, École centrale, lycée impérial, actuellement lycée Louis-Barthou

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Pau

Les bâtiments du lycée Louis-Barthou témoignent aujourd’hui clairement de trois principales périodes de construction : lors de la fondation par les Jésuites en 1640 (bâtiment B et tour nord) ; lors de l’extension de l’établissement dans le 3ème quart du 20e siècle par les architectes Georges Bovet et Philippe Delahalle (construction des bâtiments A, C, D, E, G, H, I, gymnase et destruction de l'aile ouest du 17ème siècle) ; enfin depuis la décentralisation de 1986 avec les œuvres des architectes Pierre Dubedout (bâtiment K), Nathalie Larradet (extension du bâtiment C et du gymnase) et les blocs colorés de Patricia Lejeune (CDI).

La chapelle Saint-Louis accolée au lycée, a, elle, une histoire parallèle. Souhaitée par les Jésuites à l'emplacement actuel dès l'origine, son édification ne commence qu'en 1679. Les travaux sont plusieurs fois interrompus. La chapelle accède à un statut particulier en 1851 comme chapelle du lycée et annexe paroissiale.

En ce qui concerne le mobilier, la chaire du réfectoire des Jésuites commandée en 1652 est toujours à son emplacement d’origine (aujourd’hui salle de la bibliothèque). Le lycée possède une collection d’instruments de physique du 19e siècle inscrits MH depuis 2012. Trois clastiques d'anatomie en papier mâché du fabricant Auzoux (19e) sont également à noter.

1. De la fondation au 20e siècle (1622-1950)

La fondation du collège jésuite palois a lieu par lettres patentes de Louis XIII en 1622, qui instituent la construction d'une bâtisse dédiée et une rente annuelle de 12 000 livres pour le fonctionnement de l'institution. L'emplacement actuel n'est acquis qu'en 1638, l'évêque de Lescar autorisant la vente de l'ancien collège (situé dans le même quartier mais non localisé précisément) et l'achat de la propriété de Jeanne de Lestonac et des religieuses du couvent Notre-Dame, c'est-à-dire le site actuel. Les plans sont élaborés à partir de 1638, en suivant les traditionnelles dispositions jésuites, mais vraisemblablement aussi les réflexions d'Ignace Malescot, alors père jésuite à Pau. Les ancres des tirants métalliques du bâtiment sud portent les dates de 1640 et 1641, dates à laquelle une première phase de la réalisation est certainement inaugurée. Les archives conservent la mémoire de travaux de gros œuvre, plus ou moins réguliers selon les périodes, depuis le lancement de la construction en 1639 jusqu'au départ des jésuites en 1763, donnant l'image d'un édifice en perpétuel chantier. La construction de la chapelle du collège, prévue dès les plans initiaux comme un édifice isolé et qui au départ est aménagée dans les murs du collège, est lancée aux alentours de 1675 ; elle semble grossièrement terminée lors de l'inspection de 1778, avec la mention de réparation de couverture à entreprendre. Un édit royal de février 1724 porte établissement d'une université en la ville de Pau. Le collège jésuite est alors choisi pour héberger le siège et les cours de la faculté des arts jusqu'en 1784, le supérieur du collège royal devenant recteur de la dite université.

Les Jésuites sont exclus du Collège en 1763 ; s'ensuit une période pendant laquelle les enseignements sont donnés par des abbés et des laïques, puis le Collège est repris par des Bénédictins à partir de 1778 jusqu'à la période révolutionnaire. En 1791, l'établissement devient Collège national, puis, entre 1797 et 1802 École centrale. Lui succède un lycée (décret du 16 floréal an XI ou 8 mai 1803) qui n'ouvre véritablement ses portes qu'en 1808. Il redevient Collège royal sous la Restauration puis prend le nom de Lycée de Pau à partir de 1850. Suite au décès du Ministre des affaires étrangères Louis Barthou, ancien élève du lycée, en 1934, l'établissement devient "Lycée Louis-Barthou".

A l'occasion de la transformation de l'établissement en Collège national, un mémoire résume les avantages apportés par la configuration des bâtiments issus des Jésuites, notamment les deux vastes cours permettant de séparer les élèves les plus jeunes des plus âgés et l'internat doté de chambres particulières. Cette disposition ne va pas changer jusqu'aux années 1950.

Cependant, il faut noter que le lycée aurait pu arborer une toute autre allure si le projet imaginé par l'architecte François Le Coeur, choisi en 1912, pour concevoir un nouvel édifice, avait été réalisé. En effet, continuant l’œuvre de son père Charles Le Coeur, auteur de différentes constructions scolaires dont le lycée de Bayonne, François Le Coeur est également membre de la Commission des bâtiments des lycées et collèges. Il imagine pour Pau en fait deux lycées, un pour garçons et un pour filles. Rasant les vieux bâtiments jésuites, il projette des bâtiments d'inspiration anglo-saxone, renvoyant aux modèles des collèges britanniques, avec élévations à pans de bois et bow-windows. La déclaration de guerre de 1914 explique peut-être pourquoi les ambitions de Le Coeur ne seront pas suivies.

2. L’œuvre de Georges Bovet (1950-1965)

Le programme de Georges Bovet, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux, au 20e siècle étend l'emprise de l'établissement à l'est en créant un réfectoire (bâtiment G), un internat (bâtiments H et I), des salles d'études, un ensemble d'installations sportives en plein air et un gymnase. On lui adjoint l'urbaniste Romain Delahalle pour l'aménagement de l'ensemble. Ils suppriment l'aile ouest le long de la rue Léon Daran et le corps de logis central perpendiculaire à cette aile. Bovet ménage ainsi une vaste cour qu'il encadre par trois nouvelles barres de classes : l'une à l'ouest (bâtiment C) pour remplacer l'aile détruite, une autre, parallèlement à la chapelle (bâtiment D) et la dernière (bâtiment E), perpendiculairement à la précédente.

3. Depuis 1986

Avec la décentralisation, la politique de la Région Aquitaine a été de restructurer les bâtiments existants et d'augmenter les surfaces. En 1992, l'architecte Pierre Dubedout restructure les internats et la cantine tandis qu'un bâtiment de salles de classes (K) est ajouté au sud, le long de l'allée Alfred de Musset. En 1997, il pilote la rénovation du rez-de-chaussée du bâtiment C (salles de sciences). Au début des années 2000, Nathalie Larradet restructure le gymnase et construit, en appendice sur le bâtiment C une extension des laboratoires scientifiques. En 2008, l'agence de Patricia Lejeune vise à apporter de la couleur à l'ensemble via un mur végétal en façade du bâtiment H et surtout grâce à l'installation d'un nouveau CDI au bâtiment E débordant en blocs colorés à l'extérieur. L'agence Dudebout travaille à nouveau sur place en 2011-2014 afin de créer des locaux pour les agents au nord du bâtiment H.

Périodes

Principale : 2e quart 17e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Principale : 4e quart 20e siècle

Secondaire : 1er quart 21e siècle

Dates

1639, daté par source

1640, porte la date

1641, porte la date

1950, daté par source

1992, daté par source

2000, daté par source

2008, daté par source

2011, daté par source

Auteurs Auteur : Cotton Pierre

Appelé le Père Cotton, provincial de Guyenne de 1622 à 1625, chargé notamment de l'édification du premier collège jésuite de Pau.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Bovet Georges

Georges Bovet est 1er second Grand prix de Rome en 1931. Il obtient son diplôme en 1938 et est inscrit à la SADG en 1941. Il est chargé, en 1940, par le Service du génie civil et bâtiments, de la construction des logements ouvriers de la Manufacture nationale d'armes de Saint-Etienne, puis en 1946, nommé architecte en chef MRU pour le Pas-de-Calais, Seine, Seine-et-Oise. La même année il est également nommé architecte conseil de la Construction (chargé de la région Rhône-Alpes de 1955 à 1969). Il est également architecte en chef des Bâtiments civils et palais nationaux, membre du Conseil général des bâtiments de France (en 1948), architecte de plusieurs ministères (ministère de l'Education nationale, ministère des Colonies, ministère de l'Air). Il s’illustre à travers un certain nombre d’œuvres dans le domaine de l’éducation ou du sport, notamment le lycée de garçons Louis-Barthou à Pau en 1955.

Les principaux collaborateur de Georges Bovet sont Jean Royer (1903-1981) et Emile Berthelot.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Delahalle Romain

Architecte-urbaniste, agréé architecte de la Reconstruction ; formé à l'école des Beaux-Arts de Paris.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Dubedout Pierre

On doit à l'agence Dubedout plusieurs réalisations en Pyrénées-Atlantiques, notamment en 2011, la construction de bâtiments pour l'usine Messier-Dowty à Oloron-Sainte-Marie, et le lycée de la montagne, le lycée de la mer de Ciboure, le bâtiments des agents du lycée Louis Barthou de Pau.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Larradet Nathalie, architecte (attribution par source)
Auteur : Lejeune Patricia, architecte (attribution par source)
Auteur : Le Coeur François, architecte (attribution par source)
Auteur : Malescot Ignace, maître de l'oeuvre (attribution par source)

Le lycée Louis-Barthou occupe un terrain au sud-est de la ville, encadré par les rues Léon-Daran à l'ouest, le Boulevard Barbanègre au nord, et au sud, l'allée Alfred-de-Musset ainsi que la rue Louis-Barthou sur laquelle donne l'entrée principale. Les bâtiments, au plan rectangulaire, s'organisent autour du terrain de sport. Les plus anciens sont situés à l'ouest de l'ensemble.

1/ Description et organisation du Collège jésuite

L'ancien collège jésuite s'organisait "en peigne" ménageant deux cours distinctes, séparant les élèves plus jeunes des plus âgés. Ainsi, une aile ouest réunissait en effet la chapelle au nord à deux corps de logis parallèles, l'un central et l'autre au sud. De cette organisation ne subsiste aujourd'hui plus que la chapelle, la tour nord dite « tour des sciences » du bâtiment C (cf. le plan légendé) et le corps de logis au sud flanqué de ses deux tours (bâtiment B). Ces élévations à travées comportent des murs en galets du Gave et briques, enduits, sauf sur la façade sud du bâtiment B ; la pierre (calcaire des Pyrénées) est réservée pour les chaînages d’angle et les encadrements de baies. Le corps de logis principal du bâtiment B est doté d'un étage, d'un étage de surcroît et de combles. Il arbore onze travées d'ouvertures entre lesquelles les ancres des tirants composent les dates de construction : "1640" en façade sud et "1641" en façade nord. Il possède une toiture à deux pans en ardoises, rythmée par les travées de lucarnes : lucarnes pendantes de l'étage en surcroît, surmontées en façade sud de volutes affrontées amorties par un ove, et, au-dessus, lucarnes sur le versant des combles. Il subsiste également sur la rue Léon Daran un grand portail de marbre érigé en 1766 devant l'ancienne entrée de l'établissement qui fut démonté temporairement lors des travaux de 1950-1955.

Le corps sud du collège abritait les fonctions de cuisine et de cellier, en lien avec le bâtiment est abritant le réfectoire (actuelle bibliothèque) et sa chaire de lecture réalisée en 1652, puis les chambres des professeurs. Le corps central et le bâtiment ouest hébergeaient les salles de classes. Jusqu'à sa transformation en lycée impérial, il semble que les dortoirs des élèves et des professeurs ainsi que l'infirmerie étaient logés dans les étages supérieurs des bâtiments. La tour dite aujourd'hui du clocher ou de l'horloge a probablement toujours eu ces fonctions et abritait jusqu'au 19e siècle latrines et cabinets. Au 18e siècle, l'université s'installe dans le pavillon nord-ouest du collège, mais les documents ne permettent pas de déterminer si cela occasionne des transformations architecturales. Pour la même période, un théâtre est signalé dans la tour sud-est et une salle des thèses, héritière de la salle des déclamations, dans la tour nord-ouest.

2/ Un agrandissement de qualité pendant les Trente Glorieuses

L'ensemble des nouvelles constructions dédiées aux salles de classe et à l'internat, datant de 1950 à 1965, ont été préfabriquées en béton armé et parfois, l'architecte a utilisé au rez-de-chaussée des poutres de béton précontraint afin de soutenir le bâtiment lorsque des poteaux porteurs ont dû être supprimés. Les barres sont dotées d'une toiture à un pan couverte en cuivre. La barre D n'a pas d'étage, la E a un étage carré et les barres C, G, H, en possèdent deux. La barre I est la plus haute, avec trois étages carrés. Le nombre de travées d'ouvertures est important, en moyenne une trentaine. La préfabrication a également portée sur les éléments soulignant cette horizontalité des façades : poutres-auvent du plancher haut du rez-de-chaussée, bandes des niveaux courants, corniches, allèges en crépi granité formant des bandes continues sous les travées de fenêtres. Ces volumes horizontaux sont cependant scandés par les murs de refend saillants en façade se terminant au rez-de-chaussée par des piliers en contre-fruit en béton lavé dans le cas des bâtiments I et H. Les cages d'escalier contribuent également à la verticalité des formes, qu'elles soient placées à l’extrémité d'un bâtiment (cas du G) ou en excroissance sur la façade (cas du H) : construites en moellons grossièrement équarris, elles sont percées par des colonnes de claustras en béton en forme de triangle dont la pointe est orientée vers le bas. Ce système de claustras est identique à celui mis en œuvre par Auguste Perret au Musée des Travaux Publics de Paris en 1936. Ces éléments, pierre et claustras, se retrouvent également dans le reste des volumes, permettant de rompre avec une possible monotonie due à la préfabrication en béton. Ainsi, la pierre habille les murs-pignon et les allèges des rez-de-chaussée tandis que des claustras en béton coulé en forme de cubes évidés -dont les marques dues aux coffrages de bois ont été laissées apparentes à des fins esthétiques- délimitent des espaces de circulation.

3/ Diversité des formes et des couleurs à la fin du 20e siècle

Le bâtiment K de Pierre Dubedout de 1992 est une longue barre en béton venant discrètement fermer l'enceinte au sud de l'établissement. A partir des années 2000, les interventions architecturales se démarquent plus fortement de l'ensemble d'origine. Ainsi, l'extension par Nathalie Larradet des laboratoires scientifiques au bâtiment C prend la forme de deux éléments arrondis habillés de cuivre oxydé encadrant un cube de verre et l'architecte reprend cette teinte verte dans les panneaux composites qu'elle utilise pour restructurer le gymnase. La couleur s'affirme encore plus avec les cubes en quinconce du rez-de-chaussée du bâtiment E, bleu, rouge et jaune, et avec le mur végétal prévu pour la façade intérieure du bâtiment H.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : brique et pierre

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : béton armé

Toits
  1. ardoise, cuivre en couverture, bitume
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

3 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit à plusieurs pans

  3. Forme de la couverture : toit à un pan

  4. Type de couverture : terrasse

Escaliers

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Pau , 2 rue Louis-Barthou

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2015 BV 91 ; 92 ; 231

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