Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Cet ensemble s'étend sur deux unités cadastrales distinctes, mais faute de pouvoir déterminer une limite claire, il est présenté ici de façon globale. La partie la plus ancienne correspond au mur est qui forme une portion de l'enceinte urbaine édifiée entre la fin du 12e siècle et le début du siècle suivant. Sur ce même mur, la présence d'une baie à remplage gothique témoigne de réaménagements menés durant la première moitié du 14e siècle (restaurée-restituée dans les années 1970). A la fin de ce même siècle, ces constructions furent intégrées au couvent des Jacobins nouvellement implanté dans la ville. Les bâtiments édifiés à la fin du 15e siècle au revers du mur d'enceinte ont fait disparaître les autres murs et éventuels refends ce qui ne permet pas de déterminer avec certitude le nombre précis d'unités (probablement deux) et encore moins leur plan masse. Le cadastre de 1810 indique l'existence de constructions qui avaient déjà disparu sur le cadastre de 1845. Ces constructions de la fin du 15e siècle sont à mettre en relation avec les travaux d'extension menés à cette époque sur la grande maison occupant le centre de la parcelle cad. AP014 (maison 14-3). L'arasement d'une partie de l'enceinte par les moines durant la seconde moitié du 18e siècle, la vente du couvent en bien national et les destructions qui suivirent ainsi que les nombreux aménagements contemporains rendent difficile la compréhension de ce secteur.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Principale : 1ère moitié 14e siècle

Secondaire : 4e quart 15e siècle

Les maçonneries, en moyen appareil de pierre de taille à joints minces, sont assises sur le rocher et ont connu d'importantes rénovations. Le mur est, qui forme enceinte, est scandé par quatre contreforts plats régulièrement espacés et d'égales dimensions, excepté celui le plus au sud, plus large et deux fois plus épais que les autres, qui devait former une petite tour comme on en rencontre sur d'autres secteurs du front ouest de l'enceinte urbaine. Une rénovation récente a opéré une réduction à partir de la sixième assise de cette "tour" mais les cartes postales anciennes prouvent qu'il s'agit d'une erreur d'interprétation. Ce ne devait être qu'un arrachement de l'angle qui, à l'origine, filait verticalement sur toute l'élévation sans réduction. Deux des trois petits pilastres conservent leur dernière assise en glacis.

Au niveau du rez-de-chaussée, l'espace entre chaque pilastre est occupé par une fente de jour couverte par un linteau échancré d'un arc en plein cintre aveugle. La travée la plus au sud en est aujourd'hui dépourvue mais un dessin de Léo Drouyn atteste sa présence à l'aplomb de la baie gothique. Cette fente laissa peu après place à une fenêtre à linteau bombé visible sur les cartes postales anciennes (elle était de même facture que celle qui existe encore dans la travée voisine). Lors de la réfection du parement de l'enceinte (il y en a eu plusieurs au cours du 20e siècle), cette fenêtre fut condamnée et seul subsiste aujourd'hui son encadrement visible depuis l'intérieur. Les fentes de jours prennent place à des hauteurs différentes ce qui pourrait suggérer l'existence de plusieurs unités distinctes.

Au niveau de l'étage, les ouvertures les plus anciennes conservées appartiennent à la deuxième phase du bâtiment, soit à la première moitié du 14e siècle. La travée la plus au sud est percée d'une baie à remplage de style rayonnant avec deux lancettes subtrilobé, séparées par un meneau et surmontées d'une rose trilobée. Seuls les écoinçons latéraux sont ajourés. Une archivolte au profil en larmier encadre l'arc mais il n'y a ici ni appui, ni cordon d'imposte. Cette baie était murée et très endommagée ; elle n'a été rouverte qu'en 1973 et son encadrement fut refait à neuf à cette occasion. La travée centrale fut pourvue, durant la première moitié du 14e siècle également, d'une petite baie à meneau chanfreinée dont l'appui, profilé d'un bandeau également chanfreiné, est au même niveau que la baie gothique décrite précédemment. Dans l'épaisseur du mur, une escalier droit permet d'atteindre le chemin de ronde depuis le premier étage. La troisième travée, au nord, est la plus mutilée. Elle conserve le négatif d'une ouverture en arc brisé de facture plus modeste que celle de la première travée et surtout implantée bien plus bas. Immédiatement à gauche, sur cette même travée, une fenêtre moderne murée semble s'inscrire dans une ancienne ouverture.

Le parapet est arasé deux assises au dessus du chemin de ronde dont l'emplacement est matérialisé à l'extérieur par une assise mince ; les dalles formant côté intérieur une corniche portée par des modillons sculptés (chaque motif est différent). Sur la moitié sud, les modillons ont disparu, probablement lors de l'implantation de la baie gothique dont l'arrière-voussure s'appuie directement sur la corniche du chemin de ronde. On retrouve ici les caractéristiques observées sur la maison voisine de la parcelle cad. AP010. Des trous ménagés dans le mur du parapet juste au-dessus de l'assise mince du dallage sont très certainement des exutoires d'eau pluviale. L'arasement du mur a fait disparaître la rangée supérieure et les probables accès. Il faut noter que ce chemin de ronde se situe à une hauteur supérieure à celle des voisins (cad. AP010). Cet état de fait est un indice de plus qui confirme que l'enceinte a été édifiée indépendamment, par les propriétaires de chaque parcelle. Restent des interrogations sur le rôle de la corniche soutenue par les modillons : simple aménagement pour élargir le chemin de ronde ou support de la charpente de la maison ?

Côté intérieur, bien peu d'éléments remarquables restent visibles. Hormis l'escalier et la corniche précédemment décrits, l'élément le plus marquant se trouve dans la travée la plus au sud au niveau de la grande baie gothique. Dans le tableau nord de son embrasure, un passage intra mural, actuellement bouché, formait probablement une gaine reliant l'escalier d'accès au chemin de ronde situé dans la travée voisine. Ces aménagements et leur chronologie sont cependant difficilement lisibles; d'autant moins que ce même mur conserve l'arrière-voussure segmentaire de ce qui devait être une niche qui ne semble pas pouvoir fonctionner avec la gaine. Il faut enfin noter la présence de l'embrasure de la fenêtre qui remplaça au 19e siècle la fente de jour évoquée plus haut; ce qui ajoute un peu plus à la confusion.

Les reconstructions de la fin du 15e siècle ont fait disparaitre toute trace de refends antérieurs. Un bâtiment très étroit (moins de 3 mètres de profondeur) fut implanté au revers de l'enceinte. Côté ouest, la construction est soignée et présente un parement régulier de pierres de taille; côté intérieur, ce même mur n'est à l'inverse fait que d'un grossier moellonnage irrégulier. Les deux petites baies rectangulaires qui éclairaient l'étage sont aujourd'hui partiellement masquées par la toiture des chais élevés durant la seconde moitié du 19e siècle (ils n'apparaissent pas sur les deux cadastres anciens). L'encadrement d'une des fenêtres est doté de baguettes prismatiques pénétrantes. Au sud de cet étroit bâtiment, l'angle ouest conserve l'arrachement d'un mur en retour dont il ne subsiste plus que le piédroit mutilé d'une fenêtre de même facture que celle décrite précédemment. Elle faisait partie d'un grand bâtiment en retour d'équerre visible sur le cadastre de 1810 (parcelle cadastrale 20 bis) mais déjà disparu sur celui de 1845. Ce bâtiment couvrait également l'emprise de la maison cad. AP014-2 qui fera l'objet d'une notice à part.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 2 place du Chapitre et des Jacobins

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 232, 241, 242, 243, 2010 AP 13, 14

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...