Repaire noble de la Prandie

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Valojoulx

Le nom du fief de La Prandie apparaît très tardivement, au XVIIIe siècle : est cité "Jean Fonfaye, sieur de la Prandie" (vers 1763-1765) de manière quasi concomitante avec la première figuration du domaine noble sur la planche n° 23 de la carte de Belleyme levée en 1768. Est-ce à dire qu'il n'existait pas avant ces dates ? C'est peu probable, car les bâtiments encore en place, s'ils ne présentent pas de caractères stylistiques antérieurs évidents, n'en possèdent pas moins des critères internes – en termes d'implantation, d'organisation des bâtiments, de mise en oeuvre, d'épaisseur de mur et d'éléments défensifs – qui ne peuvent appartenir qu'au début de l'époque moderne (on y reviendra). Comme pour d'autres fiefs de Valojoulx (voir l'Historique de la présentation de la commune), il est fort possible que celui de la Prandie ait changé de nom au cours de son histoire ou que la graphie de celui-ci ait été corrompue.

Autant qu'il est possible d'en juger au vu de l'état actuel de nos connaissances et de ce qu'il a été possible d'en voir, les éléments les plus anciens sont le portail d'entrée (une porte cochère en plein-cintre) au nord-est de la plate-forme, la chapelle dans la tour d'angle carrée à côté de celui-ci et le grand pavillon qui occupe l'angle opposé de la plate-forme, au sud-ouest. En effet, l'arc en plein-cintre de la porte cochère du portail est souligné par une moulure classique (un talon droit) formant ébrasement, la tour nord-est possède une maçonnerie en moellon autrefois enduit, raidie par des chaînes appareillées en besace aux angles – ceux-ci, du côté de l'extérieur, étaient en outre surmontés de petites échauguettes sur consoles (vestiges des premiers corbeaux) –, et le grand pavillon, qui présente une maçonnerie comparable, possède en outre des fenêtres (d'anciennes croisées ou demi-croisées ?) à allège et appui mouluré (bûché) en pierre de taille, ainsi qu'une logette de latrines en encorbellement (face occidentale) et un toit en lauze. Excepté l'absence d'orifices de tir pour armes à feu légères, tout concoure à dater cet ensemble – et donc la plate-forme qu'il occupe, à moins qu'il ne s'agisse d'un héritage antérieur – de la seconde moitié du XVIe siècle. De manière assez surprenante toutefois, le pavillon d'angle sud-ouest ne flanquait pas l'angle, mais au contraire il était en retrait des deux corps de logis qui le jouxtaient, celui du sud en place (mais très remanié), celui de l'ouest détruit – les vestiges en sont la partie inférieure du mur gouttereau ouest et pignon sud, deux cheminées superposées adossées à la face nord du pavillon et des portes d'accès (murées) sur la même face. Le corps de logis sud, très remanié comme on l'a dit, présente le vestige (un corbeau) d'une échauguette d'angle, au sud-ouest, sans doute comparable à celles de la tour de la chapelle ; il était à l'origine plus court, comme le suggère une chaîne d'angle placée au milieu de son mur gouttereau sud. Enfin, pour compléter la restitution de l'ensemble, le plan cadastral ancien (1813) figure un petit bâtiment carré à l'angle sud-est : selon toute vraisemblance, il s'agissait d'une tour de défense qui protégeait l'accès au repaire noble de ce côté, dont le chemin d'accès était encore en place à cette date – il a disparu depuis.

Une campagne de travaux, qui a principalement touchée le rez-de-chaussée de la face occidentale de la chapelle, est intervenue au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle : le pan de mur a été rhabillée par une maçonnerie en pierre de taille scandée de dosserets sous un bandeau lisse et présente désormais un portique (pilastre, entablement et corniche) d'ordre dorique ; la nouvelle porte, rectangulaire, est percée en retrait dans une voussure segmentaire. Il faut peut-être attribué ces travaux à Jean Fonfaye.

Les bâtiments ont probablement souffert de la période révolutionnaire : c'est au cours de cette période que les éléments nobiliaires ont été effacés ou supprimés, telles les échauguettes d'angle, et peut-être la tour de la chapelle dérasée et le corps de logis ouest détruit – il l'est déjà en 1813 lors de la levée du plan cadastral de la commune. Une campagne de travaux suivit au cours du XIXe siècle, sans doute dans la seconde moitié du siècle comme le suggère la date "1863" gravée dans la voussure de la porte de la chapelle. Le corps de logis sud et le grand pavillon semble avoir été très modifiés à ce moment-là. Plus récemment, une adjonction est venue prolonger le corps de logis sud vers l'ouest.

Périodes

Principale : Moyen Age (incertitude) (détruit)

Principale : 2e moitié 16e siècle (incertitude)

Secondaire : 2e moitié 18e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Dates

1863, porte la date

L'ensemble est situé sur le flanc nord-ouest (à une altitude de 189 mètres) de la colline du Puy Mangou (266 mètres), dans un repli de terrain encaissé. Il comprend une plate-forme grossièrement carrée (environ 38 x 36 m) sur laquelle prennent place un portail au nord-est, une tour carrée abritant une chapelle à l'angle nord-est, un grand pavillon à l'angle opposé sur la diagonale au sud-ouest et un long corps de logis rectangulaire au sud. Les bâtiments sont tous construits en moellon (autrefois enduit), raidie par des chaînes appareillées en besace aux angles ; les cadres des portes et fenêtres sont également en pierre de taille. Le corps de logis sud et le grand pavillon d'angle sont couvert en lauze, seule la chapelle l'est en tuile canal.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. calcaire en couverture
Étages

1 étage carré, rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Valojoulx , 1684 route de la Prandie

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Prandie

Cadastre: 1813 C1 137 et 138, 2025 ZI 03

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