Abbaye Saint-Pierre d'Airvault
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Airvault
Historique
Située sur les bords du Thouet, la ville d'Airvault est au carrefour des anciennes routes reliant Parthenay à Loudun et Poitiers à Bressuire. L'abbaye Saint-Pierre d'Airvault a récemment fait l'objet d'une étude approfondie par Laurent Prysmicki et Bénédicte Fillion lors de la réunion du congrès archéologique de France en 2001 dans les Deux-Sèvres. La synthèse présentée ci-dessous se réfère en premier lieu aux résultats de cet article (mentionné sous la référence CAF, 2001).
L'abbaye aurait été fondée à la fin du 10e siècle par la vicomtesse de Thouars Aldéarde d'Aulnay, femme d'Herbert 1er, entre 965 (date de son mariage) et 1010 (année de son décès à Thouars). Cette information est fournie par l'ordinaire du monastère daté du 14e-16e siècle (G. Martin, 1911, p. 48). La même source textuelle évoque également une double translation du corps de la fondatrice, sans toutefois en préciser la date exacte, de l'église Saint-Jean-Baptiste et Saint-André de Thouars à l'église d'Airvault et ensuite du transept d'Airvault vers le chœur. De cette première installation, peu d'éléments nous sont actuellement connus. Seule, la chapelle des Gallénies, accolée au sud de la façade de l'église actuelle, identifiée par Laurent Prysmicki comme étant l'élément le plus ancien du site, pourrait relever de cette période (CAF, 2001, p. 30-31).
En 1064, la chronique de Saint-Maixent indique que l'autel de la Croix est béni alors que " pour la première fois " les chanoines s'installent dans le vaisseau central (J. Verdon, 1975, p. 457). Cette précision invite à penser que la nef est déjà construite à ce moment là. Cependant, on ignore s'il s'agit de la nef actuelle de 7 travées ou de celle de l'édifice antérieur. Vers 1096, l'évêque de Poitiers, Pierre II, désigne Pierre de Saine-Fontaine (1096-1110), ancien chanoine de l'abbaye de Lesterps en Charente, abbé de la communauté d'Airvault pour y instaurer la règle de saint Augustin. L'église est reconstruite à partir des dernières années du 11e siècle sous son abbatiat avec une nef fermée par une première façade écran et un porche simple d'une travée avec collatéraux (pour désigner le porche, le lecteur pourra également trouver les termes de massif occidental ou de narthex dans les légendes des photographies). Quatre années après son arrivée, le 31 octobre 1100, la chronique de Saint-Maixent indique que l'autel majeur est consacré.
Pendant la première moitié du 12e siècle, le massif occidental est agrandi d'une nouvelle travée avec collatéraux à l'ouest du premier porche (ce qui donne deux travées de trois vaisseaux au total) et une nouvelle façade occidentale (celle que nous voyons aujourd'hui) est édifiée vers 1150 en même temps que la tribune au-dessus du porche. Au début de la seconde moitié du 12e siècle, la salle capitulaire est reconstruite.
Puis dans le premier tiers du 13e siècle, l'église subit d'importantes transformations en terme de voûtement, comme à Saint-Jouin-de-Marnes, modifiant aussi bien l'élévation intérieure qu'extérieure. La nef principale, le vaisseau central de la tribune, la croisée du transept et le chevet sont dotés d'un voûtement à nervures multiples de type angevin avec des fenêtres hautes aménagées entre les retombées des voûtes. Une nouvelle fenêtre gothique avec un remplage rayonnant est construite dans la partie centrale du second niveau de la façade.
Au 15e siècle, l'aumonier Racaux fait reconstruire l'aile sud du cloître (dont on ne conserve rien en élévation aujourd'hui) et ajoute la chapelle du Saint-Sépulcre au nord, à l'emplacement de l'ancien cimetière des moines. En octobre 1569, une partie des bâtiments et le cloître sont incendiés par les Protestants. À la fin du 18e siècle et au 19e siècle, des travaux de restaurations sont effectués à l'intérieur de l'église. Puis, elle est classée Monument historique sur la liste de 1840. À partir de cette date de nombreuses restaurations suivent (pour plus de détail, voir CAF, 2001, p. 33-34). De 1840 à 1844, l'architecte Théophile Segrétain restaure toutes les couvertures de l'abside et des absidioles, fait reconstruire les parties hautes des murs gouttereaux ainsi que les contreforts, fait dégager les parties basses du chevet à l'extérieur. En 1868, son successeur Loué dégage les bases des supports de la nef et du transept et propose un projet de restauration, prévoyant notamment la suppression des voûtes du 13e siècle, qui ne fut heureusement jamais réalisé. Entre 1891 et 1914, Joseph-Henri Déverin fait entièrement reconstruire le mur gouttereau nord de la nef et supprime de ce fait les peintures murales encore en place sur l'élévation (connues grâce à un relevé conservé à la Médiathèque du patrimoine). Il remonte totalement les contreforts du gouttereau sud, élimine le remplage rayonnant de la baie centrale de la façade occidentale en le remplaçant par une voussure sculptée de palmettes et refait à l'identique deux vieillards de l'Apocalypse du portail d'entrée. En 1934, Gabriel Brun intervient sur la façade occidentale et remplace le Christ en gloire au-dessus de la porte d'entrée par une voussure simple à claveaux. En 1989, Pierre Bonnard reprend les parties hautes des angles de la façade (colonnes et clochetons). Enfin, de 1999 à 2003, François Jeanneau, architecte en chef des Monuments historiques, restaure l'extérieur de l'église avec notamment la restitution des vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse, de la mandorle placée au-dessus liée à l'archivolte du portail central et fait abaissé le parvis pour dégager la façade occidentale.
De l'ancienne abbaye d'Airvault sont conservés l'église, quasiment entièrement romane (hormis le voûtement de la nef et du chevet daté du 13e siècle ainsi que la chapelle du Saint-Sépulcre, placée au nord et construite au 15e siècle), une fontaine romane, l'aire du cloître au sud construite dans la seconde moitié du 12e siècle avec de nombreux arrachements des galeries septentrionale et orientale et, dans le prolongement du bras sud du transept, la salle capitulaire et le dortoir. Du 13e siècle, il reste également plusieurs bâtiments non étudiés situés au sud-est de l'église : le logis abbatial, la chapelle de l'abbé, une galerie voûtée et la prison.
Description
Précision au lecteur : L'orientation de l'église est décalée vers le sud-ouest mais par convention le chevet sera noté à l'est, la façade à l'ouest et le cloître au sud.
Le plan de l'église d'Airvault comprend un porche de deux travées, une nef à trois vaisseaux de sept travées, un large transept à chapelles orientées, un vaste chevet à déambulatoire et trois chapelles rayonnantes.
La façade apparaît dans toute sa hauteur depuis l'abaissement du niveau de la place en 2002 d'environ 1,50 m. Ces travaux ont engendré plusieurs opérations archéologiques de 1998 à 2002 permettant la découverte de quelques sépultures creusées au pied de la façade. La façade-écran de l'église présente une élévation à deux niveaux coiffée d'un pignon surmonté d'un petit clocher-mur. Deux colonnes doubles, faisant office de contreforts, surmontées d'un petit clocheton aveugle encadrent la façade et deux colonnes simples la divisent en trois parties. Au rez-de-chaussée, le portail central en arc brisé, encadré de deux arcades ouvertes, permet d'accéder au porche d'entrée. Une corniche à modillons couronne le premier niveau. Au second niveau, se trouve au centre une grande baie avec de part et d'autre deux arcades aveugles surmontées au sud d'une baie en plein cintre tandis qu'au nord se trouve un oculus ajouré. La façade apparaît dissymétrique. En effet, la travée sud est moins large que les deux autres. Cette division verticale ne correspond pas tout à fait à celle que l'on retrouve à l'intérieur du porche d'entrée et de la nef. On comprend ce choix en étudiant l'ensemble du massif occidental, sur lequel nous reviendrons plus tard, avec le porche d'entrée et la chapelle des Gallénies, placée au sud.
Avant de parler de la décoration sculptée, il faut repréciser que la façade a fait l'objet de nombreux remaniements, comme déjà indiqué dans l'historique, d'abord à l'époque gothique, puis au 19e siècle, au 20e siècle, enfin, la dernière en date, en 2001-2003. Le portail d'entrée présente une voussure avec les vingt-quatre Vieillards de l'Apocalypse et le peut-être le Christ (aujourd'hui disparu) dans une mandorle coiffant l'arc à sa clef. Les claveaux, réalisés en tuffeau blanc des bords de la Loire, étaient en effet très abîmés tandis que la mandorle avait été en partie détériorée en 1828 par l'intégration, à son emplacement, d'une pendule qui avait été par la suite supprimée en 1930. Sous l'arcade aveugle nord, sont également conservés les vestiges d'une statue équestre monumentale, dont on voit encore la partie inférieure du cheval, le bas de la robe du personnage et son pied gauche éperonné. Le thème du cavalier est très récurrent dans la région, on le rencontre par exemple à Parthenay-le-Vieux, Notre-Dame-de-la Couldre à Parthenay, Benet, Saint-Hilaire de Melle, Civray, Châteauneuf-sur-Charente, Aubeterre, Surgères. La bibliographie sur le sujet est abondante et les interprétations proposées variées. Celle la plus souvent retenue invite à voir dans la présence du cavalier celle de l'empereur Constantin. Cette image est véhiculée, à l'époque médiévale, par la statue équestre de Marc-Aurèle écrasant un barbare placée devant l'église Saint-Jean-de-Latran et qu'on assimilait à Constantin foulant le paganisme. Le reste de la façade est décoré de nombreux motifs végétaux et les modillons de la corniche sont ornés de têtes humaines et animales.
La chapelle des Gallénies, placée directement au sud de la façade occidentale, est un des vestiges les plus anciens de l'abbaye daté du 10e siècle (CAF, 2001, p. 30-31). Elle a fait l'objet d'une étude archéologique en 2000-2001 par Laurent Prysmicki qui a permis de constater que sa construction est antérieure à la façade du 12e siècle et à la nef du 11e siècle, ce qui explique la dissymétrie notée dans la façade et que l'on retrouve également dans le porche et dans la tribune.
L'élévation sud de l'église a été largement reprise dans ses parements au début du 20e siècle ; les contreforts ont notamment été remontés. La paroi est scandée de sept travées, chacune éclairée d'une grande baie romane, sauf la sixième travée placée à l'est percée d'une baie gothique. Les décrochages des toits visibles vers l'ouest correspondent à la jonction entre le porche d'entrée et la première façade de l'église. On perçoit également au-dessus du collatéral sud un second niveau d'éclairage, celui de la nef principale, percée de hautes baies au 13e siècle lors de la construction du voûtement gothique. Dans la partie inférieure de la paroi se voient encore les arrachements des formerets des voûtes de la galerie nord du cloître. Les baies sont richement décorées de nombreux motifs sculptés tels que des acanthes, palmettes, rinceaux, billettes, pointes de diamants, oiseaux etc.
Le bras sud du transept est scandé de deux contreforts, côté ouest, et d'une tourelle d'escalier, dans l'angle nord-est de l'ancien cloître, permettant d'accéder au clocher. Les combles au-dessus du voûtement en berceau du bras du transept sont éclairés de deux étroites baies et la partie sommitale de l'élévation est décorée de deux rangées de modillons composés de têtes humaines et animales. Dans le prolongement du bras du transept sont encore visibles les vestiges de la salle capitulaire au premier niveau et du dortoir au second intégrés dans une construction moderne, sur lesquels nous reviendrons plus loin. Le clocher, de plan carré, s'élève au-dessus de la croisée du transept. Il présente quatre arcades sur chaque face, les deux centrales percées de baies, les deux latérales aveugles. Il est surmonté d'une flèche octogonale en maçonnerie et de quatre pinacles aux angles. Le clocher a été entièrement reconstruit au 13e siècle.
La lecture du chevet n'est pas aisée dès le premier regard, elle a été modifiée par l'établissement du voûtement gothique du chœur au 13e siècle. Il faut restituer au 12e siècle un chevet à deux niveaux de toitures avec celles des trois chapelles rayonnantes puis plus haut celle du déambulatoire. Les parements des bras du transept et du chevet sont assisés en pierre de taille sur environ 2 à 3 m de hauteur puis en moellons grossiers non assisés sur le reste de la hauteur. L'élévation est scandée de colonnes-contreforts et de corniches à modillons. La chapelle du bras nord et du bras sud transept est reliée au déambulatoire par des arcs en tiers-point et des colonnes jumelées. La même mise en œuvre architecturale est employée entre les trois chapelles orientées. Le décor sculpté est réservé aux modillons, aux chapiteaux des colonnes-contreforts et aux baies de la chapelle d'axe. Notons que les élévations est des bras sud et nord du transept sont également décorées de modillons. Au 13e siècle, on a surhaussé le rond-point et percé des baies pour avoir un éclairage direct dans le chœur.
L'élévation nord de l'église est bordée par une rue dont la création remonte au courant du 13e siècle, unique axe de communication est-ouest dans la ville. Les fouilles archéologiques de ce secteur ont montré que les fondations du bras nord du transept, datant de la fin du 11e siècle, reposent directement sur le rocher suivant le pendage est-ouest de la vallée (J. P. Nibodeau, 2000). On sait également qu'un cimetière se développa de ce côté, une porte ouverte dans la façade du bras du transept permettait d'y accéder de l'église. L'utilisation de cette zone comme espace d'inhumation ne semble pas perdurer au-delà du 14e siècle, sans doute à cause du développement de la voirie. À partir de 1889, Joseph-Henri Deverin, succédant à Loué, fait démolir les maisons placées entre la route et le mur gouttereau nord dans une volonté de mettre en valeur et d'isoler l'église. Entre 1891 et 1896 commence ensuite la réfection intégrale de l'élévation nord ainsi que la reprise de la voûte du collatéral, de la charpente et de la couverture (voir S. Guin-Gilbert, 2010, p. 251). Cette restauration entraîne à l'intérieur de l'église la disparition des peintures murales placées le long de l'élévation nord.
Intérieur
Le porche présente six travées voûtées d'arêtes portées au centre par deux piliers quadrangulaires, dont celui placé au sud conserve, à la base, un relief sculpté des quatre symboles des Évangélistes. Cet avant-corps occidental est un témoignage unique en Poitou avec un porche d'entrée au rez-de-chaussée et, à l'étage, une tribune de mêmes dimensions dédiée à Saint-Michel ouvrant sur la nef centrale. D'après les recherches récentes, le proche aurait été construit en deux étapes. À la fin du 11e siècle, la nef aurait été fermée par une première façade, correspondant aujourd'hui à la paroi orientale du porche dont subsiste la porte d'entrée décorée de plusieurs voussures sculptées essentiellement de motifs végétaux et animaux. En même temps que la construction de cette première façade, on décide d'édifier un premier porche de trois travées voûté d'arêtes avec des arcs en plein cintre. Dans un second temps, au cours du premier tiers du 12e siècle, on fait le choix de prolonger le porche vers l'ouest de trois nouvelles travées avec des arcs brisés (CAF, p. 27-30). Notons que la nef centrale apparaît un peu plus haute et large que les collatéraux. Une attention particulière a été portée à l'arc placé au revers de la façade sculpté de billettes et de rondins. L'axe du porche ne coïncide pas tout à fait avec celui de la nef et de la façade. Le décor des chapiteaux est essentiellement végétal avec des motifs de feuillages, d'entrelacs, de palmettes et animal avec des lions, des quadrupèdes (peut-être des chevaux dans l'ébrasement nord de la porte menant à l'église). Un centaure tirant sur un dragon est figuré dans l'angle sud-ouest du porche. On voit également de nombreux vestiges de peintures murales, non identifiés, sur les parois ainsi qu'une sculpture en relief encastrée dans la paroi orientale placée au nord de l'entrée menant à l'église.
La nef est composée de trois vaisseaux de sept travées dont la première et la dernière sont plus courtes que les autres. Les collatéraux sont recouverts de voûtes en berceau de l'époque romane tandis que la nef principale a été voûtée d'ogives au 13e siècle. Nous nous proposons d'étudier d'abord ce qui relève de l'époque romane pour revenir ensuite sur les reconstructions de l'époque gothique. À l'époque romane, la nef centrale devait être soit, comme les collatéraux, recouverte d'un berceau en plein cintre soit charpentée. Les murs nord et sud des collatéraux sont traités différemment. Au nord, l'élévation est scandée d'une série de grande arcades, avec des tailloirs sculptés, reposant sur les colonnes portant les doubleaux de la voûte. Dans la dernière travée du collatéral nord, sous l'arcade placée côté nord sont rassemblés plusieurs reliefs sculptés, placés à cet endroit lors de la reconstruction du mur en 1889-1896 par Joseph-Henri Déverin, architecte en chef des Monuments historiques. Parmi les motifs représentés se trouvent des palmettes, lions, griffons, cordages, etc. Alors qu'au sud, il n'y a pas d'arcade mais des colonnettes géminées, reposant sur une demi-colonne engagée, supportant les doubleaux. À cela s'ajoute une corniche ainsi qu'un cordon sculptés de motifs végétaux se développant sur presque toute la longueur du collatéral. Le mur sud apparaît, à l'intérieur de l'église comme à l'intérieur du cloître, avoir fait l'objet d'une décoration plus riche par rapport au nord.
L'ensemble des chapiteaux de la nef et des collatéraux, de l'époque romane, sont sculptés de motifs variés. Il a pu être mis en évidence deux groupes stylistiques : le premier concerne les chapiteaux des grandes arcades et du collatéral sud et le deuxième rassemble ceux des doubleaux de la nef centrale (pour plus de détail voir CAF, 2001, p. 24). Parmi les thèmes les plus représentatifs, on rencontre des lions dressés, des sirènes poissons, Saint-Georges et le dragon, des soldats avec des boucliers de part et d'autre d'un autel, trois cavaliers, des funérailles, les noces de Cana, Daniel dans la fosse aux lions, etc (voir dossier photographique pour le détail de chacun des chapiteaux du collatéral nord, de la nef principale et du collatéral sud, vues prises de l'ouest vers l'est). Une autre singularité liée à d'Airvault réside dans la présence, dans les écoinçons des grandes arcades de la nef principale, de grandes sculptures de personnages en pied, de l'époque romane, reposant sur des consoles sculptées de monstres grimaçants. Leurs vêtements et les objets qu'ils tiennent dans leurs mains laissent penser qu'il s'agit de religieux sans pouvoir aller plus loin dans l'identification. Ces statues, par leur emplacement dans la nef sont uniques dans la région à cette époque et participent au même titre que tous les chapiteaux à la décoration de la nef de l'église d'Airvault. Notons également, que dans le collatéral gauche (au nord) en entrant dans l'église, est exposé le devant d'autel découvert dans le chœur en 1888. Au centre, le Christ est représenté assis dans une mandorle en losange entouré des quatre Évangélistes, et de part et d'autre deux personnages saints debout figurent sous des arcades. Enfin, on sait qu'entre le 14e et le 16e siècle, d'après l'ordinaire, l'autel de la Croix (mentionné plus haut et détruit en 1727) était situé entre la sixième et la septième travée de la nef, appuyé contre le jubé séparant l'espace paroissial de celui réservé au chœur liturgique des chanoines. On conserve, dans l'épaisseur de la paroi de la sixième travée du collatéral sud, une piscine liturgique. Notons qu'une encoche visible sur le pilier placé entre la cinquième et la sixième travée de la nef, côté sud pourrait indiquer l'emplacement du jubé.
Au 13e siècle, la nef centrale ainsi que la tribune fait ensuite l'objet d'un voûtement généralisé. La dernière travée de la nef est surmontée d'une voûte octopartite se rejoignant autour d'une clef centrale tandis que dans le reste du vaisseau central se déploient des voûtes à nervures multiples avec de nombreuses clefs et médaillons sculptés suivant un programme iconographique lié à l'ancien et au nouveau testament. De l'ouest vers l'est, en partant au-dessus de la tribune, on trouve la création et la chute de l'Homme (création de la femme, tentation d'Adam et Ève, expulsion du paradis et offrandes d'Abel et Caïn), puis saint Michel et le dragon, des femmes en prière, le Christ entouré des Évangélistes, des prophètes, des apôtres, la Vierge à l'enfant et le Christ bénissant et tenant un globe.
La croisée du transept a également été entièrement reconstruite au 13e siècle, on ignore son apparence au 12e siècle. Elle est surmontée d'une voûte octopartite avec des nervures pénétrantes se terminant au centre par un oculus. Au nord et au sud, se trouvent les collatéraux de la croisée également voûtée d'ogives tandis que les bras du transept sont en berceau plein cintre. Dans chaque bras du transept, les chapelles sont prolongées par une travée droite. L'observation des toitures à l'extérieur montre un décrochement à cet endroit précisément laissant penser qu'on aurait voulu marquer extérieurement la séparation entre le transept et le vaste chevet. Pierre de Saine-Fontaine est enterré dans la chapelle de Sainte-Madeleine située dans le bras nord du transept où se trouve toujours aujourd'hui sa sépulture, placée le long de la paroi nord sous une arcade coiffée d'une corniche à modillons et métopes. Porté par quatre atlantes, la face principale du sarcophage est sculptée de neuf figures sous arcades (pour une description approfondie, voir A. Embs, 2011. p. 175-176). Dans l'élévation sud du bras sud du transept, une porte murée permettait d'accéder aux bâtiments monastiques, notamment le dortoir. Enfin, lors de sondages effectués en 1991, de nombreux fragments de peinture murale de l'époque romane ont été mis au jour sur les arcs du bras sud du transept avec des motifs végétaux (rinceaux, palmettes) et d'autres de la période gothique dans le bras nord du transept avec un ange et la présentation de la Cène eucharistique.
Le chevet est pourvu d'un déambulatoire à trois chapelles rayonnantes. Cinq travées sur sept conservent des voûtes d'arêtes romanes, tandis que les deux premières travées ainsi que les travées droites du chœur sont des voûtes quadripartites du début du 13e siècle. Les chapiteaux des six colonnes du rond-point diffèrent du style de ceux de la nef et des collatéraux. Deux d'entre eux ont fait l'objet de motifs iconographiques sculptés. De gauche à droite, on rencontre les thèmes de la Création avec Dieu qui endort Adam pour créer Ève, Dieu qui leur parle, Adam et Ève de chaque côté de l'arbre du Paradis, Dieu les habillant avant leur expulsion du Paradis puis le thème des travaux avec deux hommes travaillant la terre, un autre taillant un arbuste et un dernier en armure avec son cheval (pour l'analyse des sculptures, voir CAF, 2001, p. 26-27 et M.-T. Camus, 2009, p. 142-146). Ainsi, la partie orientale de l'église d'Airvault, réservée aux chanoines, est particulièrement mise en valeur par le développement du transept et du chevet.
Parmi les bâtiments conventuels conservés se trouve l'aile orientale, comprenant la salle capitulaire et le dortoir. La rue principale actuelle traversant la ville (route de Poitiers) a été percée en 1866 en traversant la partie sud du cloître et en démolissant une partie des bâtiments tels que la partie méridionale de la salle capitulaire et l'aile sud du cloître avec le réfectoire et la cuisine. Enfin, sur le parvis devant l'église se trouve une fontaine romane, aujourd'hui souterraine mais à demi-enterrée au 12e siècle. Elle se présente sous la forme d'un couloir voûté de 13 m de longueur implanté selon un axe nord-est/sud-ouest et voûté d'un berceau sur doubleaux en plein cintre puis, en allant vers le nord-est, en arc brisé reposant sur des consoles. Son accès médiéval a été modifié et n'est pas celui que nous voyons aujourd'hui.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan en croix latine |
Étages |
3 vaisseaux |
Couvrements |
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Couvertures |
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État de conservation |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Seule la représentation romane a été prise en compte. Les clefs de voûte gothiques ne sont pas dans les mots-clefs ci-dessus. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA79004168 |
Dossier réalisé par |
Brudy Pascale
Dujardin Véronique Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Pays de Gâtine |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2012 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Abbaye Saint-Pierre d'Airvault, Dossier réalisé par Brudy Pascale, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/6957fe47-a4f0-41f7-90ae-3766f5697758 |
Titre courant |
Abbaye Saint-Pierre d'Airvault |
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Dénomination |
abbaye |
Vocable |
saint Pierre |
Destination |
poste musée église paroissiale |
Parties constituantes non étudiées |
église prison chapelle logis |
Statut |
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Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Airvault , place Saint-Pierre
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1829 F 492 (église), 1023 (fontaine), 489-511, 2012 AE 368 (église), 352, 353, 365-367, 621, 626, 627, 687, 703