Ancienne école de filles, aujourd'hui maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Saint-Savin

Sur le plan d'alignement colorisé non daté [1825 ?] et sur le plan d'alignement en noir et blanc daté de 1825, une maison est figurée sur le n° 7, où elle est notée respectivement propriété de M. Chauvelier-Baudinière et de M. Chauvin. Selon les matrices cadastrales, Jean Chauvin, greffier à Saint-Savin, possède les parcelles n° 367 (jardin) et 368 (maison, cour et sol) et Léonard Bernard, cordonnier à Saint-Savin les parcelles n° 369 à 371 (maison, dépendance, sol et jardin).

Une première école de jeunes filles est fondée le 25 septembre 1844 par les filles de la Croix, dont la maison mère avait été fondée en 1811 à Saint-Pierre-de-Maillé et déplacée à La Puye en 1820. Mlle de Liniers leur donne asile dans un immeuble, l'ancien hôtel de sa tante, Euphémie de Saint-Georges, épouse Bayneuf de Langlarderie, à Langlarderie, commune de Sarlat (Dordogne). En 1853-1854, les matrices cadastrales indiquent la reconstruction d'une maison sur la parcelle E2 368.

Une école privée confessionnelle dans un nouveau bâtiment communal, 1850-1885

Le 15 mars 1850, sous la Deuxième République, la loi Falloux, à l’initiative du comte Frédéric Alfred Pierre de Falloux, oblige les communes de plus de 800 habitants à entretenir une école de filles. Les écoles de filles sont alors généralement confessionnelles.

Le 15 mai 1855, Jean-Auguste Fruchon, propriétaire d'une usine nouvellement construite à Nalliers, demande l'autorisation de construire un barrage et un moulin à la Gassotte, à environ 780 m en aval du moulin de la Promenade. Une première enquête publique est menée en septembre-octobre 1855 et une seconde enquête est prescrite le 10 mai 1856. Les deux enquêtes recueillent des protestations des propriétaires de maisons et institutions (moulin, école des sœurs), mettant en avant un risque d'inondation des parties basses du bourg de Saint-Savin. Une première enquête publique est menée en septembre-octobre 1855 et une seconde enquête est prescrite le 10 mai 1856. V. Hart, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, se déplace plusieurs fois sur place et dresse des rapports avec des notes de calcul et des plans montrant que le barrage est trop éloigné pour avoir une influence sur le niveau des crues ; la construction du moulin et du barrage de la Gassote sont autorisées par arrêté préfectoral du 26 juin 1856, sans que des inondations plus importantes qu'antérieurement ne soient signalées.

Le 24 février 1858, le conseil municipal décide d'acquérir " la maison appartenant à M. Dubois curé de St-Savin et celle des héritiers de feu Bernard y attenant, situées dans la Grand-Rue ", pour y établir une salle d'asile (ancêtre des écoles maternelles). Une promesse de vente est signée le 10 mai 1858. Le juge de paix Jean-Louis Cuisinier mène l'enquête publique en vue de recueillir les avis de la population le 27 mai 1858. Il mentionne des plans et un devis rendus par l'architecte départemental Jacques Dulin le 16 avril 1858 et un plan d'arpentage dressé le 8 mai 1858 par l'agent-voyer Jean-Baptiste Baudroux (documents non trouvés) ; personne ne s'est présenté. Le conseil municipal vote le 25 décembre 1859 un crédit de 22800 francs pour acquisition, appropriation et ameublement des immeubles. Cependant, le conseil municipal constate quelques mois plus tard qu'il ne dispose pas des moyens nécessaires et libère la commune et les propriétaires de leur engagement à vendre leur immeuble à la commune le 24 juin 1860. La vente se poursuit, avec des échanges entre la commune, des huissiers, le greffe du tribunal de Montmorillon, le curé Henri Fabien Dubois, décédé le 6 septembre 1861, et ses héritiers, avec des clauses pour continuer à utiliser la maison comme salle d'asile et école de filles.

Le 28 mars 1863, l'architecte départemental Jacques Dulin établit un cahier des charges et devis de 4456,92 francs pour la construction et l'appropriation d'une salle d'asile dans la Grand'Rue à Saint-Savin. Les travaux sont adjugés le 24 mai 1863 à Pierre Meunier. La commune acquiert les parcelles E 367 à 370 ; les bâtiments sont démolis et les moellons sont réutilisés pour la nouvelle construction. Le décompte général des travaux (5.593 francs) est approuvé par l'architecte le 11 mars 1864, mais la commune ne règle que 4400 francs. Pierre Meunier saisit le conseil de préfecture en juillet 1864 pour obtenir de la commune la somme de 2458,20 francs pour des travaux exécutés en dehors de l'adjudication. Une expertise est menée du 15 mai au 3 juin 1865 qui conclut à la réalisation de 5866,68 francs de travaux ; la commune est condamnée par le conseil de préfecture le 23 juin 1865 à payer la différence augmentée des intérêts et les frais d'expertise (les plans mentionnés ne sont pas conservés avec les documents aux Archives départementales de la Vienne, 2 O 300/7).

En 1866, une cloche pour la maison d'école est achetée 327 francs à M. Lenfant (sans précision école de filles ou de garçons).

En 1869, la commune demande un secours (= une subvention) de 1500 francs de la préfecture pour l'assainissement du bâtiment de l'école de filles. Le ministère de l'instruction publique valide le projet mais précise qu'il ne dispose pas de crédits avant 1872. En 1870, la somme allouée est ramenée à 600 francs. En 1872, 600 francs sont inscrits au budget communal mais seulement 500 francs ont été dépensés au 31/12/1872. Les 100 francs restant sont annulés faute d'emploi.

Une école laïque

Sous l’impulsion du ministre de l'éducation Jules Ferry, les lois scolaires de 1881-1882 alignent l'enseignement primaire des filles sur celui les garçons, en instituant au niveau élémentaire la gratuité, l’obligation d'instruction de 6 à 13 ans et la laïcité. Le 2 juillet 1881, le conseil départemental décide que " toute dispense d'entretien d'une école publique de filles est retirée à la commune de Saint Savin [et] qu'une école spéciale aux enfants de ce sexe sera créée dans ladite commune ". La loi du 20 juin 1885 et son décret d'application du 9 juillet 1885 précisent les conditions de subvention par l'Etat des constructions d'écoles. La commune de Saint-Savin expose, pour l'école de filles (acquisition), qu'il y a 110 élèves de 6 à 13 ans en âge de fréquenter l'école, 107 enfants qui la fréquentent une école maternelle publique, qu'il existe une école primaire libre de filles avec des garanties de stabilité.

La mairie décide donc de transformer l'école privée de filles en école publique laïque. Les héritiers du curé Dubois et les religieuses, qui ont déménagé dans un autre local, attaquent la commune pour non respect des clauses du legs (maintien de l'école de filles - pour eux confessionnelle - dans la maison du curé Dubois), et obtiennent la révocation du legs et la condamnation de la commune par la cour de Poitiers le 1er août 1883 à 6400 francs plus les frais de justice en première instance et en appel (1772,98 francs) et les intérêts depuis la date de la demande (960 francs), soit un total de 9132,98 francs. La commune renonce à se pourvoir en cassation (délibération du 21 novembre 1884).

Pour faire face à cette dépense de près de 10000 francs, la commune sollicite un prêt pour l'appropriation de l'école de filles laïque, c'est à dire pour le versement des indemnités obtenues par les héritiers Dubois. Les héritiers tentent ensuite de faire interdire le recours à un prêt pour la construction de la nouvelle école de filles, mais le sous-préfet de Montmorillon estime que la commune doit être autorisée à contracter cet emprunt et pouvoir faire face aux grosses dépenses prévues qui comprennent également la construction de l'école de garçons, l'achèvement de la salle d'asile et la reconstruction des halles.

Le 19 juillet 1886, le préfet, au vu des pièces du dossiers (délibération du conseil municipal du 20 juin 1886, plans, devis, prêt de 9453 francs accordé par le crédit foncier), valide le montage financier et accorde une subvention de 2930 francs (31% de la dépense, qui sera réglée par 30 annuités de 181,08 francs, secours de 4452,98 francs accordé le 16 avril 1885 par le conseil général), accorde l'autorisation d'emprunt sur 30 ans, un impôt extraordinaire de 3103 francs pour l'agrandissement de l'école de filles à une classe. La somme de 9390,73 francs est inscrite au compte de gestion 1887 pour apurer la dette envers les héritiers Dubois.

En 1887, la demande de subvention pour la construction de l'école publique de garçons note la présence de 77 filles à l'école primaire privée de filles pour 115 enfants (garçons ?) âgés de 6 à 13 ans en âge de fréquenter l'école.

En 1893, la commune réalise des travaux pour 400 francs (subvention de 200 francs) pour réparations urgentes du logement de l'institutrice.

En 1894, la commune acquiert un escalier pour l'école enfantine, l'accès à l'étage n'étant même pas possible par une échelle. Elle propose de réemployer un escalier existant aux halles et de le faire transférer à " l'école de Mme Arnault ". Les travaux sont votés en octobre 1894 (600 francs, devis de l'agent-voyer), à réaliser en régie.

Reconstruction et agrandissement 1904-1906

En prévision de la disparition prochaine de l'école privée, le 11 août 1904, la commune décide de détruire et reconstruire l'école de filles (gros travaux de restauration et d'agrandissement dans d'autres documents) et obtient l'accord de vente amiable par le riverain de l'école, M. Louis Saupic, épicier à Saint-Savin, propriétaire d'une grange et d'une servitude rue des Tanneries (E 365 et 366 ; acquisition par acte notarié du 21 avril 1906). Elle transmet au préfet les plans (3 classes), devis (24600 francs) et cahier des charges de l'architecte Jouillat. Le conseil départemental demande d'ajouter un budget de 500 francs pour le mobilier de la nouvelle classe et deux modifications de détail spécifiées par l'inspecteur d'académie (23 août 1904). Le conseil des bâtiments civils, dans sa séance du 3 décembre 1904, approuve le projet en proposant des modifications : " des pignons seraient préférables aux croupes et aux fermes compliquées prévues pour les charpentes et il y aurait intérêt dans la charpente du préau, à tacher de ne pas exercer de poussées obliques sur les poteaux, sauf à renforcer les entraits ".

Le mobilier et le matériel scolaire sont acquis en 1905 (3880 francs).

Pour réaliser les travaux, la commune envisage en 1905 de reloger l'institutrice et son adjointe dans une maison située à une centaine de mètres, rue des Bans, pendant le temps des travaux (location de la maison de M. Berthon pour une année ; en croisant avec les matrices cadastrales, il s'agit probablement de la maison cadastrée E 426 appartenant à René Berthon, maçon). En 1906, l'agent-voyer André Duchesne signe un devis pour 466,35 francs de " réparations à exécuter à l'ancienne école de garçons / ancienne mairie " dans " une partie l'ancien château " - donc dans l'ancien logis abbatial - pour installation provisoire de l'école de filles (construction de lieux d'aisance et réparations diverses) le temps que les travaux de l'école de filles soient terminés. Par décret du président de la République du 21 février 1906, la commune est autorisée à emprunter 15000 francs à 3,85% sur 30 ans pour la construction d'une nouvelle école de filles et 23966 francs à 4% sur 23 ans pour couvrir trois emprunts antérieurs.

Une première tentative d'adjudication des travaux est infructueuse. Une nouvelle adjudication est organisée en retirant le coût des matériaux de démolition. Les travaux de l'école de filles sont adjugés le 24 juin 1906 à Paul MATHIEU, entrepreneur à Chauvigny. L'architecte Jouillat signe un certificat pour le paiement d'un premier acompte de 5000 francs le 29 novembre 1906, un deuxième acompte de 3000 francs est versé le 14 mars 1907. Au total, la commune inscrit au budget de 1907 3787,31 francs (reliquat de la construction) et 8604,84 francs (subvention de l'Etat). Le 16 févier 1908, la commune délibère pour un supplément de travaux (expropriation acquisition du terrain, nivellement) ; le budget total est porté à 29819,89 francs. Des dépenses supplémentaires sont à nouveau nécessaires (fondations plus profondes que ce qui avait été prévu par l'architecte). La commune obtient le versement plus rapide de la subvention de l'Etat (10040 francs) sans déduction du rabais obtenu lors du marché. Le 21 janvier 1909, la commune obtient un secours de 510 francs pour travaux supplémentaires. Elle inscrit à son budget de 1909 la somme de 2072,20 francs (reliquat) et 2040 francs de crédits nouveaux (solde des subventions de l'Etat). En 1911, un petit reliquat de 550 francs est encore inscrit au budget communal. Il reste 210,90 francs reportés de 1913 à 1921.

Abandon de l'école

L'école de filles est abandonnée au profit du groupe scolaire voisin ouvert en 1965. Elle est vendue par la commune et désormais utilisée comme une maison. Les épis de faîtage en céramique vernissée sont contemporains.

Périodes

Principale : 18e siècle (incertitude)

Principale : 3e quart 19e siècle (daté par source)

Principale : 1er quart 20e siècle (daté par source)

Dates

1863, daté par source

1906, daté par source

Auteurs Auteur : Dulin Jacques

Formé à l'école des beaux-arts de Lyon sous Chenavard (voir Léon Charvet, Notices biographiques des architectes de Lyon, 1899), cité architecte à Lyon en 1841 (recensement de la population), puis architecte du département de la Vienne et des hospices de la ville de Poitiers jusqu’en 1865 (proposition de nomination cf Conseil général de la Vienne. Rapports et délibérations. 1840, p. 43).

Né le 13 juillet 1806 à Lyon, fils de Joseph Dulin et de Jeanne Peurelle, marié le 12 octobre 1837 à Villeurbanne avec Anaïs Rosalie Zoé de la Saigné (1821-1901), mort le 20 février 1882 à Poitiers et enterré au cimetière de Chilvert. Il habitait 7 rue de la Trinité à Poitiers.

, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : Meunier Pierre

Entrepreneur de maçonnerie à Saint-Savin dans les années 1860.

, entrepreneur de maçonnerie (attribution par source)
Auteur : Jouillat Alexandre

Entrepreneur de travaux publics puis architecte-entrepreneur à Montmorillon.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Mathieu Paul

Entrepreneur à Chauvigny au début du 20e siècle.

, entrepreneur (attribution par source)

Cet ensemble se trouve sur une parcelle qui va de la Grand-Rue au sud-ouest à la rue des Tanneries qui contourne la parcelle au sud-est et au nord-est, en zone inondable, ce qui explique la surélévation des rez-de-chaussée. Il est bordé à l'est par la rue des Ecoles.

Une grande cour occupe le sud-est de la parcelle. Tous les logements s'ouvrent sur cette cour.

Un logement, comprenant un rez-de-chaussée surélevé, un étage et un comble à surcroît, est implanté le long de la cour, orienté sud-ouest-nord-est. Il est couvert d'un toit à longs pans en tuiles plates avec une croupe au sud sommée d'un épi de faîtage en céramique orné de quatre personnages au sud-ouest. Le pignon sud-ouest et le mur gouttereau sud-est sont ordonnancés à travées (deux au sud, trois à l'est). Le mur gouttereau nord-ouest, mitoyen avec la cour de la maison voisine, est aveugle.

Un autre bâtiment est aligné avec ce logement et perpendiculaire à la rue des Tanneries. Il est couvert d'un toit à longs pans en ardoises avec une croupe au nord-est. Le mur gouttereau nord-ouest, mitoyen avec la cour de la maison voisine, est aveugle. Le mur pignon sur la rue des Tanneries est percé d'une fenêtre à l'étage et d'une grande ouverture au sous-sol.

Une dépendance (hangar) située en bordure de parcelle, au sud du premier logement décrit, couverte en appentis, présente son pignon avec une porte sur la rue Grand-Rue au sud-est de la parcelle.

L'ancien préau bord la rue des Ecoles à l'est de la parcelle. Il est couvert d'un toit à longs pans en ardoises.

Deux bâtiments bordent la rue des Tanneries au nord-est, séparés par un passage dans lequel une dépendance a été construite dans un second temps.

Le troisième bâtiment est orienté plus ou moins est-ouest, en bordure de l'angle de la rue des Tanneries et de la rue des Ecoles. Il comprend un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage. Il est couvert d'un toit à longs pans et croupes en ardoise, souligné par une corniche moulurée. Le mur gouttereau sud est ordonnancé en trois travées, le mur pignon oriental est aveugle, le mur gouttereau nord est ordonnancé en deux travées séparées par une fenêtre centrale à l'étage.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile plate, ardoise
Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, comble à surcroît

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Forme de la couverture : appentis

Typologie
  1. logement perpendiculaire à la rue
  2. logement parallèle à la rue
  3. logement à 3 travées

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Saint-Savin , 10 rue des Grand'Rue

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1825 E2 367-371, 2022 AC 185

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