Demeure dite le Grand Logis
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Les Mathes
Historique
L'histoire du Grand Logis, autrement appelé "le Grand Logis de Monplaisir", est mal connue avant le 18e siècle. Peut-être s'agissait-il d'un démembrement du fief de Paussy, rebaptisé Monplaisir, rattaché en 1766 à la seigneurie de Taupignac. Vers 1706, l'ingénieur du roi Claude Masse mentionne des bâtiments à cet endroit sur une de ses cartes de la région. A cette époque, le domaine appartient probablement à Elisée Béchet, sieur de Monplaisir. Marié en 1695, à La Tremblade, avec Françoise Robert, il semble être le fils de Cosme Béchet, avocat au parlement de Bordeaux, maire de Saintes dans les années 1660-1670, lui-même fils du juriste saintongeais Cosme Béchet, auteur de l'Usance de Saintonge entre mer et Charente.
En 1725, la fille d'Eiisée Béchet de Monplaisir, Marthe, épouse aux Mathes Daniel Chaillé, sieur de la Touche, pilote de navires à La Tremblade, auquel elle apporte vraisemblablement le Grand Logis de Monplaisir. Celui-ci échoit ensuite à leur fils, Pierre Chaillé de la Touche, marié à Marie-Magdeleine Messier. En 1797, il le cède aux neveux de son épouse, François (1759-1828) et Jean-André Pelletreau (1758-1851), négociants et armateurs à Rochefort et Bordeaux. François Pelletreau, fervent bonapartiste, offre l'asile à Joseph Bonaparte, ancien roi d'Espagne et frère de l'empereur déchu, en juillet 1815, d'abord dans sa ferme des Charmettes (Montsouci), et pour une nuit au Grand Logis, les 24-25 juillet.
Les frères Pelletreau revendent le Grand Logis à Jean-Louis Robin en 1817. La vente mentionne une maison de maître, un logement pour le métayer, une écurie, des granges et des chais avec "treuil, pressoir, vaisseaux, vinaires et tous les objets attenants aux dits bâtiments". La vente comprend aussi des jardins, champs fruitiers, terres labourables, prés, vignes et bois, ainsi que les meubles qui se trouvent dans les bâtiments, à l'exception de ceux qui appartiennent à Follet, régisseur du domaine. La vente mentionne enfin l'existence d'un cimetière privé protestant, d'environ 6 mètres carrés et de forme triangulaire, qui sera délimité par des cyprès.
Le Grand Logis apparaît sur le plan cadastral de 1824. A cette date, l'actuelle route D141 n'existe pas, et le domaine est situé à l'extrémité d'une boucle de chemins qui le relient au Vivier, à la Vallade et au Chêne. Tout autour se trouvent des vignes (au nord et à l'est) et un bois (à l'ouest). Ces chemins aboutissent directement à la cour du domaine, entourée par trois bâtiments : l'un à l'ouest, l'autre à l'est, le troisième au nord. Parmi eux figure une habitation, dotée de 14 ouvertures. En superposant le plan de 1824 avec des vues aériennes du 20e siècle, il apparaît que ces bâtiments se trouvaient autour de la cour qui s'étend aujourd'hui à l'est (à la place des deux ailes de dépendances et du château détruit).
En 1824, selon le cadastre, la propriété appartient à Pierre Robin (sans doute fils et héritier de Jean-Louis Robin). Elle passe en 1835 à Théodore et Frédéric Robin, puis à Théodore Robin seul. La configuration des lieux change en 1860 avec la création de la route D141 en ligne droite, au sud du domaine. C'est l'occasion pour Théodore Robin de réorganiser la propriété : en 1862, selon le cadastre, il se fait construire une nouvelle maison, sans doute sur le côté nord de la cour ; en 1872, il fait réaménager la cour en créant les deux ailes de communs et de dépendances qui l'encadrent, le portail (sur lequel la date 1872 est inscrite) et une allée conduisant à la nouvelle route.
Il est possible aussi que la création de la deuxième cour (au centre de l'ensemble), encadrée par des dépendances et par un logement de gardien, remonte à cette époque, de même que pour le pigeonnier qui se trouve aujourd'hui dans la cour ouest. Ces constructions ont aussi pu faire partie de la seconde phase de réaménagement réalisée dans les années 1890 par le propriétaire d'alors, Médéric Allaire. D'abord domicilié à Saint-Ouen, près de Paris, il achète le Grand Logis en 1893 à Michel Dupuy, préfet du Puy-de-Dôme, lequel en était propriétaire depuis 1874. Allaire fait démolir une partie des bâtiments et le château est construit en 1895.
Des photographies montrent que les dépendances qui encadrent aujourd'hui la cour ouest n'existaient pas encore au début du 20e siècle, et que le pigeonnier était alors seul au milieu d'un pré. Ces dépendances sont ajoutées avant 1937, date d'une prise de vue aérienne sur lesquelles elles apparaissent. Ces réaménagements sont probablement réalisés par François Garnier, ingénieur agronome, marié à Marguerite Fouchet, propriétaire du Grand Logis jusqu'en 1929, date à laquelle il le vend à Edouard de Douhet de Villosanges. Celui-ci revend le domaine en 1937 à André Chevalier et à son épouse, Marguerite Lucas, demeurant à Royan.
Sous l'Occupation, l'armée allemande réquisitionne le Grand Logis et transforme le château en hôpital de campagne. Celui-ci est notamment utilisé pour soigner les victimes du bombardement de Royan de janvier 1945. Une croix est alors peinte sur le toit pour éviter les bombes. Pourtant, lors du bombardement de la Poche de Royan du 15 avril 1945, une bombe frappe le logement de fermier qui se trouvait à l'ouest de la cour centrale, tuant quatre de ses occupants, une mère et ses trois enfants. Le logement sera reconstruit par la suite.
Dans la nuit du 25 au 26 décembre 1949, un incendie dû à un court-circuit électrique embrase le toit et le premier étage du château. Presque entièrement détruit, l'édifice n'est pas reconstruit, faute de financement. Le domaine est vendu par la veuve Chevalier le 22 janvier 1963 (devant Me Lestrille, notaire à Etaules) à Michel et Yolaine Monnerie. Il comprend entre autres un chai avec pressoir, cuves et tonneaux à vin. La famille Monnerie est toujours propriétaire des lieux.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 3e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle |
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Dates |
1872, porte la date 1895, daté par source |
Description
Le domaine du Grand Logis est situé à l'est du bourg des Mathes, sur une hauteur qui domine les marais d'Arvert et de Saint-Augustin. Ses bâtiments se répartissent autour de trois cours. Un jardin s'étendait autrefois à l'est, et une vigne au nord.
Des bâtiments actuels
La cour à l'est était reliée à la route par une allée d'arbres, bordée de fossés peu profonds, conduisant d'un portail à un autre. Le portail situé à l'entrée de la cour est encadré par deux portes piétonnes et par des murets soutenant des grilles. Les piliers maçonnés du portail sont ornés d'un décor en bossage et ils sont surmontés d'une vasque en métal (seule celle du pilier est subsiste).
De part et d'autre de la grille, deux bâtiments de dépendances, identiques dans leurs dimensions et leur décor, encadrent la cour est. Chacun est constitué d'un corps de bâtiment principal et d'un autre, plus bas, en retour d'équerre, prolongeant la grille. Le bâtiment à l'est abritait un pressoir, un cuvier, un chai et une distillerie. Sa façade sud, par où entrait le produit de la vendange, est percé d'une large porte, de deux baies plus petites de part et d'autre, et d'un grand oculus au-dessus. On retrouve le même type d'ouvertures sur le bâtiment à l'ouest de la cour, qui abritait écurie, étables et un garage à voitures.
En allant vers l'ouest, la deuxième cour (au centre de l'ensemble) est délimitée par un portail à piliers maçonnés, autrefois encadré par deux portes piétonnes couvertes. Derrière, de part et d'autre de l'entrée de la cour, se trouvent une laiterie, à droite, un puits et un logement (reconstruit après avoir été détruit en 1945), à gauche.
Enfin, dans la troisième cour, à l'ouest, entourée de différentes dépendances (hangar, toits...), trône le pigeonnier. De plan octogonal, il est couvert d'un toit en terrasse, à garde-corps crénelé, souligné par une corniche à modillons. Les encadrements des ouvertures et les chaînes d'angles, en pierre de taille, se détachent sur l'enduit de couleur ocre. Au sommet, sous la corniche, pointent des gargouilles en forme de canons.
Du château détruit en 1949
Le château détruit en 1949 se trouvait à l'arrière de la cour est, sur son côté nord. Il était constitué d'un corps principal de bâtiment, avec sous-sol, flanqué à l'ouest par une tour ronde avec toit en poivrière. A l'est, il était prolongé par un logement de gardien, dont il était séparé par une verrière. Le haut toit du corps principal de bâtiment, couvert en ardoise, était percé de hautes lucarnes en pierre et à fronton triangulaire, et de lucarnes plus petites, en zinc, en plein cintre. Des souches de cheminées en tuyaux d'orgues s'élevaient au-dessus du toit. Celui-ci était surmonté d'une terrasse avec garde-corps en crêtes et épis en zinc (un de ces épis a été conservé). Cette terrasse donnait accès à deux clochetons à toit à l'impériale.
Chacun de ces clochetons surmontait un avant-corps central qui marquait chacune des deux façades longues du bâtiment, au nord comme au sud. Au sud, cet avant-corps réunissait trois travées d'ouvertures (une large et deux plus étroites), avec porte-fenêtre et balcon à balustres en pierre à l'étage, perron au rez-de-chaussée. Ces ouvertures étaient séparées par des pilastres à l'étage, des colonnes au rez-de-chaussée, à chapiteaux sculptés. De part et d'autre, à l'étage, d'autres portes-fenêtres ouvraient sur d'autres balcons à balustres en pierre. Quant à l'avant-corps central au nord, il était orné d'un cabinet de travail ou de toilette formant une avancée, peut-être en encorbellement.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
sous-sol, 1 étage carré, 2 étages de comble |
Élévations extérieures |
élévation ordonnancée |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17046975 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Demeure dite le Grand Logis, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/44722bff-42db-437c-90c6-08c6e53879ea |
Titre courant |
Demeure dite le Grand Logis |
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Dénomination |
demeure |
Parties constituantes non étudiées |
portail puits logement chai écurie étable garage pigeonnier |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Les Mathes , route D141
Milieu d'implantation: isolé
Cadastre: 1824 C 290, 2009 OC 573, 641