Station thermale de Saint-Christau

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Lurbe-Saint-Christau

Comme pour la plupart des sites d’eaux curatives, les propriétés des sources de Saint-Christau sont connues de façon immémoriale. La découverte de mobilier archéologique en 1897 atteste de la fréquentation de la source des Arceaux depuis la protohistoire et l'antiquité gallo-romaine.

Au Moyen Âge, le site du pied des monts Binet et Turon-Vulpis est occupé de manière pérenne à la suite de la fondation au début du 12e siècle, par Gaston IV de Béarn, d'un hôpital-prieuré, puis commanderie, sur la route de pèlerinage entre Jaca en Aragon et Oloron. Quant à la source, la tradition voudrait qu'elle ait été redécouverte au 13e siècle par un "cagot" installé dans une cabane à proximité.

La commanderie de Saint-Christau, appelée hôpital du Bager, demeure en possession du monastère de Sainte-Christine du Somport jusqu’en 1532, date à laquelle la communauté religieuse commence à décliner et où Jean d’Arbésio, vraisemblablement originaire de la communauté béarnaise d’Arbus, s’empare du domaine par la force. Néanmoins son statut de propriétaire et de commandeur de Saint-Christau est officiellement reconnu en 1538 par Jacques de Foix, évêque de Lescar et lieutenant général du roi Henri II d'Albret.

Depuis lors, les terres de Saint-Christau sont possédées et exploitées par des propriétaires privés, malgré l’intérêt général de leurs sources. Jean de Bidou, descendant des Arbésio, vend le domaine en 1633 à Jean de Bordères qui s’en sépare dès 1634 au profit de Simon de Lassalle, seigneur de Gurmençon. Ce dernier est à l’origine de l’exploitation commerciale de la source dite des Fièvres (du Prieuré), en installant son frère en tant que métayer de la commanderie qui, le premier, accueillit des étrangers pour leur faire profiter des eaux moyennant finance soit en leur prodiguant des bains soit en puisant à la fontaine. La dimension économique de l’exploitation des eaux et l’utilisation des chemins ruraux suscitèrent en effet rapidement des conflits opposant les propriétaires et la population autochtone qui revendiquait son droit de possession puisque les sources jaillissent au pied du Mont Turon-Vuspis situé sur le territoire de Lurbe. Les deux partis s'opposèrent dans diverses procédures judiciaires jusqu'en 1768, moment de la ratification par le Parlement de Navarre d'une convention en 1763.

Le domaine est racheté à cette date par Roch de Bousquet qui tente d'en améliorer les installations balnéaires et les logements en 1780, mais sa dynamique est interrompue par la Révolution de 1789 qui le contraint à l'exil. Son fils Charles de Bousquet revend la propriété entre 1831 et 1833 à Pierre Antoine Joseph de Bois-Juzan qui y commande des améliorations majeures et la construction de plusieurs hôtels entre 1837 et son décès en 1841. Cinq années de procédure judiciaire s'ensuivent entre ses cohéritiers, à l'issue desquelles le domaine thermal est vendu à la comtesse veuve de Barraute d'Armendaritz en 1846. Avec son fils Jean Armand, le domaine continue d'être considérablement modernisé et promu au niveau national dans le contexte du succès de la villégiature thermale. Ils effectuent d'importants travaux entre 1849 et 1850.

A la suite de plusieurs successions, la propriété passe entre les mains de la famille Presle du Plessis à la fin du 19e siècle. Le domaine thermal est réquisitionné durant la Grande Guerre en tant qu'hôpital complémentaire, puis au cours de la Guerre civile espagnole pour accueillir les réfugiés basques entre 1937 et 1940, puis par l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Chacune de ses périodes occasionne de nombreux travaux, notamment conduits successivement par Jules Noutary puis Fernand Noutary.

Après la Seconde Guerre mondiale, les cohéritiers d'Ozenay vendent leurs parts de la propriété à la Société Thermale de Saint-Christau en 1951, laquelle, confrontée aux difficultés de gestion et d'exploitation de ce patrimoine, la place en location-gérance en 1964 au profit de la Société Thermale de Molitg-les-Bains, fondée par Adrien Barthélémy. Ce dernier crée à la même époque la Compagnie Française du Thermalisme, fédérant son empire thermal, qui rachète finalement le domaine de Saint-Christau et deviendra la Chaîne Thermale du Soleil. Suite à une exploitation relevant du thermalisme social au cours des Trente Glorieuses, l'activité d'embouteillage est arrêtée en 1990 tandis que l'établissement thermal de la Rotonde, le seul subsistant, est fermé en 1999. Le domaine poursuit de nos jours son activité hôtelière.

Périodes

Secondaire : Age du fer

Secondaire : Bas-Empire

Principale : 12e siècle

Principale : 16e siècle

Secondaire : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

La station de Saint-Christau prend place au cœur d’un environnement rural et vallonné entouré par les monts Binet (au sud) et Turon-Vulpis (à l’ouest). La majeure partie du territoire est plane et délimitée au nord et à l’est par le cours sinueux de l’Ourtau. Le domaine se développe et se structure progressivement et assez régulièrement au rythme des générations de propriétaires qui marquent de leur empreinte l’organisation et la physionomie de l’agglomération.

A la différence de nombreuses stations thermales, notamment celles de la Route Thermale de Napoléon III, Saint-Christau n’est pas une ville mais un domaine privé, qui prend place au sein d’un environnement rural composé de collines, de forêts et de cours d’eau. Le domaine est non seulement traversé par l’Ourtau qui délimite son extrémité orientale mais aussi par de nombreux ruisseaux, tel celui au-dessus duquel est implanté le cabinet médical des Bains de la Rotonde. Les édifices sont établis autour d’un parc paysager qui constitue véritablement le cœur du domaine, vers lequel tous les regards, les sentiers et les équipements convergent. Les proportions restreintes, le faible nombre de constructions et cette prédominance du paysage offrent une atmosphère singulièrement paisible qui fait l’originalité de Saint-Christau. Ici l’intégration de l’espace thermal correspond en somme au modèle de la station éloignée de l'habitat villageois, que constitue le bourg de Lurbe.

La station comporte non seulement des établissements dédiés à son activité et sa ressource première thérapeutique – les Bains Vieux, Bains de la Rotonde, les deux buvettes détruites, le cabinet médical -, mais aussi des hébergements collectifs installés dans plusieurs bâtiments – Bains Vieux, hôtel du Mogol, hôtel de la Poste, hôtel du Grand Turc (du Parc), le pavillon Bénard -, des établissements de restauration – notamment au rez-de-chaussée de l’hôtel du Mogol, le restaurant des sources -, ainsi que des hébergements à vocation individuelle appartenant à la typologie des villas de villégiature locative – les trois chalets. A cela, il faut ajouter les lieux de loisirs et de divertissements, en l’occurrence le parc et le casino, sans oublier le lieu de culte, à savoir la chapelle.

En ce qui concerne le style, Saint-Christau se distingue de bon nombre de stations influencées par l’architecture officielle néoclassique au début du 19e siècle, sans doute de par son statut privé qui laisse au propriétaire le loisir et la liberté d’opter pour le parti esthétique qui lui convient sans autre forme de contrainte administrative ou formelle. Les édifices les plus anciens (Bains vieux, hôtel de la Poste, hôtel du Mogol, pavillon du docteur Bénard) relèvent ainsi généralement de l’architecture vernaculaire béarnaise, domestique et agricole (commanderie, moulin de la cascade, magasins d’embouteillage). Le mode constructif et les matériaux associant moellons, enduit à la chaux et couvertures en ardoises pyrénéennes, illustre ce recours aux savoir-faire locaux. L’hôtel du Grand Turc (du Parc) se distingue non par son style mais par ses proportions généreuses au regard des édifices voisins qui bénéficient pour autant d’une importante capacité d’accueil. Ces constructions se caractérisent en outre par leurs toitures à croupes ou demi-croupes relativement hautes, mais aussi par la présence fréquente de galeries latérales au premier étage qui, aujourd’hui, ont pour la plupart disparu.

Les partis-pris sont sensiblement différents à compter du Second Empire, ce qui s’explique également par l’influence de la vogue de l’éclectisme, particulièrement répandue dans les grands centres urbains et les stations de villégiature balnéaires et thermales. Ainsi le cabinet médical originel, la buvette sulfureuse, le pavillon des Cinq Canettes, le restaurant des Sources, le casino primitif, le corps de logis de la commanderie ainsi que les trois chalets locatifs puisent manifestement leur inspiration dans les chalets helvétiques en vogue dans l’ensemble des stations thermales, comme l’illustrent leurs façades asymétriques, leurs jeux de toitures, les avant-corps et les matériaux, mêlant le bois et la brique dans des murs de parement aux complexes compositions géométriques. Ces formes confèrent aux édifices une forte dimension pittoresque.

D’autre part, la chapelle conserve quelques éléments de mobilier et de décor donnant une idée de ce que fut l'aspect originel de ce lieu de culte. Si la chapelle primitive, dont l’implantation se trouve à proximité, adoptait le style néogothique, le nouvel édifice de culte est globalement reconstruit selon un parti plus dépouillé et habituel de l’architecture diocésaine rurale du Béarn. Comme la chapelle, la plupart des bâtiments portent désormais l’empreinte des remaniements de la seconde moitié du 20e siècle, tels que les extensions des hôtels du Mogol et de la Poste, les rénovations intérieures des trois chalets, les modifications des Bains de la Rotonde avec la disparition du pavillon néo-mauresque, et celles du cabinet médical ou encore du casino.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : pierre

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Matériau du gros oeuvre : brique

  3. Revêtement : crépi

  4. Matériau du gros oeuvre : béton

Toits
  1. ardoise, tuile mécanique

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Lurbe-Saint-Christau , Route de Saint-Christau

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Saint-Christau

Cadastre: 2018

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