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Métairie dite le Vieux Moulin, puis château de Monmarais
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Sansais
Historique
Le Vieux Moulin avant Monmarais
La métairie du Vieux Moulin aurait été mentionnée pour la première fois au 15e siècle. Il s'agissait à l'origine d'un moulin à eau, établi sur une dérivation de la Vieille Sèvre ou bras de Sevreau qui demeure aujourd'hui et au bord de laquelle se trouve toujours un petit port. Le site est mentionné sur une carte de la région par l'ingénieur du roi Claude Masse en 1720. Cette carte distingue cependant "le Moulin", à l'emplacement des bâtiments actuels, et "l'écluse du Vieux moulin", positionnée plus en aval sur la Vieille Sèvre, au nord du site. Cette distinction est également faite à la fin du 18e siècle par le papier censaire de la commanderie de Sainte-Gemme, de Benet, envers laquelle la métairie du Vieux Moulin est redevable de certains devoirs. Etablis les 20 et 22 novembre 1777, une note et un plan expliquent que la métairie aurait été fondée par les seigneurs de Sansais et construite avec les pierres de l'ancien moulin à eau dont il reste "les anciennes écluses et la séparation des terres" : "Il paraît encore un vieux arbre de moulin à la porte de la métairie, et les métayers ou fermiers m'ont dit qu'il y avait encore des pierres de remarque dudit moulin en les bâtiments de la métairie qu'on a nommé Vieux Moulin vraisemblablement à cause des pierres qu'on y prenait." Le plan situe d'une part "l'emplacement de l'herbergement ou maison du vieux moulin" à eau, en aval et au nord du site actuel, sur une dérivation (ou "écluse") de la Vieille Sèvre, avec ses fossés, prés et jardins (repère A) ; d'autre part, la métairie du Vieux Moulin (repère B), avec le canal qui la relie à la Vieille Sèvre comme aujourd'hui, son grand pré au nord et un "petit sentier qui conduit de la Garette" à la métairie. Par comparaison avec le plan cadastral de 1830, il est possible de localiser l'ancien moulin à eau au nord-ouest du site actuel (parcelles B 243 et 244). Il se trouvait le long d'un petit fossé dérivé de la Vieille Sèvre et contournant une vaste parcelle appelée le Grand pré qui s'étendait entre la métairie et la Garette (à la jonction entre les actuelles parcelles AC 64 et 65 et OB 320 et 325).
La carte du bassin de la Sèvre Niortaise par Mesnager, en 1818, puis le plan cadastral de 1830 montrent l'existence au Vieux Moulin de trois bâtiments rassemblés à proximité du port : l'un dans la cour au sud de la demeure actuelle, l'autre juste au sud-est de cette dernière, le troisième, plus petit, au nord-est. Au nord, à l'ouest et au sud s'étendent de vastes parcelles formant le Grand pré. Le chemin venant de la Garette au nord-ouest n'existe pas encore, l'accès à la métairie depuis la route de Sansais à la Garette s'effectuant alors par le chemin au sud-ouest.
Jusqu'à la Révolution, la métairie du Vieux Moulin appartient aux seigneurs de Sansais. Ils l'ont peut-être obtenue par mariage lorsqu'en 1642, Louis de Villedon, seigneur de Sansais, a épousé Marthe Viault, fille de Philippe Viault, seigneur de Torsay et du Vieux Moulin, et de Perrette Grelier. Dernier seigneur de Sansais, Gabriel Henri de Villedon lègue la métairie du Vieux Moulin, par testament du 22 janvier 1811 devant Me Debonneuil, notaire à Mauzé, à sa cousine et filleule, Marie-Magdeleine de Nossay. En 1826, celle-ci épouse Armand de Béjarry, au nom duquel le Vieux Moulin est déclaré au cadastre de 1830. Le 26 juillet 1832, devant Me Creuzé, notaire à Niort, la métairie est vendue au baron Sylvain Pétiet (1794-1868), ancien page de Napoléon 1er, officier de cavalerie, conseiller général des Deux-Sèvres, maire de Sansais de 1852 à 1861, époux de Marie-Anne de Sainte-Hermine qui lui a apporté par ailleurs le château de la Tiffardière, à Saint-Liguaire (les membres de la famille Pétiet-de Sainte-Hermine sont inhumés dans une chapelle funéraire située au cimetière de Saint-Liguaire).
Monmarais et ses propriétaires successifs
La partie centrale du château est, semble-t-il, construite dans les années 1830-1840 par les époux Pétiet, en tout cas après qu'ils ont acheté le domaine en 1832. Il apparaît que la nouvelle construction réutilise une partie des anciennes bâtisses, comme le montrent des élévations et anciennes ouvertures observées aujourd'hui ou mises au jour lors de travaux, notamment dans la partie est du rez-de-chaussée. Le chemin venant de la Garette et l'allée d'accès nord-ouest auraient été tracés au moment de la construction du pont de la Garette et du développement de la route, dans les années 1850.
Après la mort du baron Pétiet en 1868, et selon l'acte de partage contracté dès le 7 septembre 1867 devant Me Rousseau, notaire à Niort, le domaine passe à son fils, Gaston Pétiet, né en 1842, capitaine de mobiles, maire de Sansais de 1884 à 1886 (son frère, Armand, futur député des Deux-Sèvres, hérite quand à lui du château de la Tiffardière et du titre de baron). Gaston Pétiet aurait alors fait construire l'aile ouest du château, désormais appelé Monmarais, avec sa tour, mais il n'aurait pu achever l'aile est, faute de moyens financiers suffisants. La grosse tour centrale a sans doute aussi été créée à cette époque, entraînant probablement le transfert de la façade principale du château du sud vers le nord où arrive l'allée d'arbres. Le parc à l'anglaise a probablement été aménagé à la même période. Ruiné par l'entretien du domaine (et, dit-on, de sa maîtresse), Gaston Pétiet est déclaré interdit par jugement du 24 juillet 1894 et placé sous la tutelle de son épouse, Marie Céline Chaput, et de son frère, Armand Pétiet, le 1er octobre suivant. Sans enfants, ses biens tombent dans les mains d'un notaire à l'honnêteté douteuse, Pierre Giraud de la Montagne, de Niort, qui s'empare d'une partie du domaine et la fait vendre aux enchères les 20 septembre 1889 et 1er décembre 1890, avant de lui-même faire faillite en 1894 (il mourra à Niort le 7 avril 1895, quelques jours après Gaston Pétiet).
Ce qui reste du domaine fait l'objet d'une seconde vente organisée par Ernest Breuillac, notaire à Niort, en mairie de Sansais le 3 mars 1895, puis d'une troisième, pour le mobilier, le 17 mars, soit quelques jours avant la mort de Gaston Pétiet, survenue le 25 mars en son château de Monmarais. La vente du 3 mars précise que les époux Pétiet doivent de toute façon quitter les lieux avant le 25 avril. Le château est ainsi décrit à l'occasion de cette vente : "formant un grand corps de bâtiments, ayant au rez-de-chaussée corridor, cuisine, porche, four et fournil, chambre de domestiques, laiterie d'un côté, salle à manger, porche, remise, un grand salon, un petit salon à côté, plusieurs chambres au premier étage, plusieurs chambres au second étage, grenier au-dessus. Vaste cour derrière, entourée d'écuries et de servitudes, écurie aux vaches, hangars, vaste jardin anglais, orangerie, jardin potager, prairies bordant l'un des bras de la Sèvre, le tout avec accès par une allée partant de la route de Sansais à la Garette, sur laquelle cet immeuble a simplement une servitude de passage jusqu'à la grille fermant le jardin anglais".
Le château et le parc sont alors rachetés pour 34940 francs par Jérôme Berny-Tarente (1856-1918), agissant pour le compte de son épouse, Eugénie Faribaud (1863-1932). Celle-ci utilise pour cette acquisition l'argent reçu à son mariage de la part de son père, Alexandre Faribaud (1829-1897), notable et maire de Coulon où il possède d'importants biens fonciers (Thorigné, la Grange...) (la chapelle funéraire de la famille se trouve au cimetière de Coulon). Le domaine passe ensuite à leurs descendants, jusqu'à nos jours.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle |
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Description
Le domaine de Monmarais est situé au bord des terres hautes de Sansais, à la lisière avec les marais de la Vieille Sèvre ou bras de Sevreau. Il englobait à l'origine l'ensemble des bâtiments présents à cet endroit, soit : au nord, le château et ses communs ; au sud, une ferme et ses différentes dépendances ; à l'est, un port alimenté par une dérivation de la Vieille Sèvre, et équipé d'une cale.
L'accès au château s'effectue au nord-ouest par une allée d'arbres et un portail à piliers maçonnés et vantaux en ferronnerie. Ces derniers portent les initiales B et F de Jérôme Berny-Tarente et Eugénie Faribaud, propriétaires vers 1900. Un mur de clôture entoure la propriété. Il est interrompu à l'est par une porte piétonne donnant accès au port. Au nord du château s'étendent les vestiges d'un ancien parc à l'anglaise. Au sud du château (là où s'effectuait l'accès principal, avant la création de l'allée nord-ouest au milieu du 19e siècle) se trouvent des communs, en partie en ruines. Ils ouvrent au sud par une grande porte charretière, ancienne entrée d'un passage couvert qui constituait originellement l'accès principal au château, dans l'axe d'un chemin partant vers le sud-ouest. Parmi ces communs se trouvaient une écurie et un garage à calèches, avec le logement du cocher. D'autres communs prennent place à l'est, à proximité du port.
Le château comprend un corps principal de bâtiment encadré par deux ailes et flanqué au sud par une grosse tour ronde engagée. Le corps principal est haut de deux étages et d'un étage de comble qu'éclairent des lucarnes à fronton triangulaire. Celles-ci sont percées dans le toit à croupes et en ardoise, souligné par une corniche. La façade, au nord, présente sobrement cinq travées d'ouvertures réparties symétriquement autour de la porte centrale. Les pleins de travées sont appareillés. Chaque baie possède un appui saillant. L'encadrement de la porte est mouluré, sous une corniche. A l'intérieur, au rez-de-chaussée, un couloir central dessert une grande pièce de chaque côté. Un large escalier en vis suspendu occupe la tour engagée.
Les deux ailes sont construites en pierre de taille, chacune sous un toit avec une seule croupe (à l'origine un toit en terrasse). L'aile est, en simple rez-de-chaussée, et le rez-de-chaussée de l'aile ouest abritent des communs, ouvrant par de larges portes à linteau en arc segmentaire et à claveaux réguliers (ces portes sont en partie murées sur l'aile est). L'aile ouest, qui comprend un étage, présente en outre des bandeaux, des pilastres, trois baies en arc en plein cintre et un décor d'assises de pierres en joints continus. Cette aile se termine par une tour ronde, à deux étages, coiffées d'un toit en poivrière.
Au sud du château et de l'impasse qui descend au port, se trouvent les bâtiments de l'ancienne ferme liée au domaine. Sont alignés d'ouest en est plusieurs logements et dépendances. Un ancien hangar en pierre s'élève à l'ouest.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
2 étages carrés, étage de comble |
Élévations extérieures |
élévation ordonnancée |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA79005969 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2024 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques |
Citer ce contenu |
Métairie dite le Vieux Moulin, puis château de Monmarais, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/e7230f1e-0b52-429f-b946-116f24735dac |
Titre courant |
Métairie dite le Vieux Moulin, puis château de Monmarais |
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Dénomination |
château |
Parties constituantes non étudiées |
allée portail parc port communs ferme |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Sansais
Milieu d'implantation: isolé
Lieu-dit/quartier: Monmarais
Cadastre: 1833 B 250, 2024 B 350, 358, 359, 601