Maison, actuellement musée, dite Maison du Tapissier

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Selon l´abbé Courteau et Maurice Dayras (1922), cette maison daterait du 15e siècle et serait l´une des plus anciennes de la ville. Les nombreux remaniements survenus à des époques ultérieures rendent toutefois difficile l´appréhension de son aspect originel.

L´étage de soubassement a toujours été, semble t-il, dévolu à un usage commercial. L´élévation située à l´angle des deux rues, plus étroite, paraît antérieure à celle sur la rue Vieille ; elle forme avec cette dernière un angle très ouvert. En dépit du cordon mouluré se poursuivant sans discontinuité d´une façade à l´autre, les niveaux des pièces sont décalés à chaque étage. De plus, le plan présente une très nette disparité entre les trois parties ouest, nord et est, reliées entre elles par l´escalier en vis positionné en milieu de bâti.

Ces différences laissent supposer que la maison actuelle aurait été constituée à partir de deux, sinon trois maisons distinctes (la plus ancienne étant celle de l´angle et pouvant être datée du 15e siècle), raccordées ultérieurement, au 16e ou au 17e siècle, et ayant entraîné un réaménagement de la totalité du bâtiment. Les nombreuses ouvertures murées relevées à chaque niveau conforteraient cette hypothèse.

Au 17e siècle, la maison fut la propriété de la famille Corneille, tapissiers et jurés-gardes de la Manufacture Royale d´Aubusson, qui y exécutèrent notamment le tissage de la tenture de la Vie de Jeanne d´Arc, conservée au château d´Ussé (Indre-et-Loire).

En 1812, l´examen du cadastre napoléonien montre que la maison était divisée en deux habitations, l´une (parcelle 525) appartenant à Michel Guillen, maréchal-ferrant, et l´autre (parcelle 526), propriété des héritiers de François Corneille.

Des remaniements importants furent vraisemblablement exécutés au cours de la seconde moitié du 19e siècle : reprise des maçonneries, percement de nouvelles ouvertures dans toutes les élévations, modification des parties hautes. Dans les années 1920, les cartes postales montrent que l´étage de soubassement de la partie est abritait l´entreprise du camionneur P. Delmas, spécialisée dans la livraison des colis postaux, les transports et les déménagements de tout ordre. En 1946, l´avocat et historien Maurice Dayras (1900-1974) racheta la maison à M. Alliet. En 1981, sa veuve la légua à la commune d´Aubusson, à charge pour cette dernière de l´entretenir. Elle abrita la fondation Maurice Dayras, dédiée à la sauvegarde du patrimoine de la cité, puis une présentation muséographique du métier de tapissier (à partir de 1994), sous le nom de Maison du Vieux Tapissier, gérée par l´association Aubusson-en-Marche, puis Maison du Tapissier.

Elle est aujourd´hui rattachée à l´Office de Tourisme, à partir duquel s´en fait l´accès.

Périodes

Principale : 15e siècle (incertitude)

Secondaire : limite 16e siècle 17e siècle

Secondaire : 1er quart 19e siècle (daté par source)

Secondaire : 2e moitié 19e siècle (daté par source)

Secondaire : 4e quart 20e siècle

Cette maison occupe une parcelle d'angle entièrement bâtie, limitée, au sud, par la rue Vieille et à l'est, par la rue de la Roche. Plus large que profonde, elle se développe sur un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble, éclairé, sur la rue de la Roche, par une petite lucarne à fronton-pignon et une imposante lucarne en bois à large croupe débordante.

Son étage de soubassement forme cave, au nord, prenant jour par un étroit soupirail. Double en profondeur, la maison comporte trois pièces par niveau, toutes étant décalées les unes par rapport aux autres. Un escalier en vis, en pierre, avec marches délardées portant noyau, positionné en milieu de bâti, assure la distribution de ces pièces. L'élévation sur la rue Vieille est percée d'une porte piétonne à encadrement chanfreiné, surmontée d'une haute imposte et d'un petit arc de décharge. D'un côté de cette porte s'ouvre une baie à encadrement également chanfreiné ; de l'autre, une baie de boutique à arc en anse de panier. La façade présente de nombreuses traces de reprise des maçonneries, avec des joints refaits au ciment. Le rez-de-chaussée et l'étage carré sont percés de fenêtres dont les encadrements sont moulurés en doucine et dont les appuis saillants sont formés par un cordon courant d'une extrémité à l'autre de la façade.

La partie orientale de l'élévation sur la rue Vieille, jusqu'à l'angle avec la rue de la Roche, est percée d'une baie de boutique à arc en anse de panier, avec étal en saillie et encadrement chanfreiné. Ses parties supérieures sont construites en léger encorbellement sur une triple rangée de moulures alternativement courbes et prismatiques. Elle est agrémentée d'une tourelle en surplomb, assise sur un cul-de-lampe mouluré. Cette tourelle possède, sur la rue Vieille, deux étroits fenestrons alignés, qui éclairent, à chaque niveau, une petite pièce servant de débarras. Elle se démarque par son bel appareil en pierre de taille, soigneusement rejointoyé, qui contraste avec la maçonnerie en blocage de moellons plus grossière de la partie ouest. Cette tourelle est couronnée d'un toit en poivrière, recouvert de bardeaux de châtaignier taillés en pointe à l'égout ; elle est sommée d'une girouette en fer forgé. Le cordon mouluré fait retour sur la façade sur la rue de la Roche. Cette dernière est constituée de deux parties, la seconde marquant un fort retrait par rapport à la première. La porte piétonne de cette élévation, à clous et à pentures, dotée d'une imposte vitrée et d'un beau heurtoir en boucle de gibecière, donne accès à l'escalier en vis. La toiture de la maison, à forte pente, est recouverte de tuiles plates.

A l'intérieur, dans l'étage de soubassement, est encore visible, dans une pièce orientée au sud, une cheminée de grandes proportions, remontée, mais datant vraisemblablement du 15e siècle. Adossée au mur ouest, elle présente des piédroits ornés de triple colonnette à base prismatique et un linteau mouluré décoré d'un écu bûché. Au rez-de-chaussée, dans la salle donnant sur la rue de la Roche, orientée à l'est, se trouve, adossée au mur nord, une autre cheminée à faux-manteau. Son linteau a été reconstitué à partir d'un linteau de plus petite taille, sur lequel sont sculptés en léger relief deux lions rampants encadrant les armoiries de la ville d'Aubusson (un écu avec un buisson entouré de deux branches de laurier). Au même étage, dans la salle à manger donnant sur la rue Vieille, figure, également remontée et adossée au mur ouest, une cheminée de datation plus tardive, dont le manteau en bois forme une composition inspirée de l'architecture classique (des cadres et des panneaux rythmés par des pilastres cannelés à chapiteaux ioniques). A tous les niveaux subsistent de nombreuses baies murées, à arc en plein cintre ou en anse de panier.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Matériau du gros oeuvre : granite

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile plate, bardeau
Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Couvrements
  1. voûte en berceau
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit conique

  3. Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , 67 rue Vieille

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 A 525, 526, 2007 AN 173

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