Pont dit Pont-Neuf (ancienne RN 151)

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Saint-Savin

La crue exceptionnelle de la Gartempe du 26 février 1844 a dépassé de près de 3 m sont niveau d'étiage ordinaire. Les Ponts-et-Chaussées dressent des plans du pont avec les niveaux de cette crue pour le réparer et envisagent la construction d'un nouveau pont. Des plans sont proposés par l'ingénieur ordinaire Grissot de Passy en mars 1846, légèrement modifiés en février 1847.

Grissot de Passy dresse en 1846 des plans pour la restauration du vieux pont, la modification de l'accès par le nord de la commune et l'entrée au nord-ouest du bourg. Il envisage la construction d'un nouveau pont et l'élargissement du passage par l'actuelle rue Saint-Louis ou percer une nouvelle rue (l'actuelle rue Nationale). Un premier cahier des charges et un devis, en mai 1846, évaluent la construction d'un pont pour 137 720 francs, non compris l'acquisition des terrains (56 000 francs).

L'opposition des habitants au projet domine lors de l'enquête publique en juillet 1846 (voir annexe).

Coupe longitudinale suivant l'axe du pont, profil de la plinthe, profil de l'avant-bec, projet de pont neuf sur la Gartempe, Grissot de Passy, 7 mars 1846.

Après de nombreux échanges entre le bureau de l'ingénieur en chef de la Vienne des Ponts-et-Chaussées, le conseil des Ponts-et-Chaussées de la Vienne, le préfet et le secrétariat d'Etat, les plans, cahier des charges et nouveau devis (79 155,31 francs) pour la construction d'un nouveau pont sont approuvés le 2 décembre 1846. Le conseil des Ponts-et-Chaussées demande des modifications (substitution des pleins cintres aux arcs de cercle en réhaussant l'extrados, 2 décembre 1846), mais finalement, cette modification augmente le coût du pont et risquerait de bloquer d'avantage l'écoulement des eaux en cas de crues.

Plan, élévations, coupes fondations, Grissot de Passy, 6 février 1847.

Le 6 février 1847, Grissot de Passy dresse un avant-métré comparatif et estimatif des deux projets. Le 19 avril 1847, Le conseil des Ponts-et-Chaussées demande de revenir au projet initial.

Le nouveau devis est établi en 1849 à 83 000 francs, dont 77 065,32 francs pour la construction proprement dite.

Les travaux de construction sont adjugés au rabais (7%) le 24 février 1849 à Casimir Lebec, entrepreneur à Poitiers, représenté sur place par M. Houète. L'adjudication est approuvée le 23 mars 1849 par le ministère des Ponts-et-Chaussées. Les pierres sont extraites des carrières et taillées entre le 1er novembre 1849 et avril 1850. Les travaux débutent le 21 mai 1850 : les trois quarts des matériaux sont alors déposés sur le chantier ou sur une aire de stockage située à environ 1 km, à la Grange-à-Rabaud. Le conducteur de travaux des Pont-et-Chaussées, Merle, tient un bulletin avec des notes hebdomadaires sur l'avancée du chantier de construction, avec le nombre d'ouvriers par métier, la nature des travaux réalisés et des observations. L'ingénieur dresse un état détaillé des modifications réalisées au fur et à mesure de l'avancée du chantier et rend compte dans des rapports au préfet. Ainsi, le four à chaux de la Bartière prévu au devis ayant fermé (" au chômage depuis l'avènement de la République "), l'ingénieur demande par exemple d'utiliser la chaux de Champagne, plus chère et nécessitant un transport sur 26 km, pour les fondations et celle de Journet, à 16 km, moins hydraulique, pour les élévations, et ajuste le bordereau des prix (5 juin 1850).

Dans un rapport du 14 juillet 1850, Grissot de Passy expose que " les culées ont été fondées à sec sans qu'il y ait besoin de batardeaux et la fondation des piles seules a exigé des batardeaux ayant une largeur de 1 m sur une hauteur égale. Les piles ont à leur base 10m50 de long sur 2m50 de large ". Les batardeaux ont été construits avec de l'argile prélevée dans les coteaux de Saint-Germain.

Le 5 mai 1851, Casimir Lebec est victime d'un accident de chantier : pendant une crue de la Gartempe, il est " parvenu à sauver les cintres du pont appartenant à l'Etat ", mais il reste paraplégique avec de nombreuses douleurs.

En septembre 1851, Grissot de Passy met à jour les métrés et l'état détaillé de la dépense avec les modifications intervenues en cours de travaux, avec la lettre d'acceptation de l'entrepreneur.

Les travaux du pont sont réceptionnés le 26 décembre 1851.

Le pont est ouvert à la circulation en 1852. Les dimensions sont données en annexe.

L'état de santé de Casimir Lebec suite à son grave accident du travail en 1851 l'empêche d'assister aux réunions de chantier et de conciliation. Les ingénieurs évoquent des erreurs de cubage des délais pour repousser les derniers paiements et surtout le remboursement du cautionnement de l'entrepreneur. Le 21 avril 1855, le préfet ordonne par arrêté préfectoral de vérifier le volume de déblais tant sur le pont que pour les terrains utilisés temporairement au stockage et à l'ouverture d'une carrière ainsi que rue de la Motte (Saint-Savin) et chemin des Fossés (Saint-Germain), ainsi que la vérification des pavages des accès côté Saint-Savin sur 984 m et Saint-Germain sur 205 m. L'expert rend son rapport le 28 juillet 1855. L'affaire n'est toujours pas réglée en février 1856, l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées accepte le remboursement du cautionnement mais pas le versement du solde des travaux de la traversée des deux bourgs et attend les crédits pour le solde des travaux du pont.

Selon le rapport sur l'état des ponts de février 1856, ce pont, situé sur la route n° 151 de Poitiers à Avallon, se situe à 45,241 km de la station des voyageurs de Poitiers et 8,158 km du pont précédent à Paizay-le-Sec.

Le 5 juin 1866, les travaux d'élargissement du pont sont adjugés à Sylvain Bouzat, entrepreneur à Poitiers.

En 1871, Alexis Sabourin est autorisé, propriétaire de la maison située à l'entrée du pont, à titre provisoire, à " établir sur un mur de clôture qu'il possède le long de la route nationale n0 151, dans la traverse de Saint-Savin, ainsi que sur 7m de longueur du mur en retour du pont neuf, un grillage de fer de 1m de hauteur pour empêcher les malfaiteurs de pénétrer dans son jardin. [...] Dans le parapet qui dépend du pont, les scellements seront faits au plomb et non au soufre. [...] Lorsqu'elle [l'autorisation] sera retirée, le parapet devra être remis dans son état actuel par le remplacement intégral des pierres attaquées par le scellement ".

L’arche centrale est sabotée par les FFI à l’été 1944.

Périodes

Principale : milieu 19e siècle

Dates

1852, daté par source

Auteurs Auteur : Bouzat Sylvain

Entrepreneur à Poitiers dans les années 1860.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Grissot de Passy Louis Joseph Philippe Auguste

Ingénieur des Ponts-et-chaussées, ancien élève de l'École polytechnique (1838). Ingénieur de la subdivision est (Montmorillon) des Ponts-et-Chaussées en 1844-1850.

, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Lebec Casimir

Entrepreneur à Poitiers, adjudicataire du nouveau pont (1849) puis de la nouvelle traversée du bourg Saint-Savin.

, entrepreneur (attribution par source)

Le vieux pont relie les bourgs de Saint-Savin et de Saint-Germain, en aval de l'abbaye et à quelques dizaines de mètre en amont du vieux pont et du gué de la Croix-ronde.

D'après les plans de 1878, le pont mesure 60,5 m d'ouverture soit 12,10 m par arche.

Sur la rive gauche (commune de Saint-Savin), un escalier droit en pierre avec marque de la crue de 1927 rejoint la rue Nationale à la promenade et un autre escalier rejoint le début de la promenade au pied du pont. Un repère NGF de l'IGN est implanté entre la première et la deuxième assise du pont, au pied de l'escalier. Sur l'élévation nord débouche l'aqueduc des Vallereaux qui permet la collecte des eaux pluviales de la nouvelle route depuis un avaloir situé à l'emplacement de l'actuel square André-Duchesne. Il est couvert en plein cintre e un large rebord permet d'éviter que les eaux ne ruisselle sur la maçonnerie de la rampe d'accès au pont. Les traces différentielles de lichens montrent qu'il y a toujours des écoulements d'eau par ce conduit.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Savin

Milieu d'implantation: en village

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Germain

Milieu d'implantation: en village

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