Tapisserie: Le Murex et l'Araignée

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Le Murex et l'Araignée constitue une commande d'Etat, orchestrée par le Centre National des Arts Plastiques, en partenariat avec la ville d'Aubusson. Le tissage de cette tapisserie a été réalisé par un collectif de cinq lissiers (André Magnat, Gilles Paris, Jean-Claude Clavaud, Michel Duché et Patrick Guillot) sur un grand métier Braquenié de huit mètres de long conservé à l'Ecole Nationale Supérieure d'Art de Limoges-Aubusson. Le travail a duré six mois, de janvier à juin 2008, pour parfaire cette pièce de 27 m2, dont la tombée de métier a eu lieu en novembre 2008. Le carton du Murex et l'Araignée a été donné par Gérard Garouste, peintre et sculpteur, né en 1946 à Paris. Garouste a été formé à l'Ecole des Beaux-Arts, de 1965 à 1972, dans l'atelier de Gustave Singier. Il organise sa première exposition personnelle, intitulée Dessins Monumentaux, en 1969. De 1977 à 1982, il intervient comme scénographe et metteur en scène pour la boîte de nuit parisienne Le Palace, à travers des collaborations comme celle du Classique et de l'Indien, spectacle dont il est l'auteur, créé en 1977. En 1980, Garouste expose pour la première fois à la galerie Liliane et Michel Durand-Dessert, qui le représentera jusqu'en 2000. C'est le début d'une reconnaissance internationale, marquée par la présentation de son travail chez Leo Castelli à New York, Sperone à Turin ou encore Rudolf Zwirner à Cologne. La consécration institutionnelle suit très vite, avec une première exposition au CAPC de Bordeaux en 1987, puis une rétrospective de son œuvre au Centre Georges Pompidou en 1988. Garouste reçoit des commandes publiques, parmi lesquelles on peut citer : le plafond d'une chambre de l'appartement présidentiel du Palais de l'Elysée (1982) ; le rideau de scène du Théâtre du Châtelet (1989) ; les vitraux de l'église Notre-Dame de Talant en Bourgogne (1995) ; une installation de peinture et de fer forgé pour la Bibliothèque Nationale de France (1996) ; le plafond du foyer du Théâtre Royal de Namur (1999) ; des fresques et des sculptures pour l'Hôtel de Ville de Mons (2000 et 2006). En 2001, il présente à la Fondation Cartier le projet Ellipse, ensemble de toiles montées sur une architecture qu'il a lui-même dessinée. Depuis cette date, la galerie Daniel Templon le représente. Depuis 1979, Garouste vit et travaille dans le département de l'Eure, à Marcilly-sur-Eure. C'est là qu'il a fondé en 1991 une association d'action éducative et sociale nommée La Source, qu'il préside. Elle a pour but d'aider les jeunes en situation d'exclusion en milieu rural, en leur proposant de retrouver une image positive d'eux-mêmes à travers l'expression artistique. Malgré sa profonde admiration pour l'œuvre de Marcel Duchamp, Garouste reste fidèle à la peinture figurative - une peinture faite de glacis et d'empâtements, sombre, imprégnée par la religion et l'étude des grands textes sacrés et littéraires (le Talmud, la Bible, Don Quichotte de Cervantès, Gargantua de Rabelais, la Divine Comédie de Dante). Il s'attache à l'exégèse de ces ouvrages, aux origines des mythes fondateurs et à leur récupération par la culture occidentale. Son œuvre est donc empreinte de mots et de symboles, tout en faisant référence à celle de Bacon ou encore de Michel-Ange.

Périodes

Principale : 1er quart 21e siècle

Dates

2008

Auteurs Auteur : Garouste Gérard, peintre
Auteur : Magnat André, lissier
Auteur : Paris Gilles, lissier
Auteur : Clavaud Jean-Claude, lissier
Auteur : Duché Michel, lissier
Auteur : Guillot Patrick

Patrick GUILLOT fait partie de la dizaine d'artisans lissiers encore en activité en Creuse (Limousin, France). Lissier depuis plus de 30 ans, installé à Aubusson, il perpétue avec ses confrères l'héritage artistique et technique des anciennes manufactures royales de tapisserie.

, lissier
AtelierEcole : Manufacture Royal Du Parc, manufacture

Pièce maîtresse de l'exposition organisée par la mairie d'Aubusson à l'été 2009, Le Murex et l'Araignée occupe la montée (premier repos) de l'escalier d'honneur de l'hôtel de ville, entièrement rénové pour l'occasion. La tapisserie fait référence à un passage du livre VI des Métamorphoses d'Ovide, qui raconte le mythe d'Arachné. Cette jeune fille de Lydie, originaire de Colophon, ville réputée pour ses teintures de pourpre, excellait dans l'art du tissage. Elle en vint ainsi à provoquer en duel la déesse Athéna, connue pour ses talents de fileuse, en prétendant la surpasser lors d'un concours artistique. Arachné tissa une magnifique pièce d'étoffe, où elle représenta les amours de Zeus et d'Europe, une simple mortelle que le dieu charma et enleva en se travestissant en taureau. Athéna ne trouva rien à redire à son travail, et sa colère fut vive. Elle déchira la pièce exécutée avec tant d'adresse et frappa sa rivale tant et si bien que cette dernière, terrifiée, se pendit. Athéna la métamorphosa alors en araignée. Garouste a conservé les détails les plus significatifs de ce mythe pour les inclure dans le déroulement de la scène. Arachné, au centre, a tendu ses fils de chaîne sur un métier de basse lisse, la composition figurant Zeus et Europe roulant sur l'ensouple arrière ; elle tient dans sa main droite un peigne de lissier, servant à tasser la laine après trois ou quatre duites. Dans les coins supérieurs de la tapisserie sont représentés deux lissiers au travail. En bas, à droite, figurent une toile d'araignée avec un œil humain en son centre, rappelant la métamorphose de l'infortunée jeune fille et un murex, ou escargot de mer - gastéropode retrouvé en grand nombre sur les sites archéologiques grecs ou romains du pourtour de la Méditerranée, qui servait, une fois concassé, à préparer diverses teintures rouges, dont la pourpre. Les ateliers de teinture à base de murex étaient généralement placés au nord des villes ou dans leur périphérie, en prenant soin que les vents emportent loin des habitants les odeurs fortes et nauséabondes de la préparation de la pourpre dans les cuves. Garouste a inclus dans la composition un extrait des Métamorphoses, en le scindant et le scandant avec des lettres bâton, dans la tradition médiévale des inclusions de noms, légendes ou écrits dans les tapisseries : "La vieillesse n'a pas seulement pour lot des maux haïssables ; sur le tard, les années nous amènent aussi l'expérience. Ne dédaigne pas mon conseil, aspire à la réputation d'être entre toutes les mortelles la plus habile à façonner la laine ; mais ne prétends pas égaler une déesse ; téméraire, implore d'une vois suppliante le pardon de tes paroles ; elle te pardonnera si tu l'implores". La tapisserie du Murex et de l'Araignée retranscrit les caractéristiques de la peinture de Garouste : fluidité des lignes, contour noir des figures, travail des ombres par de forts empâtements, jeu de profils. L'œuvre se réfère aussi à la célèbre toile de Vélasquez, les Fileuses (Madrid, Musée du Prado - 1644-1648), qui offre une autre version du même mythe d'Arachné.

Catégories

tapisserie sur métier

Matériaux
  1. Matériau principal : laine

  2. Matériau principal : soie

Inscriptions et marques
  • inscription concernant le titre
  • marque d'atelier
État de conservation
  • bon état

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