Tissage (usine de tapisserie et usine de tapis) dit manufacture Hamot, puis Saint-Jean

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

En 1883, Georges et René Hamot, négociants en textiles et héritiers d'une ancienne manufacture royale de tapisseries fondée en 1762 par leur famille à l'angle des rues Richelieu et Saint-Augustin à Paris, décident de s'implanter à Aubusson.

Ils fondent une société ayant pour raison sociale "G. et R. Hamot et Cie" et pour objet la fabrication et le commerce de tapis, tapisseries, étoffes pour meubles et ameublement, et dont le siège est établi à Paris, 75 rue de Richelieu.

Pour installer cet établissement, les deux frères acquièrent un ensemble de bâtiments disparates ayant appartenu aux Sallandrouze de Lamornaix : une maison d'habitation et ses dépendances, ainsi que deux ateliers désaffectés de leur ancienne manufacture de tapis, fermée en 1872 (voir notice IA23000572). Ces bâtiments, vraisemblablement construits durant le 3e quart du 19e siècle, s'étendent entre la route départementale de Tulle à La Châtre (actuelle rue Saint-Jean) et la Creuse.

Entre 1885 et 1900, les Hamot font édifier de nouveaux bâtiments sur le site. Au nord-est, sur les jardins séparant la rivière de la maison, transformée en logement patronal, sont construits des ateliers sous sheds, destinés au tissage des tapis de la Savonnerie et à abriter un magasin des soies. A l'ouest, sont édifiés une teinturerie, avec un système d'évacuation des eaux relié à la Creuse, un séchoir et une chaufferie précédée d'une cheminée en brique, encore visible sur les cartes postales de la fin du 19e siècle.

A l'orée du 20e siècle, un plan montre que l'usine comporte également une forge, des magasins à charbon, une menuiserie, une salle d'exposition et deux magasins des laines. La teinturerie est partiellement reconstruite après 1905. Le séchoir est démoli après avoir été ravagé par un incendie en 1909.

Jusqu'à la Première Guerre Mondiale, l'entreprise Hamot connaît une période d'essor et de prospérité, marquée par l'obtention de deux grands prix aux Expositions Universelles de 1889 et 1900 et par l'ouverture d'une succursale à Felletin, en 1902.

En 1914, après le décès de Georges Hamot, la société est reprise par son frère René et ses trois fils (Paul, Charles et Louis) sous la raison sociale de "R. Hamot et Fils". En 1917, René se retire de l'affaire familiale, qui change à nouveau de dénomination pour devenir "Hamot Frères". L'usine ouvre dans les années vingt un atelier de restauration des tapisseries, qui travaille notamment pour le Mobilier National et les musées. A la veille de la crise de 1930, c'est l'une des plus importantes manufactures d'Aubusson, avec la maison Braquenié. C'est vraisemblablement dans ce contexte favorable que l'aile est du bâtiment principal est rehaussée de trois niveaux supplémentaires, afin d'accueillir de nouveaux ateliers.

La crise des années trente frappe durement l'entreprise, qui, faute de commandes, se voit contrainte de licencier près de la moitié de ses employés entre 1928 et 1931. Elle retrouve son lustre après la Seconde Guerre Mondiale en s'orientant vers une production haut de gamme et vers la conquête de marchés extérieurs, sous l'égide des deux frères René et Francis Hamot, derniers descendants de la famille.

Entre 1970 et 1975, les travaux de déviation de la route nationale 141 par les bords de la Creuse et le vallon du Léonardet entraînent la création de l'avenue des Lissiers. Pour permettre l'ouverture de cette voie, les sheds et l'aile est du bâtiment principal, qui s'élevaient à l'aplomb de la rivière, sont partiellement démolis, puis rebâtis plus en retrait. La manufacture, dont l'entrée se faisait jusqu'alors par la rue Saint-Jean, reçoit une nouvelle façade sur l'avenue des Lissiers, avec la construction, dans le prolongement de l'aile est, d'un pavillon faisant office de logement pour le concierge et de garage.

En 1984, Philippe Hecquet, directeur de la manufacture depuis 1965, rachète l'entreprise à la famille Hamot et constitue une société anonyme sous la raison sociale de "manufacture Saint-Jean". Celle-ci est reprise en 1989 par Lucien Blondeau, propriétaire du château de Boussac (Creuse).

La manufacture Hamot fut équipée d'une machine à vapeur, qui fut partiellement détruite en 1905.

Elle a connu de nombreuses grèves (1910, 1928, 1932), celle de 1910 ayant occasionné deux mois de cessation totale d'activité.

532 ouvriers travaillaient sur le site en 1913. En 1928, le tissage emploie 132 salariés, dont 96 velouteuses. En 1966, l'usine compte 90 employés. Ils sont 40 en 1984. Aujourd'hui, la manufacture n'emploie plus que six personnes à temps plein, dont trois restauratrices et deux lissiers.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Secondaire : 3e quart 20e siècle

Dates

1885, daté par source

Auteurs Personnalite : Hamot, commanditaire (attribution par source)

La manufacture Saint-Jean est implantée sur une parcelle traversante, sise entre, au nord, l´avenue des Lissiers et au sud, la rue Saint-Jean. Ses bâtiments s´organisent autour d´une cour centrale. Le bâtiment principal, de plan régulier en U, comporte deux ailes parallèles réunies par une troisième construite sur un passage couvert donnant accès à la cour. L´aile est se développe sur cinq travées et trois étages carrés, sous un toit à longs pans recouvert de zinc ; son rez-de-chaussée est bâti en moellons de granite enduits, tandis que ses trois niveaux supérieurs, issus d´un exhaussement plus tardif, sont en béton, mais tous sont unifiés par la modénature des baies, à linteau en arc segmentaire et clef passante à bossage en pointe de diamant. Cette aile abrite, au rez-de-chaussée, un magasin des laines, qui a conservé son mobilier d´origine, et aux étages, une galerie d´exposition et des ateliers.

Les ailes ouest et sud présentent, quant à elles, les mêmes caractéristiques : gros œuvre en granite enduit, souligné aux ouvertures et aux angles par un chaînage en pierre de taille. Elles se développent sur un étage carré et un étage de comble, sous un toit à croupe recouvert d´ardoise. L´aile ouest, occupée par un magasin industriel et des ateliers de tissage et de restauration, se démarque par quelques éléments décoratifs (corniche sommitale moulurée en doucine, bandeau filant en pierre et travée centrale mise en exergue par une baie cintrée encadrée de pilastres à gros tailloir saillant). L´aile sud accueille, à l´étage, un atelier de peintre-cartonnier, matérialisé, du côté nord, au-dessus du passage couvert, par une large baie surmontée d´une lucarne en bois à croupe débordante.

A l´ouest de la cour se trouve la teinturerie, en brique enduite sur soubassement en pierre. De plan rectangulaire régulier, elle se démarque par sa toiture à deux pans, avec une partie centrale surélevée et à claires-voies, pour évacuer les émanations chimiques et la vapeur issues du processus de coloration. A l´intérieur, bien que très remaniée, la teinturerie a conservé quelques éléments de sa charpente d´origine (poutrelles métalliques). Elle constitue un long vaisseau, rythmé par les « barges » en acier, aujourd´hui automatisées, dans lesquelles se déroulent les opérations de dégraissage, mordançage et teinture de la laine. Son décor (frise de modillons en brique rouge) se retrouve sur le bâtiment des bureaux, dont l´étage carré est accessible, depuis la cour, par une rampe, permettant également aux véhicules de sortir dans la rue Saint-Jean, située en contre-haut.

Au sud, le logement patronal, en pierre de taille, présente deux étages carrés et un étage de comble, sous un toit à croupe recouvert d´ardoise. Son avant-corps à pans coupés, qui loge un escalier tournant à volées courbes, a été partiellement englobé (jusqu´au premier niveau) dans la construction des ateliers de tissage (basse-lisse et tapis de La Savonnerie), qui sont venus s´y accoler, au nord-est du site. Ces ateliers ont été bâtis en moellons de granite partiellement enduits ; ils sont couverts de sheds à couverture d´ardoise, dont la charpente en bois, apparente dans les ateliers de Savonnerie, repose sur de fins piliers en fonte de section cruciforme. Le volume originel de ces ateliers est aujourd´hui dénaturé par les nombreuses cloisons en plâtre et les faux plafonds qui divisent les espaces.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

  3. Matériau du gros oeuvre : brique

  4. Revêtement : enduit

  5. Mise en oeuvre : moellon

  6. Mise en oeuvre : pierre de taille

  7. Mise en oeuvre : grand appareil

Toits
  1. zinc en couverture, ardoise, verre en couverture
Étages

3 étages carrés, étage de comble

Couvrements
  1. charpente en béton armé apparente charpente en bois apparente
Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : shed

  3. Forme de la couverture : toit à deux pans

  4. Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier tournant

    Structure : en charpente

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , 3 rue Saint-Jean

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2007 (AK 415, 414)

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...