Anciennes halles (détruites), puis hôtel de ville et salle de justice, aujourd'hui hôtel de ville

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Saint-Savin

Le marché et la halle

Des halles dans l'ancienne abbaye

Jusqu'en 1836, les halles se trouvaient à l'extrémité ouest de l'aile sud de l'abbaye (E 256 bis). Le 18 août 1808, un décret impérial autorise la commune à acquérir une partie du terrain dépendant de la gendarmerie (qui occupait l'abbaye depuis la Révolution) pour " l'agrandissement de son marché et la construction de ses halles " et à procéder aux travaux conformément à la délibération municipale du 30 janvier 1807.

En 1817, la commune souhaite vendre une partie de bâtiment inoccupée et menaçant ruine pour financer " la construction des halles, maison commune et de la prison ". M. Jacquemet se porte acquéreur et expose au préfet Duhamel qu'il offre 8000 francs qui serviraient à établir la halle aux blés, propose de quitter Barbezieux (Charente) pour s'installer à Saint-Savin.

Les taxes reçues des commerçants constituent dès lors une part non négligeable du budget municipal dans la première moitié du 19e siècle.

Nouvelles halles

Les nouvelles halles sont construites à peu près à l'emplacement de l'hôtel de ville. D'importants travaux pour l'établissement d'une halle sont payés en 1836 à 1843 (voir annexe). En 1840, la municipalité demande que le chantier de travaux en cours soit inspecté par un autre architecte que M. Moutier, choisi initialement, car celui-ci a quitté le département de la Vienne (Archives départementales de la Vienne, 2 O 300/7). Le bâtiment comprend un rez-de-chaussée avec cinq ouvertures en plein cintre sur l'élévation orientale et deux ouvertures sur chaque mur pignon. Huit poteaux alignés dans l'axe longitudinal soutiennent le premier étage éclairé par cinq fenêtres sur la façade orientale et deux sur chaque pignon. Elle était couverte d'un toit en tuiles à longs pans et croupes. Sur le plan d'alignement de 1850, la façade postérieure des " halles de Saint-Savin " est figurée rue de la Prade (42 route nationale n° 151), en moellon, en rez-de-chaussée et comme une construction solide.

Le prix de location des bancs représente un revenu non négligeable pour la commune (entre un tiers et la moitié du budget). La gestion est déléguée par un bail régulièrement renouvelé par adjudication, l'adjudicataire est chargé du placement et de la perception des taxes votées par le conseil municipal.

Les travaux de réparation votés en septembre 1876 sont réceptionnés le 1er mars 1877 (honoraires d'expertise versés à M. Bonnet, architecte). Un escalier est modifié et une pompe à incendie est acquise et installée dans une nouvelle remise.

Place d'Armes, vue prise de la tour (clocher de l'abbaye), avant la construction de l'hôtel de ville, carte postale ancienne.Sur les cartes postales anciennes (à droite de l'image ci-dessus), les anciennes halles sont visibles à l'emplacement de l'actuel hôtel de ville. Elles comprenaient un rez-de-chaussée qui s'ouvrait par deux grandes portes couvertes en plein cintre vers de la place d'Armes (aujourd'hui place de la Libération), surmonté d'un étage souligné par un bandeau de niveau et un bandeau d'appui. Le bâtiment était couvert d'un toit à longs pans avec croupe sur la façade sud.

De 1906 à 1914, la mairie de Saint-Savin est groupée avec l'école de garçons (aujourd'hui centre communal d'action sociale), à l'opposé sur la place d'Armes (aujourd'hui place de la Libération), après avoir été installée avec la justice de paix (1) dans une partie des anciens bâtiments de l'abbaye.

La construction d'une justice de paix et d'un nouvel hôtel de ville

Avant-projet d'ensemble, façade principale, André Duchesne, 1911.L'architecte André Duchesne dresse les plans du nouvel hôtel de ville en 1911 à construire à l'emplacement de la halle couverte construite au 19e siècle sur un espace non bâti sur le plan cadastral de 1825, prolongeant un îlot existant à l'ouest. Il remet également le cahier des charges et le détail estimatif (cahier des prix) pour la construction de la justice de paix le 7 mai 1911 (1). Le cahier des charges précise que la pierre de taille et les moellons des carrières de Saint-Savin, le sable provient de la Gartempe, la " chaux moyennement hydraulique proviendra des meilleurs fours à chaux de Saint-Germain ", la chaux hydraulique d'Echoisy (commune de Cellettes, Charente), les briques et tuiles de Tournon ou des Charentes, les ardoises de Trélazé (Maine-et-Loire). La surépaisseur du mur oriental laisse supposer qu'il s'agit du mur est de la clôture fortifiée de l'abbaye.

Le conseil des bâtiments civils demande, dans sa séance du 7 septembre 1911, de réviser les calculs de certaines poutres en béton (voir en illustrations), donnant lieu à une série de calculs de la part de l'architecte André Duchesne et à un surcoût de 1160 francs. Le conseil des bâtiments civils demande également une révision de la distribution des espaces intérieurs. Le projet définitif est remis le 29 octobre 1911 (voir en illustrations). Le conseil municipal décide également de ne pas reconstruire de halles couvertes car le bâtiment n'était plus utilisé depuis longtemps.

La commune est autorisée par le préfet à contracter un emprunt de 18300 francs auprès de Mme Edoux (propriétaire du moulin), remboursable sur 20 ans à partir de 1912 ; cet emprunt ne semble pas avoir été réalisé.

Le cahier des charges et le devis est actualisé par André Duchesne le 30 septembre 1912 et approuvé par le préfet le 23 janvier 1913. Le projet se compose de la construction d'une justice de paix dans les halles, qui sont en partie détruites, et de la construction d'un nouvel hôtel de ville, la commune contracte auprès du crédit foncier de France un emprunt sur 30 ans pour un montant total de 35 700 francs, soit le total du devis, remboursé par un impôt exceptionnel (délibération du 24 novembre 1912). Les travaux de la justice de paix, qui doivent être achevés en un an, sont adjugés le 14 janvier 1912 à Léon Gendre (entrepreneur de maçonnerie à Saint-Savin), Victor Blanchard (charpentier à Chauvigny), Arthur Granger (couvreur zingueur à Saint-Savin), Ernest Retaud (plâtrier, fumisterie, entrepreneur au Blanc), Emile Beaumartin (menuisier à Montmorillon), Théodore Rocheron (entrepreneur de serrurerie à Chauvigny) et Fernand Herbault (peintre, vitrier à Saint-Savin). Parallèlement, la commune est autorisée à échanger des terrains avec Mme Edoux.

Le projet d'hôtel de ville est définitivement adopté par délibération du 24 novembre 1912. La décision est confirmée le 13 avril 1913 et les travaux sont adjugés en 7 lots le 11 mai 1913 à Martial Desforge (entrepreneur de maçonnerie au Blanc), Alfred Mazereau (charpentier à Chauvigny), Arthur Granger (couvreur zingueur à Saint-Savin), Raoul Pigeot (plâtrier, fumisterie à Saint-Savin), Louis Martin (menuiserie à Antigny), Anatole Gourdeau (serrurier à Chauvigny) et Fernand Herbault (peintre, vitrier à Saint-Savin).

Le linteau de la lucarne centrale de la façade principale, au sud, porte la date de construction 1913.

Les travaux de la justice de paix sont réceptionnés au début de l'année 1914.

En juillet 1914, André Duchesne établit un devis supplémentaire de 2139,63 francs pour des travaux de charpente, couverture, zinguerie, plâtrerie, fumisterie et menuiserie. La Première Guerre mondiale suspend ces travaux. Le conseil municipal valide le décompte des travaux, y compris les travaux imprévus, des lots 1, 3, 4 et 5 réalisés pour 21 430 francs, attend des précisions pour le lot 2 et valide le devis supplémentaire présenté en juillet 1914 (réception définitive des travaux des lots 1, 3, 4, 5 par André Duchesne le 2 décembre 1916 ; délibérations du conseil municipal des 18 et 27 février 1917).

En 1920, la commune décide de louer pour des noces et banquets la salle des fêtes située à l'étage du bâtiment. Les tarifs de location sont validés annuellement. En 1927, le produit de la location est alloué à la réfection intérieure de l'hôtel de ville (2).

La période de la Deuxième Guerre mondiale

Dès 1940, le secrétaire de la mairie de Saint-Savin, Robert Lajon, dont les parents tenaient le café du commerce, participe à la Résistance notamment en fabriquant des faux papiers. Il rejoint ensuite le groupe Raoul Gaschard. Dénoncé suite à sa participation à l'opération Oriel / Coconut en novembre 1943, il a été arrêté le 27 janvier 1944 avec Marcel Giraudet, gardien du château de l'Épine, et déporté à Auschwitz puis Buchenwald, et en est revenu ; malade, il n'avait pas pu reprendre son poste en juillet 1946. Une rue située sur la commune d'Antigny, au sud du bourg de Saint-Savin, porte son nom.

Le 7 mai 1945, le buste de Marianne est sorti de l'hôtel de ville par les frères Baudu et présenté sur une plateforme pavoisée de 12 m de haut sur la place d'Armes (aujourd'hui place de la Libération).

(1) En tant que chef-lieu de canton, la justice de paix était rendue d'abord dans l'aile sud de l'abbaye puis dans la mairie - tribunal jusqu'à sa suppression en 1958.

(2) En 1937, le sous-préfet de Montmorillon sanctionne le secrétaire de mairie pour avoir détourné à son profit une partie du produit de cette location depuis 1923, ainsi qu'un don de 1000 francs en faveur de l'hospice et de n'avoir restitué les sommes que sous la contrainte, et exige sa démission sous peine de suspension et traduction devant le conseil de discipline.

Périodes

Principale : 1er quart 20e siècle

Dates

1913, porte la date

Auteurs Auteur : Desforges Martial

Démolition et maçonnerie au Blanc au début du 20e siècle.

, entrepreneur de maçonnerie (attribution par source)
Auteur : Duchesne André

André Duchesne est né le 9 janvier 1869 dans le 14e arrondissement de Paris, fils d'André Duchesne (1829-1896, confiseur à Saint-Savin, dirige des enquêtes publiques dans les années 1880). Agent-voyer du canton de Saint-Savin en 1898, poste auquel il succède à Yvonnet (cf Annuaire de l'arrondissement de Montmorillon, 1898). Il épouse Camille Boulet à Montmorillon en 1898. Il emménage à Saint-Savin vers 1900. Première mention à Saint-Savin en 1904 pour des travaux à l'abattoir (et en 1909) puis en 1905 pour des travaux dans l'école de garçons, auteur de la mairie-école d'Antigny en 1910, du monument aux morts de 1870-1871 dans le canton de Saint-Savin en 1911 ; du monument aux morts d'Antigny en 1920. Signe en 1926 " agent voyer " sur le plan des grilles du monument aux morts de 1914-1918 à Saint-Savin, etc. Il a également une activité d'architecte sur des bâtiments privés.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Gendre Léon

Entrepreneur de maçonnerie à Saint-Savin de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle.

, entrepreneur de maçonnerie (attribution par source)
Auteur : Moutier

Architecte du département de la vienne ; réalise des travaux à la cathédrale de Poitiers en 1836 (rétablissement des clochetons méridionaux abattus en 1809) et aux halles de Saint-Savin en 1840, année où il quitte le département de la Vienne.

Voir Auber, Charles-Auguste. Histoire de la cathédrale de Poitiers...., t. 1, p. 121 et Archives départementales de la Vienne 2 O 300/7.

, architecte (attribution par source)

La façade principale de l'hôtel de ville est située au nord de la place de la Libération, à proximité de l'abbaye de Saint-Savin et son église. Le bâtiment longe la rue des Halles et sa façade postérieure, au nord, se trouve rue Saint-Louis. Il fait face au centre communal d'action sociale.

Elle comprend trois bâtiments : le bâtiment sud, sur la place, et le bâtiment nord, rue Saint-Louis, sont reliés par un bâtiment qui borde la rue des Halles à l'est. La façade ouest est en cœur d'îlot et a été modifiée par l’adjonction d'une galerie vitrée desservant les trois bâtiments.

La façade principale du bâtiment sud, au sud, comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée, un étage et un étage de comble. Elle est en moellons enduits, avec une assise de soubassement en pierre de taille et des chaînes d'angle en pierre de taille. Cette façade sud est ordonnancée à trois travées. La travée centrale est constituée par une porte couverte en plein cintre au rez-de-chaussée, une porte-fenêtre monumentale encadrée de pilastres cannelés et donnant sur un balcon à balustres en pierre à l'étage, une lucarne à fronton circulaire portant la date 1913, interrompu par un dé portant le chiffre RF et surmonté d'un amortissement et un clocheton au sommet du toit.

Les deux fenêtres du rez-de-chaussée, à appui saillant mouluré, sont couvertes en arc segmentaire, tandis que celles de l'étage ont des linteaux droits. Les pilastres qui encadrent la porte centrale sont surmontés de chapiteaux supportant le balcon. La haute clef de la porte forme également un corbeau du balcon.

Les trois fenêtres de l'étage sont surmontées des devises de la République, Liberté, égalité, fraternité.

Le toit en ardoise, encadré par quatre hautes cheminées en brique rythmées par des S en ferronnerie, avec des angles en pierre de taille, est à longs pans et croupes, avec une rive de toit à fleurons et épis de faîtage en zinc.

Les angles sud-est et nord-est, rue des Halles, sont abattus au rez-de-chaussée, comme de nombreux angles de rue de la commune de Saint-Savin.

La façade est, rue des halles, est ordonnancées en cinq travées séparées par des pilastres. Cet ordonnancement masque la structure des bâtiments : elle correspond aux murs pignons des bâtiments sud et nord (travées des extrémités) et au mur gouttereau du bâtiment central (les trois travées centrales). La travée centrale comprend des baies doubles, comme les deux travées qui l'entourent. Les deux travées des extrémités sont composées d'une fenêtre en rez-de-chaussée et à l'étage et d'une lucarne à l'étage de comble. Ces deux lucarnes sont à fronton triangulaire tandis que la lucarne de la travée centrale est cintrée. Les deux portes de la travée centrale, au rez-de-chaussée, sont couvertes d'un arc en plein cintre à clef saillante ornée d'une pointe de diamant, les six fenêtres du rez-de-chaussée sont couvertes en arc segmentaires tandis que toutes les hautes fenêtres de l'étage ont des linteaux plats. Les deux fenêtres de la travée centrale sont des fenêtres à traverse et meneau.

L'élévation nord, rue Saint-Louis, est ordonnancée avec trois travées de fenêtres au rez-de-chaussée comme à l'étage. Comme sur les autres élévations, ces fenêtres ont des appuis moulurés ; celles du rez-de-chaussée sont couvertes en arc segmentaire et celles de l'étage ont des linteaux plats. Une lucarne à fronton triangulaire surmonte la travée centrale.

L'élévation ouest est composée d'un pignon couvert d'une croupe correspondant au bâtiment nord, du mur ouest du bâtiment intermédiaire, comprenant une travée, une travée en avancée avec une fenêtre couverte en plein cintre (alors qu'elle a un linteau en plate-bande sur le plan de Duchesne), et trois travées, et le pignon couvert d'une croupe correspondant au bâtiment sud.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Étages

sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Savin , 2 place de la Libération

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1825 E2 Non cadastré (A l'est de la parcelle E2 235), 1959 AC 352 ([Idem en 2016])

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...