Maison, presbytère
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Marans
Historique
La maison Dinot
Le presbytère actuel, à l'origine une maison de maître, est établi à l'emplacement probable d'une construction bien plus ancienne, sans doute d'époque médiévale. C'est ce que laisse penser la présence d'une cave avec descente de cave, les deux voûtées en pierre.
Une maison, déjà de plan en U, figure à cet emplacement sur le plan cadastral de 1820. Elle appartient alors à Jacques-Antoine Dinot (1746-1829), originaire des Ardennes, régisseur, avant la Révolution, de la seigneurie de Charron, marié en 1784 à Jeanne Françoise Lezay. Il l'avait acquise le 1er mai 1787, devant Me Guillet, notaire à Marans, de Louis-Benjamin Jaunay, notaire, et d'Etienne-André Denfer, également notaire, époux de Suzanne-Thérèse-Elisabeth Jaunay. A la mort de Jacques Antoine Dinot, et suivant donation du 31 décembre 1827, la propriété passe à son neveu, Jean-Baptiste-Joseph Dinot (1790-1864), notaire, et à son épouse, née Hélène Texier. Maire de Marans de 1852 à 1857, Dinot fait reconstruire la maison en 1849, selon le cadastre. Ses initiales et celles de son épouse, entrelacées (D et T), figurent au centre du garde-corps en ferronnerie qui surplombe la cour.
D'un presbytère à l'autre
La maison Dinot devient presbytère au début des années 1870. Sous l'Ancien Régime, le curé logeait dans une maison située dans la rue de l'Eglise (actuelle rue Guy-Seguinot, à l'emplacement de l'ancien collège et école de garçons). En 1804, au retour du curé à la suite de la signature du Concordat, une maison est louée à Jacques-Antoine Dinot (déjà) pour le loger, l'ancien presbytère étant hors d'usage. A sa mort en 1837, Alexis-Christophe Chaslon, curé de Marans, lègue sa maison à la municipalité pour en faire le presbytère. Cette maison, construite vers 1810, était située à l'ouest de la place Ernest-Cognacq (là où se trouve désormais une salle municipale). Le legs Chaslon comprend aussi des ornements de culte et le portrait du donateur, à placer dans la sacristie de l'église. Quant à l'ancien presbytère de la rue de l'Eglise, décision est prise en 1838 de le vendre pour financer la construction d'une école.
A la fin de leur vie, et par testament du 12 novembre 1861, Jean-Baptiste-Joseph Dinot lègue une grande partie de ses biens à la municipalité de Marans d'une part, à la paroisse d'autre part : à la première échoit notamment le domaine du Bois Dinot, tandis que la seconde recueille la maison des donateurs (21 rue Dinot) pour en faire le presbytère. Jean-Baptiste-Joseph Dinot décède en sa demeure de la rue Lévêque (rebaptisée rue Dinot) le 16 février 1864, mais sa veuve, Hélène Texier attaque le testament en justice, arguant d'une "maladie de cerveau" dont souffrait son mari et qui aurait alterné son jugement. Rappelant que la Préfecture avait poussé son mari à la démission de son mandat de maire en raison de cette maladie, elle accuse le curé de Marans et le notaire, Me Gaudineau d'avoir détourné l'héritage de son mari en profitant de sa faiblesse. Après la mort d'Hélène Texier le 2 mars 1868, en sa maison de la rue l'Evêque, le contentieux est poursuivi par son frère, M. Texier. Ce n'est qu'en 1870 que la paroisse peut entrer en possession de la demeure Dinot et que le curé et les vicaires s'y installent.
La maison Chaslon léguée en 1837 ne servant plus de presbytère, sa donation à la municipalité devient caduque. La maison échoit au bureau de bienfaisance de Marans et aux héritiers Chaslon, qui la revendent dès 1873 à la municipalité, celle-ci projetant d'y établir la mairie. Ce projet n'est pas réalisé, et la maison Chaslon est détruite en 1895 pour agrandir la place Ernest-Cognacq vers l'ouest.
En 1906, le curé doit quitter le presbytère que Jacques Reclus rachète en 1910. Ses héritiers le cèdent en 1932 au diocèse.
Détail de l'historique
| Périodes |
Principale : Moyen Age, 2e quart 19e siècle |
|---|---|
| Dates |
1849, daté par source |
Description
L'ancienne maison Dinot, devenue presbytère, se situe en alignement sur la voie, entre une petite cour à l'avant et un jardin à l'arrière. La cour, fermée par un portail en ferronnerie surmonté d'une croix, est encadrée par deux ailes en retour d'équerre par rapport au corps principal du bâtiment, le tout formant un U autour d'elle. Chaque aile est composée d'un pavillon côté rue. Sous un haut toit en ardoise et à croupes, ce pavillon, en pierre de taille, présente une forte corniche à modillons, soutenue par des pilastres à joints creux, encadrant deux travées d'ouvertures. Les baies de l'étage, particulièrement hautes, possèdent un encadrement mouluré et un garde-corps en ferronnerie.
Chaque de ces pavillons est relié au corps principal de bâtiment par un corps en simple rez-de-chaussée et à toit en terrasse (celui de l'aile est a toutefois été augmenté d'un étage, à la place de la terrasse). Un péristyle à colonnes sans chapiteaux, et un garde-corps en ferronnerie courent le long de ces jonctions et de la partie centrale du corps principal. Celui-ci , composé d'un étage et d'un surcroît, présente en façade, côté cour, quatre travées d'ouvertures, sous une corniche à modillons. Côté jardin, la façade s'élargit à cinq travées d'ouvertures, autour d'une porte centrale.
A l'intérieur, le rez-de-chaussée du corps principal comprend, d'ouest en est, une cage d'escalier, avec escalier tournant en bois, et un salon côté jardin ; puis un vestibule traversant, donnant accès au jardin postérieur ; enfin, un salon également traversant et dans lequel se trouvent des boiseries.
Sous le presbytère se trouve une salle voûtée en pierre, avec des arcs doubleaux en arc segmentaire. Elle est accessible par une descente de cave voûtée en arc brisé.
Détail de la description
| Murs |
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|---|---|
| Toits |
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| Étages |
sous-sol, 1 étage carré, étage en surcroît |
| Élévations extérieures |
élévation ordonnancée |
| Couvertures |
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| Typologie |
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| Décors/Technique |
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| Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Outre une rosace au plafond, le décor de boiseries dans le salon au rez-de-chaussée orne la hotte de la cheminée : inspiré de l'Antiquité grecque, il est composé d'une tête d'homme (le dieu Hermès ?) portant la barbe et une couronne de lierre, et inscrite dans une couronne de feuillage et de rosettes ; de deux caducées d'Hermès, symboles mythologiques du commerce ; enfin, de deux bâtons entrecroisés, terminés l'un par une pomme de pin, l'autre par une sorte de pelle, et autour desquels s'enroulent des branches de lierre et de laurier. Le même décor se retrouve au-dessus d'une porte, face à la cheminée, avec en plus deux lyres de musique. Dans une autre pièce au rez-de-chaussée du corps principal, une autre cheminée présente sur la hotte un décor sculpté formé de pilastres à chapiteaux corinthiens, de cornes d'abondance et de branches de pampre nouées par un ruban. Au rez-de-chaussée du pavillon ouest, une cheminée porte au trumeau un miroir surmonté d'une huile sur toile : ce tableau représente une femme et deux hommes dansant au bord d'une rivière, près d'une cascade. Au-dessus du tableau, un élément sculpté en bois représente une femme debout et une autre agenouillée devant une déesse à laquelle elle offre des fruits, sous le regard d'un homme nu qui porte une peau d'animal et joue de la flûte (peut-être le dieu grec Pan, fils d'Hermès ?). |
Informations complémentaires
| Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
|---|---|
| Référence du dossier |
IA17047123 |
| Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
| Cadre d'étude |
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| Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
| Phase |
étudié |
| Date d'enquête |
2016 |
| Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
| Citer ce contenu |
Maison, presbytère, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/fb7d45a5-ad42-49c0-86c6-f860e4bf10ec |
| Titre courant |
Maison, presbytère |
|---|---|
| Dénomination |
maison |
| Destination |
presbytère |
| Parties constituantes non étudiées |
cour jardin portail |
| Statut |
|
|---|
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marans , 21 rue Dinot
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1820 E 116, 2016 AH 48