Hôtel de ville

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La mairie avant l'hôtel de ville

L'hôtel de ville de Marans est établi dans une ancienne demeure, elle-même construite à l'emplacement de l'ancien logis seigneurial du château de Marans. En 1659, vingt ans après la destruction du château, ce site est donné à des moines capucins pour y établir leur couvent. L'établissement, qui figure sur le plan de Marans par Claude Masse en 1716, perdure jusqu'à la Révolution : les deux derniers capucins quittent les lieux en juin 1791. Dès janvier de la même année, un des bâtiments dépendant du couvent, situé sur l'actuelle place Fabbro, et perpendiculaire à la rue Gambetta, abrite la nouvelle municipalité qui n'en devient propriétaire qu'en 1812. Ce bâtiment figure sur un plan des abords de la chapelle des capucins en 1793, puis sur le plan cadastral de 1820.

Tout au long du 19e siècle, différents projets voient le jour pour agrandir la mairie, la transférer dans un autre lieu et/ou la reconstruire. En 1799 déjà, la municipalité envisage de racheter l'ancien couvent des capucins, en vain. Il est un temps question d'établir la mairie dans une maison située sur le côté ouest de la place Ernest-Cognacq, bâtiment ayant appartenu à Alexis Chaslon, et ayant servi de presbytère à partir de 1840.

La demeure La Jousselinière puis Pinet et Marchesseau

Pendant ce temps, le reste de l'ancien couvent des capucins change de propriétaires à plusieurs reprises et fait place à une belle demeure au coeur de la ville. Sur le plan cadastral de 1820, il est encore principalement constitué d'un corps principal de bâtiment et de deux ailes en retour d'équerre à l'arrière, vers le nord, au sud de l'ancienne chapelle des capucins et, donc, de la mairie.

A la Révolution, l'essentiel de ces bâtiments est acheté comme bien national, le 6 juillet 1792, par Jacques François Gaucher (1734-1800), puis est partagé en deux à sa mort. Le corps principal de bâtiment, l'aile en retour à l'arrière à l'ouest ainsi que le jardin qui s'étend au sud passent à son gendre, Charles Jean de La Jousselinière, greffier de justice, tandis que l'aile en retour d'équerre à l'est (parallèle à l'actuel bureau de poste) est détenue par son beau-frère, Jean-François Gaucher, demeurant au lieu-dit Bel-Air à Marans. En 1833 et 1839, Charles Jean de La Jousselinière, qui semble réunifier la propriété, fait construire de nouveaux bâtiments dans le parc, le long de la place du Château (place Ernest Cocgnaq). C'est sans doute aussi à lui que l'on doit la construction de la tour d'angle à l'ouest de la maison (son garde-corps en ferronnerie, qui peut toutefois être un remploi, porte la date 1834 ainsi que les initiales DG entrelacées, non identifiées) et le petit bâtiment (orangerie) qui lui est accolé.

Lors d'un acte de partage de la succession Gaucher, le 23 juin 1835, devant Me Dinot, notaire à Marans, l'une des filles de Charles Jean de La Jousselinière, Marguerite Rose Clarisse, mariée à Pierre Frédéric Martin, médecin à Luçon, obtient l'essentiel de la propriété. Peu après, elle vend la partie ouest de la maison à Pierre Louis Stanislas Pinet et à son épouse, Julie Françoise Grippeau, qui la passent en 1838 à leur fils, le docteur Napoléon Pinet (1805-1877), par ailleurs beau-frère de Marguerite Rose Clarisse de La Jousselinière, car marié à sa soeur, Louise Rose Constance. Le même docteur Pinet achète, en 1838 également, la partie est de la maison à sa belle-soeur, réunifiant l'ensemble. A sa mort, en 1877, la propriété passe à ses enfants, Charles Pinet, ancien sous-préfet, demeurant à Marans, et Marie Constance Pinet, épouse de Paul Emile Jaud, de Luçon.

Le 30 avril 1878, ils la revendent à Ferdinand Marchesseau, notaire à Marans. La demeure comprend alors au rez-de-chaussée un vestibule, deux salons, une salle à manger, un cabinet de travail, une serre, une cuisine ; une cave ; six chambres de maître à l’étage, deux cabinets de toilette ; deux fruiteries, trois chambres de domestiques, un vaste grenier ; au second étage de la tour d'angle, une chambre surmontée d’une plateforme. En 1882, comme le précise le cadastre, Marchesseau fait reconstruire, au moins partiellement, le corps principal de bâtiment. L'aile en retour à l'arrière au nord-est disparaît peut-être à cette occasion. Il est probable aussi que la cage d'escalier située à l'arrière du vestibule soit créée à cette même période.

L'hôtel de ville

A la même époque, la municipalité continue à rechercher une solution à l'exiguïté de sa mairie, toujours logée dans l'ancienne maison de capucins rue Gambetta. En 1882, elle commande un projet de construction à l'architecte Charles Smolski, de Luçon, qui propose un imposant hôtel de ville, dans le style architectural de ceux, nombreux, construits sous la Troisième République (Niort, Poitiers...). En 1898, la municipalité, dont les services sont toujours logés, à l'étroit, sur l'actuelle place Fabbro, décide d'acquérir la demeure Marchesseau. Un débat se fait jour entre deux options : installer les services municipaux dans les locaux existants, réaménagés, ou bien les détruire pour édifier un nouvel hôtel de ville, comme déjà envisagé en 1882. Cette seconde option, coûteuse, est dénoncée en octobre par des affiches anonymes placardées dans toute la ville. Le simple réaménagement de la maison Marchesseau est confié à Charles Bunel, architecte en chef des bâtiments départementaux à La Rochelle. Il rend un premier projet en novembre 1898, puis un second en janvier 1899, tous deux de style Renaissance.

La vente de la propriété est conclue le 7 février 1900. Les plans définitifs des travaux d'aménagement, conçus par Bunel, sont présentés dès le 20 mars et approuvés le 5 avril. Plus modestes que les premières propositions, ils prévoient notamment de réunir des salons au rez-de-chaussée pour créer d'une part la salle du conseil municipal, d'autre part le salon des mariages. Les bureaux de la caisse d'épargne seront installés dans la tour d'angle et dans l'ancienne orangerie (ornée des colonnes remployées du ballet d'entrée de l'église Saint-Etienne). Bunel dessine aussi le portail et la grille sur la place Ernest-Cognacq. Les travaux sont adjugés le 22 avril (Jean Vinet, entrepreneur à Marans, obtient la partie maçonnerie des opérations). Parallèlement, l'ancienne mairie de l'actuelle place Fabbro est démolie : ses matériaux sont vendus le 15 juillet. A la demande de la municipalité, le projet de Bunel est complété le 7 septembre : un fronton sera construit au-dessus de la porte principale "afin de donner au nouvel hôtel de ville un aspect en rapport avec sa destination" ; de plus, le jardin, jusqu'ici divisé en deux par un mur, sera transformé en square planté, et la grille qui se trouvait dans le mur de séparation sera transférée dans l'allée qui descend vers la rue Gambetta.

En 1912, d'importants travaux doivent être menés sur la structure même du bâtiment. En effet, toute la façade nord menace de s'écrouler, fragilisée par des fondations insuffisantes (sur du bois pourri et des souterrains) et sans doute aussi par l'ajout (dans les années 1880 ?) de la cage d'escalier qui lui est adossée. Le 30 juillet, l'architecte rochelais Fernand Grizet présente son projet de reprise de cette partie-là du bâtiment : les fondations seront approfondies jusqu'au rocher, une aile de service située à l'arrière, en retour d'équerre vers le nord, sera démolie, l'escalier en bois sera réutilisé mais sa cage sera éclairée par une verrière. On en profitera pour peindre sur ses murs la liste des maires de Marans. Les travaux sont adjugés le 18 octobre à Pascal Ballieau, de Marans, pour la maçonnerie, et à Lucien Poitevin, également de Marans, pour les opérations de peinture (dont sans doute la réalisation de la liste des maires, complétée par celle des seigneurs de Marans).

Parmi les aménagements ultérieurs, l'hôtel de ville est agrandi dans les années 1990 d'une aile en retour d'équerre au nord, englobant la cage d'escalier. A la fin du 20e siècle également, le portail qui se trouve à l'entrée est de la cour de l'hôtel de ville a été déplacé à son emplacement actuel : il se trouvait le long de la rue Neuve, dans le prolongement du bureau de poste qui a été démoli en 1980.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle

Dates

1834, porte la date

1900, daté par source

Auteurs Auteur : Bunel Charles Henri

Charles Henri Bunel devient architecte du département de Charente-Maritime en 1876.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Grizet Fernand, architecte (attribution par source)

L'hôtel de ville se situe au coeur du centre-ville de Marans, au sommet d'un promontoire recouvert par la ville. Adossé à l'église au nord, séparé de la rue Neuve, à l'est, par le bureau de poste et son parking, il est précédé au sud par un grand parc. Celui-ci est fermé, place Ernest-Cognacq (ex-place du Château) par un muret avec grille et portail, et par des bâtiments de service. Deux autres portails maçonnés (dont l'un avec porte charretière entourée de deux portes piétonnes, toutes trois couvertes) se trouvent aux entrées est du parc, côté rue Neuve. Des allées sinueuses, un petit bassin et des réverbères en fonte sont présents dans le parc.

L'hôtel de ville comprend un corps principal de bâtiment, à un étage, couvert d'un toit à longs pans avec une croupe sur le côté est uniquement. Sa façade, couronnée par une corniche, compte dix travées d'ouvertures, avec des garde-corps en ferronnerie à l'étage. La quatrième travée à gauche comprend la porte, à encadrement mouluré, et est surmontée d'un fronton encadré par deux amortissements. Ce fronton est orné des armoiries de la Ville de Marans (D'azur au croissant d'argent accompagné de six croisettes recroisetées au pied fiché d'or, trois rangées en chef et trois rangées en pointe). Ces armoiries sont reprises de celles de la famille de Bueil, seigneurs de Marans jusqu'au 17e siècle. Au-dessous, l'entablement, marqué par quatre agrafes, présente les initiales "RF" (pour "République Française"), de part et d'autre de l'inscription "hôtel de ville".

Le corps principal de bâtiment est prolongé, à l'arrière, côté nord, par une aile en retour d'équerre (ajoutée dans les années 1990). A l'ouest, une tour d'angle, à pan coupé et à deux étages, possède au dernier niveau un balcon avec garde-corps en ferronnerie, orné d'initiales. Au pied de cette tour, à l'ouest, en retour d'équerre, se trouve un petit bâtiment en appentis, peut-être une ancienne serre ou orangerie. Ses deux élévations sont percées de larges baies dont les linteaux en anse de panier retombent sur des colonnes. Celles-ci sont remployées de l'ancienne église Saint-Etienne dont elles soutenaient l'appentis ou ballet d'entrée.

A l'intérieur du corps principal de bâtiment, un hall d'entrée, au sol carrelé en marbre, se prolonge par une cage d'escalier, éclairée par une verrière. Le portrait de Henri Toutant qui se trouve là a été rapporté de la salle de l'Union, située rue Henri-Toutant. Dans la cage d'escalier, trois panneaux peints sur les murs portent les listes des seigneurs, syndics, maires et adjoints de Marans depuis 1625. La liste des seigneurs a été établie "d'après recherches historiques de M Mrs Fleury et Bichon". A droite du hall, au rez-de-chaussée, une salle accueille les réunions du conseil municipal. S'y trouvent une cheminée en marbre rose et une rampe en bois, sculptée de motifs végétaux, marquant la séparation entre les membres du conseil et le public. A gauche du hall, une autre salle est destinée à la célébration des mariages.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

1 étage carré

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marans , place Ernest Cognacq

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1820 E 888, 2016 AA 472

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