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Ferme seigneuriale, actuellement ferme dite ferme de la tour des Guérennes
France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Dun-le-Palestel
Historique
Les parties anciennes du colombier pourraient remonter au 16e siècle. Certains auteurs y voient une ancienne tour défensive, mais le soin apporté à la taille du larmier semble contredire cette hypothèse : l'édifice a été construit comme colombier, preuve en est d'une part la présence de ce larmier dont les plaques sont intégrées à l'élévation, d'autre part l'épaisseur des murs. Ces derniers sont trop fins pour prétendre à un rôle défensif. L'absence d'éventuels éléments militaires (par exemple des canonnières) est à noter, ainsi que le plan intérieur de la tour, qui demeure circulaire alors que l'intérieur des tours dans les places fortes est généralement polygonal. Seul le château fort du bourg est attesté en tant que fief. Le colombier devait donc dépendre de ce fief et du domaine du seigneur du Dun. Le toponyme Guérennes, qui dérive de garenne, indiquerait par ailleurs que ce seigneur avait un droit de garenne. Celle-ci était peut-être ceinte par un mur doté d´un colombier. Cela expliquerait pourquoi la tour comportait vers 1910 des départs de murs arasés. Cette hypothèse ne peut être vérifiée en l´absence de sources complémentaires. Les autres bâtiments de la ferme présentent les caractéristiques architecturales des édifices du 18e siècle, mais des remaniements en brique (fin 19e siècle ?) sont visibles autour des ouvertures du logis. La nuit du 4 août 1790 a sonné le glas pour tous les colombiers en abolissant les privilèges. Le colombier a alors été transformé en logement quelques années après la Révolution. Il n'est pas possible d'affirmer avec certitude que l'escalier n'existait pas auparavant, mais cela paraît peu probable car il n´aurait pas eu d´utilité avant l´existence des deux niveaux de logement. Toutes les ouvertures actuelles des étages, le balcon et l´auvent en pan de bois sont des ajouts du 19e siècle. Seule la porte de la cave existait avant la réhabilitation. Les pigeons entraient soit par deux lucarnes d´envol situées sur le toit (et disposées perpendiculairement pour qu´au moins une des deux soit abritée des vents dominants), soit sous la corniche par un fenestron doté d´une tablette d´envol. La réfection de la charpente et le percement des ouvertures ne permettent plus de vérifier ces hypothèses. C'est dans la ferme attenante que s'était retiré à la fin de sa vie Léonard Michel Texier de Mortegoutte (30 mars 1749 - 14 septembre 1798), marchand, juge de paix du canton de Dun-le-Palleteau en 1791 et 1792, élu député de la Creuse le 6 septembre 1792. Siégeant parmi les modérés, il assista au procès de Louis XVI et, s'il ne le condamna pas à mort, vota pour sa détention et son bannissement. Réélu en 1797 député au Conseil des Cinq Cents, il n'y siégea qu'une année puis, malade, quitta la vie politique et vint se retirer aux Guérennes où il s'est éteint à l'âge de 49 ans. La ferme a été restaurée et transformée en maison à partir de 1985. En novembre 1989, le gel a fait s'écrouler l'auvent qui jouxtait le colombier. L'escalier restauré est plus long et bas que celui qui préexistait et qui ne masquait pas à l'époque l'entrée du rez-de-chaussée, actuellement cave. Le colombier a beaucoup souffert de la tempête de 1999, d´où la nécessité d'une restauration intégrale de la charpente et de la couverture vers 2000 : les bardeaux de châtaigniers ont été remplacés par de l´ardoise.
Description
La ferme se trouve au sud du bourg, au nord-est du lieu-dit Les Guérennes. Le bâtiment principal au sud comprend un logis (autrefois deux) jouxté par une grange-étable à l'ouest et une étable à cochons sommée d'un poulailler (actuellement cuisine) à l'est. Trois petites porcheries dissociées sont alignées avec ce premier bâtiment à l'est. Le domaine possède par ailleurs une grange-étable dissociée au nord-ouest, près de laquelle se dresse un ancien colombier réhabilité en logement. Les bâtiments sont bâtis en moellon de granite recouvert par un enduit à fleur de bosse. Des reprises en brique claire sont visibles sous cet enduit au niveau des ouvertures de l'ancien logis. Les portes des deux logements semblent avoir été rehaussées : celles à l'ouest vraisemblablement à la fin du 19e siècle, puis celles à l'est lors de la restauration de l'édifice, en imitant les parties conservées et non remaniées. Leurs encadrements en brique foncée sont pratiquement tous en arc segmentaire avec des appuis de fenêtre saillants ; les portes, qui à l´origine étaient cloutées, sont pourvues d'une imposte. Sur la façade nord, une pierre d'évier saillante subsiste près de l'entrée à l´est. La cuisine a été aménagée dans la porcherie : les moellons sur cette étable réhabilitée sont dépourvus d'enduit et les linteaux des ouvertures percées sont droits. Le pignon est a été remanié en ciment autour d'une fenêtre créée lors de la réhabilitation. L'étage était auparavant doté d'une part d'un espace servant de poulailler, accessible aux poules grâce à une échelle extérieure, d'autre part de petite entrée pour les pigeons. Il est probable qu'après la transformation du colombier en logement un pigeonnier ait été installé pour conserver des pigeons sur le domaine, ce qui permettait de profiter de leurs oeufs, de leur chair et de la colombine utilisée comme engrais. Une tablette d'envol a été conservée sur la façade nord. A l'ouest, la grange-étable ne présente qu'une seule porte d'étable, munie d'un linteau droit en bois comme l'est la porte de grange. Le toit à croupe, couvert en tuile plate ancienne au nord et en tuile à emboîtement au sud, comporte à l'est un long pan qui descend le long de l'ancienne étable. Les photographies anciennes montrent que quatre lucarnes existaient sur la façade nord, trois à croupe et une en bâtière. Elles étaient couvertes en tuile plate sauf les croupes, en ardoise. Trois souches de cheminée en brique se dressent sur ce toit, deux au nord et la troisième plus petite au sud. Jadis, les trois souches se trouvaient au nord et étaient plus hautes que les actuelles. Une partie du dallage intérieur d'origine, en opus romain, a été réemployée au sud pour aménager une terrasse. La grange-étable dissociée est actuellement de plan carré, mais elle n'était pas aussi large à l'origine : de plan rectangulaire, son volume a été considérablement augmenté par un agrandissement vers le nord. Sur la façade principale, au sud, elle présente une porte de grange centrale flanquée de deux portes d'étable. Bâtie également en moellon de granite recouvert d'un enduit à fleur de bosse, elle se distingue par la qualité de ses encadrements en pierre de taille : la porte de grange et la porte d'étable ouest comportent des jambages massifs harpés et un linteau droit en bois tandis qu'à l'est la seconde porte d'étable est en anse de panier formée de sept claveaux d'arc. Les chaînages d'angle harpés sont également en granite. Les encadrements de l'agrandissement sont en bois ou en brique, toujours à linteau droit. Le toit à longs pans est couvert en tuile plate. A l´est, le pignon de cette grange-étable porte la trace du niveau du toit d'un hangar en fer qui jouxtait jadis l'édifice mais qui a été démoli pour dégager la cour et la vue sur le colombier lors de la restauration de la ferme. Le colombier est l'élément le plus remarquable du domaine. De plan circulaire, il mesure environ 10 mètres de haut pour 3 mètres de large. Il ne disposait à l´origine que d'une porte d'entrée au rez-de-chaussée, celle menant désormais à la cave, et de deux ouvertures (lucarnes d'envol ou fenestrons). L'intérieur était dépourvu de planchers mais les murs comportaient certainement un grand nombre de boulins aujourd'hui invisibles puisque les murs ont été recouverts par un enduit en ciment. L'édifice se divise désormais en trois niveaux : de bas en haut la cave, un premier espace de logement avec une porte desservie par un escalier extérieur et une fenêtre, et enfin un second espace de logement desservi lui aussi par l'escalier et éclairé par deux fenêtres en plus de l'entrée. Ainsi, en dehors de la porte de la cave, toutes les ouvertures ont été percées lors de la réhabilitation de l'édifice : les encadrements en pierre de taille ne sont pas très larges, harpés, les fenêtres comportent des appuis en saillie. La fenêtre nord-ouest était précédée par un balcon dont ne subsistent que les corbeaux moulurés et la plate-forme, tandis que le garde-corps n'existe plus. Seul le troisième niveau dispose d'une cheminée. Les deux espaces de logement étaient autrefois reliés par un auvent en pans de bois couvert en tuile plate qui protégeait le passage extérieur par l'escalier. Les marches de cet escalier sont monolithes. Le larmier, composé de dalles taillées en granite légèrement courbées pour ceinturer l'édifice circulaire, a été interrompu par la création de l'escalier : il n´est conservé que sur les faces nord et est. La cave se distingue par la présence de tomettes, dont l'utilisation était fréquente dans les colombiers puisque ce matériau facilitait la récupération de la colombine. Une corniche à redents en brique assure la jonction entre l'élévation et la toiture. La toiture en forme de dôme est couverte en ardoise : chaque ardoise adopte une forme spécifique pour épouser la forme de la charpente. La dernière rangée d'ardoise est taillée en pointe si bien qu'elle déborde et masque partiellement la corniche. Une souche de cheminée en brique se dresse au nord. Le colombier est sommé par un épi de faîtage en fer décoré sur la base de volutes ornées de feuilles pointues, puis de quatre fleurs disposées perpendiculairement les unes par rapport aux autres et dotées de quatre pétales pointus au centre desquels apparaît un pistil, le tout surmonté d'une hampe. Le drapeau de cette dernière est découpé par un lion (?) et les lettres MN. L'extrémité forme une gueule de grotesque. Au sud-est du colombier, une pompe en fonte signale l'emplacement du puits. Celui-ci était autrefois couvert d'une guérite carrée en bois, qui apparaît sur certaines photographies anciennes. Assez basse, elle était dotée d'un toit à quatre pans. Un potager et un verger situés au sud-est complètent les bâtiments de la ferme, qui possèdent également de nombreuses terres donc une partie est toujours exploitée en fermage.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan rectangulaire régulier |
Étages |
rez-de-chaussée, étage de comble |
Couvertures |
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Escaliers |
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Typologie |
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État de conservation |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA23001707 |
Dossier réalisé par |
Belzic Céline
Chargée de recherche, Conservation du Patrimoine, Conseil départemental de la Creuse, 2008-2010 |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Communauté de communes du Pays Dunois |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2009 |
Copyrights |
(c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Département de la Creuse |
Citer ce contenu |
Ferme seigneuriale, actuellement ferme dite ferme de la tour des Guérennes, Dossier réalisé par Belzic Céline, (c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Département de la Creuse, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/8e9607fd-6b6b-433d-9cb0-b7730d0b5a32 |
Titre courant |
Ferme seigneuriale, actuellement ferme dite ferme de la tour des Guérennes |
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Dénomination |
ferme |
Précisions sur la dénomination |
ferme seigneuriale |
Appellation |
Ferme de la tour des Guérennes |
Parties constituantes non étudiées |
colombier grange étable puits poulailler pigeonnier |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Dun-le-Palestel , 1
Milieu d'implantation: en écart
Lieu-dit/quartier: les Guérennes
Cadastre: 1826 A 758, 2008 AR 3