Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Aucune construction n'apparaît à cet emplacement sur le plan cadastral de 1833. Il s'agit d'un verger, propriété d'Antoine Jouot. Par arrêté préfectoral du 21 février 1840, Madeleine Compagnon (1800-1883), jusqu'à présent sage-femme, veuve de Louis Pointeau (1799-1838), ancien instituteur communal, est autorisée à construire là un four à poterie. A la suite d'incendies, un autre arrêté en date du 4 novembre 1846 limite l'utilisation du four à la journée et le dépôt de matières inflammables, tels que les roseaux utilisés pour la combustion du four, à une distance minimale. Une nouvelle réclamation est portée en 1855 par le docteur Clément Brée, voisin du four (19 rue du Grand port), dénonçant les nuisances occasionnées, notamment par les fumées, et les risques d'incendie. En 1856, une visite des lieux indique que le four est dénué de cheminée et que les fumées s'échappent par des vides laissés dans la toiture, ce qui ne peut qu'incommoder le voisinage. Le four est par ailleurs composé "d'un dépôt de bois qui touche au four, d'un dépôt de terre qui est par derrière, puis d'une moulerie et d'un séchoir par dessus", cette promiscuité avec le four présentant un fort risque d'incendie. La veuve Pointeau est alors enjointe à reconstruire le four avec une cheminée de 11 mètres de haut.

En 1874, la veuve Pointeau loue le four et la maison située au 21 rue du Grand port, à Jean Ravard (1822-1892), époux de Rose Bertrand. Né à Magné dans une famille de journaliers, Jean Ravard est huilier à la naissance de sa fille Eugénie en 1854 et au mariage de cette dernière en 1872. Selon le cadastre, devenu propriétaire des lieux, il fait reconstruire le four en 1879, suivant autorisation par arrêté préfectoral du 4 mai 1878. Il en profite pour déplacer le four plus à l'est, auprès du chemin de halage. Son épouse tient quant à elle une épicerie dans leur maison. Le four passe ensuite à leur gendre, Pierre Pontet (né à Magné en 1847, potier en 1879, fils d'un cantonnier originaire de l'Allier), puis au fils de ce dernier, Armand Pontet (1879-1959), lui aussi potier, époux de Marie Faucher. La famille Pontet donne alors son nom au four (elle possède aussi la maison au 33 rue du Grand port, construite en 1899). Agrandi, semble-t-il, en 1906 (il passe alors à deux étages, avec sa cheminée actuelle), le four aurait employé en 1914 deux tourneurs et quatre manoeuvres. En sortent des pots utilitaires et une petite production artistique. L'argile utilisée est extraite des marais des environs, notamment d'Arçais, et acheminée par bateau. Actif jusqu'en 1980, le four est racheté par la commune en 1989, puis restauré et aménagé en espace d'exposition en 1994.