Abbaye de bénédictins Saint-Savin, Saint-Cyprien (bâtiments conventuels, logis abbatial), puis gendarmerie, prison, mairie, justice de paix, aujourd'hui centre d'interprétation de l'ancienne abbaye

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Moyen-Âge

L'abbaye de Saint-Savin a été fondée sur le site de la découverte des sépultures de deux saints martyrs chrétiens, Savin et Cyprien, morts au 5e siècle. S'il n'est pas prouvé que Charlemagne en fut le fondateur, on sait que son fils, Louis le Pieux, fit appel à Benoît d'Aniane pour réformer la communauté en installant une vingtaine de moines. Dodon, personnage influent dans toute l'Aquitaine, lui succéda comme abbé vers 823, jusqu'à sa mort en 853. Le chartrier de l'abbaye n'est pas conservé mais quelques documents ont pu être reconstitués (diplômes de confirmation de roi Pépin Ier en 825 et de Louis Le Bègue en 878, voir Perrault et Pon, 2009). La fortification de l'édifice dès l'origine a été discutée.

Au début du 11e siècle, l'abbaye bénéficie toujours de hautes protections. En 1010, Aumode, épouse de Guillaume V le Grand, duc d'Aquitaine et comte du Poitou, aurait fait une importante donation à l'abbaye. Cependant, la construction de l'actuelle église abbatiale date plutôt de la seconde moitié du 11e siècle (1040-1090) : nef à trois vaisseaux, chœur à déambulatoire, peintures monumentales. Plusieurs églises sont données par Pierre II, évêque de Poitiers, à l'abbaye en 1093.

En 1163, le pape Alexandre III enjoint aux curés de Bernezay, Bougon et Concise d'être soumis à l'abbé de Saint-Savin en ce qui concerne le temporel de leurs cures. 

Le pape Lucius III (1184) met l'abbaye de Saint-Savin sous la protection du Saint-Siège et confirme ses possessions et privilèges. 

Au milieu du 13e siècle, à la suite des donations d'Alphonse de Poitiers et de Jeanne de Toiré, l'abbaye se développe avec la construction du cloître, des bâtiments conventuels avec la salle capitulaire et de la flèche du clocher-porche (Riou, 1984 ; Favreau, 1999).

Pendant la guerre de Cent Ans, l'abbaye est prise par les Français en 1369 puis reprise par le prince de Galles qui la pille en 1371. L'abbaye est restaurée à la fin du 14e (flèche en pierre du clocher notamment) et au 15e siècles.

Epitaphe de Florent d'Allemagne, apposée sur le mur de l'ancienne sacristie.Au 15e siècle, la famille d'Allemagne, seigneurs notamment à Nalliers, donne deux abbés commendataires à l'abbaye de Saint-Savin, Jean (1435-1478), dont l'épitaphe est toujours apposée sur un mur de l'église, et Florent, abbé de 1484 à 1510 et évêque de Poitiers. Florent d'Allemagne a été inhumé dans le cloître de l'abbaye. Les armoiries de la famille d'Allemagne, d'or à trois fasces de gueule, se devinent dans l'église sur la console droite d'une niche contenant une peinture murale de Vierge à l'Enfant au revers (vers la nef) du mur est du clocher-porche et, d'après d'après D. Fonteneau, elles étaient également peintes sur la voûte.

En 1562, les archives de l'abbaye sont détruites par les protestants menés par Brantôme. Les revenus de l'abbaye sont cédés en 1563 par un bail à ferme par Emery de Rochechouart, abbé commendataire, pour cinq ans et 5 500 livres par an. Les bâtiments conventuels sont très endommagés lors de ces Guerres de Religion : en 1568, la ville est prise et pillée par les protestants menés par les comtes de Choisy et de Beauvoisin et l'abbaye subit un important incendie en 1569. En 1573, la sauvegarde est accordée aux habitants de Saint-Savin par le duc d'Anjou à la demande du même abbé Emery de Rochechouart. Catherine de Médicis envoie le duc de Montpensier à la tête d’une armée pour reprendre la ville ; elle pille l’abbaye. En 1576, le duc d'Anjou ordonne au capitaine Lasalle (ligueur) de remettre l'abbaye où il tenait garnison entre les mains de l'abbé.

Dans le contexte de la Ligue, les fortifications de la ville et de l'abbaye ainsi que certains bâtiments de l'abbaye, dont le cloître, sont détruits en 1591-1592 sur ordre du vicomte de la Guerche, gouverneur du Poitou, par le sieur de Champagne, prévôt des marchands de Montmorillon (dom Fonteneau, manuscrit Ms 479, folio 629).

Au 17e siècle, les abbés de Saint-Savin revendiquent les droits qu'ils ont sur diverses terres et seigneuries et portent parfois les conflits en justice (voir annexe). Henri de Neuchèze, baron des Francs et neveu de l’abbé commendataire, détourne une partie des revenus de l'abbaye à partir de 1611. De nombreux procès sont intentés par les religieux et les habitants, mais les arrêts le condamnant dès 1616 ne sont pas exécutés. Il est finalement arrêté en octobre 1631.

En 1632, le prieur claustral de l'abbaye envoie une requête à l'évêque de Poitiers pour être autorisé à quitter Saint-Savin où la peste sévissait et à se retirer momentanément avec ses religieux à Saint-Germain ou à Antigny

Réforme mauriste

Projet de 1640. Plan d'ensemble, rez-de-chaussée.René Chasseloup est déjà aumônier de l'abbaye de Saint-Savin lorsqu'il afferme les dîmes de Nalliers le 9 juillet 1634. En 1640, Louis XIII décide de faire rétablir la discipline dans l'abbaye et confie celle-ci à des religieux de la congrégation de Saint-Maur, venant de Nouaillé. Les bâtiments sont alors en ruine et l'église en mauvais état. Cette réforme permet à l'abbaye de connaître un renouveau : restauration du clocher, nouveau mobilier, etc. René Chasseloup donne sa démission le 6 août 1645 (Beauchet-Filleau, t. II, p. 266).

Dans le contexte de la Fronde (1648-1653), les religieux portent plainte en 1652 auprès du lieutenant général de la sénéchaussée de Poitiers contre l'abbé commendataire qui avait envahi le monastère avec une troupe d'hommes armés qui pillaient tout le revenu des religieux. Après instruction, le duc de Roannez, gouverneur de Poitou, est sommé de faire retirer les troupes qui gardaient la place de Saint-Savin. Entre 1653 et 1655, l'abbé et les curés voisins bataillent en justice. Une enquête est menée en 1657 pour prouver que les curés de Saint-Savin [Notre-Dame], de Saint-Germain et du Mont-Saint-Savin doivent assister aux processions qui se faisaient à l'abbaye le dimanche des Rameaux, aux Rogations et à la Fête-Dieu.

Le 13 juin 1655, un marché est conclu pour les " quartiers de pierre de taille " (Archives départementales de la Charente, 1 H 7/3).

Le clocher est restauré en 1664. Entre 1663 et 1666, des actes sont conclus devant un notaire royal et enregistrés à la généralité de Bourges (voir détails en annexe) :

- avec Charles Sauvage, maître sculpteur à Poitiers, marché pour les menuiseries et sculptures du chœur et de l'autel (5 décembre 1663) ; puis marché pour la " croix de pierre " [= crucifix] de trois pieds de haut (15 mai 1664) ; ces marchés sont complétés par un 3e marché (10 avril 1665) ;

- avec Charles Ribaud, maître menuisier demeurant à Saint-Savin, notamment pour la menuiserie du chœur, suivant les dessins de Charles Sauvage (28 avril 1665) ;

- avec Nicolas Bezot, maître fondeur et Jean Bizot son frère aussi maître fondeur de cloche demeurant en la ville de Châtellerault, pour quatre cloches (24 [février?] 1665) ; un autre marché pour deux cloches (1 cloche de 500 livres à monter dans le grand clocher et 1 petite cloche de 45 livres est signé avec le seul Jean Bezot (9 avril 1666) ; la petite cloche est la cloche aujourd'hui présente en façade du clocher roman de l'église et qui porte la date de 1666.

- avec Louis Joyeux, tailleur d'habits demeurant à Saint-Savin, ornements noirs de la sacristie (1er janvier 1665) puis autres ornements (1er mars 1665) ;

- avec Girard Gobeler [texte] ou Gobler [signature], installation d'un mouvement complet à l'horloge du monastère pour lui faire sonner les demies et les quarts d'heures (28 juillet 1665).

En 1668, les religieux en requièrent au sénéchal de Saint-Savin pour faire cesser le bruit qu'on faisait le soir, surtout les dimanches et fêtes, sous les fenêtres du dortoir. 

Le 12 juillet 1673, le Châtelet de Paris déclare Benigne de Neuchèze, abbé commendataire, comme inapte à accomplir sa charge, nomme sa mère curatrice de sa personne et de ses biens et lui permet de le faire enfermer à Saint-Lazare.

D'après Pierre Rambaud (1920, p. 108) : " Jacques Beziau, architecte et ingénieur en Poitou, donne, le 26 juin 1676, le plan des travaux qu'il doit exécuter à l'abbaye de Saint-Savin avec Antoine Aubineau, maître maçon. Ce projet prévoit la construction du nouveau bâtiment abbatial (aile est actuelle) avec chapitre, réfectoire, lavoir, cuisine, quinze chambres et logis et réfectoire des hôtes dans le pavillon conservé au sud-est. En février 1679, les moines lui versent, ainsi qu'à son associé, une somme de 1 363 livres 18 sols, puis, le 18 janvier 1688, une seconde de 1 900 livres (Min. Berthonneau). Le 7 mai 1672, il passe marché pour construire un escalier en fer à cheval d'après son propre plan (Min. Gaultier) ".

Le 17 mars 1679, un marché est conclu entre l'abbaye, représentée par Dom François de Montclar, prieur, et dom Léger Chadebec, procureur syndic de l'abbaye, et Jacques Pinault, maître doreur demeurant à Poitiers paroisse de Notre-Dame la [Chadelior?] pour dorer le tabernacle.

Le cloître partiellement reconstruit se trouvait à l'est du bâtiment conventuel et au sud de l'église. Son aile sud était constituée d'un bâtiment à étage couvert d'un toit à longs pans brisés éclairé par des lucarnes, inséré à peu près au milieu du bâtiment conventuel et qui renfermait le réfectoire d'après le plan de 1675 mais légendé bibliothèque et hospice sur la vue de 1688. Un bâtiment (porterie de la clôture ?) prenait place dans l'angle sud-ouest du cloître. L'aile ouest du cloître est constituée d'une galerie, de même que l'aile nord adossée à l'église.

L'abbaye de Saint-Savin et son moulin, au bord du Guardampa flumen, d'après le Monasticon gallicanum, pl. 22 (1688).Le bâtiment conventuel actuel est construit à partir de 1682 d'après les plans de François Leduc dit Toscane, maître entrepreneur à Saint-Maixent (acte pour le dortoir, 7 septembre 1682). Le bâtiment conventuel, à l'est, est construit mais il ne semble pas que le projet ait été réalisé dans son ensemble.

Bâtiment conventuel, réfectoire, clef de voûte : date 1692.Une clef de voûte du bâtiment conventuel porte la date 1692.

Les deux travées les plus au nord sont occupées par l'escalier monumental sur les deux niveaux, avec un accès vers le cloître et un accès vers le jardin postérieur. Au rez-de-chaussée, les travées délimitées par les voûtes d'ogive correspondent chacune à deux fenêtres sur l'élévation postérieure pour les trois premières pièces.

Bâtiment conventuel, rez-de-chaussée, détail d'un plan daté de 1675.D'après le plan de 1675 se trouvent du nord vers le sud :

- une chambre accessible depuis l'escalier monumental, correspondant à une travée ;

- la sacristie, d'une travée, accessible depuis une porte monumentale donnant sur le cloître ;

- la salle capitulaire, de trois travées, avec une porte vers le cloître au niveau de la travée sud ;

- la pièce suivante est une chambre accessible depuis la salle capitulaire, la voûte est formée sur une travée correspondant à une seule fenêtre de l'élévation postérieure ; cette pièce se trouve dans le prolongement de l'aile sud du cloître (le plan de 1675 indique un passage avec escalier tournant à l'ouest de ce bâtiment) ;

- deux petites pièces séparées par une cloison, chacune avec sa voûte, l'une à l'est correspondant à une fenêtre de l'élévation postérieure, l'autre à l'ouest avec une porte sur la cour ; chacune de ces deux pièces comprend une porte vers la pièce située au sud ;

- une pièce d'une travée voûtée correspondant à deux fenêtres à l'est, avec, outre les deux portes déjà mentionnées, une porte à l'ouest du mur sud ;

- un espace d'une travée voûtée correspondant à deux fenêtres à l'est, recloisonnée, située au-dessus du passage couvert dans l'étage de soubassement, avec une porte à l'est et à l'ouest, le long du logis abbatial.

A l'étage, après les deux travées de l'escalier monumentale, un couloir ouest dessert quinze cellules vers l'est, correspondant chacune à une fenêtre.

La vue de 1688 identifie ce bâtiment comme renfermant la salle capitulaire, la cuisine, le dortoir et le réfectoire.

Logis abbatial, rez-de-chaussée, détail d'un plan daté de 1675.Le logis abbatial prend place au sud du bâtiment conventuel, légèrement désaxé par rapport à celui-ci. Il comprend un bâtiment d'orientation nord-sud et un bâtiment en retour d'équerre vers l'ouest, avec un escalier en vis semi-hors-oeuvre. Un troisième bâtiment est adossé à l'est, vers la Gartempe. D'après le plan de 1675, un four se trouvait dans l'angle nord-ouest au rez-de-chaussée du bâtiment principal. La vue de 1688 identifie ce bâtiment à une infirmerie.

Le mur de clôture longeait au nord la rue Saint-Louis, avec un espace vide entre cette rue et le mur nord de l'église abbatiale et une tour à couverture crénelée dans l'angle nord-ouest. Un mur de clôture se trouvait également à l'est, en bord de Gartempe, et à l'ouest, à une distance constituant peu près la même longueur que la nef de l'église.

Clôture sud, extrait du Monasticon gallicanum, pl. 22 (1688).Au sud, la clôture est constituée par trois bâtiments plus ou moins alignés, construits en retour d'équerre par rapport au logis de l'abbé, soit d'est en ouest :

- un bâtiment à étage couvert d'un toit à longs pans, de même hauteur que le logis, avec quatre travées de part et d'autre d'une tour de plan circulaire, semi-hors-oeuvre, sur l'élévation sud, couverte d'un toit en poivrière ; la partie orientale constitue aujourd'hui l'aile sud du logis de l'abbé ; la vue de 1688 l'identifie comme " horrea " (celliers, greniers) ;

- un bâtiment plus bas, couvert d'un toit à longs pans ; la vue de 1688 l'identifie comme une grange ; une cour (atrium ecterius) close de murs se trouve au sud de ces deux bâtiments ;

- une tour de plan circulaire, couverte en terrasse ;

- un bâtiment d'axe est-sud-est / ouest-nord-ouest, de même hauteur que le précédent, également couvert d'un toit à longs pans, identifié comme une écurie (equilia) et qui n'est pas figuré sur le plan de 1675 ;

- une tour couverte en poivrière qui garde l'angle sud-ouest de la clôture.

Projet de 1675. Plan d'ensemble du rez-de-chaussée.Des murs marquent des séparations de l'espace de la clôture, avec une répartition différente entre les plans de 1675 et la vue en perspective de 1688. Ainsi, sur le plan de 1675, un mur d'axe nord-sud dans le prolongement du mur ouest du cloître, délimitant à l'est une " grande basse-cour " et à l'ouest, sur toute la largeur correspondant à la basse-cour et au cloître, un espace à l'usage de l'abbé. Sur la vue de 1688, en partant de la " porterie ", le mur d'axe nord-sud n'existe pas et un mur d'axe est-ouest a été construit, délimitant un jardin avec des parterres à l'ouest du cloître. La grande cour le long des bâtiments formant la clôture sud est donc probablement à l'usage de l'abbé, avec une porte à l'ouest vers la ville.

Un mur situé de part et d'autre du clocher marque une cour à laquelle on pouvait accéder depuis l'extérieur par une porte percée dans le mur de clôture ouest, délimitant un large couloir, formant un accès à l'église depuis la ville qui était gardé par une tour de part et d'autre dans le mur de la clôture sur le plan de 1675, une seule tour, à couverture crénelée, est figurée au nord sur la vue de 1688.

L'espace au nord de l'église et de ce couloir, continu avec celui situé à l'est de l'église et du bâtiment conventuel, étaient plantés de parterres délimités par des arbustes (ou des arbres fruitiers ?).

Aile à l'est du chevet et du bâtiment conventuel, accès à la pêcherie, extrait d'un plan daté de 1640.Sur le plan de 1640, peut-être pas réalisé, se trouve une aile ou une galerie supplémentaire implantée selon un axe est-ouest, insérée entre le chevet de l'église et la travée nord du bâtiment conventuel, menant à un bâtiment (pêcherie ?) implanté en bordure de la Gartempe. Il s'ouvre vers par trois fenêtres ouvertes sur son mur nord, vers le jardin situé à l'arrière du chevet de l'église, et sept absides semi-circulaires sur l'élévation sud.

Pêcherie et bâtiment situé entre le chevet de l'église et le bâtiment conventuel, extrait du Monasticon gallicanum, pl. 22 (1688).Ce bâtiment n'est pas figuré sur le plan de 1675, ni sur la vue de 1688. Sur cette dernière se trouve une amorce d'aile en retour d'équerre vers l'est du bâtiment conventuel, à étage, couverte d'un toit à longs pans brisés, d'une ou deux travées vers le sud (avec une seule lucarne) et une travée vers l'est. La légende de la vue l'identifie à la sacristie. Le bâtiment de la pêcherie est également figuré sur la vue de 1688, adossé à un bassin ou vivier (vivarium). La porte murée dans une portion de mur en pierre de taille encore visible dans le mur de la promenade pourrait correspondre à l'accès à ce bâtiment détruit.

18e siècle

Le 29 novembre 1740, Jean Ardillaud, entrepreneur à Champigny, s'engage à réparer l'église de Saint-Savin (Archives départementales de la Vienne, C 25).

Au cours du 18e siècle, l'abbaye s'endette considérablement et tarde à payer ses débiteurs. Ainsi, les experts qui ont prêtent serment le 14 février 1749 dressent le procès-verbal des travaux à régler aux débiteurs à un total de 7605 livres 10 sols. Ces travaux concernent les différentes dépendances de l'abbaye (voir annexe), avec des dettes envers les créanciers de l'abbé Daché.

La diette (assemblée générale ecclésiastique) de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, abbaye-mère de la congrégation de Saint-Maur, enjoint à l'abbaye de Saint-Savin, en mai 1755, de mieux respecter leur règle de modestie, de supprimer les cheminées dans les parloirs et dans les chambres, ainsi que les meubles [...] « tables et commodes à dessus de marbre et même des glaces, ce qui est d’un exemple pernicieux pour les religieux particuliers ». Il leur est aussi interdit de s’absenter plus de 12 jours sans la permission du père général de la Province.

Etat des lieux en 1761

Rapport de Jean-Baptiste Parent, ingénieur de la province de Poitou, 15 novembre 1761.Le 12 octobre 1761, Jean-Baptiste Parent, ingénieur de la province de Poitou, demeurant à Poitiers paroisse Saint-Didier, en face du couvent des filles de Notre-Dame, est nommé expert laïc pour évaluer les travaux réalisés récemment et ceux à faire urgemment sur les biens de l'abbaye. Il dresse l'état des lieux, enregistré à la généralité de Bourges, le 5 novembre 1761 depuis l'auberge de Saint-Elloy, après avoir visité l'abbaye et ses dépendances : église Notre-Dame d'Antigny, métairie de Jacob Charreau au mont Saint-Savin, église de Nalliers, métairie de la Jugerie paroisse de Paizay-le-Sec, église de Paizay-le-Sec, église de Mont-Saint-Savin, église de la Bussière, moulin d’Antigny, église de Jouhet, étangs qui dépendent du château de Rillet (étangs de Calabre et de petit Calabre, étang de la Ferrandière, étang de Berthezioux, étang de Valencienne, le petit étang), église de Concise, église de Saulgé, église de Moulisme, retour au moulin d'Antigny (6 juin 1762). Il chiffre de manière détaillée, mur par mur à l'extérieur puis à l'intérieur de chaque pièce, les travaux réalisés et ceux à effectuer de manière urgente, soit un total de 777 livres 11 sols et 9 deniers de quittances pour la reconstruction du moulin d'Antigny, des travaux réalisés sur les différents édifices pour 1800 livres 9 sols et 6 deniers et à faire de 7432 livres 10 sols et 3 deniers, dont 14 livres 8 sols réalisés et 794 livres 18 sols 10 deniers à faire pour l'abbaye.

Pour l'abbaye, qui est globalement dans un état de grande vétusté, il faudra poser des échafaudages pour réparer ou remplacer de nombreuses pierres (murs, jambages et seuils des ouvertures), des murs en moellon et mortier de terre, le crépissage au mortier de chaux et sable, les carreaux (pavages), les huisseries (portes et fenêtres), les carreaux de verre en plomb des fenêtres, les poutres, les planchers, les serrures. Il décrit successivement les travaux concernant la grande porte d'entrée, la petite porte, le couronnement du mur de clôture, les boutiques près de la porte, le cellier, le four à droite en entrant, le puits, les murs de la galerie (pignon et côté du jardin de René Barthelémy) et sa balustrade, l'escalier qui mène à la galerie au-dessus de l'écurie, le pallier, les deux chambres, l'échelle pour monter au grenier, la boulangerie, les latrines, l'écurie, l'aqueduc des eaux pluviales, le cellier, la prison, l'escalier en pierre menant aux chambres, le grenier, les cinq chambres, le cabinet à côté de la deuxième chambre, au-dessus de la prison, la maison abbatiale dont la toiture est en assez bon état.

Résorption de la dette

Un document daté du 1er septembre 1766 et signé par Antoine Durand, prieur, et P. Valton, procureur, récapitule les dettes :

- au 31 mars 1765, la dette du monastère de Saint-Savin s'élève à 8478 livres ;

- non compris 2000 livres dues à M. le clerc procureur au grand conscrit ;

- entre le 3 novembre 1763 et le 4 septembre 1766, le monastère a réglé 5950 livres, 10 sols et 6 deniers de ses anciennes dettes ;

- dans le même temps, il a été procédé à des réparations pour un total de 2740 livres, 7 sols et 3 deniers.

De la Révolution française à nos jours

Le monastère est fermé en 1792, lors de la Révolution, et l'ancienne église abbatiale devient paroissiale. Les propriétés de l'abbaye sont dispersés comme biens nationaux entre 1791 et 1796. Les bâtiments conventuels sont occupés par une gendarmerie, une prison, une salle de justice, la mairie, une portion de la maison abbatiale est adjugée à Mme Ducros le 2 avril 1791, les autres biens dans le bourg sont également vendus : le moulin, le four banal et le jardin de l'aumônerie à M. Demay (5 février 1791), une maison avec ses dépendances dans la Grand'Rue au citoyen Gonnet le 23 prairial an IV [11 Juin 1796] et à l'extérieur (métairies du Donné, de Bourouy, pièce de pré à la Gassotte, etc.). En 1799, l'architecte poitevin Vétault établit des plans d'aménagement du bâtiment abbatial pour y abriter la gendarmerie.

En juillet 1805, l'église, la sacristie et la maison conventuelle sont pillées et dévastées par des habitants de Saint-Savin. Le sous-préfet Butaud se déplace pour constater les dégâts le 29 messidor an XIII [18 juillet 1805] : 21 vitraux ont été dégradés dans l'église, la quasi totalité des portes, dont les 33 portes des cellules à l'étage du bâtiment conventuel, la quasi totalité des fenêtres, y compris les barreaux en fer et les contrevents quand il y en avait, des parties de plancher et de murs en pierre de taille, des marches de plusieurs escaliers, des pièces de charpente, des cloisons ont été enlevées dans l'ensemble des bâtiments. Un petit bâtiment de 6 pieds carrés sur la terrasse du grand jardin et un cabinet en bois de 12 pieds carrés placé à l'extrémité de la terrasse, du côté de l'abreuvoir, ont été démolis. Le brigadier Braudequin déclare avoir réussi à mettre à l'abri des pilleurs seulement 5 portes, une barre de fer, 5 bandes de fer de la grande porte de la cour, la grande porte, la cloche du parloir, six garnitures et trois chevaux, et ne pas connaître les responsables des dégradations. Le sous-préfet transmet le même jour un devis estimatif des réparations à faire. Pierre Frauchault-Corbinière et Belléoux-Bonneuil, maire et adjoint, sont suspendus par le préfet le 9 thermidor an XIII [28 juillet 1805] et démis de leur fonction par le ministre de l'intérieur le 4 fructidor an XIII [22 août 1805] pour ne pas avoir empêché ce pillage et avoir à plusieurs reprises refusé de fermer les portes de l'abbaye de jour comme de nuit depuis plusieurs années (Archives nationales, F/1bII/VIENNE/14).

La commune de Saint-Savin voulait vendre en 1807, les trois églises de Saint-Germain, Saint-Vincent et Notre-Dame à Saint-Savin et leurs cimetières pour financer la restauration de l'abbaye, en tirant 8000 francs de revenus (1200 francs de la vente de l'église et 1000 francs de la vente du cimetière de Saint-Germain ; 1000 francs de l'église et 800 francs du cimetière Notre-Dame ; 2800 francs de l'église de Mont-Saint-Savin - alors que l'estimation officielle en 1806 était de 800 francs, 2800 pour les 3 églises - et 1200 francs du cimetière) pour 7000 francs de travaux nécessaires à l'église abbatiale. La fabrique avait de son côté chiffré les besoins à 250 francs pour le logement du curé, 6000 francs pour la réparation de l'église et 6000 francs pour l'acquisition d'un presbytère.

Le conseil municipal prend " l'engagement de construire dans l'espace de trois ans une cazerne, une prison et un logement pour le concierge dans l'ancienne abbaye de Saint-Savin, conformément au plan arrêté par M. l'ingénieur et ce moyennant la concession de toutes les parties de cet édifice non nécessaires à la dite cazerne " (30 janvier 1807 ; dépense estimée par l'ingénieur en chef : 12250 francs). Les travaux sont financés en partie par la vente d'une partie des jardins.

Les bâtiments abbatiaux sont concédés au département de la Vienne par décret du 9 avril 1811 mais la commune reste propriétaire.

En 1825, les registres cadastraux indiquent comme propriété de la commune :

- parcelle E2 253 : église ;

- parcelle E2 254 (anciens bâtiments abbatiaux) : caserne ;

- parcelle E2 255 (ancienne sacristie) : bâtiment ;

- parcelle E2 261 (ancien logis de l'abbé) : tribunal et presbytère ;

- parcelles E2 260 et 262 : jardin.

Les parcelles 256 à 258 (aile détruite) sont réparties entre plusieurs propriétaires privés ; la parcelle 256 est considérée comme un bâtiment agricole, les autres comme des maisons. Les deux bâtiments qui encadrent le clocher (E2 250 et 251) et le bâtiment avec sa cour, adossé au sud de l'église, appartiennent à Baudichon, brigadier de gendarmerie.

L'église

C'est à Prosper Mérimée, Inspecteur général des monuments historiques, venu à Saint-Savin le 31 octobre 1835, que l'on doit la prise en main des opérations de sauvegarde et de restauration du monument. L'église est classée, un relevé des fresques est réalisé et la conduite des travaux est confiée à l'architecte saumurois Joly-Leterme, en 1841.

De 1841 à 1856, des travaux de restauration sont menés par l'architecte Charles Joly-Leterme dans l'église et sur les peintures murales.

En 1873, l'architecte diocésain Jean-Camille Formigé succède à Charles Joly-Leterme. La flèche est réparée en 1881 " sous la haute direction de M. Formigé et sous la surveillance de l'agent-voyer Ducoudray " (Richard, 1881). L'église accueille de nouveaux autels, de nouveaux vitraux, de nouvelles cloches, les relations entre l'architecte et le curé Lebrun sont tendues. La reconstruction de la flèche gothique est achevée en 1887 (voir détails dans le dossier de l'église abbatiale).

La seconde grande campagne de restauration débute en 1969 par dépose de plusieurs peintures murales.

Les peintures murales sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1983.

De nouvelles restaurations sont menées au milieu des années 2010.

Les bâtiments conventuels et le logis de l'abbé

La gendarmerie (élévation sud de l'église et élévation ouest du bâtiment conventuel), carte postale ancienne.

Le bâtiment conventuel est occupé par la gendarmerie en application d'un décret impérial du 18 août, charge à la commune d'effectuer les travaux nécessaires tels qu'établis par l'ingénieur en chef du département de la Vienne (plans et devis du 16 septembre 1806, délibération du conseil municipal du 30 janvier 1807). En 1831-1832, le département revendique la remise des bâtiments au département des bâtiments de la gendarmerie, ce qui lui est accordé le 9 mars 1833 (procès-verbal du receveur de l'enregistrement et des domaines) après une longue argumentation juridique ; la commune garde des droits sur les terrains annexés. D'importants travaux de rénovation et d'entretien doivent être régulièrement entrepris. Ainsi, en 1869, les services de l'Etat notent : " La couverture de ce bâtiment est dans un état déplorable, et, suivant le devis dressé par M. l'Architecte, la dépense pour remédier à ce grave inconvénient s'élève à la somme de 1,500 fr., que je vous propose d'allouer " (Rapport au conseil général, 1869).

La gendarmerie quitte les lieux en 1971.

Des bâtiments annexes couverts en appentis de tuile creuse sont adossés au sud de l'église, dans l'ancienne galerie du cloître, ainsi que l'on peut le voir sur certaines cartes postales anciennes. Ces bâtiments annexes, dont la sacristie, ont été détruits et intégrés à la place d'Armes, aujourd'hui place de la Libération.

Logis abbatial, plan de distribution dans les anciens bâtiments de la maison dite les bénédictins pour l'établissement de la brigade de gendarmerie (logis et aile ouest), du 25 prairial an 7, par Vétault, architecte.Le logis de l'abbé est réaménagé pour accueillir la brigade de gendarmerie suivant le plan de l'architecte Vétault (25 prairial an 7 / 13 juin 1799).

Plan schématique à l'encre, époque révolutionnaire.Des écuries, une chambre de domestiques et une cuisine sont installées dans les autres bâtiments de l'ancienne clôture sud.

Halle 1808-1836

Les halles se trouvaient à l'extrémité ouest de l'aile sud de l'abbaye (E 256 bis).

Le 18 août 1808, un décret impérial transfère à la commune en toute propriété " la partie des bâtiments et terrains dépendant de la cy-devant abbaye ou couvent des bénédictions de Saint-Savin, non occupée par la gendarmerie, à la charge de conserver la partie de la cour nécessaire à l'agrandissement de la place du Marché dudit lieu [...] ". Un autre document précise que les sommes serviront à l'agrandissement de son marché et à la construction de sa halle et de son marché aux grains. En 1809, la cession d'une partie de la cour inoccupée par la gendarmerie, partagée en 10 lots, est autorisée pour dégager des fonds pour réparation de la caserne, sauf " la portion du jardin n° 3 où il existe un bassin en pierre dépendant du puits ". Il s'agit des jardins situés entre les bâtiments conventuels et la Gartempe, avec une porte fermée à clef dont la clef sera donnée aux adjudicataires et à la fabrique de l'église. Cette disposition sera la base d'un conflit entre l'abbé Lebrun et l'héritière de l'un de ces jardins en 1869 (accès à la crypte Saint-Marin, voir dossier de l'église). Les dix lots sont cédés à la bougie le 19 février 1809.

En 1817, la commune souhaite vendre une partie de bâtiment inoccupée et menaçant ruine pour financer " la construction des halles, maison commune et de la prison ". M. Jacquemet se porte acquéreur et expose au préfet Duhamel qu'il offre 8000 francs qui serviraient à établir la halle aux blés, propose de quitter Barbezieux (Charente) pour s'installer à Saint-Savin.

Les halles restent à cet emplacement jusqu'à la construction d'une nouvelle halle en 1836.

Presbytère 1821-1830

Par ordonnance royale du 13 février 1822, la commune est autorisée à vendre l'ancien presbytère, le prix de la vente à François Boutaud (2425 francs) doit permettre de payer les réparations à faire pour établir un nouveau presbytère dans les anciens bâtiments des bénédictins. Le produit de la vente est finalement utilisé en priorité pour réparer l'église (1800 francs), le surplus servant aux réparations pour établir le presbytère.

Le 11 juillet 1829, le conseil municipal constate que la vente de 1809 (jardins et bâtiments) n'a toujours pas été homologuée alors que la commune a rempli ses engagements. Une ordonnance royale du 16 décembre 1829, suivant l'avis favorable du préfet du 26 août 1829, acte la cession par la commune en 1809 des terrains (66 ares 81 centiares) pour 12790 francs et de divers bâtiments pour 3650 francs.

Le 23 juin 1830, la commune est autorisée par ordonnance royale à vendre un terrain avec un corps de bâtiment en deux lots (mise à prix 5000 francs) pour pouvoir acheter la maison des frères Delanet afin d'y établir le presbytère (coût estimé 11000 francs).

Le 23 juin 1830, la commune est autorisée par ordonnance royale à vendre un terrain avec un corps de bâtiment en deux lots (mise à prix 5000 francs) pour pouvoir acheter la maison des frères Delanet afin d'y établir le presbytère (coût estimé 11000 francs) ; la commune change ensuite l'emplacement du presbytère. Le 1er novembre 1831, elle est autorisée par ordonnance royale la maison Esbelein pour 5500 francs ; 2 O 300/6].

Justice de paix et maison commune (mairie)

Localisation de l'ancienne mairie et du projet d'hôtel de ville, André Duchesne, 1911.Un projet pour établir une justice de paix dans les bâtiments abbatiaux est établi en 1818 afin de séparer l'activité de la justice de paix de la salle communale (mairie), suite à une requête du juge de paix Cuisinier Delisle. Ces services s'installent dans l'ancien bâtiment ouest qui constituait la clôture sud de l'abbaye. Cette distribution des espaces subsiste pendant un siècle.

En août 1861, M. de Crémiers et l'architecte du département réceptionne des travaux de grosses réparations. Les budgets du conseil général votés en 1860 (3000 francs) et 1861 (3300 francs) n'ont pas suffi. Le rapporteur à la session de 1862 du conseil général proteste : " je ne puis admettre que ces deux sommes judicieusement employées n'aient pas suffi à la restauration d'une caserne dont l'importance est secondaire. L'architecte demande un supplément de crédit de 950 fr., qui n'a pas été porté au budget. Le crédit d'entretien des casernes étant augmenté, je prescrirai de prendre chaque année, sur ce crédit, les fonds nécessaires aux réparations les plus urgentes ". Ce crédit est finalement partiellement voté l'année suivante (voir annexe).

Cession du logis de l'abbé et destruction de l'aile sud

Le logis sud, dit logis de l'abbé, est acquis vers 1892 par Léon Édoux, qui inventa le premier monte-fardeau hydraulique et équipa la tour Eiffel d'ascenseurs. Il fait alors construire la tour crénelée au-dessus de l'escalier en vis demi-hors-oeuvre qui existait auparavant? Cette tour sert de château d'eau qui alimente un système d'eau courante dans le logis et le fonctionnement d'un ascenseur hydraulique qui est l’un des premiers ascenseurs privés en France. Il finance en 1893 l'installation d'un système d'éclairage public électrique, le premier pour une commune rurale de la Vienne, à partir de l'usine hydraulique qu'il fait installer dans le moulin voisin.

L'aile de la clôture sud l'abbaye est progressivement détruite pour agrandir la place d'Armes qui sert également de champ de foire aux cochons et aux bœufs à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle :

- acquisition de appartenant à M. Edoux de deux maisons comprenant un rez-de-chaussée, un étage et un grenier et une grange avec fenil cadastrées E 257, 258 et 259 par acte notarié du 21 févier 1899 ;

- acquisition de la parcelle cadastrée E 256 et démolition de la maison de Jean Naton, restée isolée à l'ouest des précédentes (enquête publique ordonnée par le préfet le 9 février 1900 ; jugement d'expropriation du 2 mai 1900).

Il reste alors de l'aile sud la partie la plus proche du logis de l'abbé, qui est cadastrée en domaine public en 1825 et qui est occupée par l'ancienne mairie et l'ancienne justice de paix, et qui avaient été vendus avec le logis de l'abbé. Ces bâtiments sont rachetés par la commune à Mme veuve Edoux dans le cadre d'un échange de terrains (1911-1913) qui fait suite à la construction du nouvel hôtel de ville : l'ancienne mairie et justice de paix est cédée par la commune contre la moitié du moulin et une maison dite maison Guillernet située rue de l'Abreuvoir, après un conflit entre les deux parties sur la réutilisation des bois issus de la démolition de l'ancienne justice de paix.

Projet d'hospice

Projet de création d'un hospice dans une partie de l'ancienne abbaye de Saint-Savin, A. Goux architecte, 1909.Le baron Demarçay, député-maire décédé le 9 septembre 1907, lègue à la commune, par testament du 19 juillet 1907, 60 000 francs pour créer un hospice dans l'ancienne abbaye ; les revenus de sa part de propriété du moulin qu'il possédait avec Léon Édoux (25000 francs) doivent permettre d'entretenir l'hospice. La commune envisage dans un premier temps l'acquisition d'un immeuble (propriété M. et Mme de Francolini), mais celui-ci est occupé jusqu'en 1911. Un projet comprenant plan, cahier des charges et devis estimatif pour un hospice de 19 lits (60 950 francs, auxquels il faut ajouter l'achat du terrain communal - 14 000 francs - et le mobilier pour 19 lits - 8 500 francs) est proposé le 30 septembre 1909 à la commune par A. Goux, architecte à Chauvigny, avec un bâtiment à construire au sud du logis de l'abbé, à l'emplacement de la justice de paix et de la mairie (aile aujourd'hui détruite). En 1910, le projet butte sur des considérations sanitaires (creusement d'un puits trop près des latrines et potabilité de l'eau, Archives départementales de la Vienne, 1 X 118). Ce projet n'a jamais été réalisé et la question de la création d'un hospice est toujours en suspens à la fin des années 1930, en concurrence dans les projets municipaux avec la rénovation de l'abattoir, qui l'emportent après de vifs débats, en contradiction avec les clauses du legs.

20e siècle, centre d'interprétation des peintures murales et hôtellerie

A la veille de la Première Guerre mondiale, les bâtiments abbatiaux restent utilisés comme prison et gendarmerie. La salle capitulaire abrite des caves, un bûcher, des écuries. La justice de paix et la mairie (maison commune) sont installés dans des bâtiments en retour d'équerre par rapport au logis de l'abbé (ancienne aile sud de l'abbaye, voir plans par André Duchesne, 1911, Archives départementales de la Vienne, 2 O 300/7).

En 1914, le conseil général prévoit un crédit pour la réfection de la toiture des bâtiments conventuels.

La gendarmerie quitte les lieux en 1971. Le bâtiment conventuel oriental est classé parmi les monuments historiques en 1974. La gendarmerie est installée dans de nouveaux locaux près du stade. Les bâtiments ont été restaurés entre 1977 et 1997 pour accueillir le Centre international d'art mural (CIAM), devenu aujourd'hui un centre d'interprétation des peintures murales. La salle capitulaire est redécouverte à l'occasion des travaux de restauration en 1979.

Des fouilles archéologiques et une observation du bâti en 1990 par Jean-Paul Nibodeau ont montré que la largeur des galeries dépassait 5 m pour un espace entre-axe, au moins au sud de l'église, de 3,84 m. La galerie ouest pourrait avoir été reconstruite après les ravages de la guerre de Cent Ans. Le cloître est détruit un peu avant 1600 et a été partiellement reconstruit à la fin du 17e siècle. Des sépultures en caisson et en pleine terre ont été trouvées dans les galeries. Dans la cour intérieure se trouvait un puits.

La sacristie qui était adossée au sud de l'église, avec des vestiges de l'ancien cloître, a été détruite et la sacristie se trouve désormais au nord de l'église.

En 2010, 7 sondages archéologiques ont été réalisés sur une emprise limitée, permettant de préciser l'emprise de la clôture abbatiale au sud et à l'ouest, des fossés qui bordaient l'enceinte et trois niveaux de place sur 1,20 m d'épaisseur.

Initiée en 2012, la restauration du logis de l'abbé dans le cadre d'un partenariat public-privé impliquant la commune connaît des difficultés liée au montage financier. Les travaux sont finalement réalisés en 2019 pour installer un hôtel et un restaurant gastronomique, ouverts depuis 2021.

Pour une étude détaillée de l'évolution du bâti et la répartition des espaces intérieurs au fil des siècles, voir Debiais, Frédéric. Ces messieurs de Saint-Savin, l'abbaye royale de Saint-Savin de 1769 à 1790. Chauvigny : Association des publications chauvinoises, 2007.

Périodes

Principale : 9e siècle (incertitude)

Principale : 4e quart 11e siècle

Principale : 14e siècle

Principale : 4e quart 17e siècle

Dates

1692, porte la date

Auteurs Auteur : Leduc François

François Leduc (parfois écrit Le Duc) est né en Normandie en 1640. Il quitte sa région natale pour la Saintonge, où il se marie en 1661. Il est est qualifié de maître-maçon, d'entrepreneur ou d'architecte, cette dernière appellation dominant à partir de 1675. Il travaille essentiellement en Saintonge et en Poitou, mais aussi dans l'Orléanais et en Berry. Il signe "François Le Duc de Toscane" à partir de 1683, et Élisabeth de Grimoüard indique que "L’origine de ce surnom n’est probablement pas à chercher dans un voyage en Italie, mais plutôt dans un souvenir de compagnonnage ou dans un goût particulier pour l’ordre toscan". Il meurt à Saint-Maixent en 1703 (1708 selon les sources).

Selon Pierre Rambaud, le second fils de François Leduc, François (Saint-Maixent, 1672-1712) devient également architecte (il utilise les expressions "François 1" au sujet du père et "François 2" au sujet du fils). Pour Élisabeth de Grimoüard au contraire, il n'est associé à aucun marché personnel et travaille comme conducteur de travaux pour son frère Pierre (1667-1740).

Sources :

- DE GRIMOÜARD, Élisabeth. François Le Duc dit Toscane et son fils Pierre, architectes-entrepreneurs en Poitou (1660-1740). Résumé disponible sur : https://theses.chartes.psl.eu/document/ENCPOS_1985_06

- RAMBAUD, Pierre. Notes et documents sur les artistes en Poitou jusqu'au XIXe siècle.

, architecte
Personnalite : Mérimée Prosper, personnage célèbre (attribution par source)
Personnalite : Édoux Léon

Ingénieur formé à l'école Centrale, originaire de Saint-Savin (maison natale aujourd'hui 44 place de la Libération). Il a conçu un système d'ascenseur hydraulique (brevet déposé en 1864) ; un premier exemplaire a été présenté à l'Exposition universelle de 1867 et un modèle plus perfectionné est installé dans la tour Eiffel pour l'exposition universelle de 1889 (en service jusqu'en 1983, entre le 2e et le 3e étage). Il s'installe dans l'ancien logis de l'abbé où il installe un ascenseur. Il finance l'électrification du bourg de Saint-Savin. Léon Edoux a notamment dessiné un projet (non réalisé) de passerelle à Poitiers sur la vallée de la Boivre au niveau de la gare avec un ascenseur vers le plateau. Il conçoit également des systèmes de pompage sur des moulins, des rideaux de fer de théâtre à manœuvre hydro-électrique, des systèmes amovibles pour des piscines. Ses découvertes sont publiées principalement dans Le Génie civil : revue générale des industries françaises et étrangères et dans les Nouvelles annales de la construction (consultables sur Gallica). Officier de la Légion d'honneur (chevalier 20/10/1878 ; officier 03/01/1892). Décédé à Paris. Tombeau à Saint-Savin.

, habitant célèbre (attribution par source)
Auteur : Joly-Leterme Charles, architecte des Monuments historiques (attribution par source)
Auteur : Formigé Jean Camille

Architecte né au Bouscat (Gironde) en 1845, et mort à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) en 1926. Études à l'École impériale des beaux-arts de Paris (atelier Laisné). Attaché (1871) puis membre (1887) de la Commission des monuments historiques.

, architecte diocésain (attribution par source)
Personnalite : Allemaigne d' Florent

Abbé commendataire de l'abbaye de Saint-Savin (1484-1510), où il est inhumé. Chanoine de l’Église de Poitiers en 1497 ; élu évêque de Poitiers, par une grande partie du Chapitre, se qualifiait en 1507 de Eleclus in Episcopatu Pielavens cf Beauchet-Filleau tome 1, p. 44-46.

, habitant célèbre (attribution par source)
Auteur : Ducoudray Georges

Agent-voyer du canton de Saint-Savin dans les années 1870-1895 (école de garçons de Saint-Savin en 1885 ; école de filles de Saint-Germain en 1887 ; en 1886, il habite ancienne route de Poitiers à Saint-Savin) ; puis agent-voyer de l'arrondissement de Montmorillon (avant 1896-1897 ; habitait rue des Récollets en 1896), poste auquel il est remplacé par Edmond Douit en 1898 (cf Annuaire de l'arrondissement de Montmorillon, 1896-1898).

, agent voyer (attribution par source)

Abbaye Saint-Savin et Saint-Cyprien, vue aérienne depuis le sud-ouest (vers 1955).Les bâtiments conventuels sont édifiés entre la Gartempe à l'est et la place de la Libération à l'ouest. Le moulin a été construit au sud de cet ensemble. Sur plusieurs cartes postales anciennes, la passerelle métallique, aujourd'hui détruite, qui reliait le deuxième étage du moulin à la rive est bien visible du côté du moulin. Sur la rive, elle semblait déboucher sur la terrasse du logis abbatial, peut-être en appui sur la tourelle d'escalier.

L'église abbatiale est étudiée par ailleurs.

Le bâtiment conventuel

Le bâtiment conventuel comprend un étage de soubassement à l'est, vers la Gartempe, rez-de-chaussée surélevé, un étage et un étage de comble. Le toit est à longs pans brisés, couvert de tuiles plates sur les longs pans et d'ardoises sur les brisis.

La façade antérieure, à l'ouest, vers l'ancien cloître (actuellement place de la Libération) n'est pas ordonnancée. Les ouvertures sont disposées très irrégulièrement. Au rez-de-chaussée se trouvaient en 1979 quatre portes à décor architecturé et trois portes simples percées probablement pour l'usage de la caserne. Un bandeau de niveau et un bandeau d'appuis marquent la limite entre le rez-de-chaussée surélevé et l'étage. Deux fenêtres éclairent l'étage. La corniche qui souligne le toit n'est pas portée par des modillons sur cette élévation. Trois lucarnes à fronton triangulaire éclairaient le comble en 1979, les restaurations pour la création de l'établissement public de coopération culturel ont restitué des lucarnes supplémentaires.

Bâtiment conventuel (façade postérieure) et logis abbatial, vus du nord.La façade postérieure, vers la Gartempe à l'est, est ordonnancée à dix-sept travées plus la travée de jonction avec l'église. L'étage de comble est éclairé par des lucarnes situées sur les travées paires et des vasistas sur les travées impaires. L'étage de soubassement est ventilé par de petits jours. Un bandeau souligne la base de l'étage de soubassement. Les deux travées les plus au sud comprennent un passage couvert : le passage proprement dit, couvert en anse de panier, au niveau de l'étage de soubassement ; une arcade couverte presque en plein cintre englobe côté est le rez-de-chaussée surélevé éclairé par une baie centrale couverte en arc segmentaire. Une porte est percée dans l'étage de soubassement et le rez-de-chaussée surélevé des cinquième et treizième travées, les autres ouvertures sont de hautes fenêtres à linteau droit. La fenêtre de la dix-septième travée est plus large. L'ensemble est souligné par un bandeau d'appui. La séparation entre le rez-de-chaussée surélevé et l'étage est marquée par un bandeau de niveau et un bandeau d'appui. Les fenêtre de l'étage sont couvertes d'un linteau. La toiture est soulignée par une corniche à modillons à décor géométrique. Les lucarnes présentent toutes un fronton triangulaire surmonté d'un pot-à-feu en retrait. La travée qui fait la jonction avec l'église comprend sur sa gauche des pierres saillantes marquent l'arrachement du bâtiment qui est figuré sur la vue de 1688 dans l'angle entre le bâtiment conventuel et le chevet de l'église. La travée construite après la destruction de ce bâtiment comprend une porte à linteau monolithe dans l'étage de soubassement et une fenêtre couverte en arc segmentaire à l'étage ; ces deux ouvertures sont surmontées d'une décharge.

Le bâtiment conventuel est une longue batisse abritant au rez-de-chaussée, du sud au nord, un grand réfectoire voûté d'ogives, un couloir transversal, une autre salle voûtée et un grand escalier à jour avec rampe à balustres et colonnes toscanes.

Le sol actuel du réfectoire est surélevé par rapport au niveau d'origine, visible par un espace ménagé dans le plancher. La vaste salle est voûtée d'ogives retombant sur des culots non décorés entre les fenêtres. Il garde aujourd'hui 10 travées, les travées les plus au nord sont intégrées dans la salle d'accueil dont il est séparé par une cloison portant une peinture murale déposée provenant de la nef de l'église. Les clefs de voûte portent des rosaces, les armoiries de France (4e en partant du sud), le monogramme IHS accompagné des trois clous (3e en partant du sud) et la date 1692 (10e en partant du sud). Une clef de voûte retrouvée lors des fouilles de 1979 porte un Agneau mystique. D'après les plans du 17e siècle, cet espace ne constituait pas une vaste salle mais comportait plusieurs cloisons. Une chaire de lecture est ménagée dans un pilier entre la deuxième et la troisième travée en partant du sud de l'élévation orientale : l'escalier est accessible par la 3e travée, passe derrière le mur et débouche sur la cuve de la chaire dans la 2e travée.

A l'étage les anciennes cellules des moines ouvrent sur un couloir longeant le mur ouest.

Le logis de l'abbé

Logis abbatial, façade occidentale, après restauration, en 2022.

Le logis de l'abbé est constitué de trois bâtiments : un bâtiment au sud du bâtiment conventuel (1 sur le plan), avec une façade légèrement désaxée par rapport à celui-ci, une aile en retour d'équerre vers le sud (2 sur le plan) et un petit corps de bâtiment implanté au nord-est du premier (3 sur le plan). Leur orientation est différente de celle des bâtiments conventuels, ce décalage existe déjà sur les plans de 1640 et de 1675. Cet ensemble accueille désormais (en 2025) un hôtel et un restaurant.

Bâtiments du logis abbatial, reportés sur le projet d'aménagement de mai 1994, par François Jeanneau.

Le bâtiment principal du logis abbatial, au sud du bâtiment conventuel (1 sur le plan)

Le corps de bâtiment implanté au sud du bâtiment conventuel comprend un étage de soubassement à l'est, vers la Gartempe, un rez-de-chaussée surélevé de plain pied avec la cour B et deux étages, un étage en surcroît et un étage de comble. Il est couvert d'un toit à longs pans, en tuile plate.

L'élévation ouest, vers la place, est construite en pierre de taille. La façade est ordonnancée à trois travées avec une porte centrale. Les deux étages sont soulignés par un bandeau d'appui ; un troisième bandeau se situe aux trois quarts supérieurs du deuxième étage et un autre, moins en relief, au deux-tiers supérieurs des fenêtres. La fenêtre centrale du deuxième étage est couverte d'un fronton triangulaire alors que la corniche des fenêtres latérales est surmontée de deux pots à feu. L'étage en surcroît est éclairé par deux petites fenêtres alignées sur les travées latérales. L'étage de comble, aujourd'hui éclairé par deux lucarnes non alignées sur les travées, est en partie masquée par une balustrade.

Cette façade est précédée d'une courette fermée par une clôture en ferronnerie (B'), extension de la cour ouverte B qui est une extension de la place de la Libération.

La tour crénelée, implantée à l'ouest, dans l'angle entre le logis de l'abbé et le bâtiment conventuel (A sur le plan), semi-hors-oeuvre, a été conçue par Léon Edoux comme un château d'eau pour distribuer l'eau courante dans le logis et le système d'ascenseur hydraulique. Elle s'élève au-dessus d'un escalier en vis dans-oeuvre figuré sur les plans du 17e siècle.

L'élévation est du bâtiment, vers la Gartempe, en pierre de taille, est ordonnancée à quatre travées. Le toit est souligné par une corniche avec deux modillons sous chacune des deux lucarnes à fronton triangulaire et pot-à-feu en retrait, situées sur les première et troisième travées et identiques à celles du bâtiment conventuel. Les restaurations des années 2020 ont ajouté un oculus entre ces lucarnes. Une souche de cheminée est implantée perpendiculairement, au centre de la toiture. Une porte permet l'accès à la promenade sur l'élévation est, près de l'oriel du bâtiment nord-est, et une fenêtre éclaire la même élévation.

Une terrasse (D sur le plan) à garde-corps percé de quadrilobes au sud et à l'est masque l'étage de soubassement et le rez-de-chaussée surélevé sur l'élévation du bâtiment (1). Quatre gargouilles situées sous le garde-corps permettent d'évacuer l'eau de la terrasse vers la Gartempe. Un espace couvert en arc segmentaire ouvert au sud est aménagé sous la terrasse. Le mur de soutènement est de la terrasse est percé d'une fenêtre qui éclaire l'espace situé sous la terrasse et une porte permet l'accès à la promenade, près de l'oriel du bâtiment nord-est (E). Une tour circulaire crénelée (D' sur le plan) flanque l'angle sud-ouest dde l'espace aménagé sous la terrasse et donc l'angle formé par la jonction des bâtiments (1) et (2) ; elle débouche sur la terrasse.

L'aile sud (2 sur le plan)

L'aile sud correspond à la partie orientale du bâtiment qui clôturait l'abbaye au sud. Elle a été restaurée en moellons enduits et est couverte d'un toit à longs pans et croupe sur le pignon ouest. Elle comprend un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, de plain pied avec la cour, et deux étages, un étage en surcroît et un étage de comble.

L'élévation ouest, vers la cour (B), est ordonnancée à deux travées.

Le pignon sud a été reconstruit avec un ordonnancement à deux travées de part et d'autre de la cheminée qui était implantée sur une cloison. Ses niveaux sont décalés par rapport à l'élévation ouest avec de larges fenêtres à l'étage qui correspondent au deux étages de l'élévation ouest. L'étage en surcroît est éclairé par deux oculi.

L'élévation sud, vers la rue de l'Abreuvoir, a été remaniée à de nombreuses reprises. La lucarne la plus à droite de l'élévation sud est une restitution de la restauration de la fin des années 2010 : elle avait été transformée en porte haute pour accéder au comble et ne conservait, sur les vues anciennes, que le piédroit droit et la partie droite de l'arc. Il s'agit désormais une lucarne à fronton arqué à volutes encadrant une clef marquée de la lettre E (pour Edoux) surmontée d'un pot-à-feu. Sur la droite de l'élévation, la porte-fenêtre du deuxième étage est dotée d'un balconnet à garde-corps en ferronnerie porté par quatre consoles.

La cour qui se trouvait à l'ouest et au sud de ce bâtiment (C sur le plan), figurée sur les plans du 17e siècle, conserve partiellement son mur de clôture : elle est fermée par un mur de clôture au nord, à l'est et à l'ouest et un muret surmonté de piles maçonnées et de grilles en ferronnerie au sud. Elle est accessible au nord par un portail à piles maçonnées, surmontées d'un pot-à-feu, avec une grille en ferronnerie dont le couronnement porte l'initiale E pour Edoux dans un médaillon encadré de volutes.

Bâtiment nord-est (3 sur le plan)

Le bâtiment nord-est comprend, comme les autres, un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage et un étage de comble éclairé par des lucarnes. Il est couvert d'un toit à longs pans et croupes à l'est, en tuiles plates, sans corniche.

L'élévation sud est construite en pierre de taille. Elle présente une travée surmontée d'une lucarne à fronton triangulaire surmonté d'un pot-à-feu éclairant le comble.

L'élévation orientale du bâtiment nord-est est construite en pierre de taille. Elle comprend un oriel (E) sur la gauche, formant saillie aveugle sur l'étage de soubassement et oriel proprement-dit au rez-de-chaussée. Il est surmonté d'un balcon accessible par une porte couverte en plein cintre à l'étage. La partie droite de cette élévation est organisée en une travée constituée d'une fenêtre à chaque niveau et d'une lucarne à fronton arqué surmonté d'un pot-à-feu éclairant le comble. Elle est bordée par une terrasse qui masque l'étage de soubassement, en léger retrait par rapport à la saillie de l'oriel. Cette terrasse est munie d'un garde-corps à balustres. La terrasse est supportée à l'est par un mur à grande arcade en arc segmentaire, percée d'une fenêtre.

L'élévation nord du bâtiment nord-est montre de nombreux remaniements dans sa partie située en saillie à l'est du bâtiment conventuel, avec une partie ancienne construite en pierre de taille sur la gauche (est) de l'étage de soubassement et des reconstructions en moellons qui ont été masquées lors de la dernière restauration par un enduit lisse. Il est difficile de percevoir les arrachements correspondants à un autre bâtiment figuré sur les plans du 17e siècle et adossé au nord de ce bâtiment, sur sa partie orientale, mais il correspond à la reprise en moellon des deux-tiers gauches de cette élévation. Le rez-de-chaussée et l'étage de la partie droite de cette élévation sont construits en pierre de taille et correspond à la façade figurée sur le plan ; elle est percée d'une travée constituée d'une haute ouverture à appuis saillant mouluré au rez-de-chaussée, d'une fenêtre à appui saillant mouluré, plus grande que celles de l'élévation postérieure du bâtiment conventuel contigu, et d'une lucarne percée dans l'étage de comble. Sous cette travée, une porte percée dans l'étage de soubassement permet un accès vers les jardins à l'arrière du logis abbatial. cette porte est accostée d'une fenêtre, les deux ouvertures étant couvertes par un seul arc segmentaire. Au rez-de-chaussée surélevé, au-dessus d'une reprise constituée de blocs en pierre de taille remployés avec des moellons, à droite de la partie gauche en pierre de taille, est percée une ouverture couverte en anse de panier et encadrée de deux structures en ferronnerie.

Une haute souche de cheminée en brique avec des angles et un couronnement en pierre de taille surmonte l'élévation nord sur sa gauche. Sur les cartes postales anciennes, un vasistas existait à droite de cette cheminée. il avait été supprimé lors des restaurations du 20e siècle. La dernière restauration de 2020 ont restitué une petite lucarne à cet emplacement.

Un escalier est construit dans un petit bâtiment de plan rectangulaire hors-oeuvre (F sur le plan) au nord-est du bâtiment (3). Sur les cartes postales anciennes, il était surmonté d'une tourelle d'escalier semi-hors-oeuvre, en brique, couverte d'un toit en poivrière, encore visible sur les photographies prises en 1979, mais qui a été détruite ; il n'en subsiste que quelques pierres saillantes au nord de l'angle nord-est du bâtiment nord-est. Au niveau de l'étage de soubassement, le bâtiment rectangulaire comporte sur son élévation orientale une large arcade couverte en plein cintre, en pierre de taille, qui renferme une porte centre centrale couverte en arc segmentaire flanquée de part et d'autre par une porte plus basse couverte en plein cintre. Ces ouvertures aujourd'hui murées présentent des piédroits et des arcs en brique, avec clef et chapiteaux en pierre de taille. Deux jours jumelés et un autre petit jour éclairent chacun des deux niveaux de l'escalier sur cette élévation. Sur l'élévation nord. Le mur de clôture qui rejoignait cet édicule au nord a été détruit et la porte d'accès au jardin située sur l'élévation nord a été murée par un massif en brique percé d'un oculus. Deux jours qui la surmontent au niveau supérieur ; en revanche, la fenêtre qui se trouvait sous la balustrade sur les vues anciennes a été murée. L'édicule est couvert d'une terrasse protégée par un garde-corps à balustres.

L'étage de soubassement de ce bâtiment déborde vers l'est, formant une sorte de balcon dominant la Gartempe devant le rez-de-chaussée. Une arcade couverte en arc segmentaire abrite une fenêtre couverte en plein cintre qui éclaire cet étage de soubassement.

L'ancien cloître

Place et emplacement du cloître des mauristes, en 1984.

L'ancien cloître se trouvait au sud de l'église et à l'ouest du bâtiment conventuel. Il subsiste plusieurs culots et départs d'arc de la galerie à l'est de l'élévation sud de la nef et à l'ouest du bras sud du transept.

Terrasse

A l'est des bâtiments, une terrasse s'étend jusqu'à la rivière.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit partiel

Toits
  1. tuile plate, pierre en couverture
Plans

plan en croix latine

Étages

3 vaisseaux, étage de soubassement, en rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Couvrements
  1. voûte en berceau voûte d'arêtes cul-de-four voûte d'ogives
Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

  3. Forme de la couverture : toit à longs pans brisés

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : chronogramme

    Symboles : IHS

  2. Representations : ornement architectural


Précision sur la représentation :

Pour les peintures monumentales de l'église et la sculpture de l'église : se reporter aux dossiers spécifiques depuis la présentation des objets mobiliers.

Ne sont reportés ici que le décor des bâtiments conventuels et notamment du réfectoire.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Savin , place de la Libération

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1825 E2 250-263, 2015 AC 368, 369, 370

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