Historique
Le domaine de Bellejouanne est mentionné pour la première fois en 1486 sous le nom de "Belle Johanne", de même qu'à la fin du 16e siècle sur le tableau du siège de Poitiers par Nautré. Il s´agit en fait d´un hameau qui comprend la demeure principale (actuellement 132 rue Blaise-Pascal) ; deux métairies, l´une au nord, dite métairie de Bellejouanne (actuellement 126 rue Blaise-Pascal), l´autre, appelée la Bergerie, située de l´autre côté de la rue (actuel centre de loisirs) ; une mare ou fosse et de nombreuses terres aux alentours. Plusieurs autres métairies en dépendent, notamment la Fosse au Pailler (actuellement à l´angle de la rue des Joncs et de la route de Vouneuil) et celle de Château-Gaillard, aujourd´hui disparue.
En 1564, sire François Massard achète à Jehan Bonnet une maison située au village de Bellejouanne, consistant en deux chambres basses, un four et un toit. Il poursuit ses acquisitions dans les années et décennies suivantes, se constituant ainsi un domaine autour de Bellejouanne. En 1662, celui-ci est saisi au détriment de son descendant, Philippe de Massard, écuyer, sieur de la Cour, contrôleur général des finances au bureau de Poitiers. Une vente aux enchères, dont l´acte décrit précisemment les lieux (voir annexe), est réalisée le 7 juin 1667, au profit de René Lambert, marchand à Poitiers. Le domaine comprend le logis, la métairie de Bellejouanne au nord, la métairie de la Bergerie en face, et la borderie de Château-Gaillard. L´entrée de la cour du logis, sur la rue, est à cette époque marquée par un porche surmonté d´un pigeonnier (comme on peut encore le voir par exemple à la Richardière, commune de Mignaloux-Beauvoir). En 1706, François Larcher, conseiller du roi, juge magistrat au siège présidial de Poitiers, est dit seigneur de Bellejouanne, de même que Mathieu Gaultron de la Baste en 1725. Ce dernier en a hérité de sa mère, Marie Larcher et de sa tante, Françoise Larcher épouse Jacob. Auparavant, en 1711, une visite détaillée est faite de la maison de Bellejouanne et de ses métairies (voir annexe). Le domaine figure sur l'atlas des routes royales établi par Trudaine dans la seconde moitié du 18e siècle.
Le 7 juin 1771, la veuve de Mathieu Gaultron de la Baste, Elisabeth Farouard vend Bellejouanne à René Pingault, marchand à Poitiers, et à Françoise Voye son épouse. Par son style architectural, la demeure semble dater de cette fin du 18e siècle, mais certains éléments pourraient être plus anciens et avoir été remployés du précédent logis : c´est le cas du fronton et de l´encadrement de la porte. Surtout, la forme du toit des deux ailes basses du logis, à longs pans brisés, est conforme à celle décrite sur l´ensemble du bâtiment dans la visite de 1711. Elle rappelle les logis en rez-de-chaussée et à toits mansardés du 17e siècle (par exemple Fief-Clairet, à Saint-Benoît). On peut penser que René Pingault, avant sa mort en 1773, ou bien son épouse après lui, ont procédé à la surélévation de la partie centrale du logis, en conservant des éléments de décor et les deux ailes en rez-de-chaussée et à toits mansardés.
En 1789, Françoise Voye veuve Pingault fait donation de ses biens à ses enfants, dont Florence qui hérite du domaine de Bellejouanne. Le 6 décembre 1825, celle-ci le vend à son neveu, le docteur Jérémie-André Pingault, époux de Marie-Jeanne-Suzanne Guériteau. C´est à lui que Bellejouanne appartient lorsqu´est établi le plan cadastral de 1838. On y voit le logis au sud d'une cour entourée par des dépendances. La cour est encore accessible, sur la rue, par un bâtiment de plan quadrangulaire qui pourrait être le porche à pigeonnier mentionné en 1667 et remplacé depuis par un portail à piliers. Au nord de cette cour, le plan cadastral de 1838 situe le logement et les dépendances de la métairie de Bellejouanne, aujourd´hui disparus. A la suite du docteur Pingault, c´est son fils Louis-Eudoxe Pingault, époux Demolliens, qui prend la tête du domaine. Egalement propriétaire de la Fosse au Pailler et de la Paillerie, sa tombe et celle de son épouse se trouvent encore aujourd´hui au cimetière de Chilvert. A sa mort en 1875, le domaine passe à son fils Emile Pingault qui y demeure. Le cadastre mentionne une augmentation de construction en 1877 qui pourrait correspondre au remaniement de l´ancienne métairie située au nord. C´est à une autre branche de la famille Pingault, les Badillé, que l´on doit la construction, en 1882, de la villa des Prés Mignons, juste au nord-est du domaine.
Description
NB : La description qui est donnée ici repose sur des photographies prises en 1974, la propriété n'ayant pu être visitée au cours de l'inventaire de 2009.
Le domaine est délimité sur la rue par un mur de clôture. Celui-ci est interrompu par un portail à piliers maçonnés avec une grille à couronnement. Des dépendances se trouvent à gauche de cette entrée et sont en partie incorporées dans le mur de clôture. Le logis se trouve à l'ouest et est entouré par un parc arboré. Il comprend un corps central à un étage avec comble, couvert d'un toit à longs pans et à croupes. Ce corps principal est encadré par deux pavillons latéraux, en rez-de-chaussée simple, avec comble et couverts d'un toit à longs pans brisés et à croupe. La façade principale, côté est, présente trois travées d'ouvertures plus une pour chacun des deux pavillons latéraux. Chaque travée comprend une lucarne à linteau en arc segmentaire, sauf pour la lucarne centrale, à fronton triangulaire. La travée centrale comprend en outre la porte. Cette dernière présente deux battants, un imposte en ferronnerie et un encadrement mouluré. Au-dessus prennent place deux fenêtres jumelles étroites. La façade postérieure du logis, à l'ouest, présente aussi des travées d'ouvertures et plusieurs autres ouvertures au rez-de-chaussée. Le toit du corps central et des pavillons latéraux est également percé de lucarnes à fronton en arc segmentaire. Les trois lucarnes du corps central, comprises dans trois travées, sont toutefois plus espacées que celles de la façade principale.
Détail de la description
Murs |
|
---|---|
Toits |
|
Étages |
sous-sol, 1 étage carré, étage de comble |
Élévations extérieures |
élévation ordonnancée |
Couvertures |
|
Décors/Technique |
|
Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Le couronnement de la grille du portail est orné de volutes, tout comme l'imposte de la porte du logis. Le fronton cintré et brisé qui surmonte cette dernière présente un décor sculpté qui imite un enroulement de cuir dans lequel prennent place un ove et des végétaux. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
---|---|
Référence du dossier |
IA86004991 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
|
Aire d'étude |
Poitiers |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2009 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Manoir de Bellejouanne, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/2481b6b7-5ecc-40ef-9321-70e3d818fab1 |
Titre courant |
Manoir de Bellejouanne |
---|---|
Dénomination |
manoir |
Parties constituantes non étudiées |
parc mur de clôture portail dépendance |
Statut |
|
---|
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , 132 rue Blaise-Pascal
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1838 G2 266 et 267, 2004 HI 108