Chai, usine métallurgique et usine de feutre Weiller et Cie, puis usine de feutre COFPA, actuellement musée de la Bande Dessinée

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente > Angoulême

Ce chai est construit en 1857 (porte la date) pour entreposer les vins et eaux-de-vie du négociant François-Noël Léger. Ce dernier fait également édifier, en 1860, la demeure voisine, connue sous le nom de "Château de Saint-Cybard", puis sous celui de "château de Dampierre" après le mariage de la fille Léger avec le comte de Dampierre.

Les chais sont convertis en usine métallurgique pour la Cie Weiller vers 1910. La famille Weiller, originaire de Sélestat en Alsace, est implantée à Angoulême depuis les années 1840. Moïse Weiller fonde une usine de tissus métalliques à l'angle de la rue de la Charente et de la rue Saint-Cybard. Il posséde également, en société avec Labrousse et Sardou, une usine de feutre à Nersac. Il dépose plusieurs brevets entre 1857 et 1866 relatifs à la fabrication des toiles métalliques. Il est rejoint en 1872 par son neveu Lazare Weiller.

Après de brillantes études scientifiques, Lazare Weiller dépose des brevets d'invention, dont le premier porte sur l'alliage cuivre-silicium utilisé dans les fils électriques. Vers 1882, il crée une usine dans le faubourg Saint-Martin, au sud de la ville, pour la production de fils de cuivre, de bronze siliceux et de laiton : en 1884, elle est constituée d'une fonderie, de laminoirs, d'une tréfilerie, d'une salle des machines et de bureaux. Lazare s'associe peut-être à son demi-frère, Albert, et à son oncle Moïse pour développer l'entreprise de ce dernier à Saint-Cybard. En 1883 est crée la société Lazare Weiller et Cie sous la forme en commandite par actions. Les affaires et la famille sont liées de manière inextricable : par son mariage avec Marie-Marguerite Weiller, il devient le gendre de son frère qui avait épousé sa cousine, la fille de Moïse. En 1896, Lazare Weiller décide de déployer son industrie au Havre, premier port d'importation du cuivre, en y créant les Tréfileries et Laminoirs du Havre, pour la fabrication de câbles électriques et téléphoniques, sous la forme d'une société anonyme. L'usine du faubourg Saint-Martin à Angoulême cesse alors toute activité.

Vers 1910, l'usine de feutre Weiller de Nersac est réunie avec l'usine métallurgique de Saint-Cybard d'Angoulême qui s'étend en investissant les anciens chais à vin et à eaux-de-vie de François-Noël Léger.

Lazare Weiller fait construire la maison alsacienne à partir de 1917, avant d'acheter le château de la famille de Dampierre, en 1920. Pour compléter les anciens chais, un entrepôt industriel et le bâtiment des bureaux sont construits vers 1930 (datation par tradition orale). A cette époque, la fabrication de toiles métalliques pour l'industrie papetière n'étant plus compétitive, la maison Weiller doit fusionner avec d'autres sociétés et la fabrication est transportée dans l'Orne. Subsiste dans le site d'Angoulême, et notamment dans les anciens chais, la fabrication de feutre. De nouveaux ateliers de fabrication sont ajoutés, en 1945 (foulonnage) et 1960 (aiguilletage). L'entreprise est intégrée à la Cofpa en 1966.

Lors de la visite de l'usine en 1988, il y avait une fouleuse en bois de 1930 de L. Cretin de Vienne (Isère), une garnisseuse de 1958 avec 2500 à 3000 chardons de Veb AUE (RDA) et enfin une aiguilleteuse de 1955, de la marque Steel Coy Ltd., de Lanarkshire.

Après la cessation d'activité, les bâtiments situés le long du fleuve sont démolis et ceux qui correspondent aux anciens chais, propriété du Pôle image Magelis, sont convertis par le cabinet d'architectes Bodin et associés pour accueillir le musée de la Bande Dessinée (transféré depuis l'autre rive du fleuve), inauguré en 2009.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 2e quart 20e siècle

Principale : 3e quart 20e siècle

Dates

1857, porte la date

1945, daté par tradition orale

1960, daté par tradition orale

Les anciens chais, en rez-de-chaussée et étage en surcroît, avec charpente en bois apparente, en pierre de taille et moellon enduit, est constitué de 11 corps de bâtiment dont les pignons sur cour forment une façade ordonnancée, les toits à longs pans sont couverts de tuile mécanique. Deux des pignons formant frontons sont ornés d'un pied de vigne pour rappeler l'usage des lieux. L'un d'eux est surmonté d'une énorme souche de cheminée, traitée à la manière d'un piédestal, qui porte la date "1857".

Les ateliers de foulonnage et d'aiguilletage sont en béton, en rez-de-chaussée, à charpente métallique apparente, toit à longs pans, avec lanterneau pour l'atelier de foulonnage, couverts de ciment amiante.

Le logement patronal est en moellon enduit, à un étage de comble, avec toit à longs pans brisés couvert d'ardoise.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente , Angoulême , chemin des Abras

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1971 (AE 355, 358, 557A)

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