Ermitage monolithe Saint-Martial

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Mortagne-sur-Gironde

L'ermitage aurait été fondé au 4e siècle, selon la légende, par des moines. Le site, creusé dans les falaises alors baignées par la mer, aurait été occupé deux siècles plus tôt par saint Martial, premier évêque de Limoges, et évangélisateur du Limousin et de l'Aquitaine. C'est aussi à cet endroit qu'aurait vécu saint Ausone, né, selon la légende, à Mortagne, disciple de saint Martial, et premier évêque d'Angoulême. Un petit monastère se serait développé là à partir du 9e ou du 10e siècle, époque où se forgea la légende de saint Martial. L'ermitage aurait été mentionné sur l'itinéraire des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle vers 1025. Selon la tradition, les moines recueillaient les pèlerins et les emmenaient par bateau par-delà l'estuaire, vers le Médoc.

La datation des cavités qui constituent le site, est difficile (Moyen Age ? Ancien Régime ?), de même que celle de la tourelle en ruine qui le surplombe. Celle-ci aurait servi à la fois d'amer (de repère pour la navigation, la mer venant au Moyen Age jusqu'au pied de la falaise), de clocher et de moulin à vent. C'est aussi à partir de cette tourelle que s'effectuait l'accès à l'ermitage, via l´escalier creusé dans la roche. Un cimetière se trouvait au pied de la falaise, ainsi qu´un ossuaire dans l´angle formé par l´escalier (les derniers ossements en ont été transportés dans le cimetière de Mortagne au début du 20e siècle). L´ermitage était l'objet de dévotions et d'un pèlerinage, notamment à Pâques et à la Saint Martial (le 30 juin). La chapelle et son mobilier semblent dater pour l'essentiel du 17e siècle. Interrompu par les guerres de Religions, le pèlerinage est rétabli en 1703. Au cours du 18e siècle, dix religieux de l'ermitage sont inhumés dans le cimetière (par exemple le Frère Antoine, sans doute l'auteur du calice de l'ermitage, en 1742). Certaines de ces inhumations sont faites dans "la chapelle basse" de l'ermitage, dont l'emplacement est inconnu. Sept religieux de l'ordre des récollets occupent encore les lieux à la Révolution.

Le 28 février 1791, l´ermitage, saisi comme bien national, est vendu aux enchères. Il comprend notamment la chapelle, deux petites chambres, une cuisine, un réfectoire, un chai, une cave et un grenier. Antoine Cochain, bourgeois propriétaire à Mortagne, se porte acquéreur du lieu. Après sa mort, en 1793, l´ermitage passe à son gendre, François Place, maire de Mortagne. En 1832, le moulin, la chapelle et deux petits bâtiments en contrebas (à la place de l'actuelle maisonnette) figurent sur le plan cadastral de Mortagne. Ils appartiennent toujours à François Place et à son épouse Marie-Thérèse Cochin, puis passent en 1853 à leurs enfants.

En 1861, l´abbé Lambert, curé de Mortagne, entreprend de réhabiliter l´ermitage et son pèlerinage. Il profite de la venue de l´évêque d´Angoulême pour la bénédiction du nouveau clocher de l´église de Mortagne, pour lui montrer l´ermitage. L´évêque laisse à l´église de Mortagne une relique de saint Ausone. La relance du pèlerinage est toutefois freinée par le fait que le site reste en mains privées et qu´il se déteriore : vers 1866, une partie de la roche glisse et condamne définitivement l´accès extérieur à la tribune de la chapelle. Les héritiers Place vendent enfin l´ermitage en 1878 à l´évêché de La Rochelle, représenté par l'abbé Fleury, curé de Mortagne. L´acquisition est rendue possible par le don de Mlle Dumas, religieuse au carmel de Saintes, originaire de Mortagne. Dès lors, l´abbé Fleury puis son successeur, l´abbé Braud organisent des cérémonies à l´ermitage, en particulier, chaque année, la messe d´action de grâces de la Première communion. L´ermitage devient aussi le terme de la procession des Rogations. L´abbé Braud envisage même d´ériger une statue monumentale de saint Ausone au sommet de l´ancien clocher de l´ermitage. Il confie à l´entrepreneur Brunet des travaux destinés à faciliter l´accès au site, mais la mort brutale du curé, le 12 août 1885, suspend les travaux.

L´ermitage reprend vie véritablement après la Grande Guerre, sous l´impulsion de l´abbé Louis Poirier, curé de Mortagne de 1919 à 1934, et de sa servante, Mme Nauze. En 1920, les notables de la paroisse de Mortagne tiennent un pèlerinage dans la chapelle. L´assemblée s´élargit en 1921 aux habitants de la paroisse et des paroisses voisines. En 1924 et 1927, le pèlerinage est présidé par Mgr Curien, évêque de La Rochelle, avec un repas servi aux notabilités dans l´ancien réfectoire. En 1927, à l´occasion du cinquantenaire du rachat de l´ermitage par l´évêché, l´évêque bénit l´autel du pèlerinage, placé à l´extérieur, dans la prairie au pied de la falaise. En 1928, c´est Mgr Harscouët, évêque de Chartres, qui préside le pèlerinage. A chaque fois, un jeudi de fin juin ou début juillet, la procession part de l´église de Mortagne avec les reliques de saint Ausone, descend à la Rive, longe l´étier et les falaises jusqu´à l´ermitage, et, après les cérémonies dans la chapelle, remonte vers le bourg en empruntant l´escalier dans la roche. Chaque année, les cérémonies attirent des centaines de fidèles venus de Saintonge et des deux rives de la Gironde, depuis Royan et même du Médoc, par bateau. Une place particulière est faite aux enfants de chœur (saint Martial étant considéré comme leur patron) : une centaine d´entre eux, venus des paroisses environnantes, est réunie lors du pèlerniage de 1931. Le pèlerinage perdure dans les années 1950, puis périclite.

Périodes

Principale : Moyen Age (incertitude)

Principale : 17e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Dates

1885, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

L'ermitage Saint-Martial se situe sur la falaise morte qui s'étire au sud-est du port et du bourg de Mortagne. Son entrée s'effectue aujourd'hui par une passerelle sur l'étier de Fondevine, puis par un portail à piliers maçonnés, et enfin à travers une prairie qui s'étire jusqu'au pied de la falaise. Là se trouve une maisonnette et, à gauche, un autel en plein air.

L'ermitage lui-même comprend une chapelle, à droite, et, à gauche, un ensemble de quatre salles troglodytiques à deux niveaux, donnant sur une terrasse. Parmi les quatre salles, l'une, qui ouvre par une porte en plein cintre, contient une cheminée et un orifice par où passait la corde servant à actionner autrefois une cloche. Cette pièce communique avec la suivante par un étroit passage voûté. Cette seconde pièce devait servir de réfectoire, et est suivie par une troisième, peut-être un dortoir. Deux cellules occupent l'étage.

La chapelle est elle aussi creusée et taillée dans la roche, sur une profondeur d'environ 8,50 mètres (hors déambulatoire), une largeur de 6 mètres environ, et une hauteur d'environ 4,50 mètres. Son sol est incliné vers l'entrée, et sa voûte est surbaissée. La porte de la chapelle, en arc surbaissé, est surmontée d'une baie, également en arc surbaissé, qui donne sur une tribune. A gauche de la porte se trouve un ancien accès direct extérieur à la tribune, aujourd'hui condamné. Là aussi se trouvait un couloir, également condamné par un glissement rocheux, qui communiquait avec la partie logement de l'ermitage. La tribune, supportée par trois arcs surbaissés, comprend un garde-corps ajouré en quatre points, permettant à la lumière d'éclairer en permanence le fond de la chapelle, sans jamais que les rayons du soleil d'y frappent directement. Au-delà d'un muret ou chancel, interrompu par un portillon, un retable également en pierre occupe le fond de la chapelle et monte jusqu'à la voûte. De part et d'autre, deux petites portes en plein cintre donnent accès à un déambulatoire qui permet de circuler derrière le retable. Les deux portes sont encadrées par des pilastres et surmontées par un bandeau qui fait le tour de la chapelle, séparant les murs de la voûte. Une source d'eau jaillissait autrefois du déambulatoire et coulait le long du mur droit de la chapelle. Le mur gauche est percé, derrière le chancel, d'une porte en arc surbaissé qui donne sur une niche. Cette dernière, autrefois fermée par une porte, a servi de tombeau et contenait des ossements, tombés en poussière lorsque l'on ouvrit la niche au début du 20e siècle.

Entre la chapelle et la partie logement, une porte en arc segmentaire ouvre sur un étroit escalier en pierre, de 76 marches. Taillé dans la roche, il mène au sommet de la falaise, et constituait l'accès principal de l'ermitage, du temps où la mer arrivait jusqu'au pied de la falaise. Dans le tournant de l'escalier se trouve une cavité (un ancien ossuaire). Au sommet se trouve la tourelle (ancien amer et/ou ancien moulin). Construite en moellon, elle a perdu son toit mais conserve dans sa partie haute quatre ouvertures étroites, orientées vers les quatre points cardinaux.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Mortagne-sur-Gironde , route de l' Etier

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: la Rive

Cadastre: 1832 D 2404, 2405 et 2428, 2009 OD 787 à 790

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...