Eglise paroissiale Saint-Jean de Taugon

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Taugon

La chute du clocher en 1816

La partie la plus ancienne de l'église réside probablement dans le choeur et les deux tiers inférieurs du clocher, soit peut-être la fin du Moyen Âge ou le début de l'Ancien Régime (16e-17e siècle ; voir la porte en arc en plein cintre percée à la base du clocher et ouvrant sur le cimetière). La façade occidentale de l'église, visible sur une photographie vers 1900, avant sa reconstruction en 1913 (voir plus loin), percée d'une porte en plein cintre et d'un oculus au-dessus, devait aussi remonter au 17e siècle. Le plan cadastral de 1812 montre le plan de l'église tel qu'il se présente alors : un plan rectangulaire, une excroissance au nord-ouest (chapelle des fonts baptismaux démolie en 1913), la tour de clocher au nord, alors que la chapelle latérale sud n'existe pas encore.

La partie haute du clocher résulte de la reconstruction opérée en 1816, après un effondrement. En mai 1816 en effet, la partie supérieure du mur sud du clocher s'écroule sur six mètres de haut, perçant le toit du choeur de l'église. Le reste de la tour menace aussi de s'effondrer. Le 13 mai, le conseil municipal décide de lancer des travaux urgents pour y remédier. Le 3 juillet, un devis des réparations est présenté par Alexandre Potel, ingénieur des Ponts et Chaussées. La partie supérieure de la tour du clocher sera reconstruite. A l'intérieur, on remplacera les consoles en pierre qui portent le châssis en charpente soutenant la cloche. On en profite aussi pour surélever les murs du choeur d'1,15 mètre, de manière à en aligner la hauteur sur celle des murs de la nef. Le toit du choeur, percé par l'effondrement, seront refaits, de même que le tillis, en sapin du Nord et selon la même forme voûtée qu'auparavant. Enfin, l'arc doubleau qui ouvre le choeur sera conservé. Les matériaux utilisés proviendront de Maillé pour les moellons, de Niort pour la pierre de taille, de Bordeaux pour les tuiles, de Margot (Saint-Cyr-du-Doret) pour le sable, de Taugon pour la terre, et enfin de Bourseguin (Vendée) pour la chaux. Ces travaux sont adjugés le 18 août 1816 à Brunet, entrepreneur à Marans, et réceptionnés le 14 décembre.

De nouveaux travaux sont menés en 1826, selon devis estimatif établi le 14 novembre 1823 par Jean Guiot, charpentier, et Jacques Beluchon, maçon. L'opération, adjugée le 7 mai 1826 à Jacques Suire, entrepreneur, consiste à reprendre le poinçon de la charpente du clocher et le tambour qui abrite l'horloge, à réviser la toiture de l'église, et à remonter le mur sud du choeur sur 6 pieds de haut et autant de large.

La foudre sur l'église en 1861

Une deuxième catastrophe s'abat sur l'église le 12 juillet 1861 lorsque la foudre frappe son clocher, fragilisant ses murs et, de manière générale, ceux de tout l'édifice. Le 16, les autorités se déplacent sur les lieux pour constater les dégâts. Parmi elles, se trouve l'architecte départemental Antoine Brossard qui présente un plan et devis de réparations le 15 septembre. Le plan nous renseigne sur la disposition des lieux à cette époque : un arceau sépare alors la nef de l'avant-choeur (comme, encore aujourd'hui, entre l'avant-choeur et le choeur) ; le choeur est encadré par deux petites sacristies, celle située au sud étant directement accessible depuis le choeur par une porte, et il n'existe pas, semble-t-il, de sacristie en arrière du choeur ; la chapelle latérale sud n'existe pas encore, pas plus que la chapelle latérale nord sous le clocher, dont l'accès est fermé par un mur percé d'une porte. Dans son devis, complété le 18 mai 1862, Antoine Brossard indique que le mur sud du choeur, fragilisé, devra être reconstruit. L'arceau qui sépare la nef et l'avant-choeur, déjà repris plusieurs fois, devra être démoli et remplacé par une ferme de charpente. Il préconise la même chose pour l'arceau qui sépare l'avant-choeur et le choeur, mais cette option est manifestement abandonnée, l'arceau existant encore de nos jours. Les travaux sont adjugés le 20 mars 1862 à Louis Troubat.

Pour parachever le tout, une nouvelle horloge est acquise en 1873 auprès de A. Robin, horloger à Marans. La charpente du clocher est révisée une nouvelle fois en 1877. Déduction faite du plan des travaux de 1862, une nouvelle sacristie est construite à la même époque en arrière du choeur, et la chapelle latérale nord, vouée à saint Eutrope, est aménagée au rez-de-chaussée de la tour du clocher, en condamnant au passage la porte en arc en plein cintre qui ouvrait sur le cimetière. De même, la chapelle latérale sud est probablement édifiée pendant les années 1870-1880, pour recevoir le culte à Notre-Dame des Sept douleurs, en pleine expansion après un premier pèlerinage d'ampleur organisé en 1873.

L'effondrement de la partie occidentale reconstruction partielle de l'église en 1912-1913

Pour la troisième fois de son histoire, l'église de Taugon connaît un grave dommage le dimanche 31 mars 1912 lorsque, vers 5 heures du matin, la toiture de l'extrémité occidentale de la nef, au-dessus de la tribune, s'effondre, fragilisant la façade occidentale. En ce jour des Rameaux, à quelques heures de la cérémonie qui devait rassembler plusieurs centaines de personnes, l'événement est considéré comme miraculeux et placé sous le signe de la protection de Notre-Dame des Sept douleurs. Une semaine après, jour de Pâques, une grande procession est organisée en action de grâces. Le 29 avril, Jean Musset, architecte à La Rochelle, effectue une expertise du bâtiment. Selon lui, le mur nord de la nef présentait un faux aplomb, sans doute dû à un tassement du sol. Le mur avait sans doute aussi été fragilisé par la foudre en 1861. A cette époque, on avait voulu remédier à cette inclinaison en liant le mur et la charpente de la nef par un tirant en fer. Dès lors, lorsque le mur a fini par s'effondrer, il a emporté avec lui la toiture de la nef. Par ailleurs, Musset souligne un défaut de conception de la charpente : entraits reposant mal sur les murs, arbalétriers mal dressés, pannes en nombre insuffisant, couverture en roseaux reposant sur de simples perches en guise de chevrons, tuiles deux fois plus nombreuses que nécessaire et donc trop lourdes...

Musset préconise par conséquent de reconstruire la façade occidentale, fragilisée, ainsi que le mur nord de la nef jusqu'au clocher, de surélever le mur sud et le soutenir par des contreforts, de refaire la charpente de la nef, de remplacer la toiture en tuiles et roseaux par une autre en ardoise sur liteaux, plus légère, et enfin de remplacer la voûte en bois de la nef par un plafond en plâtre. En attendant, on envisage dans un premier temps de rouvrir l'église au culte en la limitant à sa partie orientale, au-delà de la porte qui ouvre sur le cimetière. Mais, début juin, de nouvelles fragilités apparaissent, accentués par les intempéries, et l'interdiction totale au public est reconduite. Des arcs boutants provisoires sont placés le long du mur nord, et le mobilier de l'église est retiré.

Jean Musset précise son projet dans les plans et devis qu'il remet le 31 juillet 1912. En plus de ce qu'il a déjà préconisé, il propose, pour dégager la façade occidentale à reconstruire, de démolir un petit bâtiment qui lui était adossé, côté presbytère. Il prévoit aussi de déplacer la chapelle des fonts baptismaux qui se situait hors oeuvre, dans l'angle nord-ouest de l'édifice, pour la placer dans l'église, sous la nouvelle tribune à construire. Six contreforts viendront contrebuter le mur nord de la nef, reconstruit, et trois autres le mur sud, surélevé. Quant à la nouvelle façade occidentale, elle présentera un style résolument néo-roman. Pour les matériaux, on utilisera les moellons du pays, la pierre de taille de Sainte-Même ou de Saint-Aignant, et des ardoises d'Angers.

Le 22 septembre, le curé Guérin écrit au préfet pour lui demander d'accélérer le dossier. Il a en effet pris du retard, alors que l'église reste à tous vents et que l'hiver approche. Le projet de Jean Musset, d'un montant de 20 000 francs, est finalement approuvé par le préfet le 27 septembre, et les travaux sont mis en adjudication dès le 3 novembre. Les artisans retenus sont Auguste Thomas, entrepreneur de charpente et menuiserie à Courçon, Albert Sausseau, entrepreneur de peinture et vitrerie à Taugon, Pascal Ballieau, entrepreneur de travaux publics à Marans, Henri Tessait, plâtrier à Courçon, Alexandre Laporte, entrepreneur de couverture et zinguerie à Chinon. Enfin, le décor sculpté de la façade, financé par le curé Emmanuel Guérin, sera réalisé par René Monté, sculpteur à La Rochelle (il intervient à la même époque sur la façade de l'école Dor, à La Rochelle).

Les travaux commencent le 25 novembre 1912, d'abord par la démolition du mur nord puis de la façade. Le 19 décembre, le curé, en présence de la municipalité et des ouvriers, bénit la première pierre, placée au côté droit de la porte, avec une bouteille scellée, renfermant un écrit rappelant l'événement. La suite des travaux a lieu au cours du premier semestre de l'année 1913. On en profite pour reconstruire le mur sud, finalement lui aussi en mauvais état, et pour refaire ou ajouter certains éléments du mobilier de l'église (chaire restaurée et déplacée, pose de nouveaux bancs fabriqués par Albert Sausseau, pose de nouveaux vitraux, peinture du choeur, etc). En mars, la pluie ralentit le chantier mais, en mai, la charpente est enfin posée, en étant prolongée jusqu'au-dessus du choeur, ce qui n'était pas prévu à l'origine. En juillet, la couverture en ardoises est posée et, en août et septembre, la nouvelle nef est voûtée en plâtre. Quant à l'arceau qui ouvre le choeur, il est relevé de près d'un mètre pour accroître son ouverture et faciliter l'entrée de la lumière. Les matériaux provenant de la démolition partielle de l'église sont vendus aux enchères le 19 octobre 1913. Quelques semaines plus tôt, le pèlerinage à Notre-Dame des Sept douleurs a pu se tenir dans l'église restaurée. Et le 26 octobre, celle-ci est bénite par Mgr Eyssautier, évêque de La Rochelle. Le suivi des travaux, assuré par Jean Musset, est interrompu par la guerre de 1914-1918 au cours de laquelle l'architecte est mobilisé. La clôture des comptes de travaux n'est effectuée qu'à son retour, en 1919. Il est alors installé à Noyon (Oise), comme agent de la réédification des régions du Nord de la France.

Périodes

Principale : 15e siècle, 17e siècle, 1er quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle (incertitude)

Dates

1816, daté par source

1913, daté par source

Auteurs Auteur : Potel Alexandre Jean-Pierre

Projet de phare de l'île d'Aix, 1832. Projet de balise sur les rochers d'Antioche en 1847. Retraité en 1847.

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Auteur : Brossard Aubin-"Antoine"-Magloire

Fils d'André Aubin Brossard, architecte à La Rochelle et architecte départemental de la Charente-Inférieure, son frère est second grand prix de Rome de peinture. Elève de Lépine et de l'école des Beaux-Arts, il succède à son père comme architecte départemental en 1825, et est également architecte de la Ville de La Rochelle et architecte diocésain jusqu'en 1873. On lui doit entre autres l'asile d'aliénés du département, le séminaire, les prisons de Rochefort et de Saintes, le lycée de La Rochelle, la bibliothèque et le cabinet d'histoire naturelle, le théâtre de Rochefort, l'hospice de Saint-Jean-d'Angély, l'église de Saint-Vivien de Saintes, plusieurs églises : Bois, Loix, Saint-Vivien de Saintes, la flèche de l'église d'Ars et des bains publics. Il a aussi participé à l'achèvement de la cathédrale où il a réalisé la chapelle de la Vierge.

(source : Elec, répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle, dir. Jean-Michel Leniaud, elec.enc.sorbonne.fr)

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Auteur : Monté R., sculpteur (attribution par source)
Auteur : Musset Jean

Architecte à La Rochelle (rue Gargoulleau) au début du XXe siècle.

, architecte (attribution par source)

L'église est située au sud-est de la place principale du bourg, et sur la partie la plus élevée de celui-ci. Elle est entouré au nord et à l'est par le cimetière. Le bâtiment est constitué d'une nef unique, couverte d'un toit à longs pans et en ardoise, nef prolongée par un choeur à chevet plat et à retrait central, percé de deux baies en arc brisé. Ce choeur est curieusement couvert d'un toit à trois pans. Une tour de clocher carrée, à toit en pavillon et en tuiles creuse, et auquel est adjointe une tour d'escalier également carrée, est accolée contre le côté nord de la nef. Une chapelle lui fait face au sud, tandis que la sacristie et les trois petits bâtiments qui la composent, en appentis, entourent le choeur, tout en le masquant en partie. Les murs de la nef sont scandés de contreforts entre lesquelles s'intercalent trois étroites baies, en arc en plein cintre et à larmier. Le mur nord est par ailleurs percé d'une petite porte à corbeaux moulurés, ouvrant sur le cimetière.

La tour du clocher comprend un premier niveau, contrebuté de contreforts d'angles massifs, et percé d'une part d'une étroite baie en arc brisé, au nord, et d'une porte en arc en plein cintre (17e siècle ?) à l'ouest. Le second et dernier niveau du clocher (début du 19e siècle) présente sur chaque face deux baies en arc en plein cintre et, côté ouest, une horloge. Au sommet prend place une girouette en métal, en forme de coq.

L'élément principal de l'extérieur de l'église est sa façade occidentale, celle édifiée en 1912. S'élevant en un mur pignon découvert, sommé d'une croix, elle affirme par sa structure et son décor son style néo-roman. Son élévation semble vouloir présumer pour l'église un plan basilical, avec nef centrale et bas-côtés, qui pourtant n'existe pas. Elle présente en effet une haute travée centrale en saillie, encadrée de deux autres plus étroites, chacune coiffée d'un demi-arc, puis de deux contreforts. Chaque travée latérale est percée de deux petites baies superposées, à claveaux réguliers, séparées par un bandeau à frise en écailles. Le même type de décor se retrouve sur les larmiers qui surmontent les baies et qui se prolongent en courts bandeaux. Quant à la travée centrale, elle s'organise autour du portail qui forme une légère avancée devant elle. Au-dessus de ce portail, trois baies en arc en plein cintre se développent sur une corniche à modillons et s'inscrivent dans un arc sommital. Le portail est composé de la porte, de deux contreforts et d'un imposant fronton triangulaire. Au-dessus des deux voussures qui couronnent la porte, l'archivolte est orné de motifs en écailles identiques à ceux des travées latérales. On retrouve ce décor sur l'entablement à la base des voussures, ainsi que sous le tympan de la porte en bois. Au-dessus encore, sous un bandeau à frise de lancettes, les écoinçons sont occupés par deux têtes d'angelots. Les deux voussures retombent sur des colonnettes engagées, à chapiteaux ornés de feuillages. Enfin, le centre du fronton est orné d'un tétragramme, appellation hébraïque de Dieu placée dans un triangle, une nuée et des rayons de gloire.

A l'intérieur, la large nef unique est couverte d'un tillis voûté en arc brisé à l'ouest, en anse de panier vers l'est, et enduit de plâtre. La nef est partagée par les rangées de bancs, de part et d'autre de l'allée centrale. On y pénètre après être passé sous la tribune en bois, accessible par un escalier tournant. La nef aboutit à un avant-choeur de part et d'autre duquel prennent place deux chapelles latérales, au-delà d'arcs en plein cintre : l'une, au nord, au rez-de-chaussée de la tour du clocher ; l'autre, au sud, hors-oeuvre, dédiée à Notre Dame des Sept Douleurs. Au-delà de cet avant-choeur s'ouvre le choeur, encadré par deux autels latéraux, le tout accessible par un emmarchement. Les trois arcs doubleaux qui marquent l'entrée du choeur et des autels latéraux retombent sur des colonnes. Le choeur, plus profond que les deux autels latéraux, est éclairé par deux petites baies en arc brisé.

Accessible depuis la chapelle latérale nord, un escalier en vis en pierre de taille monte dans la tour du clocher. Au sommet, sous les cloches, on observe, dans l'angle nord-est de la tour du clocher, un chapiteau médiéval (13e ou 14e siècle), vestige probable d'une ancienne voûte, et qui a dû être remployé là lors de la reconstruction partielle du clocher en 1816.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. ardoise, tuile creuse
Plans

plan allongé

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. lambris de couvrement
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

  3. Partie de toit : pignon découvert

  4. Partie de toit : croupe

Décors/Technique
  1. vitrail
  2. peinture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Taugon , place du 11 Novembre

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 1812 A 383, 2020 OA 1653

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